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Madagascar crise politique : c’est ici que tout (re)commence !

C’est fait : un accord politique a été signé par les chefs des quatre «mouvances », qui débouchera enfin sur une reprise effective et officielle de toutes les relations internes et externes du pays afin de mieux préparer l’entrée dans une IVème république. Résumé des faits réels et authentiques sans prise de partie.
 
 
Didier Ratsiraka à Marc Ravalomanana : " Jamais au grand jamais le peuple malgache n'acceptera la venue de forces armées étrangères ! "
 
D’emblée, malgré les velléités de Marc Ravalomanana pour un retour aux affaires, au côté d’Andry Rajoelina, son « cas » n’a pas été pris en considération. Surtout à propos des conditions qu’il a proposées. Quelles ont été ses conditions ? Un retour au pays d’ici deux mois encadré de militaires de la SADC. Réponse de Didier Ratsiraka à cela : « Mais jamais, au grand jamais, le peuple n’acceptera la venue de forces armées étrangères ! ». Rectification de Ravalomanana : « Mais il ne s’agira pas d’une armée mais de gardes du corps (« body guards ! ». Ratsiraka : « Qu’il s’agit de gardes du corps ce seront toujours des hommes armés ». Et là, les diplômes de docteur professeur honoris causa ne lui auront servi à rien tout.
 
Le professeur Zafy Albert, 82 ans; C'est donc le doyen des anciens chefs d'Etat malgache en vie
 
En effet, l’honneur de la cause ce n’est pas sa personne mais l’intérêt supérieur de la nation qui consiste à respecter le choix du peuple. Puis Ravalomanana a tenté d’être reçu par Andry Rajoelina mais là aussi, il a reçu une fin de… non recevoir. D’ailleurs, les deux hommes ne se seront jamais rencontrés sans témoin. Pour clore ce débat qui n’en est même pas un, Joachim Chissano a tranché : « Il faudrait aller à l’essentiel,. L'éventualité d'un retour de M. Ravalomanana pourra être discuté ultérieurement. Ce qui importe c’est de tomber d’accord sur un projet de charte de la transition, sur les modalités concernant une nouvelle loi électorale, une nouvelle constitution et la composition des institutions du régime transitoire ».Ainsi, le samedi 8 août, dès potron minet, une sytnhèse de projet de charte d’une dizaine de pages avec des propositions (politiques) émanant des quatre entités a été couchée noir sur blanc.
 
L'amiral Didier Ignace  Ratsiraka, 73 ans, accompagné de sa fille Annick, soeur ainée de "la reine Sophie" en son temps... 
 
Cette synthèse a ensuite été « élaguée » -en retenant les points essentiels suggérés par chaque « mouvance »- pour déboucher enfin sur un accord politique de cinq pages que tout le monde a adopté et signé. C’est sur la base de cet accord politique que sera géré le régime de transition pour 18 mois, à compter de sa signature. Pour le moment, je n’ai pas une copie du texte original. Ce qui ne saurait tarder. Néanmoins, je peux affirmer que beaucoup de résolutions inscrites dans la charte de l’hôtel Panorama organisé avant cette rencontre historique de Maputo, sont consignés dans cet accord co-adopté et co-signé. En gros, il s’agit d’une déclaration de principe encadrant le fonctionnement de l’administration publique et déterminant l'organisation des institutions pour un mandat de 18 mois au plus à compter de sa signature. Andry Rajoelina demeure président et Monja Roindefo Premier ministre.
 
Marc Ravalomanana, 60 ans, président démissionnaire. De face, son épouse Lalao

Le pouvoir législatif sera exercé par un Conseil Supérieur de la Transition (CST). Il sera composé d’actuels membres de la HAT (pas tous évidemment). Ce CST sera appuyé par un Congrès de la Transition qui sera un collège de 150 membres représentant la société civile. Deux nouvelles sructures composeront ce régime de transition basé, rappelons-le sur, cet accord politique signé conjointement et sans contrainte par Ratsiraka, Zafy, Ravalomanana et Rajoelina. Il s’agit d’abord du Conseil Economique et Social (CES)à 60% d’opérateurs économiques et à 40% de membres de la société civile. Enfin, complètera les institutions transitoires à venir, le Conseil National pour la Réconciliation (CNR). Il sera chargé de régler les problèmes liés surtout à l’amnistie prise, ici, globalement. Il faudra garder un œil sur Zafy Albert avec son histoire de fédéralisme. Lui qui l’a combattu et dont j’ai fait les frais en ayant été pris en otage à Diego Suarez en 1991.

