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A quoi joue donc le président Marc Ravalomanana, fondateur de ce parti qui a réussi a s’accaparer sans coup férir l’ensemble de l’appareil étatique de Madagascar ? D’un côté il prône le changement des mentalités mais, dans la réalité, personne n’ose faire quoi que ce soit sans des ordres « venant d’en haut ». Ce qui se passe actuellement, à deux jours du démarrage de la campagne officielle pour la consultation municipale du 12 décembre 2007, non seulement me laisse très septique mais me fait faire un gigantesque bond de plus de 30 ans en arrière. En fait, les hommes changent, les titres aussi mais le système consistant à prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages persiste, sinon se perfectionne. Le grand responsable est l’administration française du temps des colonies caduque en France mais toujours pratiquée dans les ex-colonies françaises en ce troisième millénaire. Et là, effectivement, le président Nicolas Sarkozy ne saurait être responsable de ces dictatures qui ont la peau dure.

Au moment où le Président Ravalomanana était en Allemagne, tous ses responsables se sont passé la balle pour savoir s'il fallait ou non retransmettre le grand rassemblement catholique à Mahamasina. Personne n'a osé lui demander... on connaît les déclarations du président à sa descente d'avion le lendemain. Les coupables ont-ils été punis ?

Dans le domaine du « peta-toko », c’est-à-dire agir à partir d’une idée qui vient subitement en tête, le TIM est champion du monde. C’est un peu comme décider brusquement d’aller d’Antananarivo à Toliara (quelque 900 km vers le sud) sans tenir compte de tous les aléas parce qu’on va rouler en 4X4 flambant neuve. Exit, dans l’esprit, les pannes et accidents possibles ne venant jamais de soi. Et c’est en cours de route qu’il faudra chercher des solutions en plein no man’s land. Dans ce pouvoir TIM, le « gouverner c’est prévoir » n’existe que sur papier. Croyez-moi bien que ce Map (Madagascar Action Plan) va révéler ses mille et un défauts au moment de le mettre en pratique. D’ailleurs, alors que son financement n’est pas encore totalement acquis, le geste de l‘Union européenne va engendrer une saute d’humeur prévisible du côté d’Ambohitsorohitra. En effet, une enveloppe de 16 milliards d’Ariary a été octroyée à la société civile, au secteur privé et aux partis politiques. Jean-Claude Boidin, ambassadeur de l’UE a été explicite : « Cette enveloppe sera directement gérée en partenariat avec les acteurs non étatiques ». Rien pour l’Etat donc pour le TIM. Cela, il va de soi, pour équilibrer le rapport de forces pas démocratique du tout, après seulement 5 ans -2002/2007- d’un pouvoir qui devient absolu par goût personnel et non pour le bien du peuple.

Ce genre d’appui financier ne sera vraiment pas du goût du président Ravalomanana qui, de plus en plus, tend à vouloir tout gérer. De la politique générale de l’Etat à l’inauguration d’une simple gare routière. Nous y reviendrons plus loin. Dernière idée géniale sans prévenir quiconque : la construction d’un bâtiment, dont on ignore l’utilité exacte, dans l’enceinte du Palais d’Etat d’Ambohitsorohitra, sur un budget de la Présidence dont on ignore d’où il vient. Nous retombons en plein siècle de Louis XIV en France. Mais personne n’aura rien à redire car « c’est pour le bien du peuple et son développement culturel ». Etre contre, si par miracle quelqu’un osait dire quoi que ce soit, ce serait être réfractaire au développement même, comme on était taxé d’ennemi de la révolution socialiste à la moindre critique du « Vénéré Président Ratsiraka » et son petit livre rouge, le faux jumeau du Map.

