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Madagascar élections 2013: Hajo Andrianainarivelo, le candidat de la fausse courte échelle

Le candidat Hajo Andrianainarivelo

Un adage dit:"petit à petit l'oiseau fait son nid". Mais cela n'a rien à voir avec la phrase faire la courte échelle.

Faire la courte échelle c'est aider quelqu'un à franchir un obstacle, en formant un échelon avec les mains imbriquées. Au sens figuré, c'est donner un coup de main à quelqu'un.

Concernant la candidature de Hajo Andrianainarivelo, il y a une notion de courte échelle mais absolument tronquée. En fait, Andry Rajoelina lui a servi d'escabeau et, en brûlant les étapes, il s'est brûlé lui-même, comme un Icare gavé de méthode Coué. Regardez bien le logo de "Malagasy Miara-Miainga" ci-dessus. A trop s'approcher du soleil, on se brûle... Explications.

C'est le 9 février 2009, sur la Place du 13 mai, que le Premier Ministre Monja Roindefo nomme Hajo Andrianainarivelo, ministre de la Décentralisation et de l'Aménagement du Territoire. Trois Premiers Ministres plus tard (Eugène Mangalaza, Camille Vital et Omer Beriziky), il gardera ce poste transformé en vice-Primature. C'est dire que M. Andrianainarivelo semblait, depuis le début de la révolution Orange, épouser la cause du changement prôné par Andry Rajoelina, sans pour autant être membre du TGV dont on ne sait plus la définition: parti politique ou entité politicienne ? En tout cas, dès le début, le candidat Hajo avait des ambitions politiques de par ses origines mêmes et bien avant sa formation de scientifique en France (DEUG de Sciences et Techniques ; diplôme d’ingénieur en sciences et techniques des industries alimentaires ; diplôme de 3ème cycle en Environnement et Santé).

En effet, son père, Beloha Andrianainarivelo, a longtemps été le maire de la commune rurale d'Ankadinandriana, considérée comme un des berceaux de l'artistocratie merina, royaliste qui ne dit pas son nom. Le problème avec les «Ingahindriana» c'est qu'à un moment donné de leur vie, ils ont tendance à croire qu'ils émanent tous du droit divin. Demandez un peu à Ndriana Rabarioelina d'Ambohimalaza... Ainsi d'apparence à l'ombre d'Andry Rajoelina -qui lui a donc fait littéralement la courte échelle avec la révolution Orange-, Hajo rongeait son frein mais préparait lentement mais sûrement son « avènement ». Il a de l'expérience ayant été, lui aussi, maire d'Ankadinandriana pour deux mandats successifs, sans aucune étiquette. Mais chez les Andriana, le pouvoir comme du temps des royautés, semble être un héritage. Par la suite, il sera le Président de l'association de maires dénommée «Hetsik'Avaradrano», plutôt pro-Ravalomanana. D'ailleurs, il fut un temps où il était directeur de production de la société Tiko. Celle du gars aux dents longues d'Imerikasinina. Le fils de Beloha vivra dans ce milieu de 1996 à 2008. Puis vint 2009...

La stature mais pas l'envergure. Nuance...

Du 9 février 2009 au 2 avril 2013 (date de sa déclaration officielle de candidature à Ankadinandriana, encadré par des membres du parti AVI de Norbert Ratsirahonana, entre autres) Hajo Andrianainarivelo, grâce à son poste, a pu parcourir de nombreuses régions. Pour se faire connaître et y mettre en application les idées visionnaires d'Andry Rajoelina. En fait, quoi qu'on puisse dire, il n'était qu'un exécutant d'une politique de changement palpable, réelle, authentique. Et tant que le Président de la Transition ne se prononçait pas sur sa candidature ou non à la future élection présidentielle, sa propre candidature devait dépendre d'un consensus émanant des entités politiques alliées à Andry Rajoelina. TGV, UDR-C, AVI...

