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Hery Rajaonarimampianina a renié jusqu’au Monima…

Monja Jaona et Hery Rajaonarimampianina

Vous ne le savez certainement pas mais, à la fin des années 1970, alors jeune étudiant à l‘EESDEGS (Établissement d'enseignement supérieur de droit, d'économie, de gestion et de sciences sociales) d’Ankatso, Hery Rajaonarimampianina avait adhéré au parti politique Monima (Mouvement national pour l'indépendance de Madagascar) créé par le charismatique Monja Jaona, père du Premier ministre de la Transition, Monja Zafitsimivalo Roindefo. Il faut savoir que le Monima, à l’époque, était le parti malgache nationaliste traditionnel par excellence. Pourquoi pas le MFM («Mpitolona ho an’ny fanjakan’ny madinika» - lutte pour l’avènement du prolétariat-) du caméléon Manandafy Rakotonirina, vous demanderiez-vous ? Tout simplement parce l’étudiant Hery Rajaonarimampianina, entré à l’université en 1976, n’a pas participé à notre mouvement de mai 1972. Par ailleurs, étant lui-même issu d’une famille paysanne d’Antsofinondry, il a trouvé que cette histoire de «madinika» politisés ne tenait pas la route… Que seules les études sauvent.


Mais, « traumatisé par les méthodes musclées du service de renseignements du régime de Didier Ratsiraka » (la tristement célèbre DGID -Direction générale des investigations et de la documentation-, police politique pure et dure), selon feu mon ami Bruno Razanapiringa -ayant fréquenté l’EESDEGS avec lui-, il a quitté le Monima et la politique pour se consacrer entièrement à ses études approfondies d’économie. Ce qui indique qu’il n’avait adhéré au Monima que pour de sombres intérêts et non par idéologie. Cette manière d’agir reflète un trait de caractère indélébile de sa part : au moindre coup de vent, il n’hésite pas à déserter et à renier ses propres convictions, comme tout « craintif » qui se respecte.


Une fois élu président de la république, et une année durant, il a renié sa famille politique, a commis un parjure vis-à-vis de son serment sur la Constitution en la violant maintes fois, et s’est acoquiné avec des « amis » qui ne lui veulent pas du bien du tout. Au final, nul en politique, il n’a jamais su que gouverner c’est prévoir. Sa dernière volte-face en date concerne la décision de la HCC sur la loi n°2015-004 à propos des collectivités territoriales décentralisées, particulièrement le cas d’Antananarivo, Capitale de Madagascar. Tout semblait baigner dans l’huile. Même que son ami rotarien, qu’il a choisi comme Premier ministre, avait déjà décrété, en conseil des ministres, la mise en place d’une « "Commission Spéciale chargée de la répartition du personnel et de la dévolution du patrimoine de l’ancienne Commune Urbaine d’Antananarivo".

"Milalao politika"...

Certes, j’ai lancé des fleurs au président de la HCC, Jean Eric Rakotoarisoa, pour être redevenu «rigoureux et honnête». En effet, la fameuse loi a été jugée non conforme à la Constitution. Mais -et les murs ont des oreilles- tout dernièrement et en privé, le même Jean Eric Rakotarisoa avoué que c’est un jeu politique qu’il jouait («politika no lalaovina»). Drôle d’aveu pour ce noble d’Ambohitrombihavana qui indique que l’état de non-droit va perdurer... En tout cas, cela révèle qu’il a reçu des ordres de celui qui l’a fait roi. Pourquoi ce respect soudain de la loi fondamentale ?

Manitra Oliva Andrianarivelo, leader de la FMTA( Fikambanan'ny mpiasan'ny Tanànan' Antananarivo) ou Association du personnel de la ville d’Antananarivo

Tout simplement parce que l’ancien membre déserteur du Monima a eu une frousse bleue du mouvement du personnel de la Commune urbaine d’Antananarivo, ajouté à l’intention d’Alain Ramaroson ainsi que des onze députés qui n’ont pas voté cette loi, de sensibiliser la population tananarivienne sur ce morcellement anti-historique de leur ville. Depuis, le président haï du peuple et le parti HVM, usant de la politique de l’autruche, se murent dans un silence qui n’augure rien de bon.