Non, vraiment, ce pouvoir TIM n’a rien tiré des leçons de l’Histoire de Madagascar. Dans le contexte qui me préoccupe, c’est-à-dire ces prochaines élections municipales, principalement à Antananarivo, ce qui se passe en ce moment même, prouve que le ridicule ne tuera jamais personne. Alors que le poulain TIM, Hery Rafalimanana, maire par intermittence par la volonté présidentielle, effectue en premier des actions avant la date légale prévue, l’entité étatique censée réguler le bon déroulement des élections avant, pendant et après, est monté sur ses grands chevaux en avertissant certains candidats qui font de la propagande avant l’heure. Là, je dis ahahahaha ! En effet, leur réaction téléguidée ne vaut pas la moindre crédibilité étant donné qu’aucun texte, dans l’actuel code électoral, ne fait allusion à ce sujet. Qui plus est, aux sanctions en cas de « récidive ».

Mgr Odon Razanakolona : "L'église catholique ne soutient aucun candidat spécifique!"

Voilà l’image même du « peta-toko ». On s’accommode très bien d’un code électoral déjà bancal mais on fait hurler au loup parce qu’on craint un candidat précis qui n’est autre que Andry Rajoelina Tgv. Déjà, il y a une semaine, l’antenne de sa station télévisée Viva, située en plein camp de gendarmes -donc sous les ordres du Chef suprême des forces armées-, censés défendre les droits de tous les citoyens sans exception, a été sabotée. Allez-vous croire ou vous persuader sincèrement que c’est le fait du hasard ? Il n’y a jamais de fumée sans feu dans tout contexte électoral. Hélas, dans ce genre de situation, il faut des preuves solides. Qu’on ne trouvera jamais dans l’immédiat mais toujours après le… déluge. Entre-temps, le nombrilisme se poursuit à travers un spot à la télévision nationale très tendance TIM. Mais là encore, l’entité étatique en question l’ignore superbement. Quant aux inaugurations complètement illégales dans le contexte qui prévaut, (marchés de quartier par çi, ruelles par là), c’est tout simplement démentiel. « Jugez-moi sur mes actes ! », se complait à déclarer Hery Rafalimanana, de plus en plus sûr de lui car adoubé par le président en personne et l’église catholique. C’est du moins ce qu’ont voulu faire entendre les journaux « Le Quotidien » et « Ny Vaovaontsika » appartenant au président donc au TIM donc à l’Etat. Pauvres, pauvres journalistes. Le lendemain, Monseigneur Odon Razanakolona monte au créneau pour déclarer orbi urbi que « l’église catholique ne soutient spécifiquement aucun candidat ni aucun parti !».

Là encore, le CIS, la CIA malgache au service de l’Etat donc du TIM, a rempli sa mission. En effet, ayant entendu qu’Andry Tgv allait rencontrer Mgr Razanakolona, Hery Rafalimanana a fait des pieds et des mains pour être reçu avant lui et décrocher une photo et un titre trompeur. Le lendemain de cette désinformation (« Le Quotidien », en prime, ose écrire en première page que Hery Rafalimanana "creuse l’écart"), le candidat Andry Tgv a bien été reçu par l’Archevêque mais sans tambour ni trompette. A la suite cet acte anti-démocratique, M. Rafalimanana devra se battre tout seul avec sa conscience lorsque l’on sait ce qu’il advient des recalés aux examens électoraux. A ce sujet, mais dans le cadre des récentes législatives, voici un autre cas de ridicule qui ne tue pas. A Bealalàna et Mananara Nord, les élections ont été refaites. Le député sortant Zakahely Boniface avait déjà été déclaré vainqueur quand l’élection a été annulée. Entre-temps il a été condamné à 30 mois de prison ferme pour coups et blessures volontaires. Affaire datant de quelques années. Aucune coïncidence, tous les coups sont permis avec le pouvoir immense qu’a le TIM donc l’Etat. Faisant appel, Zakahely Boniface a pu se porter candidat pour la nouvelle consultation. Deux jours avant le jour du vote, une forte délégation du législatif et de l’exécutif est descendue à Mananara Nord pour soutenir le poulain TIM. Ce fut un jour ouvrable mais il a été décidé de fermer toutes les écoles du coin et les bureaux administratifs. Phrase entendue de la part de ces éminentes personnalités : « Vous savez qui choisir car depuis tout ce temps, c’est comme si vous n’aviez pas de député ». Le lendemain, « Le Quotidien » et « Ny Vaovaontsika » font des pages photos entières de cette « descente de la victoire ».

