Bonne idée que le président de la HAT de Madagascar a eu ce mercredi 2 septembre 2009. En effet, avant toute décision qu’il doit transmettre avant le 4 septembre à Joachim Chissano, dirigeant du groupe de médiation pour Madagascar (« Joint Mediation Team to Madagascar »), il a remis au goût du jour l’aspect culturel hérité des ancêtres, qui consiste à consulter la population.
 
Cela s’appelle le « teny nierana » et seuls ceux qui ignorent cette pratique et ceux qui ne sont pas malgache pour un sou, ne pourront jamais comprendre. Certains « journalistes » devraient franchement s’expatrier. Cela se fait même chez les « Ampanjaka » des régions côtières et n’a donc jamais été l’apanage de la royauté des hauts plateaux ; Mais étant donné que la colonisation a fait son œuvre, certains sont très heureux de jeter de l’huile sur le feu. En tout cas, toutes les 22 régions de Madagascar ont été représentées à ce « famoriam-bahoaka ao an-dapa » que l’on peut traduire par consultation populaire au palais.
 
 Et les mêmes desiderata ont été entendus : soutien indéfectible pour qu’Andry Rajoelina reste à la présidence de la transition et mise en place d’un gouvernement d’union nationale pour préparer de l’avènement de la IVè république.
 « Nous aurons toujours gain de cause et nous gardons espoir, car le peuple malgache n’est pas fait pour essuyer un échec. Ne prenez pas ma sincérité et ma bonne foi comme un signe de faiblesse », a assuré Andry Rajoelina. « Afa ny teo aloha (plus rien n’est comme précédemment). Le monde change et les pratiques aussi. Auparavant, les dirigeants de ce pays prenaient unilatéralement toutes les décisions sur l’avenir de Madagascar et ce, toujours en leur faveur et pour leurs intérêts personnels. Désormais, ce ne sera plus le cas. Avant de prendre toute décision sur l’avenir de notre pays, je consulterai toujours la population de base et tous ceux qui ont lutté pour faire cesser la dictature et l’anarchie qui régnaient à Madagascar durant de longues décennies. C’est la raison pour laquelle nous sommes réunis ici ».
 « Certains des participants à  Maputo II n’ont tenu ni leur parole, ni les engagements qu’ils ont signés auprès du ministère de la Justice. En ce moment même, ils dirigent des manifestations politiques visant à créer des troubles sociaux. Cessez de trahir et de piéger le peuple malgache. L’histoire de Madagascar est  actuellement arrivée à un tournant décisif et très délicat. Andry Rajoelina a fait beaucoup de concessions, dans l’intérêt du peuple malgache, lors de Maputo I et II, mais il ne va jamais accepter à ce que l’on lui force la main dans sa prise de décisions sur l’avenir de notre pays. Participer ne signifie pas encombrer la place. Et certains anciens chefs d’Etat honnis par le peuple ne font qu’encombrer la situation (« Ny fandraisana anjara tsy midika mibahana) ».
 « Le budget de l’Etat malgache dépend trop des aides financières internationales qui représentent près de 70% de son montant total. C’est le triste héritage laissé par les précédents dirigeants du pays. Certes, une quelconque rupture de ces financements extérieurs va engendrer des conséquences sociales fâcheuses. Mais nous allons déployer tous nos efforts pour que, dans l’avenir, le pays ne dépende plus de ces aides internationales ». Après toutes ces années de  stagnation voire de régression sur tous les plans, Andry Rajoelina a assuré qu’il est la personne qui apportera le développement, le changement et l’espoir de tout le peuple à Madagascar. « Afa ny teo aloha ».
« Jusqu’à présent, donc, nous dépendons des bailleurs de fonds et des institutions financières. Aussi, la grande mission de la jeunesse malgache actuelle, à commencer par celle de la Transition, consistera à refonder un Madagascar plus indépendant et plus autonome au profit des générations futures. Afa ny teo aloha ».
Tout est question de volonté. Même la Banque mondiale a reconnu la nécessité de recadrer leurs financements en Afrique. Voici des extraits limpides des déclarations de Robert B. Zoellick est Président du Groupe de la Banque mondiale, lors d’une visite en Afrique au début du mois d’août 2009 :
 