Andry Nirina Rajoelina, 35 ans, porte-parole du peuple qui a lutté. Il n'aura pas failli à sa mission : défendre les vrais intérêts de ce peuple malgache trop infantilisé, martyrisé pour des considérations bassement personnelles

Voilà donc, en gros, les résultats de ce sommet de Maputo qui s’est achevé ce dimanche 9 août après avoir débuté en lenteur, le 5 août 2009. La suite ? Il se peut qu’il y ait des changements et il y en aura plus que certainement ; il se peut que cela va faire des mécontents étant donné que les membres des délégations ayant participé aux travaux au Mozambique seront inévitablement casés quelque part. Certains membres de l’actuelle HAT devraient aussi céder leur poste. La grande question à un ariary : qui ne respectera la parole donnée et qui va prendre le maquis ? Pour information pure : sachez que Marc Ravalomanana dispose, à l’extérieur, d’un pactole chiffré à 1,5 milliard d’euros. De quoi voir venir pour lui, dans un petit paradis sur terre. Ou de quoi aussi lever une armée.

Membres de la "mouvance" Ravalomanana. Comment vont-ils contre-attaquer une fois au pays. Feront-ils respecter la parole donnée et se mettre en lice pacifiquement pour affronter les futures élections ?

Enfin, pour Didier Ratsiraka, 7 ans d’exil c’est cher payé. Il a réglé sa dette -bien qu'il y ait eu du sang versé mais pas de son fait uniquement. Moi, par exemple, je n'en veux plus à Coutiti qui a agi en soldat obéissant aux ordres de son chef. de cette dure époque de 1991-1992-et ce que nous souhaitons à Dadabe Didier c’est une retraite paisible à Ambofiatafana. Suggestion personnelle : qu’il soit le président un vrai Conseil des Sages qui conseilleront vraiment pour le bien du peuple malgache. Le président d’honneur en serait Zafy, le plus âge des quatre. C’est cela la rédemption à travers une transcendance des « on-dit » et des a priori. Ratsiraka, officier de marine de métier est homme de commandement. Il peut (mais le voudra-t-il ?) développer le pays sans être au pouvoir. Non ? Il faut cesser de lui prêter des envies de retour direct aux affaires. Il a Mme Céline et les petits-enfants pour s’occuper. Si ! Et c’est plus passionnant et… enrichissant.

Membres de la "mouvance" Ratsiraka aux... anges (Ange Andrianarisoa, debout)

La vie et l’histoire se poursuivent donc inexorablement. Petit conseil pour la cour des individus qui pensent déjà a être casés : cessez d’encenser Andry Rajoelina. Ce n’est pas sa victoire (si victoire il y a) mais celle du peuple qui a été l’inspiration de toute son argumentation. Sans ce peuple malgache longtemps délaissé pour une histoire de gâteau après avoir payé un lourd tribut, aucune révolution n’aurait pu réussir depuis 1972, en passant par 1991, 2002 et 2009. Que ce peuple, mon peuple n’ait pas une Renault 4 dans sa cour, mais qu’il puisse vivre en paix, habiter dans des maisons décentes et pouvoir acheter ce qui lui plaît en donnant des loisirs sains à sa descendance. Si nous voulons vraiment aider Andry Rajoelina à réaliser même le tiers de cela, il importe de lui apporter des critiques constructives et non plus de jouer dans le registre du culte de la personnalité et de la publicité. Si je vois encore une page en couleurs payante dans les journaux locaux, le peuple malgache va encore aller vers une désillusion qui sera extrêmement dangereuse. Il importe que le président Rajoelina fasse la part de choses entre les « beaucoup paroles » inutiles et les professionnels discrets, certes, mais vraiment efficaces en matière de communication. Certes encore, un roi a toujours besoin de bouffons mais cela signifiera que le règne de la médiocratie aura encore de beaux jours devant lui. Quant aux inévitables marchandages et dettes morales (c’est cela la diplomatie de haut niveau basée sur les intérêts avant, pendant et après !), quelles ne transparaissent pas trop en public… A bon entendeur, saludos amigos (c'est de l'espagnol et non du portugais) !

Enfin, le nom de Joachim Chissano (à droite au premier plan sur la photo), qui est déjà celui du centre de conférence où cette rencontre historique entre des chefs d'Etat malgache a eu lieu (Une première dans les annales des pratiques politiques locales), le nom de Chissano donc sera inscrit à jamais au panthéon de l’Histoire contemporaine de l’Afrique en général, de Madagascar en particulier.

Jeannot RAMAMBAZAFY – Journaliste

Diego-Suarez, le 9 août 2009

 

Mis à jour ( Mardi, 11 Août 2009 10:26 )  
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