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Home Editorial Madagate Affiche Jacques Berthieu, premier Martyr et Bienheureux de Madagascar

Jacques Berthieu, premier Martyr et Bienheureux de Madagascar

Le 8 juin 1896 -il y a exactement 125 ans, le 8 juin 2021- deux mois avant l’annexion puis la colonisation de Madagascar par la France, Jacques Berthieu, prêtre jésuite missionnaire français, est arrêté lors d’une insurrection des « Menalamba » (Toges rouges). Refusant de renoncer publiquement à sa foi chrétienne, ce qui s’appelle Apostasie, il est fusillé le même jour à Ambiatibe, à une soixantaine de kilomètres au Nord-Ouest d’Antananarivo. Il avait 58 ans. Ce martyr de la foi et de la chasteté, a été béatifié le 17 octobre 1965 par le Pape Paul VI. Puis, le 21 octobre 2012, il a été canonisé par le Pape Benoît XVI. Quelle est la différence entre béatification et canonisation vous demandez-vous certainement ?

Depuis 1558, les deux étapes sont distinctes. Mais, de nos jours, la béatification n’a pas la même portée que la canonisation bien que l’une et l’autre relèvent uniquement de l’autorité du Souverain Pontife.

Béatifier. Mettre au nombre des bienheureux. Par la béatification, le culte est réservé à une cité, un diocèse, une famille spirituelle. Avec la canonisation, il est étendu à toute l'Église universelle.

Canoniser. Admettre, après procès canonique, une personne défunte au catalogue des saints, pour qu'elle soit l'objet d'un culte officiel.


Une béatification n'aboutit qu'après une longue procédure (ou procès) préparatoire, mise en route par l'évêque du lieu où est décédé le candidat, et soutenue par une dévotion populaire, avec appel de témoins -favorables ou contraires- et examen des écrits. Pour être canonisé, et entrer alors officiellement au catalogue des saints, il faut qu'un deuxième miracle soit reconnu, sauf pour les martyrs.

Pour votre culture personnelle, sachez que le verbe canoniser a un rapport avec le droit canon, ou la loi canon, sorte de pléonasme emprunté aux Grecs puisque le mot « kanôn » signifie déjà la règle ou la loi (une loi canon devenant donc une « loi légale »…). Ce qui est canon, et à plus forte raison canonisé, c’est ce qui est entré dans la règle de l’Église, pour ne pas dire dans la liste de ses exemples, d’où la mise au générique des figures les plus emblématiques de la chrétienté. D’ailleurs, à une certaine époque, le terme grec a logiquement désigné un catalogue ou un répertoire.

Pour en revenir à notre article, ci-après les paroles du Saint-Père de l’époque, le Pape Paul VI, lors du IIème Concile œcuménique du Vatican à Rome, dans le cadre de la béatification du Père Jacques Berthieu, né à Polminhac, en région française d'Auvergne-Rhône-Alpes, le 27 novembre 1838.


« Vénérables Frères et chers Fils.

C'est une grande joie pour Nous de vous saluer au soir d’un si beau jour de fête : jour de fête pour les pèlerins de Saint-Flour, justement fiers de ce nouveau bienheureux, fils d’Auvergne ; jour de fête pour les pèlerins de Madagascar, venus honorer leur Protomartyr ; jour de fête pour la Compagnie de Jésus et, peut-on dire, pour l’Église tout entière, heureuse de célébrer les mérites et les vertus d’un de ses enfants, prêtre, religieux et missionnaire, prédicateur de l’Évangile, héraut de la bonne nouvelle.

Nous saluons d’abord les diocésains de Saint-Flour, conduits par leur zélé évêque, Monseigneur Maurice Pourchet, qu’accompagnent des évêques et des prêtres originaires de l’Auvergne, des personnalités civiles auxquelles s’est joint Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France, et une délégation des Cantaliens de Paris.

Notre salut va ensuite aux Pères de la Compagnie de Jésus, de qui le nouveau Bienheureux reçut une solide formation et l’exemple de plus hautes vertus.


Nous saluons enfin et surtout les Autorités ecclésiastiques et civiles de Madagascar: Monseigneur Jérôme Rakotomalala, archevêque de Tananarive, entouré d’une couronne de prélats de la «Grande île»; et Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur Jules Razafimbahiny, représentant le Président de la République malgache.

Tous Nous rendons gloire au Seigneur, qui ne manque jamais, au cours des siècles, de susciter de nouveaux témoins et de nouveaux apôtres au sein de son Église. Quelle admirable fécondité que celle de ce peuple saint, de ce peuple de Dieu, qu’est l’Église de Jésus-Christ, qui rassemble tous ses membres dans le même amour du Christ Seigneur et le même zèle pour témoigner de la bonne nouvelle du salut apporté et offert au monde entier !

