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Antananarivo. Discours de Ban Ki-moon face aux parlementaires malgaches

11 mai 2016. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, au palais du Sénat Anosy Antananarivo. DerriÚre lui, de g. à dr.: Honoré Rakotomanana, Président du Sénat; Jean Max Rakotomamonjy, Président de l'assemblée nationale

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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

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DISCOURS PRONONCÉ À L’OCCASION DU CONGRÈS DU SÉNAT ET DE L’ASSEMBLÉE ET PARUTION DU RAPPORT SUR LE COÛT DE LA FAIM À MADAGASCAR

Antananarivo, 11 mai 2016

Manao ahoana tompoko! [« Bonjour. »]

Faly aho tonga eto Madagasikara. Misaotra indrindra amin’ny fandraisana mahafam-po.
[Je suis trĂšs heureux d’ĂȘtre Ă  Madagascar. Merci de votre accueil.]

Je tiens Ă  remercier le Gouvernement et le peuple malgaches pour leur chaleureux accueil dans ce pays magnifique.

C’est pour moi un grand honneur de m’adresser au CongrĂšs du SĂ©nat et de l’AssemblĂ©e.

Je suis particuliĂšrement heureux de prendre la parole devant ce Parlement, car les Ă©lections que vous avez tenues l’annĂ©e derniĂšre ont marquĂ© une Ă©tape importante en mettant fin Ă  cinq annĂ©es de crise politique.

Je salue le travail ardu que l’AssemblĂ©e nationale a accompli seule durant deux annĂ©es et me fĂ©licite de la rĂ©cente reconstitution du SĂ©nat.

Ce nouveau dĂ©part intervient au moment crucial oĂč le monde s’engage dans l’exĂ©cution du nouveau Programme de dĂ©veloppement durable Ă  l’horizon 2030.

Madagascar fait partie du trĂšs grand nombre de pays - 177 actuellement - qui ont signĂ© l’Accord de Paris sur les changements climatiques Ă  New York, le mois dernier.

Je vous engage Ă  tirer le meilleur parti des possibilitĂ©s qui s’offrent en progressant dans la rĂ©alisation des objectifs de dĂ©veloppement durable et en ratifiant l’Accord de Paris dĂšs que possible.

Je suis trÚs encouragé par la promesse du Président du Sénat de ratifier cet Accord de Paris sur le changement climatique le plus tot possible. Merci Monsieur le Président.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Madagascar se trouve à la croisée des chemins.

Des obstacles colossaux devront ĂȘtre surmontĂ©s, mais les chances Ă  saisir seront plus grandes encore.

La généralisation de la pauvreté est préoccupante.

La croissance économique est faible, le taux de chÎmage élevé.

L’accùs à l’eau est l’un des plus difficiles au monde.

Seuls trois enfants sur dix ici terminent l’école primaire.

Ils devraient ĂȘtre en classe, en train d’apprendre, et non ailleurs en train de travailler.

Environ un Malgache sur trois ne sait pas lire.

Je me fĂ©licite de la politique nationale de la jeunesse que le Gouvernement a adoptĂ©e l’annĂ©e derniĂšre.

L’Organisation des Nations Unies se tient Ă  vos cĂŽtĂ©s pour la mettre en pratique. Mon EnvoyĂ© pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi, sera votre interlocuteur.

Ensemble, nous nous efforcerons de donner aux jeunes de ce grand pays les moyens de se prendre en charge.

Nous sommes prĂȘts Ă  aider toute la population de Madagascar.

Ici, la plupart des communautĂ©s manquent de dispensaires et n’ont pas accĂšs Ă  l’eau salubre ni Ă  d’autres services de base. La majoritĂ© des enfants ne frĂ©quentent jamais l’école secondaire. Et de nombreuses personnes n’ont pas accĂšs Ă  la justice.

Les catastrophes naturelles font des ravages. La population souffre des dommages causés par les cyclones, les inondations et les criquets.

Ce Parlement possĂšde la lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique nĂ©cessaire pour aider Madagascar Ă  relever les dĂ©fis qui l’attendent.

Vous pouvez mettre fin à la corruption qui gangrÚne la société malgache.

Vous pouvez contribuer Ă  la lutte contre le trafic des richesses naturelles.

Vous assumerez ainsi pleinement votre responsabilité devant les électeurs.

Nous sommes réunis dans un édifice somptueux, aux structures robustes.

Cependant, ce ne sont pas les bñtiments qui rendent les institutions robustes – ce sont les gens.

L’histoire est Ă©crite par des personnes rĂ©solues, courageuses et fidĂšles Ă  leurs principes.

La population de Madagascar a les yeux rivés sur vous.

Les agriculteurs et les pĂȘcheurs, les mĂšres et les Ă©tudiants, les commerçants et les conducteurs de taxi, les hommes et les femmes – toutes et tous mĂ©ritent de jouir pleinement de leurs libertĂ©s fondamentales et d’un progrĂšs durable.

Les opĂ©rations militaires ne justifieront jamais les atteintes aux droits de l’homme, pas plus ici qu’ailleurs. La torture n’a pas sa place dans notre monde moderne, et Madagascar ne fait pas exception. Je vous engage instamment Ă  faire cesser toutes les violations des droits, notamment les actes de vindicte populaire et les exĂ©cutions extrajudiciaires.

