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Madagascar : les mercenaires juridiques blancs de Ravalomanana

Jens Thorsenn, Brian Currin et Peter Mann

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J'étais bien à Nairobi où j'ai, hélas, perdu mon portable

Re-bonjour ! Enfin, je suis tout de même arrivé à Antananarivo, le 9 juin 2011. En passant, par… Nairobi (Kenya). Il faut remercier, ici, Mme Muriel, même si elle a voulu se montrer discrète. Sinon, j’aurai été bloqué jusqu’au 12 juin 2011, dimanche de la Pentecôte. Plus de peur que de mal donc, mais j’ai perdu mon téléphone dans ces séries de fouilles à n’en plus finir. D’où aussi ce léger retard dans mes reportages. Allons-y. Avec des photos que vous ne trouverez nulle part ailleurs, surtout pas dans Courrier International ni dans Le monde.

Avec Guy Rivo Randrianarisoa, un "ravalomananiste" pur et dur. Les Gtt vont tomber à la renverse en voyant cette photo. Ils ignorent l'histoire même de l'Humanité...

Beaucoup se demandent à quoi a servi la réunion de Gaborone, les 6 et 7 juin 2011 ? Pourquoi la Sadc a dépensé beaucoup d’argent pour qu’elle se tienne ? C’est très simple mais extrêmement compliqué pour les esprits retors et ceux qui pratiquent le culte de la personnalité.

Le Président namibien, Hifikepunye Pohamba, au GICC-Gaborone

Il s’agissait, pour la Sadc de réunir dans un même lieu TOUS les acteurs politiques principaux de cette « crise ». A savoir, les membres de l’Arema, l’Escopol, les Autres Sensibilités, le Hpm, le Mdm, la mouvance Ratsiraka, la mouvance Ravalomanana, la mouvance Zafy, le Tgv, l’Uamad/Monima et l’Udr-C. Cela fait, elle a ainsi pu leur distribuer leurs résolutions officielles issues du sommet de Windhoek le 20 mai 2011 et discuter avec chacun des leaders de ces onze entités politiques. Avec, pour base, la feuille de route paraphée par le plus grand nombre. Ces chefs de file ont pu, individuellement, présenter leur vision et leur point de vue quant à la crise et sa sortie.

Mamy Rakotoarivelo, le patron de Rajaofera Eugène, accompagné par le Dr Tomaz Salomao, Secrétaire exécutif de la Sadc. Mon patron à moi ? Le peuple malgache, depuis 1972

Mamy Rakotoarivelo a été le seul membre de la mouvance Ravalomanana a pénétrer dans cette pièce où l'attendait la troïka de la Sadc

Après avoir entendu tout le monde, la Sadc a pu dégager tous les points communs et convergents de chaque entité, à savoir : le soutien du dialogue malgacho-malgache ; la nécessité d’assurer le retour d’urgence du pays à la normalité constitutionnelle ; la tenue à Madagascar des élections libres, justes et crédibles. Celles-ci seront supervisées par l’Onu et l’Union africaine (Ua), en collaboration avec la Sadc et la Communauté internationale. Cela permettra le retour du pays à la normalité constitutionnelle. Enfin, dernier point commun et convergent : tous ces acteurs politiques malgaches sont prêts à participer à des élections libres, justes et crédibles.

A gauche,debout derrière Prega Ramsamy, Peter Mann, le cheveu blanc dans ce bol de café noir

Tout cela a été accepté mais encore de manière verbale. Il reste donc à officialiser ces positions communes. D’où le sommet extraordinaire prévu le samedi 11 juin 2011 au Convention Centre de Sandton (Afrique du Sud) -entrant aussi dans le cadre du second Sommet Tripartite Comesa-Eac-Sadc- où cette dernière soumettra à l’Ua, son rapport définitif sur les décisions communes de ces acteurs politiques malgaches. Ainsi, il n’y a pas de retour à la case départ mais une avancée concrète pour la mise en application effective de la feuille de route qui n’a jamais été rejetée ou remise en cause. Lors de la cérémonie de clôture, le 7 juin au Gicc de Gaborone, c’est le Pr Zafy Albert qui a pris la parole au nom de toutes les entités malgaches présentes, étant le doyen en âge. Il a du se rendre à l’évidence, sans, toutefois, s’empêcher de prononcer quelques phrases faisant transparaître sa position personnelle. Quoi qu’il en soit, le sort en est jeté. Le 11 juin 2011, l’Ua donnera sa position définitive et officielle sur la suite. Qui est et restera la tenue des élections as soon as possible.

Jens Thorsenn, Blanc au milieu de Noirs. Pour un dialogue malgacho-malgache, çà fait désordre

Cependant, malgré son silence imposé, l’unique raison de vivre de Ravalomanana est de retourner à Madagascar pour pouvoir se présenter aux élections présidentielles. Et il n’a pas attendu et n’attendra pas le 11 juin 2011 pour entamer un gros de travail de lobbying international. Les effets n’ont pas tardés, à l’instar de la démarche de Louis Michel au Parlement européen.

