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MUR DE BERLIN : Les murs entre les hommes sont faits pour être détruits

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9 novembre 1989 – 9 novembre 2009. L’horrible mur qui séparait la ville de Berlin a été détruit depuis 20 ans. Mais avant d’en arriver là, cette destruction a fait l’objet d’une lutte indiquant que la liberté ne se donne pas ni ne se mendie ; elle s’arrache et ce n’est pas une question de culte de personnalité qui empêchera le peuple de vaincre toute dictature, à terme. Madagate.com -hebdomadaire en ligne créé et dirigé par des Malgaches,- vous narre, ici, pourquoi la construction de ce mur et pourquoi, surtout sa destruction. Une formidable leçon pour les caciques du culte de la personnalité qui ne comprendront jamais ce qu’est une lutte contre la dictature et pour la liberté. Ils se reconnaîtront et on les reconnaîtra avec leur littérature déversée sur le web, mélangeant liberté d’expression et manque totale d’honnêteté intellectuelle. Cela est la résultante d'une carence totale de culture en général, de celle de leur pays d'origine en particulier.

Début de la construction du mur, dans la nuit du 12 août 1961
 
Les caractéristiques du mur à son achèvement

« Le mur de la honte » pour les Allemands de l’Ouest et « mur de protection anti-fasciste » pour la propagande communiste est-allemande, a été érigé à partir du 12 août 1961. Cela suite à l’exode massif des habitants de la RDA (République démocratique allemande) vers la République fédérale d’Allemagne (RFA). Pendant 48 ans, ce mur va séparer en deux la ville de Berlin et sera le prolongement physique d’une Europe divisée par le « Rideau de fer » (frontière fortifiée et électrifiée qui traversait l'Europe pendant la guerre froide, séparant les États européens placés sous influence soviétique, des États européens occidentaux). Comment en est-on arrivé là ?

Le quartier général de la Stasi, devenu un musée. Adresse : Forschungs und Gedenkstätte Normannenstr. Ruschestr. 103, Haus 110365 Berlin

Erich Mielke, décédé le 6 juin 2000, ministre de la sécurité publique de la RDA, de 1957 à 1989

En 1950, un ministère de la sécurité d’Etat d’Allemagne de l’est (« Ministerium für Staatssicherheit » (MfS) est crée. Plus connu sous le nom de STASI, il est  chargé d’exercer une étroite surveillance sur la population. C’est l’arme fatale du pouvoir dictatorial du Parti socialiste unifié d’Allemagne, le parti communiste (PC) de la RDA. Les dirigeants de ce ministère, membres du PC durant l’entre-deux-guerres, furent marqués par la clandestinité et sont familiarisés avec les techniques du renseignement et du sabotage qui leur ont permis de survivre à la période nazie. Mission : « liquider les ennemis politiques du socialisme ».

Cette image fait penser aux éléments de l’Emmonat envoyés par Ravalomanana, quelques jours après la tuerie du 7 février 2009, devant le palais d'Etat d'Ambohitsorohitra à Antananarivo

Cette répression de toute opposition s’abat dès la création de la RDA et touche toutes les personnes susceptibles de conspirer, d’espionner ou tout simplement de s’opposer à l’emprise du PC sur le pays. Le parti, lui-même est épuré de ses membres les plus récalcitrants. Entre 1952 et 1953, près de 10.000 personnes auraient été arrêtées et emprisonnées. La Stasi se spécialise aussi dans l’enlèvement d’Allemands de l’Est réfugiés en RFA.

L'emblême (on dit logo de nos jours) de la Stasi
 
Les méthodes utilisées sont redoutables :

- conditions de détention très rigoureuses (isolement total, tortures, pressions psychologiques), afin d’obtenir des « aveux » sur des complots imaginaires.

- Les assassinats politiques restent exceptionnels, mais la violence d’Etat existe. Des centaines d’Allemands de l’Est sont exécutés alors qu’ils tentent de franchir le mur de Berlin ou de gagner la RFA après 1961.

- Recours à la propagande et contre-espionnage en RFA. La Stasi se dote aussi d'un service culturel afin de surveiller et réprimer les intellectuels et artistes. La culture est mise au service de la propagande.

