C'est clair : Marc Ravalomanana n'a plus rien à perdre, à l'approche des élections de 2013. Dernière et subite trouvaille, une annonce qui ne cadre pas avec son état d'esprit, avec à ses côtés, le président tanzanien Jakaya KiKwete, également actuel président de la Troïka de la Sadc : il ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle.
Peut-on vraiment croire en cet homme qui a déjà renié sa parole auparavant ? En 2002, lors des accords de Dakar, au Sénégal, il n'en a fait qu'à sa tête, grâce à un peuple qui en avait assez de l'amiral Ratsiraka. Un second tour avait été prévu. Mais de retour au pays, il a imposé dans les esprits l'idée du « Premier tour dia vita ».
Cela a tellement bien marché que les membres de la HCC, remplacés au pied levé, ont annoncé sa victoire. Après le forcing d'une investiture, le 22 février 2002, il met en pratique sa chasse aux sangliers (« Haza lambo »), fort également de sa légitimité. Ce qui amène Didier Ratsiraka a s'enfuir pour un second exil en France, après celui de 1993. Et le combat cessa faute de combattants. Ramose Ravalo effectue une seconde investiture le 6 mai 2002. Le gouvernement américain de George W. Bush accourt comme un dératé, la France se rattrape avec Dominique de Villepin et un panier de gros sous...
Le 17 mars 2009, le même Ravalomanana démissionne, en dissolvant son gouvernement et en transmettant ses pouvoirs à un directoire militaire. Puis, il laisse ses partisans en plan le même jour, pour réapparaître une semaine plus tard au Swaziland où il débite des mensonges éhontés : « On m'a mis une arme sur la nuque, j'ai été obligé de fuir dans la forêt avec ma famille ». Cela a si bien marché que le monde entier, aidé par des internautes payés grassement pour la désinformation, parle de « coup d'état à Madagascar ». Puis, il débarque en Afrique du Sud, sans que personne ne sache son statut.
Après sa fuite et plusieurs tentatives de revenir au pouvoir, il est toujours bloqué en Afrique du Sud. Et quelles tentatives ! Désinformation, intox, corruption des forces armées, bombes artisanales, attentat contre le président de la transition... Madagascar a vécu des évènements contraires à sa culture. Le règne de l'argent facilement gagné s'est installé, il devient "Dada" (Papa) par des gens complètement infantilisés par de belles paroles teintées de religion à sens unique (mais la religion peut-elle être à double sens?).
Où est passé le "Mino fotsiny ihany" ? (Croyez simplement)
Depuis 2009, il n'a cessé de clamer à ses partisans qu'il allait bientôt revenir et qu'il ne les laissera jamais tomber. Encore un énorme mensonge qui insulte ceux qui ont accepté toutes les privations possibles au Magro Behoririka depuis tout ce temps.
Et là , subitement, le 10 décembre 2012, il décide, en parlant anglais, de ne pas être candidat à la prochaine élection présidentielle. Des déclarations mises en ligne sur youtube. Et là , déjà , il démontre son caractère despote. Pourquoi a-t-il laissé tomber ses partisans de Magro ? Pourquoi ne pas les avoir informés AVANT cette vidéo ? Ils se comptent sur les doigts de la main, là , les gens qui ont accès au web. Où se situe la promesse de ne jamais les laisser tomber ? Il leur avait déjà fait le coup dans la nuit du 16 mars 2009. "Tsy hiala eto isika na ino-kidona, ny ino-koatra" (on restera ici quoi qu'il arrive). Le lendemain 17 mars, il disparaît dans la nature, après sa démission radio-télévisée, pour ne réapparaître qu'une semaine plus tard au Swaziland.
Cette pompeuse déclaration de non candidature en vidéo, cache un égoïsme épouvantable. Dès qu'il est personnellement touché, il montre son vrai visage de dictateur qui croit que tout le monde est à sa botte.
