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Le Président Andry Rajoelina, Champion IDDA III de l’industrialisation en Afrique

Origines de l’IDDA III (2016-2025)

Constatant l'importance et la nécessité pour le continent de prendre des mesures appropriées pour atteindre les objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine et de l'Agenda 2030, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la période 2016-2025 comme « Troisième Décennie du développement industriel de l'Afrique » par la Résolution A/RES/70/293 adoptée le 25 juillet 2016. Cette résolution demande spécifiquement à l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel ou ONUDI d'élaborer, d'opérationnaliser et de diriger la mise en œuvre du programme, en coordination avec la Commission de l'Union africaine, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et la Commission économique pour l'Afrique.

L'Afrique -comprenant la Grande île de Madagascar- est un continent avec une riche diversité de peuples, de langues, de cultures et de ressources naturelles. Il a connu un boom prolongé des matières premières et une tendance à la croissance soutenue. Compte tenu de ses ressources naturelles et des perspectives de développement du commerce africain et de l'intégration de l'industrie dans les chaînes de valeur mondiales (CVM), il s’avère indéniable que l'Afrique dispose d'un énorme potentiel d'industrialisation.

Néanmoins, le continent doit relever des défis liés à un manque de diversification économique, à des infrastructures de base limitées et à des compétences/capacités humaines restreintes.

L'ouverture du commerce, dans le cadre de l'accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (en anglais African Continental Free Area ou AfCFTA) a transformé ce continent en un bloc économique de 3 milliards USD pour 1,2 milliard de personnes. L’objectif est de sortir jusqu'à 30 millions d'Africains de l'extrême pauvreté, ce qui pourrait également stimuler les exportations intra-africaines d'environ 50 à 70 milliards USD.


Le 21 septembre 2017, au siège des Nations Unies à New York, des dirigeants africains, des responsables des Nations Unies et des représentants d’institutions financières internationales et du secteur privé se sont réunis pour réaffirmer leur engagement envers un partenariat international élargi afin d’industrialiser l’Afrique de manière inclusive et respectueuse de l’environnement. Jusqu’ici, le chômage et la pauvreté sont des défis importants pour le continent, où plus de 70% de la population en âge de travailler est soit sans emploi fixe ou n’a aucune sécurité d'emploi. Ces défis sont donc au cœur des réflexions des Nations Unies, ayant poussé cette institution mondiale a déclaré la période 2016-2025 comme la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique ou IDDA III (Third Industrial Development Decade for Africa en anglais).

Les Nations Unies ont également demandé à l'ONUDI de favoriser les partenariats, de se coordonner avec d'autres entités compétentes des Nations Unies et d'organiser des initiatives conjointes en faveur de l'industrialisation, y compris le transfert de technologie, la diversification de la production, le développement de la chaîne de valeur de l'agro-industrie, le renforcement des capacités commerciales, les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, la politique industrielle, les zones économiques spéciales et les parcs industriels, le changement climatique et le développement du capital humain, tout en renforçant les partenariats public-privé (PPP) avec un éventail de parties prenantes.

La résolution appelle, en outre, à renforcer les partenariats public-privé avec de multiples parties prenantes et à renforcer la coopération internationale, y compris, entre autres, la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire. La résolution demande également au Directeur général de l'ONUDI de soumettre un rapport annuel sur les progrès de l'IDDA III à l'Assemblée générale des Nations Unies par l'intermédiaire du Secrétaire général.

La vision de la Résolution A/RES/70/293 est d’ancrer fermement l'Afrique sur la voie d'un développement industriel inclusif et durable. Cela nécessite la transformation des pays africains en lieux de production industrielle compétitive. Les conditions-cadres nécessaires à cette transformation industrielle comprennent le renforcement des éléments clés de la capacité de production industrielle tels que l'infrastructure, l'innovation et le transfert de technologie, le financement industriel, les connaissances et les compétences industrielles, et le soutien des institutions des secteurs public et privé qui réglementent et défendent la production industrielle et le développement.


Un retour en arrière est, ici, nécessaire pour bien comprendre le mécanisme de l’IDDA III. C’est la déclaration de Lima, au Pérou, adoptée par les États membres de l'ONUDI, en décembre 2013, qui a jeté les bases d'une nouvelle vision du développement industriel inclusif et durable (ISID) et qui a souligné le rôle de l'industrialisation en tant que moteur du développement. Cette déclaration est devenue la Résolution GC.15/Res.1. Déclaration de Lima : Vers un développement industriel inclusif et durable.