- Identification des milieux à risque (intellectuels et étudiants, services de sécurités…) et surveillance des suspects grâce à des moyens variés: ouverture du courrier, écoutes téléphoniques, appartements placés sous écoutes, filatures…

 

Pour mener à bien ce contrôle sur la société, la Stasi se dote d’un dense réseau d’informateurs, de « collaborateurs officieux » (« Inofizielle Mitarbeiter») ou IM. il s’agit de  jeunes qui financent ainsi leurs études et des individus en quête de gratifications et d'avantages matériels). Ces collaborateurs officieux permettront une infiltration exceptionnelle de la société. En RDA, le niveau d'encadrement de la population est exceptionnel : de 20 à 30.000 informateurs à la fin des années 1950, on grimpe à 170.000 en 1989 pour 17 millions d'habitants). Le fichage des suspects concerne 4 millions d'individus, soit près du quart de la population.

Exemple de casquette de la Stasi, pris sur le modèle des Waffen SS d'Hitler

Qui surveille-t-on ? Le milieu des opposants, les institutions stratégiques comme le personnel de l’armée et de la police, les organes du parti, les membres des ministères, les cadres économiques en RDA, les délégations est-allemandes à l’étranger. Pour autant, la surveillance ne se limite pas aux opposants politiques déclarés, mais affecte tout individu au comportement suspect aux yeux du régime. Tout comportement qui s’écarte de la norme définie par le SED est condamnable. Les jeunes aux cheveux longs, attirés par le pop, le rock… font ainsi l’objet de l’attention des autorités.

Chiffres sur la Stasi pour les anglicistes

Stasi quiet camera that could take pictures through a 1mm hole in a wall

Between 1950 and 1989, the Stasi employed a total of 274,000 persons in an effort to root out the 'class enemy'. In 1989, the Stasi employed 91,015 persons full time, including 2,000 fully employed unofficial collaborators, 13,073 soldiers and 2,232 officers of GDR army, along with 173,081 unofficial informants inside GDR and 1,553 informants in West Germany. In terms of the identity of inoffizielle Mitarbeiter (IMs) Stasi informants, by 1995, 174,000 had been identified, which approximated 2.5% of East Germany's population between the ages of 18 and 60. 10,000 IMs were under 18 years of age.

Cette surveillance de tous les instants installe un climat de peur, qui incite à la plus grande prudence et pousse au mutisme. Au fil du temps, cette traque de tout comportement déviant entraîne la sclérose de toute la société est-allemande. Le harcèlement moral et psychologique affecte tous les rapports sociaux dans la mesure où personne n'est à l'abri de poursuites, surtout que les indicateurs peuvent être vos proches (dans les ménages, le voisinage, à l’université…).

La Stasi, considérée comme une "entreprise publique", œuvre à visage découvert. Elle fonctionne comme une instance éducative de surveillance politique visant à « discipliner » la population est-allemande. Cependant, Malgré tous ses efforts, la Stasi éprouve des difficultés à anticiper les contestations qui peuvent se faire jour (comme les émeutes ouvrières de 1953), elle n’est pas parvenue non plus à éradiquer l’opposition politique, qui se structure au cours des années 1980. Et, sans l’appui du « grand frère soviétique », la Stasi et les autorités de la RDA ne peuvent pas empêcher le délabrement du régime, précipité par les gigantesques manifestations de l’année 1989, qui aboutissent à la destruction du mur de Berlin. Pour résumer, la chute du mur de Berlin est due à l’affaiblissement de l’Union soviétique, à la politique de la perestroïka () menée par Mikhaïl Gorbatchev mais surtout à la détermination des Allemands de l’Est qui, en organisant de grandes manifestations, ont provoqué la destruction de ce mur. Cette finalité «  a suscité l’admiration incrédule du monde libre et a ouvert la voie à la réunification de l’Allemagne.

Perestroïka

L'ouvrage écrit par Gorbatchev lui-même

La perestroïka (Перестройка signifie en russe : reconstruction, restructuration, avec un élément novateur de péré- = re-, et stroïka = construction en russe) fut le nom donné aux réformes économiques et sociales de Mikhaïl Gorbatchev menées d'avril 1985 à décembre 1991 en Union soviétique.

9 novembre 2009. Le mur de Berlin détruit, les populations est-allemandes se précipitèrent vers les locaux de la Stasi afin d'empêcher la destruction des archives. Les militants des mouvements civiques apparus au cours de l'automne 1989, entendaient ainsi contrôler les millions de dossiers constitués par la Stasi sur de très nombreux citoyens est-allemands. La loi du 20 décembre 1991 fonde l'agence fédérale indépendante chargée des archives de la Stasi (BStU).

