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Talata-Volondry. Echos de l’attentat à mains armées après un enterrement

Dix jours se sont passés depuis l’attentat ignoble sur une famille qui revenait d’un enterrement. Depuis, les interventions tentées auprès des services de sécurité, comme auprès de ceux de la justice pour étouffer cette affaire, apparaissent suffisamment préoccupantes pour un membre de cette famille, qui a demandé à ce que son nom ne soit pas dévoilé ici, a choisi le devoir d’en assurer la médiatisation . En effet, il est apparu que, tout au long de l'enquête,  des proches des « dahalo » ont clamé haut et fort qu'ils seraient relâchés très vite suite à des interventions de hautes personnalités.  Fort heureusement et jusqu'à présent, la gendarmerie comme la justice ont tenu bon. Mais cette famille demeure totalement scandalisée d’apprendre qu'il exister de hautes personnalités dont l'intérêt serait de voir de tels criminels dans la nature... Narration.

Jeannot Ramambazafy - Photos fournies

 

Le lundi 6 juillet 2015, vers 20 heures, une famille originaire de Mangatany Avaratra-Andranomalaza, a été attaquée au lieu-dit Talata-Volonondry (à 27km au Nord d’Antananarivo) par un gang armé composé d’une dizaine de malfaiteurs, alors qu’elle rentrait de l’enterrement d’un de ses membres.

La famille s’était repartie dans trois véhicules pour rentrer sur Antananarivo, espacés de quelques minutes entre eux.

Nous avons pu recueillir le témoignage de la femme du couple qui se trouvait à l’avant du deuxième véhicule, couple bien connu dans les sphères dirigeantes de Madagascar et très engagé pour le développement de notre pays.

‘‘ Nous avancions à faible allure sur la piste en terre reliant la commune de Sadabe à celle de Talata, lorsque nous fûmes surpris de découvrir, juste après un virage, dans la lumière des phares de notre 4X4, le véhicule de notre oncle parti avant nous, stationné en travers de la route, feux éteints.

Alors que nous nous demandions s’il avait eu un malaise, s’il avait eu un accident ou s’il avait été victime d’une attaque, deux projectiles firent violemment éclater le pare-brise de notre voiture, obligeant mon compagnon à stopper le 4X4, faute de visibilité. Aussitôt, nous fûmes encerclés par une bande composée d’une dizaine d’individus, armés de kalachnikovs et d’armes de poing et agissant à visage découvert. L’un d’entre eux fit exploser la vitre conducteur à l’aide de la crosse de son fusil et braqua mon compagnon avec un pistolet automatique, pendant qu’un autre plaça son arme dans la bouche de ma sœur aînée, qui s’était mise à prier et était assise à l’arrière du véhicule avec ma sœur cadette et trois de nos nièces. En très peu de temps, ils nous dépouillèrent de notre argent, de nos biens et de nos papiers, non sans avoir commencé à déshabiller toutes les femmes, en commençant par moi puis ma sœur de 60 ans, sujette de surcroît à des soucis cardiaques graves. Ils annoncèrent que ceux qui n’avaient pas d’argent sur eux seraient tués.

Alors qu’ils allaient tenter de violer les femmes, nous entendîmes arriver le troisième véhicule conduit par un de mes frères. Celui-ci ayant vu ce qu’il se passait, avait décidé d’accélérer et d’essayer de se frayer un chemin entre les deux premiers véhicules, le tronc d’arbre placé par les bandits pour faire barrage et ces derniers. Par la grâce de Dieu, il réussit à passer, malgré les tirs nourris des malfaiteurs qui essayèrent en vain de le poursuivre. Arrivé très rapidement sur Talata, il put prévenir les forces de sécurité dont des premiers éléments arrivèrent assez rapidement sur les lieux.

Avant que ceux-ci n’arrivent, et une fois que nous pensions que les brigands s’étaient évanouis dans la nature, je me suis rapprochée du véhicule de mon oncle pour découvrir que ses occupants avaient subi le même sort que nous et pour apprendre que les malfaiteurs avaient projeté de les brûler. Ils avaient manifestement été interrompus par notre arrivée, autant que nous devions nous-mêmes notre propre salut à l’arrivée de mon frère.

Un peu plus tard, alors que nous allions effectuer une première déposition à la brigade de gendarmerie de Talata, nous dûmes conduire nous-mêmes en urgence notre oncle à HJRA car il avait été battu à coup de crosse de kalachnikovs.

Le lendemain, persuadée qu’il fallait faire activer les choses, j’ai fait prendre les mesures afin qu’une équipe cynophile puisse intervenir sans délais, avant que ne disparaisse toute trace de l’attentat.

Grâce à notre détermination et notre pugnacité, nous avons pu mobiliser l’équipe constituée de l’Adjudant Tiana et du chien Tarzan, basée auprès de l’escadron parachutiste à Ivato. Dès que le chien est arrivé sur les lieux, il a sans tarder et sans hésiter pris une direction qui, au bout de quelques kilomètres a conduit à un village où se trouvaient rassemblés plusieurs individus.

Il se trouve qu’après confrontations et au terme de l’enquête conduite par les gendarmes du poste avancé d’Ambohimanarivo, compétents géographiquement et dirigés par le gendarme principal de première classe Beherilalao Ramanantsoavina, sept d’entre eux avaient participé à notre agression. Tous les membres de ma famille les avons formellement reconnus, ce sont des visages qu’on ne peut oublier après ce qu’ils nous ont fait subir.

La poursuite de l’enquête a permis d’identifier un huitième malfaiteur. Ils ont été déférés au parquet vendredi dernier et après avoir été entendus par le substitut du Procureur puis par un juge d’instruction, placés en détention provisoire à Tsiafahy pour vol à main armée, tentatives de viols, destruction de biens d’autrui, détention illégale d’armes et tentative d’assassinat avec préméditation.


Le procès est prévu se tenir en octobre prochain. Compte tenu des graves préjudices que nous avons subis et des pressions exercées pour que ces bandits n’aillent pas en détention provisoire, nous espérons que justice sera bien rendue et que ces criminels ne pourront plus jamais ressortir et remettre en danger d’autres compatriotes.

Nous tenons à remercier à nouveau les gendarmes de l’équipe cynophile, du poste avancé d’Ambohimanarivo, de Talalata et de Sadabe, qui viennent de démontrer que si on leur donne les moyens, ils peuvent agir rapidement et efficacement "./.

Mis à jour ( Jeudi, 16 Juillet 2015 17:09 )  
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