Le Développement Industriel Inclusif et Durable (ISID) est la principale source de génération de revenus, permet une augmentation rapide et soutenue du niveau de vie de tous et fournit les solutions technologiques à une industrialisation respectueuse de l'environnement. Le progrès technologique est à la base des efforts visant à atteindre les objectifs environnementaux, tels que l'augmentation de l'efficacité des ressources et de l'énergie. Sans technologie et innovation, l'industrialisation ne se produira pas, et sans industrialisation, le développement ne se produira pas.

« Inclusif », dans ce contexte, signifie que le développement industriel doit inclure tous les pays et tous les peuples, ainsi que le secteur privé, les organisations de la société civile, les institutions multinationales de développement et toutes les parties du système des Nations Unies, et offrir des opportunités égales et une répartition équitable des les avantages de l'industrialisation à toutes les parties prenantes. Le terme « durable » répond à la nécessité de dissocier la prospérité générée par les activités industrielles de l'utilisation excessive des ressources naturelles et des impacts environnementaux négatifs.


L'ISID implique donc que personne ne soit laissé pour compte et que toutes les composantes de la société bénéficient du progrès industriel, qui fournit également les moyens de répondre aux besoins sociaux et humanitaires critiques.

Au cours des dernières années, la communauté internationale a fait un pas de géant dans la promotion de nouvelles approches pour accélérer les progrès et ouvrir la voie à un cadre de développement plus ambitieux, inclusif et universel au-delà de 2015. Bien que l'industrialisation n'ait pas été prise en compte dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement, l'industrialisation inclusive et durable figure désormais en bonne place dans le programme de développement durable à l'horizon 2030.

Ainsi, parallèlement, l'ONUDI a lancé l'initiative « IDDA III Champions » afin de promouvoir la cause de l'ISID en Afrique. Les champions s'appuient sur leur leadership politique de haut niveau pour aider l'ONUDI, par le biais de fonctions de plaidoyer et de conseil. Ils promeuvent activement l'industrialisation et mobilisent un large soutien public aux niveaux national, régional, continental et mondial.

Les Champions s'appuient sur les médias (locaux, régionaux, continentaux et mondiaux) pour attirer et diriger l'attention des diverses parties prenantes (investisseurs, partenaires de développement, universités, fonctionnaires et société civile) sur les activités de l'IDDA III. Ils participent aux principales activités nationales, celles des communautés économiques régionales (CER), continentales et mondiales visant à mobiliser des ressources financières et diverses ressources non financières nécessaires pour soutenir l'industrialisation en Afrique.


Il y a actuellement dix champions IDDA III :

SEM Cyril Ramaphosa, Président de la République d'Afrique du Sud

SEM Uhuru Kenyatta, Président de la République du Kenya

SEM Abdel Fattah Al-Sisi, Président de la République arabe d'Égypte

SEM Andry Rajoelina, Président de la République de Madagascar

SE Mme Sahle-Work Zewde, Présidente de la République fédérale démocratique d'Éthiopie

SEM Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana

SEM Macky Sall, Président de la République du Sénégal

SEM Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d'Ivoire

SEM Évariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi

SEM Muhammadu Buhari, Président de la République fédérale du Nigeria


Le mandat de l'ONUDI est reflété dans l'Objectif de développement durable (ODD) 9 qui est : « Construire une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation inclusive et durable et favoriser l'innovation ».

C’est le 12 août 2022, à Vienne, Autriche, au siège de l’ONUDI que le Président Andry Rajoelina a reçu son trophée de « Champion de l’Industrialisation en Afrique » IDDA III, des mains du Directeur général, Gerd Müller.

Voici la transcription du discours du chef de l’État malagasy à cette occasion :


« ( … ) En trois ans, à Madagascar, nous avons implanté 107 unités d’usine industrielle. Des projets prioritaires sont actuellement mis en œuvre. En termes d’agro-industrie, l’implantation depuis 2020 d’une usine qui s’appelle « Les Minoteries de l’océan Indien », la plus grande minoterie de la région indo-océanique, qui permet à Madagascar d’atteindre l’autosuffisance en farine, avec un rendement de 1.200 tonnes par jour.


Dans l’industrie sucrière, depuis 2019, nous avons relancé la production grâce à la remise en marche de l’usine sur la côte Est du pays. Et l’implantation de deux nouvelles unités industrielles dans le Sud-ouest et dans l’Est du pays qui produiront 140.000 tonnes de sucre par an. L’opérationnalisation de ces deux unités de production nous permettra d’atteindre plus de 250.000 tonnes de production de sucre annuellement. Sachant que la consommation annuelle nationale est de 200.000 tonnes, cela va donc nous permettre d’aller vers l’exportation. C’est un grand défi, avec fierté que je l’annonce : l’industrialisation de Madagascar est en marche.