Deux grandes missions incombent à cette agence:

- mettre fin aux « légendes » et permettre l'accès aux archives de la Stasi aux chercheurs, institutions. Les citoyens ont le droit de consulter l'éventuel dossier constitué par la Stasi sur leurs cas. Cette disposition connaît un grand succès (2,5 millions de demandes adressées à la BStU de sa création à juin 2009).

- examiner le passé des fonctionnaires et responsables politiques afin d'écarter de la fonction publique les anciens "informateurs non officiels" de la Stasi qui comptait 91.000 fonctionnaires en 1989.

 

Le prix de la liberté

Si le nombre de victimes directes des services de sécurité semble assez limité. Il n'empêche que les autorités n'ont pas hésité à tirer sur ceux qui voulaient fuir le régime. Ainsi, de 1961 à 1989, environ 1200 individus périrent en tentant de franchir la frontière entre les deux Allemagne. D'autre part, au cours des 40 années d'existence de la RDA, on estime que près de 200.000 individus furent emprisonnés pour des raisons politiques. Les plus hauts responsables est-allemands et de nombreux membres de la Stasi, ont du rendre des comptes lors de la réunification. Cette épuration fut menée avec une certaine sévérité. Dans deux domaines au moins, les investigations furent systématiques : les crimes frontaliers et les condamnations d'opposants prononcées par la justice pénale de RDA. Comme je ne cesserais jamais de le ressasser : le temps n’effacera jamais les crimes commis.

Gérard-François Dumont

«  Les murs entre les hommes sont faits pour être détruits. Celui de Berlin, qui exprimait le refus de toute liberté migratoire dans les pays communistes, n’a pas manqué pas à la règle. Mais il laisse dans l’histoire architecturale, économique, comportementale, des traces visibles et son héritage géopolitique n’a pas fini d’exercer des effets  ». (Gérard-François Dumont, recteur de l’Ecole supérieure de géopolitique de Paris – Institut international d’études stratégiques ; professeur à l’université de Paris IV Sorbonne)

Quid, dès lors, des crimes commis à Madagascar en 1972, 1990-1991, 2002 et 2009 ? Des entités similaires à la Stasi ont bien existé : Dgid (direction générale de l'information et de la documentation) sous Didier Ratsiraka, devenue CIS (Central Intelligence Service) sous Ravalomanana. On efface tout est on recommence, au nom du consensuel et de l’inclusif ? L’Histoire ne s’invente ni ne s’oublie. Toutes celles et tous ceux qui ont déversé leurs conneries littéraires à propos de la révolution orange 2009 à Madagascar auront des compte à rendre, un jour. Même s’ils commencent à tout effacer sur l’Internet, nous avons nos archives.

Dossier préparé par Jeannot RAMAMBAZAFY

11 novembre 2009

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A R C H I V E S

La vie des Berlinois a l'époque du mur de Berlin

Il y a eu des manifestations à l'Ouest pendant quelques jours. Mais les Berlinois de l'Ouest doivent se résigner à la présence du mur. Des maisons sont abandonnées, délabrées ou même squattées. Berlin Ouest perd environ 340 000 habitants, mais elle survit grâce aux subventions de la RFA. Berlin Ouest appellera la main d'œuvre immigrée pour compenser la perte des habitants. En décembre 1963, le Sénat a obtenu l'accord des autorités allemandes de l'Est pour permettre à des milliers de Berlinois de l'Ouest de rendre visite à leurs proches pour les fêtes de fin d'année, ou pour des événements (naissances, mariage, décès…).

En novembre 1964, les retraités peuvent rendre visite à leur famille habitant de l'autre côté. Ils constituent la majorité des 383.181 Est Allemands ayant une autorisation pour franchir le mur. En 1968, les voyageurs de l'Ouest doivent avoir un passeport et un visa, s'ils veulent se rendre de l'autre côté.

Les évasions

Depuis la construction du mur, 5043 Allemands de l'Est réussissent à passer, parmi eux 574 gardes frontières fuiront leurs postes. Environ 6000 personnes furent emprisonnées pour avoir essayé de franchir le mur ou pour avoir prémédité leurs fuites. Parmi les personnes qui ont tenté de franchir le Mur on peut remarquer certains moyens assez spectaculaires.

