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Madagascar Sud. De la démagogie corruptive à l’action immédiate

Enfin, je ne vais pas mourir idiot ! Mais il aura bien fallu attendre 28 ans avant que le projet Efaho, développé sur place par Latimer Rangers, alors ministre de la Culture, soit mis en route. En 1993, il m’avait emmené avec lui pour une grande tournée dans le Sud, en passant par la RN3. Je rappelle que Latimer est un Antandroy, né dans le village d’Antanimora Sud, et qu’il connaît mieux que personne les régions Anôsy et Androy. Dans un dossier pour le magazine « Marovany », j’avais appelé cette région « le Royaume du Kere ».


A l’époque, Efaho se dénommait Fanjahira et nous nous sommes arrêtés à proximité du pont métallique franchissant ce cours d’eau situé à 80 km d’Amboasary Sud, sur la route vers Taolagnaro. Là, il m’avait dit, à moi journaliste de Madagascar Tribune à ce moment : « Le problème de cette région n’est pas l’eau en tant que telle mais sa maîtrise. Le Kere (famine) découle de la sècheresse qui a des impacts sur la vie des Malgaches d’ici. Par le manque d’eau, dû à une pluviométrie de plus en plus faible au cours des ans (à cause du phénomène El Nino et des changements climatiques), les populations des deux régions ne peuvent ni cultiver, ni élever du bétail, ni même se laver. La seule solution durable est l’irrigation à partir des cours d’eau qui ceinturent les régions ».

De 1993 à 2018, quatre présidents de la république élus se sont succédés : Zafy Albert, Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina. Les trois premiers, brillants par une totale inertie, se sont contentés des actions du PAM (Programme alimentaire mondial, branche des Nations-Unies) dans le pur style de la distribution de vivres, comme pour les populations du Sahel, tous les deux ans. Aucune solution durable malgré des discours démagogiques corruptifs, et ce durant un quart de siècle ! Pourtant, des projets il y en avait bel et bien eu, pour ne citer que les suivants :

JICA (Coopération technique et financière du Japon) : Projet d'Exploitation d'Eau du dans le Sud, 1980-1983 ; Projet d'Alimentation en Eau Potable dans le Sud, 1990-1991 ; Etude d'Alimentation Durable en Eau Potable dans le Sud, 2004-2007.

Gouvernement de Madagascar. Décret n° 94-827 du 21 Décembre 1994 portant Organisation et Statut de l'Alimentation en Eau dans le Sud (AES).

Ong GRET. Entre 2005 et 2007, une trentaine d'impluviums, qui collectent et stockent les eaux de pluie, ont été réalisés par le Gret (Groupe de recherches et d'échanges technologiques) dans la région Androy, dans le cadre du projet « Objectif Sud ».


A mesure que les années défilaient, toutes les actions se basaient sur des appels à des secours financiers suivis de distributions de vivres, puis d’échange de vivres contre un travail, puis de sous (« vatsin’akohonana »). Beaucoup de pays, d’Ong, d’entités privées ont donné. Cela, ponctuellement tous les deux ans, qui ont été ramenés à tous les ans, à cause du phénomène El Nino et des changements climatiques, comme l’avait précisé Latimer Rangers il y a 28 ans. Mais en cette année 2021, rien n’a changé, la situation a même empiré et les chiffres ont même été amplifiés à souhait pour avoir plus de…sous.

De tous les présidents élus qui se sont succédé, Hery Rajaonarimampianina, qui a dirigé le pays de 2014 à 2018, aura été le champion de la démagogie corruptive. Début février 2016, lors d’un discours à Beloha Androy, après le passage de l’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina, Hery Rajaonarimampianina, président élu en 2014, a totalement oublié qu’il avait été le ministre des Finances de celui qu’il a qualifié d’«individu». Plutôt que d’être un leader apaisant et rassembleur, il a créé la zizanie et a incité à la haine de l’autre. Puis, sans état d’âme, il a demandé une aide internationale de 70 millions de dollars, pour lutter contre le Kere qu’il avait nié, pourtant, quelques mois plus tôt.