Les artisans -sur 736 Députés européens- de ce lobbying de Ravalomanana -qui était déjà au courant- (écoutez attentivement la vidéo "Gaboroneries malgaches" sur youtube.com/papizano100) et promptement relayé par le quotidien Midi Madagasikara, sont :

Cristian Dan Preda, Michèle Striffler, Mario Mauro, Bernd Posselt, Filip Kaczmarek, Tunne Kelam, Eija-Riitta Korhola, Monica Luisa Macovei, Elena Băsescu, Sari Essayah, Giovanni La Via, Bogusław Sonik, Tadeusz Zwiefka, Martin Kastler (Groupe PPE)

Véronique De Keyser, Corina Creţu (Groupe S&D)

Louis Michel, Marielle De Sarnez, Marietje Schaake, Charles Goerens, Izaskun Bilbao Barandica, Kristiina Ojuland, Ramon Tremosa i Balcells, Renate Weber, Anneli Jäätteenmäki (Groupe ALDE )

Charles Tannock, Ryszard Antoni Legutko, Tomasz Piotr Poręba, Geoffrey Van Orden (Groupe ECR)

Michèle Rivasi, Raül Romeva i Rueda (Groupe Verts/ALE)

Le mécanisme est bien huilé. Le texte a été proposé le 7 juin; il a été "adopté" le 9 juin et a été publié dans son intégralité le 10 juin 2011 dans Midi Madagasikara. Des propositions, style plats réchauffés, qui remontent à 2009 et qui n'ont pas empêché Andry Rajoelina d'aller en Turquie (membre de l'Ue), en France (membre de l'Ue et où il a été reçu par le Premier ministre Alain Juppé et le Sg de l'OIF, Abdou Diouf), avant sa visite chez les Présidents de Namibie, d'Afrique du Sud et d'Angola. Puis, dernièrement donc au Botswana. Ces euro-députés (carburant donc avec des euros) ont oublié une chose connue du monde entier : la communauté internationale, y compris l'Ue, a déjà déclaré qu'elle s'alignera sur les décisions de la Sadc. Amnésie collective ?

Buts de la manoeuvre : empêcher la Hat d’organiser ces élections; empêcher Andry Rajoelina de se présenter à la future élection présidentielle pour un retour à la constitutionnalité. Ce qui constitue déjà une présentation totalement erronée du processus sur la base de documents fournis par la franco-malgache Eliane Naike, ni blanche comme neige, ni noire charbon. Mais laissons Louis Michel et ses euro-députés à leurs propres turpitudes et voyons les autres étrangers qui ont entouré Ravalomanana à Gaborone. Au milieu de tous les Africains, ils étaient réellement comme des cheveux blancs dans un bol de café noir.

Voici comment Rajaofera Eugène a présenté les choses, sans photos, dans le quotidien Midi Madagasikara du 7 juin 2011. « L’ancien président Marc Ravalomanana est accompagné à Gaborone par des conseillers étrangers spécialistes en divers domaines. Pour ne citer que Brian Currin, avocat international non moins expert international  en droits de l’homme, le Mauricien Prega Ramsamy, secrétaire exécutif de la SADC pendant 12 ans et qui connaît bien Botswana, le Sud-africain Peter Man, son responsable en Communication au niveau international, ainsi que le Danois Jens Thorsenn. Sans parler de ses collaborateurs de nationalité malagasy dont Henri Roger Ranaivoson, Guy Rivo Randrianarisoa, Olivier Andrianarisoa et Elian Ralison. Lors d’une réunion d’équipe à l’hôtel « The Grand Palm », Marc Ravalomanana a expliqué qu’il a déployé dans les quatre coins du monde ses proches collaborateurs pour mener des lobbyings afin d’influer l’opinion internationale en faveur de sa cause ».

Le manège de ces mercenaires juridiques, après que Prega Ramsamy -ancien de la Sadc- ait été refoulé à la porte. Exit le trafic d'influence. M'ayant vu, Brian Currin s'est éclipsé. Trop tard. Il semble bien que c'est Peter Mann qui figure comme être leur chef. Il a, d'ailleurs, un physique de mercenaire. Non ?