Le ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana arborant la cravate bleue du parti Hvm jusque dans son bureau. Et ils parlent de dépolitisation de l'administration publique ! Il y a pire dans les régions...

Madagascar n’étant un pays démocratique que de nom, voilà le ministre de l’Intérieur, Olivier Mahafaly Solonandrasana, qui, au lieu de démissionner, parle d’une nouvelle loi à soumettre aux députés dans une énième session extraordinaire. Oui, le ridicule ne tuera jamais et la honte n’étouffera aucun de ces actuels dirigeants malgaches.

Daniel Rakotoseheno alias le photojournaliste Dany Be (depuis 1959), célébrant ses 80 ans en 2013. Le 14 juillet 1983, des agents de la DGID font irruption chez lui et l’embarque à la « piscine » d’Ambohibao. Motif : atteinte la sûreté de l’Etat… Dany Be sera mis en isolement durant 31 jours. Cela ne vous rappelle pas le cas Jean Marc Koumba et des quatre agents de l’ACM déportés à Antsiranana ? Ou encore le cas de l’étudiant Berija envoyé à la maison de force de Tsiafahy pour le même motif ?

Ce qui est, désormais, une certitude c’est que ce régime Rajaonarimampianina tombera de lui-même sans qu’on le pousse dans le trou qu’il continue de creuser de ses propres mains. Quand et comment ? Encore une fois : il ne le sait pas lui-même mais une seule de ses contrariétés suffira. Dans sa volonté d’asseoir un pouvoir fort, Hery Rajaonarimampianina n’est qu’un homme faible entouré de forts en gueule. Grave, mes frères : ayant fui les « méthodes musclées du service de renseignements du régime de Didier Ratsiraka », voilà que son entourage veut mettre ces méthodes au goût du jour.

Washington, Août 2014. Au menu de ce Sommet USA-Afrique, il y avait la lutte contre la corruption, la protection de la liberté de la presse et l'alternance politique au sommet de l'Etat. Hery Rajaonarimampianina est resté muet comme une carpe (aucune prise de parole n'était d'ailleurs prévu pour lui) et il n'a retiré aucune leçon de ce sommet

Chassez le naturel, il revient au galop, dit un dicton. Quelle sera l’attitude du président élu Hery Rajaonarimampianina, au moment du déclin ? Ce n’est pas sorcier, vu son naturel « craintif »… Rappelez-vous aussi sa volte-face en ce qui concerne l’emprisonnement des deux journalistes malgaches par son autre ami rotarien, Rivo Rakotovao, nommé super ministre chargé des projets présidentiels, à présent. C’était avant son départ pour aller prendre une photo avec le président Barack Obama à la Maison-Blanche. A ce rythme, Madagascar aura perdu un temps fou pour rien et la Communauté internationale perdra des sous qu’elle ne pourra que mettre sur son compte de pertes et profits.


Et lorsque le Premier ministre Jean Ravelonarivo déclare : « il faut laisser le passé au passé », je lui réponds: ignorer le passé, c’est hypothéquer l’avenir. Par ailleurs, Elie Wiesel est donc un imbécile pour avoir dit : « Un homme sans passé est plus pauvre qu'un homme sans avenir » ? Mais ils ont fait quel genre d’études ces mecs au pouvoir à Madagascar ? Laisser le passé au passé c'est aussi laisser libres et impunis ceux qui ont réellement volé, pillé, violé, kidnappé, détourné, trafiqué avant son accession au pouvoir alors?

En tout cas, il est important pour les générations malgaches présentes et futures de savoir à quoi s’en tenir lorsqu’un dirigeant élu n’a aucun cursus politique digne de ce nom, dans son passé, mais arrive toujours au pouvoir de manière opportuniste : il devient dictateur («mpanao didy jadona») et, aidé d’une cour de béni-oui-oui, entend être président à vie, en oubliant vite que si l’homme propose, Dieu dispose.

Jeannot Ramambazafy – 24 février 2015

Mis à jour ( Mardi, 24 Février 2015 16:28 )  
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