Du coup, les 19 et 20 février 2016, une « Concertation nationale pour la recherche de solutions durables aux problèmes récurrents dans le Sud » a été organisée à Ambovombe Androy. Ce, à l’initiative du Ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme (MPPSPF) et du Ministère de l’Économie et de la Planification (MEP), sous l’égide du Gouvernement. Cette Concertation à Ambovombe s’inscrivait dans le PND (Plan national de développement) 2015-2019 puis, par la suite, dans le DSP (Document de stratégie pays) 2017-21 approuvé par le Président de la République de Madagascar et le Président de la Banque, le 22 juillet 2017 à Abidjan. Jamais les populations de ce village du fin fonds de l’Androy et de ses environs n’ont vu une telle concentration de véhicules 4X4 tout terrain…

A l’issue de cette Concertation inédite, où Onitiana Realy a versé toutes les larmes de crocodiles possibles, « par pitié et solidarité pour ses compatriotes du Sud », dix ministres, dont elle, ont signé la réalisation de 21 engagements inscrits dans un projet grandiose.... A l’époque, il a été écrit que : « Le projet dans son ensemble sera ensuite remis solennellement au Groupe de dialogue stratégique (GDS) qui se tiendra le 31 mars prochain, ainsi qu’à la Conférence des bailleurs et des Investisseurs (CBI) à Paris, aussitôt après. Dès que les fonds sont débloqués par les financeurs traditionnels, les partenaires multi, bilatéraux ou toute autre source de financement, les chantiers vont démarrer ».


Cette CBI a bien eu lieu à Paris, les 1 et 2 décembre 2016, organisée par l’Etat malagasy avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science, et la culture (UNESCO), la Banque Africaine pour le Développement (BAD), et la Banque mondiale. L’objectif était de mobiliser 5,4 milliards de dollars sur trois ans pour le financement du programme de développement de Madagascar. A l’issue de cette CBI, il a été annoncé que le financement pour la mise en œuvre du Plan National de Développement a atteint 6 milliards 400 millions USD pour les quatre prochaines années. Ainsi que 3,8 milliards USD d’investissements pour le secteur privé présent. Jubilation totale chez les tenants du pouvoir de l’époque.

Mais, à mesure que le temps a passé, personne ne sait qui a donné combien, ni à quoi a bien servi ce qui a été donné. Car plus personne, non plus, n’a abordé le sujet. Hery Rjaonarimampianina a démissionné le 7 septembre 2018 pour être candidat à sa succession. Il aura fini bien piteusement avec 08% au premier tour de l’élection présidentielle puis a quitté le pays sans demander son reste. Or, la situation dans le Sud s’est aggravée car, à part des distributions par-ci par-là, rien de durable n’a été entrepris. Et comme dirait un expert-comptable digne de ce nom : « Concernant le pays Madagascar, à fin 2018, je viens d’étudier les pertes et profits et la situation s’avère inquiétante : je compte plus de sorties d’argent… ». Jusqu’ici, aucun responsable de cette situation n’est inquiété. Certains ont même pu quitter le pays malgré une IST (Interdiction de sortie du territoire). Mais ne dit-on pas : qui veut peut ? Etat de droit where are you ?

Une année après avoir été élu au suffrage universel, le Président Andry Rajoelina, comme bien d’autres présidents de par le monde, est confronté au terrible covid-19. Bien qu’étant au four et au moulin, et malgré toutes les mauvaises langues protégées par la fameuse « liberté d’expression » -qui a tout de même des limites légales, on l’oublie souvent-, il avait concocté un plan pour le Sud, dès février 2016. Il n’a pu le dévoiler qu’en ce début du mois de juin 2021.


Ainsi, les 11et 12 juin 2021, a été organisé, au camp Flacourt à Taolagnaro, une réunion intitulée : « Colloque régional pour l’émergence du Grand Sud : Des solutions malgacho-malagasy pour une transformation radicale des régions Androy et Anôsy ». L’objet de cet atelier était de faire un état des lieux des réalités socioéconomiques des Régions Anosy et Androy afin d’identifier les défis prioritaires dans chaque district, de cadrer et chiffrer les projets de redressement et de développement des districts pour l’émergence du Sud de Madagascar. Parmi ces priorités figurent la réhabilitation des infrastructures routières. Celle des RN13, RN12, et RNT12A, ainsi que les routes et pistes rurales. Les travaux sont prévus débuter au mois d'octobre 2021, en ce qui concerne la RN13.