Robert B. Zoellick
 « (…) Les grands pays en développement -Chine, Inde, Brésil- investissent eux aussi dans l’infrastructure, les ressources, l’agriculture et même l’industrie manufacturière de base de l’Afrique. Le sommet du G-20 devrait encourager cette transformation en faisant en sorte que les pays pauvres obtiennent les financements nécessaires, en appuyant les investissements privés et en ouvrant les marchés aux produits africains. Le sommet pourrait aussi mettre en exécution l’engagement à mobiliser 20 milliards de dollars en faveur de la sécurité alimentaire dans le monde que les participants à la récente réunion du G-8, en Italie, ont pris sous l’impulsion du Président Obama (…).
Tiens donc, il y a alors d’autres pays que ceux de l’hémisphère nord qui s’arrogent le titre de « Communauté internationale » alors ? D’anciens pays colonisateurs pour la plupart. Ca alors, on comprend mieux à présent !
A présent, l’important n’est pas seulement d’avoir l’adhésion de la population. L’important est de démontrer qu’il n’y a rien à espérer des présidents périmés dont l’avenir est derrière eux et qui vont pratiquer la politique de la terre brûlée. Si les gens du Magro, les GTT en France et le MMR-Europe se manifestent c’est que l’argent de Marc Ravalomanana va être utilisé dans des actions et terroristes dont l’unique objectif demeure une intervention armée extérieure. Ce n’est donc plus le moment de penser à un référendum d’initiative populaire mais de demander à l’armée malgache de prendre les choses en main. « Afa ny teo aloha ».
 
Ces images ont fait le tour de monde. Voilà ce dont rêve Marc Ravalomanana qui n'a vraiment plus rien à perdre. Avec son argent, il paie des mercenaires pour pratiquer sa politique de la terre brûlée. Bravo !
Bref, Madagascar n’est pas encore sorti de l’auberge des conneries humaines mais çà cessera, un jour, qu’on le veuille ou non. D’ici là qui aura combien de morts encore sur la conscience ? Car on ne pourra jamais tuer tout le monde et revenir seul. En finalité, au risque de paraître cynique, il manquait une guerre pour que les Malgaches comprennent enfin qu’ils sont sur une île et que leurs ennemis sont des Malgaches comme eux. Peut-être qu’après nous aurons l’esprit combatif des Vietnamiens qui ont battu les Français et les Américains. Le Viet Nam, de nos jours, est un pays en pleine expansion. Que font quelques « Malgaches » de la diaspora? Ils se ridiculisent dans des actions qui ne les mèneront nulle part, sinon démontrer leur mal de vivre dans des pays qui ne seront jamais les leurs, pour quelques euros de plus pour améliorer leur statut d’éternels mal blanchis. Pendant ce temps, même le Rwanda -après un génocide atroce en 1994- a largement dépassé Madagascar dans certains domaines.
 Ah ! Quelle décision va prendre Andry Rajoelina ? Ah ah… tout le monde est curieux mais « afa ny teo aloha »… Il la transmettra par e-mail au JMTM car pour lui plus question de Maputo III. Tout doit, désormais se passer à Madagascar, avec le peuple. Pour les esprits cartésiens, ce ne sont là que phraséologie et perte de temps. Mais personnellement, c’est le moment où jamais, l’occasion rêvée de se défaire du lourd héritage d’une colonisation culturelle et financière qui n’a que trop duré à la veille du 50ème anniversaire du retour de l’indépendance de Madagascar et des 200 ans de la naissance du roi Andrianampoinimerina.
 Enfin, pour les amnésiques, voici des citations extrêmement révélatrices :
 
« Ny Tanora no hoavin'ny firenena » Didier Ratsiraka (1975/89)
« Ny vahoaka no manjaka » Albert Zafy (1991/92)
« Tsy Afrikanina aho ka ho baikony » Marc Ravalomanana (2001/02)
Â
Certains GTT n'ont pas compris ? Et cà veut parler au nom du peuple malgache ! Jeannot RAMAMBAZAFY (texte) et Andry RAKOTONIRAINY (Photos)
Antananarivo, le 3 septembre 2009