A cette date du 11 décembre 2012, il est certain que Me Hanitra était au courant. Car au Mgro, elle a déclaré: Ravalomanana rentre et le peuple demandera sa candidature. Ils sont en train de concocter un référendum à ce sujet, cela ne fait pas un pli, après une pétition à la Raymond Ranjeva, bien sûr
Seuls les inconscients et les inconséquents lui jettent encore des fleurs. L'élevant comme étant un dieu, à l'image de ce qui suit, lu sur le forum de Tananews. Un gars qui, félicitons-le ici, ne recourt pas à l'anonymat qui ne mène à rien :
His Excellency Marc Ravalomanana is a good example for all politicians, he's a man who really love his country and accept to sacrifice,even his population rate in Madagascar is already higher than another candidate !! One thing is sure,malagasy population will always waiting for you, so come there as soon as possible !! Thanks... !!!
Pour le moment donc, Ravalomanana joue cavalier seul, dans l'espoir de faire fondre le cœur de l'opinion publique. Dans son esprit malfaisant, il espère qu'à la suite de sa déclaration d'hypocrite fini, la justice sud-africaine, d'abord, lui rendra son passeport. Ensuite, qu'il pourra rentrer tranquillement à Madagascar, avec l'assurance qu'il n'y sera pas traduit en justice pour les crimes qu'il a commis sur le dos du peuple malgache. C'est un peu vite aller en besogne.
Mais une fois sur place, il va utiliser le pouvoir de l'argent pour corrompre certains éléments des forces de l'ordre. Ses déclarations du 10 décembre ? Il va s'asseoir dessus. Je rappelle ce qu'il avait dit, un jour : « Tsy misy baikon'ireo Afrikana ireo izany eto ! » (je ne suis pas aux ordres de ces Africains!).
Les "magroïstes" ne l'ont jamais oublié mais c'est lui qui les a méprisés ce 12 décembre 2012. Or, ils étaient sûrs et certains d'entendre sa voix ce jour-là . "Mino fotsiny ihany e !"
Et puis, il y a eu les déclarations de Mamy Rakotoarivelo, fanatisé jusqu'à la mort, l'autre jour sur TvPlus, qui mettent la puce à oreille : « Mody izy aloha avy eo miresaka » (il rentre d'abord, on discutera après). Ici, à Madagascar, entre Malgaches. Ravalomanana n'a pas prêté serment le 10 décembre dernier. La vidéo pue la mise en scène, la sincérité d'un coq battu. Et il a si bien jubilé intérieurement, en se posant comme victime, que le jour de son anniversaire, le 12 décembre, il n'a même pas eu la décence d'intervenir par téléphone pour parler avec ses partisans du Magro Behoririka « qu'il ne laissera jamais tomber ». Il n'est pas intervenu, sûrement pour éviter de débiter d'autres mensonges. Les Mamy Rakotoarivelo et Me Hanitra ont distribué champagne et déjeuner bien garni pour donner le change. "Tsy ny vola no tsy misy" (ce n'est pas l'argent qui manque), n'est-ce pas ?... Mais jusqu'à quand ces « magroïstes » vont-ils se laisser bercer d'illusions venues d'un homme qui a perdu toute crédibilité depuis le 17 mars 2009 ? C'est pas possible, il y a de l'ensorcellement quelque part. En tout cas, je les préfère à certains « pisodia izahay mandrapahafatinay » (PSD jusqu'à la mort) et qui ont maintes fois changé de camp depuis le 13 mai 1972.
En tout cas, la personnalité de Marc Ravalomanana est cernée : menteur un jour, menteur toujours. Mais comme on ne peut pas tout acheter avec l'argent, il va lui arriver des malheurs issus de la justice immanente. Quatre ans d'essais meurtriers jamais réussis ne lui ouvriront pas les portes du paradis des dupes...
Jeannot Ramambazafy – 13 décembre 2012