Et d’ailleurs, pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours, nous avons inauguré une usine sucrière sur la côté Ouest de Madagascar, dans la région Boeny. Un projet réalisé grâce à la collaboration avec l’ONUDI. Une unité de production avec une capacité de 60 tonnes par jour. Il s’agit de la deuxième usine opérée par des jeunes entrepreneurs malagasy qui ont été sélectionnées.


Lors de la crise sanitaire de la covid-19, nous avons monté « Pharmalagasy » qui est une usine pharmaceutique. Nous l’avons monté en trois mois. C’est un défi. On me surnomme Tgv, je suis un homme qui aime les défis et qui assez vite. L’objectif de « Pharmalagasy » est de transformer la situation de crise en opportunité afin d’exploiter notre richesse en biodiversité.


Le Sud de mon pays subit depuis 1932 des périodes de famines récurrentes. Raison pour laquelle nous avons mis en place l’usine de production de compléments alimentaires qui s’appelle « Nutrisud », implantée par l’Association Fitia dirigée par mon épouse ici présente. Chaque année, « Nutrisud » produira 600 tonnes de compléments, soit 8 millions de dosettes nutritionnelles qui pourront bénéficier à 120.000 enfants dans les cantines scolaires, et ceux victimes de malnutrition chronique.


Nous avons également créé le programme « Titre vert » qui consiste à l’octroi d’une parcelle d’un hectare pour chaque jeune agriculteur que nous avons appelés « Entrepreneurs modernes ». Leur installation comprend une étable avec une vache laitière pour l’élevage ; du matériel agricole et un système d’irrigation de goutte-à-goutte pour leur surface de culture.


Nous avons institué l’opération « Certificat foncier » pour limiter l’exode rural, pour sécuriser les terres et encourager, surtout, les paysans à se professionnaliser dans l’agriculture. Notre objectif est d’atteindre la distribution de 2 millions de titres fonciers jusqu’à la fin de l’année 2023. C’est un grand défi et Madagascar sera l’unique pays en Afrique à faire ce genre de programme pour se rapprocher des paysans et des agriculteurs et les aider à sécuriser leurs terres.

Notre plus grand challenge reste quand même celui de redevenir le grenier rizicole dans l’océan Indien, que nous détenions dans les années 1970 et 1980. Pour ce faire, nous projetons d’étendre nos surfaces cultivées de 100.000 hectares afin d’augmenter la production de cette denrée qui est la base de notre alimentation, donc pour atteindre les 500.000 tonnes de riz supplémentaires afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.


Vous savez, chaque jour, 92% de la population malagasy utilise encore le charbon de bois et bois de chauffe pour faire cuire leur repas. C’est une pratique courante à Madagascar, mais aussi, et surtout, sur le continent africain. C’est dans cette perspective que se programme, en temps protégé, la forêt et la population. Une famille utilisant le charbon de bois ou le bois de chauffe, détruit environ un hectare de forêt par an. Pour lutter contre cette déforestation, due à ces coupes de bois intempestives, l’Etat malagasy met en place le programme « Miaro » pour équiper 250.000 familles en réchaud bioéthanol en deux ans, afin de préserver 250.000 hectares de forêt chaque année. D’ailleurs, je salue le Fonds de l’OPEP ainsi que l’ONUDI qui vont nous accompagner dans ce programme.


Je mesure pleinement cette consécration en tant que Champion de l’Industrialisation africaine. Je suis encore honoré de faire partie des rares dirigeants africains à qui a été décerné ce privilège, et je m’engage à promouvoir une industrialisation inclusive, équitable et durable, non seulement à Madagascar mais également, à être un moteur pour l’Afrique toute entière.

J’aimerai, aujourd’hui, porter le flambeau de tout le continent africain.

Chers Dirigeants, Chers Leaders, réveillons-nous ! Industrialisons nos pays ! Exploitons et transformons nos ressources !

Pour ma part, je suis engagé à mener cette lutte avec un Leadership et une détermination exemplaires. Une fois de retour au pays, je serai fier d’annoncer à l’ensemble de la population malagasy que Madagascar est maintenant en lumière comme Champion de l’Industrialisation en Afrique ».

Dossier rédigé et discours transcrit à l’écoute par Jeannot Ramambazafy

Source : ONUDI

Mis à jour ( Dimanche, 14 Août 2022 21:07 )  
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