Actuellement, les travaux d'urgence au niveau de la déviation de Manambaro sont terminés à 34%. La passation de marchés est en cours pour la réhabilitation de la portion de 114 km reliant Taolagnaro – Ambovombe. Le traitement des points noirs et la réparation d'ouvrages pour la route de 120km reliant Ihosy - Betroka se trouvent aussi au même stade. En revanche, la réhabilitation et le bitumage de la RN10 reliant Andranovory - Ampanihy Ouest, une route de 226 km, attend la finalisation de l'accord de financement.

Mais le Président Andry Rajoelina a surtout annoncé la concrétisation du projet de Latimer Rangers, en 1993 : l'implantation d'un pipeline géant reliant Efaho à Ambovombe Androy, passant par le District d'Amboasary. Une infrastructure d'envergure qui consistera à assurer l'approvisionnement en eau potable, mais aussi à irriguer les surfaces agricoles au niveau des régions Anôsy et Androy. Pour plus de précision, ce pipeline conduira l’eau à partir de la rivière Efaho jusqu’à Ambovombe, passant par Amboasary. Et le projet Mionjo financé par la Banque Mondiale s'ajoutera aussi à ce projet pour la réhabilitation du pipeline Mandrare-Sampona, ainsi que le pipeline de 90km d’Ampotaka à Tsihombe.


Certes, d’autres projets à réaliser sont prévus dans d’autres domaines. Mais, à mon sens personnel, lorsque ces pipelines partant d’Efaho et d’Ampotaka seront une réalité alors là, oui : le Kere, bien entretenu par des dirigeants qui se contentaient d’aides tous azimuts ne faisant pas changer la situation, ne sera plus qu’un mauvais souvenir à raconter aux générations futures. Car, encore une énième fois : l’eau c’est la vie. Et, avec l’eau, vient tout naturellement l’agriculture. Avec l’actuel régime, ce domaine compte plusieurs projets structurants dont certains sont déjà en cours d’exécution. Il s’agit, entre autres, de l’exploitation de terrains cultivables via des techniques innovantes agro-écologiques adaptées au contexte du Sud, auquel s’ajoutera l'aménagement de 200Ha de terrain agricole à Ifotaka, site pilote du projet «Titre Vert», dans le District d'Amboasary Atsimo.

Par ailleurs, l’actuel État Malagasy entend renforcer la politique écologique et environnementale de cette partie de l’île, grâce au projet « Ceinture Verte » visant à lutter contre la désertification et à appuyer la résilience au changement climatique. « C’est une promesse solennelle que je fais aujourd’hui afin de sortir le Grand Sud de la pauvreté. C'est grâce à cet engagement inédit, aux efforts communs que nous allons changer le destin du Grand Sud de Madagascar », a déclaré le Président Andry Rajoelina.

Grand format

A présent, saint thomasiens ou non ; opposants juste plus le plaisir de s’opposer, jaloux, envieux et ombrageux tous azimuts, sachez une chose : déjà, le nom du Président Andry Rajoelina reste, aux siècles des siècles -et dans les dictionnaires- lié aux constructions suivantes, juste à titre d’exemples concrets : Hôtel de ville d’Antananarivo ; stade Makis d’Andohatapenaka ; Coliseum d’Antsonjombe ; Palais de la Reine du Rova de Manjakamiadana ; des dizaines d’hôpitaux, d’établissements scolaires et de stades et complexes sportifs manarapenitra construits à travers tout le pays ; Stade Barea de Mahamasina Antananarivo ; Stade manarapenitra de Barikadimy à Toamasina ; prison d’Imerintsiatosika… Certains n’ont que le mot « maquettes » en guise d’argument. Qui a peur de la vérité de l’existence de ces infrastructures ? Les incapables et les incompétents. Pour l’heure : place à l’action immédiate !

Jeannot Ramambazafy

Mis à jour ( Mercredi, 16 Juin 2021 04:50 )  
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