Le 15 janvier 2013, après la défection intéressée de Marc Ravalomanana, le Président de la Transition réaffirme ce qu'il avait déjà dit le 8 mai 2010: il ne se présentera pas pour cette année 2013. Du coup, c'est une véritable boîte de Pandore qui s'est ouverte pour la course à la magistrature suprême. A ce jour (4 avril 2013), voici les candidats qui se sont publiquement déclarés mais qui n'ont pas encore été officialisés par la HCC (Haute Cour Constitutionnelle) et, surtout, la CES (Cour Electorale Spéciale) selon la Feuille de route:

Jean Lahiniriko (PSDUM), Avoko Rakotoarijaona du MAF (qui ironiquement porte le nom du tortionnaire de son père -Sifu Pierre Be- en 1985, le Général Désiré Rakotoarijaona), Patrick Raharimanana (« Vitan-tsika Io »), Pasteur Laza Razafiarison (parti « Avotra hoan’ny Firenena »), Sarah Georget Rabeharisoa (parti Vert « Hasin'i Madagasikara »), Pierrot Rajaonarivelo (parti MDM), Guy Rajemison Rakotomaharo (parti MAMAFISOA), Roland Ratsiraka (« Malagasy Tonga Saina » ou MTS), Docteur Brigitte Rasamoelina (« Ampelan'i Madagasikara » ou AMP), Radavidson Benjamina Andriamparany (parti FFF), Docteur Kolo Roger, Lercia (total inconnu au bataillon). Et donc Hajo Andrianainarivelo (candidat « libre » mais sous tutelle d'une entité créée pour la circonstance, le « Malagasy Miara-Miainga »).

Mais d'autres ont la même intention, si l'on citait Monja Roindefo (parti MONIMA), Tabera Randriamanantsoa (parti KINTANA), Gilbert Raharizatovo (parti PRM), Clément Ravalisaona (parti AME), Harotsilavo Rakotoson (ancien SG du ministère de la Justice, Jean Louis Robinson (ancien ministre de la Santé), Raymond Ranjeva (ancien ministre de la Défense), James Ratsimba, Emma Ralijohn, Dr Jules Etienne Roland, Fleury Lezava (parti HARENA), Maurice Beranto, Sylvain Rabetsaroana, Ny Rado Rafalimanana (Axius Group).

D'ici au 8 mai 2013, date butoir du dépôt de candidature, d'autres vont aussi tenter leur chance à ce véritable loto électoral présidentiel. Et ne nous étonnons pas outre mesure si le PM Omer Beriziky annonce aussi sa candidature. Au nom de Zafy Albert, of course. Qui vous dit qu'à mon tour je ne me déclarai pas candidat non plus ? C'est gratuit et çà peut rapporter gros... Mais cela va devenir un casse-tête pour les électeurs : qui élire ? Ce qui est une certitude, c'est qu'avec cette kyrielle de candidats, un second tour est inévitable.

Pour en revenir à M. Andrianainarivelo, 45 ans, rien n'est évident, malgré les apparences dont il faut toujours de méfier. Il y a deux ans, il aurait eu toutes les chances et j'aurai même voté pour lui. Mais, depuis, beaucoup d'eau à coulé sous le pont de cette période transitoire. Plusieurs facteurs ont été chamboulés par l'usure du temps et par la composition, sinon la décomposition du paysage politique même de la Grande île. Hajo Andrianainarivelo fait actuellement figure d'opportuniste et son programme n'est plus qu'un copié-collé de celui d'Andry Rajoelina. Par ailleurs, au niveau international, il laisse derrière lui une énorme casserole sous forme d'incident diplomatique verbal :


Vous voulez mon avis de simple citoyen et historien de demain ? Personnellement je ne voterai pas pour lui car il n'a pas la moindre chance. Pourquoi, vous demanderiez-vous ? D'abord parce que, malgré tous les appuis ici et là, un candidat « libre » n'a aucune chance avec une base trop mouvante, qui n'est pas à l'abri du « ny tody tsy misy fa ny atao no miverina ». En clair, des coups bas, spécialité institutionnalisée des politiciens malgaches. Ensuite parce que Hajo n'est pas seulement merina mais aussi -et surtout- représente une émanation de la royauté (pouvoir héréditaire) dont j'ai fait allusion plus haut. Ces « amis » du moment lui feront faux bond au dernier... moment. Enfin parce que, malgré sa nonchalance et son physique bon enfant empli de ferveur chrétienne, il vient de démontrer à 100% qu'il ne faut jamais se fier aux apparences.