Vous avez le devoir de protĂ©ger le droit Ă  la libertĂ© de la presse, Ă  la libertĂ© d’expression et Ă  la libertĂ© d’association de votre peuple.

Une société dynamique et libre de ses mouvements est indispensable pour progresser.

Je fĂ©licite Madagascar d’avoir aboli la peine de mort. Je salue la crĂ©ation par le Gouvernement de la Commission nationale indĂ©pendante des droits de l’homme. Je vous engage vivement Ă  la rendre opĂ©rationnelle. Je compte Ă©galement sur vous pour faire de mĂȘme avec la Haute Cour de justice, le Haut Conseil national pour la dĂ©fense de la dĂ©mocratie et de l’état de droit, et d’autres institutions.

Vous gagnerez ainsi la confiance du public et jetterez les bases du progrĂšs collectif.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Je lance aujourd’hui un appel au dialogue et à l’ouverture.

Nous savons l’importance que les Malgaches attachent Ă  la notion du fihavanana (“Fee-ha-va-nan”), qui Ă©voque l’amitiĂ©, la parentĂ© et l’interdĂ©pendance et traduit un esprit de solidaritĂ©.

L’occasion vous est donnĂ©e de mettre cette notion en pratique.

Son Excellence le PrĂ©sident s’est engagĂ© Ă  Ă©difier une nation moderne et prospĂšre.

L’Organisation des Nations Unies vous apportera son aide dans l’accomplissement des objectifs de dĂ©veloppement durable, qui visent Ă  assurer une vie de dignitĂ© Ă  tous.

Alors que nous progressons vers un avenir meilleur, je vous engage Ă  favoriser l’ouverture et Ă  approfondir la rĂ©conciliation et la participation. Tout le monde y gagne lorsqu’un climat de confiance, de libertĂ© et de justice est mis en place.

Madagascar doit gérer de façon viable sa merveilleuse biodiversité et faire en sorte que toute la population profite de ses richesses.

Ce pays est l’un des plus riches au monde en termes de biodiversitĂ©. Il a la chance de possĂ©der de nombreuses ressources naturelles. Lorsqu’on donne aux gens les moyens d’utiliser leur potentiel, on leur permet de bĂątir un nouvel avenir.

Il importe particuliĂšrement d’autonomiser les femmes. J’espĂšre que vous Ɠuvrerez pour mettre fin aux pratiques traditionnelles nĂ©fastes. Je vous engage Ă©galement Ă  prendre des mesures spĂ©ciales pour accroĂźtre la participation des femmes Ă  la vie politique.

Messieurs les présidents,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Je remercie le réseau trÚs actif des femmes parlementaires qui défendent ici la cause de la nutrition.

Madagascar est membre de l’initiative « Renforcer la nutrition » que j’ai lancĂ©e, « Scale Up Nutrition » en anglais.

Je salue l’engagement que vous avez pris dans ce domaine.

La nutrition ne consiste pas seulement Ă  nourrir la population. Il faut aussi accorder toute l’attention nĂ©cessaire Ă  la santĂ©, Ă  l’agriculture, Ă  l’éducation, Ă  l’autonomisation des femmes et Ă  l’accĂšs Ă  l’eau.

Elle demande aussi la participation de partenaires, notamment d’entreprises, de donateurs et de membres de la sociĂ©tĂ© civile.

Aujourd’hui paraĂźt officiellement le rapport de l’ONU sur le coĂ»t de la faim Ă  Madagascar.

Le tableau qui y est brossĂ© est alarmant. PrĂšs d’un enfant malgache sur deux souffre d’un retard de croissance.

C’est une tragĂ©die pour la population et un dĂ©sastre pour le dĂ©veloppement.

La dĂ©nutrition coĂ»te Ă  Madagascar plus de 3,300 milliards d'Ariary soit plus d'un milliard et demi de dollars par an, c’est-Ă -dire prĂšs de 15 pour cent de son PIB.

Le bilan humain est incommensurable.

Je vous invite à vous engager de façon plus ferme encore à mettre fin à la dénutrition et à consacrer davantage de ressources à cette fin.

Je compte sur vous pour dĂ©finir au niveau national un ensemble minimal de services de nutrition essentiels et Ă©tablir un plan d’action pour le gĂ©nĂ©raliser.

L’Organisation des Nations Unies sera votre partenaire indĂ©fectible dans cette entreprise.

Messieurs les présidents,

Mesdames et Messieurs,

La regrettée GisÚle Rabesahala était une grande dame de Madagascar et un exemple pour le monde entier.

Elle est entrĂ©e en politique alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle a combattu le colonialisme et dĂ©fendu les pauvres. Elle a Ă©tĂ© la premiĂšre femme ministre de Madagascar.

Elle a dĂ©clarĂ© un jour « Si on ne sait pas d’oĂč on vient, on ne sait pas oĂč on va ».

Je vous invite à garder ces paroles à l’esprit, à apprendre les leçons de votre histoire et à construire un avenir meilleur pour tous.

Misaotra betsaka tompoko! [« Merci. »]

Mis Ă  jour ( Jeudi, 12 Mai 2016 20:06 )  
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