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Madagascar-Sadc : un jugement de Salomon facile à surmonter. Si…

C’est l’occasion ou jamais, pour la majorité d’entre vous, d’aller feuilleter la bible (le livre de la vie passée, présente et à venir). Mais, dans le langage courant, un jugement de Salomon revêt deux significations. En effet, c’est un jugement sensé être empreint de sagesse et d’équité mais aussi un jugement qui partage les torts entre deux parties.

Oubliées les vraies racines qui ont amené à la démission de Marc Ravalomanana, déformée, par qui on sait, en "coup d’état" par Andry Rajoelina. Nous n’en sommes plus là, c’est de l’histoire ancienne. En cette mi-mai 2011, la Sadc n’a rien tranché du tout mais n’a pas rejeté non plus la feuille de route sans l’avoir officiellement validé. L’esprit simple se perd, dès lors, en conjonctures et tous les espoirs sont permis de part et d’autre. Mais quels espoirs ?

Le temps perdu ne se rattrape guère (Barbara, la chanteuse). Certes, chacun veut garder ses acquis mais, à présent, il faut vraiment penser à l’intérêt des 20 millions de Malgaches qui attendent le redémarrage dans une IVème république dirigée par un président élu. Au suffrage universel, pour le réel retour à l’ordre constitutionnel.

Le 20 mai 2011, les décideurs de la Sadc ont donc décidé de confronter une ultime fois ceux qu’elle a, elle-même, impliqué dans cette crise politique malgache qui remonte en 2009. Ils se sont sentis sages et justes et c’est à Zafy, Ratsiraka, Ravalomanana et Rajoelina de se partager les torts. Ici, en effet, il n’y a pas deux parties mais quatre pour mieux compliquer les choses. Chacun des quatre veut « gagner ». Il est déjà difficile de couper la poire en deux, en matière de politique, alors la couper en quatre relève du miracle. Que devront alors signer les quatre parties, "au nom du peuple malgache", à Gaborone (Botwsana, début juin 2011) ? Il n’y a pas 36 solutions et il y a eu assez de victimes comme çà.

La seule et l’unique chose à faire est d’accepter qu’aucun d’entre eux ne se présente aux prochaines élections présidentielles qui devront être organisées cette année 2011, pour ne pas faire trainer cette période transitoire. Celle-ci sera dirigée jusqu’au bout par Andry Rajoelina mais un dernier remaniement, au niveau du gouvernement, devra encore avoir lieu. Gouvernement qui s'attèlera exclusivement à ce que les élections soient transparentes, avec les sous des bailleurs traditionnels et sous observation internationale. En fait, c’est comme cela que les grands manitous de la Sadc voient la chose. Et la communauté internationale aussi. Même s’ils n’ignorent plus la vérité vraie sur la révolution orange. Aux Malgaches donc de se débrouiller entre eux pour que cela se fasse. Et halte aux sursauts d'orgueil avec cette histoire de souveraineté ! C'est de l'utopie, tant que Madagascar ne sera pas indépendant, économiquement parlant. Pour en revenir au jugement de Salomon de la Sadc, dans la pratique, à Madagascar même, ce sera une autre paire de manches basée sur l’attrait vilement matériel et financier. Tous les acteurs du microcosme politique malgache -et même les autres, d'ailleurs- tireront tellement la couverture à eux qu’elle va se déchirer et tout sera à refaire. A croire que le retour à la case départ fait partie de la culture politique malgache.

Mais le moment n’est plus de dire ou de savoir qui a fait quoi. Le moment est de démontrer au monde entier que l’esprit de Nelson Mandela plane dans les coulisses politiciennes de la Grande île. Il n’y a rien à gagner sauf l’apaisement pour la population qui n’aspire qu’à une vie meilleure. Aussi, la question qui se pose demeure : qui sera le plus égoïste, le plus égocentrique et le plus revanchard ? Ainsi donc, ce jugement de Salomon de la Sadc peut être facilement surmonté si c’est vraiment l’intérêt réel des 20 millions de Malgaches qui reste l’enjeu. Faudra-t-il, dès lors, faire appel à un miracle ? Et c’est le moment où jamais de rappeler que seuls les imbéciles ne changent jamais d’avis et de répéter que l’Histoire les jugera selon leur acte de sacrifice et d’humilité. Ou leurs actions de sabotage et d’humiliation. Tout le reste ne sera jamais que du blablaba d'intellectuels théoriciens, livresques et frustrés à qui l'on tend un micro mais qui n'ont aucun pouvoir de décision. Restons lucides, voulez-vous ? Car même si ce n'est pas inscrit dans le communiqué, même s'il n'a pas paraphé lui-même la feuille de route, Andry Rajoelina fait partie des... parties prenantes. Et c'est sur ce point, déjà, que tout risque de recommencer. Exemple de palabres inutiles. Lors d'une récente interview, Fetison Rakoto Andrianirina ("mouvance" Ravalomanana) a déclaré : « Rien ne dit, dans le communiqué final, que la Feuille de route a été acceptée ». Oui, mais rien ne dit qu'elle a été rejetée...

Jeannot Ramambazafy – 21 mai 2011

Mis à jour ( Mardi, 24 Mai 2011 18:02 )  
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