Et il a foncé... tête baissée. Sans prendre garde à ses paroles

Deux phrases prononcées très naturellement ont suffit à le démasquer : « Efa tsy mety intsony ny mialokaloka ambadik'olona » (Le temps d'agir dans l'ombre [d'Andry Rajoelina] est révolu). Quand le chat n'est pas là, la souris danse alors ? En malgache, on dit : « miandry kendry tohana » (attendre quelqu'un au tournant).

L'autre phrase, la plus significative, c'est à propos du financement de sa candidature et, par synergie, de sa campagne électorale : « Avy aty aminay mianakavy ». En français explicite ; le financement émanera de la famille. Il y a des enregistrements, pas la peine de dire que j'invente.

Ainsi donc, Hajo Andrianainarivelo, non seulement est un opportuniste, versant négatif, mais aussi un « népotiste » en puissance, prolongement de la royauté (pouvoir émanant du divin et transmis en héritage). Voilà donc sa nature, malgré son physique amène et de bon aloi. Un brave « Ingahindriana » quoi ! Mais, à l'échelle de la Grande île toute entière, ce sont ces déclarations irréfléchies qui pèseront sur la balance, l'empêchant d'être élu président de la IVè république de Madagascar. Et ces adversaires ne se priveront pas de ces armes -qu'il a lui-même sorti- pour en faire mauvais usage... M. Andrianainarivelo a complètement oublié que la gestion d'un pays « tsy hananan-kavana ». Il n'est jamais question de famille à prioriser lorsqu'on dirige un état. Comme il devra des sous aux frères et sœurs, tontons, tantines, cousins, cousines, il s'est, par ses déclarations, mis dans le couloir de l'auto-élimination. Il ne s'est pas montré rassembleur, malgré un discours dès lors devenu creux sinon faux. Je répète qu'il n'a fait qu'exécuter le plan de développement visionnaire d'Andry Rajoelina. Il n'a rien inventé ni créé durant cette période de transition.

A présent, vous êtes curieux de savoir pour qui, moi, je voterai ? Je vous le donne en mille : Camille Vital. Pourquoi ? Pourquoi pas ? Trêve de plaisanterie. Je trouve que malgré son air de Jean Gabin comique, M. Vital a du potentiel et il l'a démontré lorsqu'il était Premier Ministre. C'est un rassembleur né. Je parlerai plus longuement de lui s'il est candidat ou porté candidat... En tout cas, déjà, militaire de formation (il est en retraite), il connaît la discipline et n'a pas suivi la démarche de Jean Lahiniriko et Hajo Andrianainarivelo qui se sont « émancipés »...

Et puis, franchement, qu'est-ce qui a changé, dans sa démarche, avec son « Malagasy Miara-Miainga » créé au pied levé, depuis Philibert Tsiranana ? En 1958, celui-ci a fondé le PSD peu de temps avant d'être « élu » président. Idem pour Didier Ratsiraka qui a créé l'AREMA pour mener le pays dans le gouffre du sous-développement durable ; idem pour Zafy Albert avec son UNDD. Pareil pour Marc Ravalomanana et son TIM. Des entités politiques qui n'ont fait aucune preuve car totalement inconnues avant leur créateur respectif. Ce n'est pas çà le changement Monsieur Andrianainarivelo ! Un candidat à la présidence d'une république doit émaner d'un parti connu de tout Madagascar, avec des actions concertées et un Congrès annuel, au moins. D'où sort ce "Malagasy Miara-Miainga" sinon d'une vue d'esprit de se croire capable et compétent ? Comme la majorité des candidats déclarés d'ailleurs. Madagascar ? Le pays au mille-et-un candidats présidents.

Jeannot Ramambazafy – 4 avril 2012

Mis à jour ( Samedi, 06 Avril 2013 06:50 )  
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