Pendant la première année de sa construction, le mur sera défoncé 14 fois par des poids lourds. En 1961, 24 personnes réussissent à franchir le mur en train. En 1962, 14 Berlinois de l'Est enivrent le capitaine d'un bateau et réussissent à traverser la Spree malgré les coups de feu. Mais l'évasion la plus spectaculaire reste celle de 1964 : 57 Berlinois de l'Est réussissent à franchirent en passant en dessous du mur. Ils sont passés dans un tunnel de 140 mètres. Parmi les procédés la voiture permet aussi de s'échapper.

Les victimes du mur

En 28 ans d'existence, le mur a causé 239 victimes. Des personnes essayant de passer le Mur illégalement ont été abattues par des gardes, d'autres se sont noyées dans la Spree et d'autres se sont suicidées.

Chronologie du mur de Berlin

12 septembre 1944
Les Alliés décident de séparer Berlin en secteurs à Londres.

2 mai 1945
L'Allemagne nazie capitule; l'armée rouge occupe Berlin entièrement..
8 mai 1945
Au cartier général soviétique à Karlshort (Berlin-Lichtenberg) durant la nuit du 8-9 mai 1945, la capitulation des forces armées allemandes est signée par le général Keitel, mettant fin à la deuxième guerre mondiale.
5 juin 1945
Le général Dwight D. Eisenhower (USA), le maréchal Bernhard L. Montgomery (GB), le général Jean de Lattre de Tassigny (F) et le maréchal Georgi K. Schaukow (URSS) annoncent à Köpenick que le Conseil de Contrôle Allié prendra charge du gouvernement allemand. L'Allemagne, ainsi que Berlin, est divisée en secteurs alliés. En juillet des forces anglaises et américaines arrivent à Berlin et le secteur français est créé en août.
24 juin 1948
Blocus de Berlin. Les forces russes bloquent tout accès routier aux secteurs occidentaux de Berlin. Sous la direction du général Lucius D. Clay (USA), les alliés commencent un pont aérien d'aliments et de carburants.
12 mai 1949
Les Russes abandonnent leur blocus après 462 jours de résistance. Le pont aérien est un succès.

23 mai 1949
La République Fédérale Allemande (RFA) est fondée à Bonn.

7 octobre 1949

La République Démocratique Allemande (RDA) est fondée à Berlin-Est.
17 juin 1953
Soulèvement est-berlinois. L'armée russe écrase rapidement le soulèvement avec des chars d'assaut.
13 août 1961
La frontière de Berlin de l'Ouest est fermée avec des fils de fer barbelé. Quelques jours plus tard la construction du mur de Berlin commence. Seuls quelques postes de contrôle sont installés : Bornholmer Straße, Chausseestraße, Invalidenstraße, Friedrichstraße/Checkpoint Charlie, Heinrich-heine-Straße et Sonnenallee. La station de Friendrichstraße est aussi ouverte dans le territoire russe, et plus tard celle de Oberbaumbrücke également.
24 août 1961
La première victime du mur est Günter Liftin, qui tenta de le franchir à Humboldthafen
21 décembre 1972
Grâce à l'Ostpolitik (politique de l'Est), le Grundlagenvertrag (Traité fondamental) est signé par la RFA et la RDA. Dans ce traité la RFA respecte la RDA comme état souverain. Les deux états ouvrent des   "missions permanentes" (et non des ambassades).
5 février 1989
Chris Gueffroy, âgé de vingt ans, est la dernière victime du mur
7 octobre 1989
Le président de l'Union Soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, visite Berlin pour célébrer le quarantième anniversaire de la fondation de la RDA. Interviewé à propos de la situation politique de la RDA, il déclare : " La vie punit ceux qui viennent trop tard ".
4 novembre 1989
Rassemblement de près d’un millions de la  RDA sur Alexanderplatz.
9 novembre 1989
Chute du mur. Tous les citoyens RDA reçoivent le droit de traverser la frontière, et de revenir.
1 juillet 1990
Union monétaire entre la RDA et la RFA. Tous les contrôles douaniers n’existent plus.
23 septembre 1990
Le parlement est-allemand décide en faveur de la réunification des deux Allemagnes.
13 août 1998
Ouverture du mémorial du Mur de Berlin sur Bernauer Straße.

Recueillis par Jeannot RAMAMBAZAFY – 11 novembre 2009

Mis à jour ( Mercredi, 18 Novembre 2009 10:08 )  
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