Mialy RAJOELINA
24 février 2010. A l’annonce d’une nouvelle épidémie de Chikungunya, Mialy Rajoelina, épouse du Président de la HAT, est immédiatement descendue à Mananjary, à 560 kilomètres de la Capitale, à la tête d’une équipe médicale.
Aedes aegypti
Pour ceux qui l’ignorent encore, le Chikungunya est une maladie infectieuse tropicale transmise par deux moustiques : l’Aedes aegypti et l’Aedes albopictus. Les symptômes de cette maladie sont de très fortes douleurs articulaires associées à une raideur qui donnent aux patients infectés une démarche recourbée très caractéristique. Cette maladie ne date pas de cette année 2010. Elle remonte à février 2006, dans la même région mais elle avait été mal cernée sinon minimisée. Toutefois, il ne faut pas oublier que le Chkungunya est maladie originaire d'Afrique de l'Est. En 2005, à travers le moustique Aedes aegypti. elle a gagné l’île de La Réunion où 7.000 cas ont été recensés depuis mars 2005. Puis elle a sans doute atteint Toamasina, relié à cette île par une liaison maritime et trois vols hebdomadaires.
On parle de maladie de la saleté. Que les choses soient claires : le moustique vecteur de la maladie prolifère dans les régions humides comme celles de la côte est de Madagascar où il pleur neuf mois par an, sans compter les cyclones, de décembre à avril. C’est l’amoncellement des détritus qui favorise la reproduction des moustiques. Une chose est sûre, pour le moment : on ne peut pas soigner le chikungunya qui ne tue pas. C’est une maladie, certes douloureuse, mais qui s’estompe au bout de quinze jours au maximum. Afin de ne pas l’attraper, il suffit de ne pas se faire piquer. Ce qui n’est pas évident même avec des moustiquaires spéciales. Car l’Aedes aegypti attaque aussi dans la matinée !
En tout cas, en ce mois de février 2010, 37 cas ont été confirmés à Manakara, au nord de Mananjary où la maladie est donc revenue. Pour le grand public, il est difficile de distinguer paludisme (malaria), fièvre jaune et dengue. Mais les symptômes du Chikungunya ont reçu un nom bien local : « Kilalaka », une danse mise à la mode par le facétieux Tsiliva.
Pour en revenir à la descente sur le terrain de Mialy Rajoelina, il s’agissait d’effectuer des soins d’urgence, de prévention et d’amener des dons divers. Ce, pour l’ensemble du district. Si l’équipe médicale est restée trois jours pour y donner des consultations et des soins gratuits, les dons, eux, ont consisté en médicaments divers dont des produits désinfectants, des moustiquaires et des couvertures. Il a été fait en sorte que ces dons parviennent effectivement à leurs destinataires qui se sont plaints que, très souvent, ce n’est pas le cas…
Dès l’arrivée de l’épouse du Président de la HAT, des travaux d’assainissement ont commencé, assurés et supervisés par l’équipe locale de la Croix-Rouge. Puis elle a effectué un détour au dispensaire de la ville pour constater de visu les "dégâts" du Chikungunya.
Par ailleurs, Mialy Rajoelina a mis à profit cette visite pour offrir une trentaine de tôle de six mètres pour la réfection du toit du bureau de la Commune urbaine de Mananjary, ravagé par le dernier cyclone. Mais aussi pour aider à la réhabilitation du « Tragnobe » (Maison sacrée) de l’ "Ampanjaka" (souverain traditionnel) des Antambahoaka. Rappelons que ce peuple pratique le « Sambatra », ce rituel de la circoncision collective, tous les 7 ans. Sur un tout autre sujet, Mialy Rajoelina, à travers son association « Fitia », devrait se pencher sur le cas des jumeaux qui, à Mananjary, sont considérés comme un signe de malheur pour leur famille. Tout comme à Namorona chez les Antemoro. Ainsi, si ces enfants rejetés, donc abandonnés (dans la brousse ou sur les plages), finissent tragiquement, certains sont recueillis par des familles… Mais en décembre 2007, une nouvelle loi avait été en projet pour renforcer la protection des jumeaux de Mananjary. Où en sommes-nous, à l’heure actuelle ? Il faudrait y penser car la crise politique ne sera pas éternelle.
Jeannot RAMAMBAZAFY