C’est déjà un aveu que Ravalomanana roule pour son retour au pouvoir et non pour mettre un terme à cette « crise » qui dure de manière artificielle. Ces mercenaires juridiques étrangers de Ravalomanana utiliseront tous les artifices possibles pour servir celui qui les paie en milliards d’ariary. Mercenaires car ayant des nationalités différentes : Brian Currin et Peter Mann sont des Sud-africains, Jens Thorsenn est donc Danois et Prega Ramsamy est Mauricien. Comme l’Eugène l’a bien indiqué, Prega Ramsamy fut secrétaire exécutif de la Sadc. Mais son essai de trafic d’influence a été complètement été raté. En effet, voulant entrer dans la salle d’écoute individuelle des chefs de la Sadc, avec Mamy Rakotoarivelo, il a été éconduit à la porte. Persona non grata. En fait, à Gaborone, ces mercenaires acquis au retour de Ravalomanana ne lui ont été d’aucun recours dans le processus et ils auraient mieux fait de ne pas se montrer. Car tous les Africains présents, sans le montrer extérieurement, étaient outrés par leur seule présence.

Fait encore plus ridicule : Peter Mann a distribué sa carte de visite à tous les gens de presse présents sauf moi. Intentionnellement. C’est dire qu’il connaît madagate. Ici, il faut que je vous rappelle que Marc Ravalomanana, en 2002 à Johannesbourg, au Sommet du développement durable, n’avait emmené qu’un seul journaliste de la presse privée. C’était moi et je travaillais encore à Madagascar Tribune. Et je suis facilement reconnaissable… Et tous se sont défilés à mon approche. Mais… Dans ce tableau peu malgacho-malgache, Fetison Rakoto Andrianirina, lui, a eu la sagesse de se mettre en second plan, derrière tout le monde, au fond de la salle.

Quelle différence entre ces Blancs de Gaborone et les "conseillers militaires" Blancs envoyés par Ravalomanana sur la Place du 13-mai, le 4 mars 2009 ? Avant sa démission et sa fuite, le 17 mars 2009 ?

Autre présence aussi inutile que ridicule : le couple Yvette et Raymond Ranjeva. Il ne mérite pas de photo. Mais il était assis dans le grand hall du complexe « Grand Palm », sans avoir eu de badge. Ce grand juriste n’a été d’aucune utilité, ni pour le peuple malgache ni pour Ravalomanana qui a encore dépensé des sommes folles pour rien. Mais leur présence va sûrement être présentée autrement par ceux qui n’étaient pas à Gaborone. Il est déjà pressenti comme être le successeur du Premier ministre Camille Vital... Tout ce ramassis de Blancs réussiront-ils leur mission ? Pas certain car Ravalomanana a encore commis l’erreur de croire que tout lui était permis. Il a su, avec brio, froisser la susceptibilité de tous les Africains (donc Noirs) présents au GICC et ailleurs. Le temps des colonies n’est donc pas terminé ? Entre Blancs en Europe, çà marche un temps mais pas sur le continent noir où on sait se montrer... diplomate. Car, parmi le cercle de grands opérateurs économiques africains, on parle déjà de la « mainmise » de Ravalomanana sur un large pan du secteur de l’agroalimentaire sud-africain. Eh ben, s’il agit là-bas comme il l’a fait à Madagascar avec Tiko, il ne va pas tarder à être expulsé par Jacob Zuma. Contrairement aux apparences, tout n’est pas achetable ici-bas. Même si Ravalomanana a (déjà et encore) promis 21 milliards aux membres de l’Escopol, de la part de l'Ue… Cela boucle la boucle de son "lobbying aux quatre coins du monde".

C'est ici qu'une nouvelle étape du processus va s'enclencher. Qui sera le plus surpris ?

A ce stade, cela s’appelle de la corruption et la vidéo est là pour en témoigner. (sur www.youtube.com/papizano100). Enfin, en Afrique du Sud, au Botswana et au Kenya, les pauvres existent bel et bien. Mais aucun média genre Courrier international n’en parle guère. Car les intérêts économiques de la « Communauté internationale » ne sont pas en danger. Pour le moment. Rien que pour le moment. Et les écrits de ces médias dits internationaux, reposant sur des sources à la vision étriquée, ne résisteront jamais à la vérité historique basée sur la somme de détails vécus mais intentionnellement écartés. Cependant, il faut reconnaître que ce « lobbying » va retarder la sortie de crise. Mais, le dénigrement, l’intox et la médisance n’ont jamais arrêté ni influé la marche du temps. L’Histoire même de l’humanité est là pour en témoigner. Je ne prendrai comme exemple que l’apartheid et les 23 ans d’emprisonnement de Nelson Mandela. Efforts inutiles pour les Afrikaaners, victoire pour le peuple noir sur tout le continent. Aussi, malgré tous ces efforts et ces velléités de semer le trouble, la Sadc risque fort de rendre la monnaie de sa pièce à Marc Ravalomanana dans son propre lieu d’exil : Sandton, à proximité de Johannesburg, là même où s’est tenue le Sommet sur le Développement durable en 2002.

Texte et photos : Jeannot RAMAMBAZAFY – envoyé spécial à Gaborone (6-7 juin 2011)

Mis à jour ( Dimanche, 12 Juin 2011 16:10 )  
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