Voici donc un nouveau fils de France élevé aux honneurs de la béatification. La France, fille aînée de l’Église, a donné au cours de son histoire millénaire tant de fruits de grâce et de sainteté, tant de preuves de son attachement au siège de Pierre, tant de témoignages de sa générosité missionnaire, tant de désintéressement dans l’œuvre éducatrice des peuples, qu’elle a accomplie dans l’univers! C’est pour Nous une joie de le redire aujourd’hui, et de prier Dieu pour que cette noble nation demeure fidèle à ce glorieux passé et sache se montrer toujours riche en nouvelles initiatives et féconde en vocations missionnaires.

Voici aussi un nouveau fils de saint Ignace, parmi la glorieuse cohorte des bienheureux. Tant de héros, tant de missionnaires, tant de martyrs ont été donnés depuis sa fondation par la vaillante Compagnie de Jésus! Et, aujourd’hui comme hier, les jésuites continuent à être missionnaires de par le vaste monde, pour y porter, dans la pauvreté, la chasteté, et l’obéissance, l’héroïque témoignage des amis de Jésus. Puisse le Seigneur bénir leur labeur, féconder leurs travaux, et susciter sur leurs pas de nouvelles chrétientés!

Et voici surtout le premier bienheureux de Madagascar, la grande île si chère à Notre cœur de père et de pasteur. Comment ne pas Nous réjouir avec vous, chers fils malgaches, du si beau développement donné par Dieu à la mission du Père Jacques Berthieu. «En somme, la mission progresse, - écrivait-il à son frère le 7 avril 1882, - bien que les fruits ne soient encore qu’en espérance en bien des endroits et peu visibles en d’autres. Mais que nous importe, pourvu que nous soyons de bons semeurs: Dieu fera pousser en son temps».

Le Père Berthieu et ses confrères furent de bons semeurs, et Dieu a fait mûrir la moisson. Une fois de plus dans l’Eglise le sang des martyrs a été une semence de chrétiens, à commencer par quelques-uns de ceux qui avaient donné la mort au vaillant religieux, et qui demandèrent plus tard à recevoir le baptême. Et le Bienheureux sera le premier d’une longue lignée. Déjà est introduite et progresse la cause de la jeune chrétienne Victoire Rasoamanarivo.

Vénérables frères et chers fils, nous vénérons ensemble un témoin héroïque de la charité missionnaire poussée jusqu’au martyre, et nous rendons grâce à Dieu qui, par ses desseins admirables et souvent cachés aux yeux du monde, suscite toujours à son Église les pasteurs dont elle a besoin, les missionnaires qui portent son témoignage, et les martyrs qui le scellent de leur sang. Remercions le Seigneur de ces dons qu’il fait si généreusement à son Église, et sachons nous en montrer dignes. Et prions-le ensemble pour que la jeune Église de Madagascar, déjà riche en fruits de grâces, continue à se développer et à donner le beau témoignage de sa vitalité chrétienne. C’est là Notre vœu le plus cher, en gage duquel Nous vous donnons à tous Notre paternelle et affectueuse Bénédiction Apostolique »./.


Pour sa part, dans son homélie, lors de la canonisation de Jacques Berthieu, le 21 octobre 2012, le Pape Benoît XVI a précisé :

« (…) Jacques Berthieu, né en 1838, en France, fut très tôt passionné de Jésus-Christ. Durant son ministère de paroisse, il eut le désir ardent de sauver les âmes. Devenu jésuite, il voulait parcourir le monde pour la gloire de Dieu. Pasteur infatigable dans l’île Sainte Marie puis à Madagascar, il lutta contre l’injustice, tout en soulageant les pauvres et les malades. Les Malgaches le considéraient comme un prêtre venu du ciel, disant : Vous êtes notre « père et mère! » Il se fit tout à tous, puisant dans la prière et dans l’amour du Cœur de Jésus la force humaine et sacerdotale d’aller jusqu’au martyre en 1896. Il mourut en disant : «Je préfère mourir plutôt que renoncer à ma foi». Chers amis, que la vie de cet évangélisateur soit un encouragement et un modèle pour les prêtres, afin qu’ils soient des hommes de Dieu comme lui ! Que son exemple aide les nombreux chrétiens persécutés aujourd’hui à cause de leur foi! Puisse, en cette Année de la foi, son intercession porter des fruits pour Madagascar et le continent africain! Que Dieu bénisse le peuple malgache! ».

La prière à saint Jacques Berthieu :

Nous te rendons grâces, ô Père

pour saint Jacques Berthieu

qui a vécu la foi jusqu'à l'extrême.

Sa foi nous incite à aimer et honorer

le Sacré Cœur de Jésus,

Ă  sanctifier nos familles

par le sacrement de mariage,

à mettre en valeur la pureté

de cœur et de corps,

et Ă  promouvoir la justice.

Nous nous efforcerons de combattre

les Ĺ“uvres du Mal,

sans souci des blessures

mĂŞme au prix de notre vie.

Recueillis par Jeannot Ramambazafy - Source principale : archives du Vatican

Également publié dans "La Gazette de la Grande île" du mercredi 09 juin 2021


Mis Ă  jour ( Jeudi, 10 Juin 2021 16:26 )  
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