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Banque mondiale : comment réussir en Afrique ?

Mo Ibrahim, d’origine soudanaise. Grand mécène qui a crée la fondation portant son nom

WASHINGTON, le 7 juillet 2011. Alors que les pays d’Afrique cherchent la voie vers une plus grande prospérité suite à la crise financière internationale, une nouvelle publication de la Banque mondiale fournit des exemples de solutions conçues localement et ayant fait leurs preuves, qui pourraient être une source d’inspiration pour plusieurs nations.

Intitulé Yes Africa Can: Success Stories from a Dynamic Continent (Oui, l’Afrique est capable : Exemples de réussite sur un continent dynamique), l’ouvrage se penche sur ce qui a fonctionné et pourquoi, en s’appuyant sur 26 études de cas, dont 20 sont de portée nationale et six à caractère régional. Les études de cas recoupent plusieurs thèmes, programmes et secteurs. On y retrouve des cas de réussite bien connus, tels que les investissements visionnaires réalisés dans le capital humain et la diversification économique en Île Maurice et au Botswana ; mais aussi des cas moins connus, comme l’émergence discrète du Somaliland en tant que comptoir commercial fiable le long du golfe d’Aden.

« Les deux dernières décennies ont été caractérisées par des progrès remarquables en Afrique subsaharienne ; nous avons donc voulu identifier les éléments déterminants de ces succès », selon Shanta Devarajan, Economiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale. « Notre objectif était non seulement d’aller au-delà des grands titres habituels qui dressent un portrait monolithique de l’Afrique, mais également de nous assurer que les expériences réussies soient partagées et si possible répliquées ailleurs sur le continent », a-t-il ajouté.

Collectivement, les études de cas montrent que le succès découle d’une action collective, généralement (mais pas toujours) initiée par le gouvernement, dans l’optique de surmonter ou d’éviter les erreurs faites par le passé.

« Même s’il est vrai que les circonstances exactes entourant la précédente lenteur de la croissance en Afrique varient d’un pays à l’autre, il existe en règle générale deux causes principales : des défaillances au niveau des marchés et des politiques gouvernementales mal indiquées », a déclaré Punam Chuhan-Pole, Economiste principale à la Banque mondiale et principale rédactrice du livre. « Les défaillances sur les marchés peuvent être corrigées en créant des mesures incitatives visant à obtenir les résultats souhaités, mais le disfonctionnement du gouvernement est un problème difficile à traiter parce qu’il est généralement plus délicat de contrecarrer les individus puissants à qui profite le statut quo ».

« Les mauvaises politiques ne sauraient perdurer lorsqu’il existe des freins et des contrepoids politiques solides », a souligné M. Devarajan. « Lorsqu’on examine le vaste éventail de réformes documentées dans ce livre, il en ressort une preuve vivide de l’innovation, du dynamisme et de l’endurance du peuple africain », a-t-il conclu.

Grandes lignes des études de cas. Les études de cas peuvent être classées sous quatre grandes catégories.

1. Réformer les politiques là l’origine des distorsions

Les études de cas regroupées dans cette catégorie ont trait à des situations où les gouvernements ont réussi à réformer des politiques existantes qui étaient devenues un obstacle à la croissance. Parmi les exemples dignes de mention, il y a la relance de l’industrie du cacao au Ghana après son quasi effondrement dans les années 80. Il y a aussi les efforts déployés par divers pays pour surmonter de mauvaises politiques dans le secteur de l’énergie en ouvrant le marché aux producteurs d’électricité indépendants après de longues années sous un régime de financement par le contribuable. On retrouve aussi sous cette catégorie : la réforme du secteur du café au Rwanda, la libéralisation des engrais au Kenya, la fin de la surdépendance aux exportations de coton au Burkina Faso, les réformes économiques en profondeur en Tanzanie, la reprise économique après le conflit en Ouganda et au Mozambique, ainsi que l’investissement intelligent des recettes tirées des diamants au Botswana.

2. Rebâtir un gouvernement

Cette catégorie comprend trois études de cas de reconstruction après conflit, à savoir la réforme de la gouvernance économique au Liberia, la décentralisation en Sierra Leone et l’autonomisation des structures traditionnelles de dissuasion de conflit au Somaliland.

3. Rationaliser la participation du gouvernement dans les marchés


Les études de cas de cette catégorie mettent en évidence le rôle catalytique que l’État peut jouer en favorisant la croissance économique et la création d’emplois. Le livre examine la manière dont le Lesotho a capturé la part du lion du marché des exportations africaines de vêtements vers les États-Unis ; les investissements tournés vers l’avenir qui ont fait exploser les exportations de mangues du Mali ; le remaniement astucieux de l’économie de l’Île Maurice pour s’adapter à l’évolution du contexte mondial ; l’expérimentation du Malawi avec les subventions des facteurs de production agricole ; l’incursion novatrice du Rwanda dans l’écotourisme ; la libéralisation des industries des télécommunications ; et la maîtrise du paludisme dans l’ensemble de l’Afrique.

4. Écouter les peuples

Cette catégorie rapporte des exemples d’approches de participation de la base vers le haut qui se sont avérées efficaces dans le cadre de l’action gouvernementale. Un bon exemple est la manière dont l’Éthiopie a eu recours à un système de santé communautaire pour répondre à une pénurie de médecins et d’infirmières afin de soigner sa population de 80 millions de personnes. Dans le même ordre d’esprit, une série de tentatives infructueuses pour produire une variété de riz à haut rendement a incité les scientifiques d’Afrique de l’Ouest à externaliser leur recherche en faisant participer des exploitants agricoles ordinaires au processus de sélection. Cette méthode à donné lieu à l’identification rapide de nouvelles variétés de riz hybride à haut rendement qui sont désormais cultivées dans une trentaine de pays. Les autres études de cas de cette catégorie comprennent : le financement basé sur la performance dans le secteur de la santé au Rwanda, l’éducation primaire universelle gratuite en Ouganda, les programmes multi-pays de planification familiale, l’utilisation de micro-pompes d’irrigation portatives dans une douzaine de pays, et M-PESA, la célèbre plateforme de transfert d’argent par téléphone mobile du Kenya.

Banque mondiale : Communiqué No.2012/012/AFR

Mis à jour ( Vendredi, 08 Juillet 2011 05:19 )  
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