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Le phénomène Rossy

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Rossy à Antsonjombe

Près de 50.000 spectateurs, lors du concert donné le dimanche 25 mai 2008, à Antsonjombe ! Après, et surtout malgré, six d’absence sur une scène malgache, Rossy a battu tous les records d’affluence qu’aucun artiste malgache à Madagascar ne pourra battre tout seul et pour bien longtemps.

Le dernier en date était celui de Njakatiana, avec près de 30.000 spectateurs au même endroit en… 2004. Jaobarison Randrianarivony, ancien collègue à Madagascar Tribune, dirigeant très éclairé de l’agence Media Consulting, organisateur de la tournée 2008 de Rossy dans la Grande Île, peut se frotter les mains et voir venir : il a vraiment misé sur le bon cheval. Cet immense succès aura deux suites, les 14 et 15 juin 2008. Mais dans le théâtre de verdure d’Antsahamanitra, tout près du Palais présidentiel d’Ambohitsorohitra, cette fois-ci.






Jaobarison Randrianarivony, Dg de l'agence de communication Media Consulting
Quoi qu’on dise, quoi qu’on pense, Rossy est une légende vivante sur tous les points de vue. Personnellement, je me souviens de ses débuts dans le quartier d’Ampamarinana, à Mahamasina, au début des années 1970. A cette époque, Paul Bert Rahasimanana allait chanter a capella, avec des copains du quartier (les fameux « Jomak’Ampama » formant le groupe « Hazo midoroboka » ou arbre tombant), dans des soirées de veille mortuaire. Ils étaient rémunérés en tasses de café et beignets. Cela s’appelait « mamonjy jaobany » (littéralement venir consoler en chants les familles endeuillées). Ce style émane directement de la musique traditionnelle dont l’origine est la suivante : lorsqu’il a décidé de faire de la plaine du Betsimitatatra, le grenier à riz de son royaume, le roi Andrianampoinimerina pensait déjà que le travail serait plus agréable avec des moments de loisir. Il fit donc appel à ces gens qui s’exprimaient en chantant et en dansant en s’accompagnant des battements de mains et de pieds. Il n’y avait pas encore d’instruments musicaux. Les thèmes de ces chants étaient toujours axés sur la vie au quotidien et les préceptes laissés par les ancêtres. Bonjour le « Hira gasy ».

Bien plus tard, ce style a donné naissance au « Vakisôva », plus rythmé et plus « direct » quant aux thèmes abordés, avec un nouveau vocabulaire très populaire. La première fois que Rossy et ses copains ont chanté ce style pour la première fois en public, je m’en souviens comme si c’était hier, ce fut dans la cour de l’Ecole Sainte Famille de Mahamasina. Et c’est là que va débuter l’ascension de Paul Bert qui deviendra Rossy. A cette époque, Tsilavina Ralaindimby travaillait en tant qu’animateur à la télévision locale. Il était présent ce jour-là et le futur Rossy lui a fait un effet que seuls les découvreurs de talents peuvent en avoir. Par ailleurs, Tsilavina était en contact étroit avec les Allemands du Cgm et que l’actuel directeur de ce centre, Olezowski -un véritable promoteur de la « Malagasy Kultur »- venait de débarquer à Madagascar. Un Ce style de musique, qui n’existe nulle part ailleurs, a donc été remarqué et, par l’intermédiaire de la WDR (radio de l’ancienne RFA), Rossy ira conquérir l’Allemagne pour une série de concerts un trimestre durant. La chance grâce à une musique authentique. Il faut rappeler, ici, que Rossy ne fait pas partie d’une famille aisée et qu’il a bataillé dur pour se faire une place au soleil.

Il est donc certain que ses convictions personnelles vont faire l’oppression sous toutes ses formes et la recherche de solutions pour que les Malgaches des « bas quartiers » de la Capitale aient un avenir meilleur. Ce qui n’est pas évident jusqu’à présent… En ces temps des débuts de la révolution socialiste, le pouvoir offrait des bourses et toute sorte de facilités si on entrait dans le parti Arema fondé par Didier Ratsiraka. Rossy entra donc dans les jeunesses Arema pour améliorer ses conditions de vie et aussi parce que cette révolution socialiste semblait pleine de promesses. En 2001, à la veille des évènements de 2002, il fut même nommé conseiller culturel du président Ratsiraka. Malheureusement, ce fut une sorte de pacte avec le diable. Lors de la campagne présidentielle, il eut une friction avec le maire Marc Ravalomanana, candidat aux présidentielles de décembre 2001. Cela vira à l’ostracisme au corps défendant de Rossy lui-même. Sentant alors le vent du changement s’abattre sur la Grande Île, il préféra la quitter avant le grand chambardement et couper les ponts avec la politique politicienne. Depuis 2002, il est donc installé en France où, en tant qu’intermittent du spectacle, il se consacre entièrement à ce don que Dieu lui a donné. Exit donc la politique et la notion même de parti. Aussi, il a été très étonnant de la part de Patrick Ramiaramanana ex- maire d’Antananarivo, ex-ministre de l’Energie et des Mines et ex-ministre de la Culture, des Sports et des Loisirs, d’avoir voulu empêcher Rossy de donner des concerts au pays. Décision prise en l’absence du Chef de l’Etat qui, à son retour, l’a complètement désavoué en public. La suite ? Patrick Ramiaramanana a été évincé de son poste ministériel car cette décision incompréhensible à l’encontre de Rossy, avait suivie son autre emportement irréfléchi à ne plus faire de Madagascar un membre de la FIFA. Là encore, la justice l’a désavoué. Pire encore, le ministre de la Santé, Jean-Louis Robinson, qui assure actuellement l’intérim du pauvre Patrick Ramiaramanana, est allé féliciter Rossy en public. Décidément, la politique est un domaine aussi étrange que bizarre dans les contrées malgaches…

Moralité : il est préférable, pour un artiste en général, de la fuir comme la peste et le choléra réunis. A présent, Rossy gagne vraiment (très bien) sa vie à la sueur de son front et il est à croire que, désormais, il consacrera plus de temps à sa famille dont il a été séparé sporadiquement depuis des mois. Même si cela ne l’empêchera jamais d’avoir ses propres convictions, à propos de la Res Publica… Néanmoins, Rossy restera une Icône vivante dans l’Histoire contemporaine même de la Grande Île de Madagascar qui repose sur la Culture avec un grand C. Bravo Rossy et merci d’avoir pu rester authentique dans ta démarche de faire encore mieux connaître le « Tanindrazana ». Une soirée, un bal sans un morceau de Rossy est un évènement où l’on ressent une carence. Rossy, présent physiquement ou non, est incontournablement inoubliable. A présent, reste à savoir si le théâtre de verdure d’Antsahamanitra sera assez grand pour assister aux deux prochains concerts de Rossy, un phénomène social et musical sans conteste.

 

Jeannot Ramambazafy
Journaliste
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