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Madagascar: formidable bond en arrière en matière de démocratie

Commençons par des extraits du discours du 25 janvier 2014, dans un stade de Mahamasina à moitié vide :

TEXTE DU DISCOURS INTEGRAL ICI

« Par cette élection, vous avez voulu tourner la page de la division et de la discorde. Cette année sera celle de notre renouveau collectif, sous l’emblème de la Force nouvelle qui vient de s’insuffler à Madagascar. Je m’entourerai de compétences de tous bords pour renforcer l’Unité Nationale et créer un Madagascar de l’Excellence. La voix du peuple a choisi. Il convient, maintenant de le servir. Le peuple malgache ne supporte plus l’incurie et attend de son personnel politique et des agents de l’Etat : compétence, probité et loyauté. Nous y veillerons, nous ferons table rase des pratiques du passé et viserons l’efficacité. Notre Etat est garant des libertés individuelles et doit être capable de protéger tous nos concitoyens. Rétablir la confiance de l’Etat c’est aussi assurer la sécurité des personnes et des biens en toutes circonstances. Je veux un Etat qui protège nos frontières aériennes et nos 5.000 kilomètres de côte. La culture de l’impunité est révolue et je m’engage à organiser une lutte sans merci contre tous les détournements de biens et de deniers publics ; contre tout enrichissement illicite, tout racket ou encore toute utilisation abusive des biens publics ».

BRAVISSIMO ! Mais qu'en est-il exactement dix mois après ?

Que ses nombreux conseillers "spéciaux" traduisent et le mettent au courant, car Hery Rajaonarimampianina est un président peu au courant de se qui se passe dans son propre pays

Voyons, à présent, quelques articles de la Constitution de la IVème République de Madagascar :

Article 7.

Les droits individuels et les libertés fondamentales sont garantis par la Constitution et leur exercice est organisé par la loi.

Article 9.

Toute personne a droit à la liberté et ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire.

Nul ne peut être poursuivi, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu'elle a prescrites.

Tout individu victime d'arrestation ou de détention illégale a droit à réparation.

Article 10.

Les libertés d'opinion et d'expression, de communication, de presse, d'association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et droits d'autrui et par l'impératif de sauvegarde de l'ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité de l'État.

Houlàlà ! C'est la guerre ou quoi ? Une véritable armée démontrant la peur panique du régime Rajaonarimampianina de finir avant d'avoir commencer quoi que ce soit. Sans la date, on se croirait en 2009 et même en 2002. Parole !


Tout est dit et nous fait comprendre qu’à Madagascar, la stabilité politique n’est pas à l’ordre du jour, en ce mois d’octobre 2014 et qu’au lieu d’avancer, le régime Rajaonarimampianina a fait un formidable bond en arrière, en matière de démocratie, de liberté d’expression et de respect des lois et des droits de l'Homme.

Le portail des Ravalomanana à Faravohitra. Ce trou est du à une arme de gros calibre, il va sans dire

Quoi qu’ait dit le président Rajaonarimampianina (« Marc Ravalomanana n’a pas été arrêté mais mis en sécurité »), la détention de l'ancien président est tout ce qu’il y a d’arbitraire à partir du moment où il a été extrait de chez lui, de manière « musclée » par des éléments armés des forces de l’ordre qui n’avaient aucun mandat. Il y a donc eu, en plus, violation de domicile. Dura lex sed lex. Il faut dire que les « compétences de tous bords » ont paniqué.

Accaparement de terrains, Air Madagascar, maîtres Fram, gratuité d'entrée dans les Epp, délestage Jirama, insécurité, arrivée de Ravalomanana... aucune de ces « compétences de tous bords » n'a été sanctionnée. Aucun de ces personnages nommés (et les nominations se poursuivent, sans se soucier du malheur des gens, en conseil des ministres) n'a été et n'est responsable. En somme, si on comprend bien la nouvelle manière de gérer les affaires de la nation, c'est la faute au peuple malgache tout çà !?


La meilleure façon de gérer le cas Ravalomanana, aurait été de le convoquer, de lui lire ses droits, de lui rappeler qu’il avait été condamné par contumace et de l’assigner en sa résidence de Faravohitra, dans l’attente d’un nouveau procès. Quel qu’aurait été le président élu en décembre 2013, Marc Ravalomanana savait pertinemment qu’il serait arrêté une fois qu’il aurait mis les pieds à Madagascar. Par ailleurs la phrase entendue, lors du discours à Mahamasina ne fait pas rire du tout : « Je veux un Etat qui protège nos frontières aériennes et nos 5.000 kilomètres de côte »…

Concernant la manifestation prévue ce samedi 18 octobre 2014 à Antananarivo, malgré le retour à l’ordre constitutionnel, le régime rajaonarimampianina vient de démontrer que Madagascar n’est ni un état fort ni un état de droit. La meilleure manière de gérer cette manifestation aurait été de permettre aux participants de s’exprimer dans le jardin d’Ambohijatovo. Charge à cette véritable armée, déployée ce jour, d’encadrer la manifestation et de contenir tous débordements. Mais à Madagascar, à chaque fois qu’une partie de la population veut se faire entendre, les tenants du pouvoir ont une frousse bleue de se faire renverser. Et tous ceux qui élèvent la voix sont taxés de « mpanongam-panjakana » (faiseurs de coup d’état).


Et le régime rajaonarimampianina, plus que tous les autres régimes d’élus précédents fait pire et en un laps de temps ultra-court. Voyez toutes ces entités qui poussent comme des champignons pour le défendre, lui, mais au nom de tout ce que vous voulez (choix du peuple, légalité, développement, ordre constitutionnel alors que c'est lui, Hery Rajaonarimampianina, qui a violé en premier le texte fondamental!). Mais les impacts de sa mauvaise gouvernance seront que la Communauté internationale va se rendre compte qu’il n’y a ni stabilité politique ni état de droit à Madagascar et que les avancées en matière de démocratie sont réduites à néant. Aussi, seuls leurs propres intérêts économiques animent certains pays à prêter des sous pour ne pas perdre la face, car ils ont cautionné et cautionnent ce président élu mais très mal aimé de son peuple, dix mois seulement après son accession au pouvoir. C’est triste et malheureux pour le peuple et la Nation toute entière. Hélas, c’est le lot des Malgaches qui ont toujours hérité d’un dirigeant sorti du néant et entouré d’une cour qui n’a qu’une idée en tête : rester le plus longtemps possible au pouvoir.


Aucun n’a retenu des leçons de l’Histoire politique de Madagascar pour la simple raison qu’ils ne la connaissent même pas. La suite ? Le pays risque de revivre un mélange de 1972, 1991, 2002 et 2009 réunis, jusqu’à l’inéluctable pour le Hery Vaovao qui a fait table rase de tout -croyant certainement qu’être président élu signifie tout se permettre- et qui, au bout du compte fait plus pitié qu’envie. Car il est pris dans son propre piège de « rupture dans la continuité » qui ne veut strictement rien dire dans la pratique. Une chose, en tout cas, jaillit de tout cela : Hery Rajaonarimampianina n’est pas un homme d’Etat mais un homme de pouvoirs.

Jeannot Ramambazafy – 18 octobre 2014

Mis à jour ( Lundi, 20 Octobre 2014 17:42 )  
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