Malheureusement, au fil des résultats, aucun de ces journaux n’a rien relaté concernant ces deux élections où finalement le TIM a été battu à plate couture et à Mananara Nord et à Bealalàna. Ce n’est que le lendemain de l’annonce du résultat officiel que j’ai pu lire un entrefilet annonçant la victoire des adversaires du TIM mais sans les pourcentages et encore moins des photos des vainqueurs non TIM. Bravo pour la liberté de presse et d’opinion ! Pauvres, pauvres journalistes. Je les connais bien. Ce sont des professionnels. Ils ont fait leur métier, mais « des ordres venant d’en haut » ont interdit de faire paraître leurs articles à ce sujet. Ces journalistes pourraient bien partir en évoquant le cas de clause de conscience mais ils ont une famille à nourrir. Sans parler des éventuelles tracasseries sociales qui iront s’abattre sur eux. Dilemme plus que cornélien, n’est-il pas ? Personnellement, je viens vite de retirer ma carte officielle de journaliste professionnelle (je porte le numéro 0357, valable jusqu’en 2010). Au cas où, car un journaliste averti en vaut deux. Bon, passons. Lors de l’inauguration des marchés de Mahajanga, financés par l’Afd et dont les travaux de démarrages ont été lancés, en juillet 2005, par le président Jacques Chirac « himself » -de nos jours mis en examen-, le président Ravalomanana est descendu sur place pour déclarer qu’il faut que les Malgaches changent de mentalité. Je m’adresse, ici, personnellement à lui, en lui disant qu’un laveur de voitures du côté de la bibliothèque nationale à Anosy Antananarivo commence toujours par le toit, jamais par les pneus.

Donc, lors de ces inaugurations relayées par la télévision nationale, qui voit-on, bien filmé au milieu de l’assistance ? Le candidat Hery Rafalimanana, candidat maire dans la Capitale. Encore des « ordres venant d’en haut », sûrement, pour bien le mettre en évidence . Ce lundi 26 novembre, un jour avant le jour-J de la campagne, on va procéder à l’inauguration de la nouvelle gare routière d’Ampasampito, pour l’axe Est. La présence du président Ravalomanana ne serait pas étonnante. Mais il faut que vous sachiez que cette gare ne sera pas immédiatement fonctionnelle. Vous avez compris le but de cette opération, pas besoin de vous faire un dessin. Enfin, derniers « ordres venant d’en haut » en date : l’nterdiction aux mandataires des autres candidats, plus particulièrement ceux d’Andry Tgv, d’aller vérifier les listes électorales. Monsieur le Président de la république, certes, mes lecteurs du monde entier n’iront pas voter ce 12 décembre 2007 d’origine malgache ou non. Mais ils aimeraient être rassurés -certains sont des investisseurs directs étrangers potentiels- pour savoir si vous êtes vraiment un homme d’honneur et de parole et non un parjure et un menteur. En 1997, l’Amiral Ratsiraka, à Mahamasina, avait donné sa parole d’officier supérieur qu’il ne se représenterait plus. Mais il l’a fait en décembre 2001. Aussi, pour prouver votre bonne foi, moi simple journaliste qui a tout de même lutté en 2002 ; moi qui fais partie du peuple qui vous a permis à accéder à votre place, je vous demande humblement de donner des ordres pour que cette élection se déroule comme dans tous les pays démocratiques dignes de ce nom. C’est-à-dire que les Chefs de fokontany (quartier) permettent de vérifier ces listes électorales, sujettes à toutes les supputations possibles.

Personnellement, je ne voterai pas TIM donc Hery Rafalimanana. Voilà pourquoi. D’abord un autre grand bond en arrière. Du temps du PSD, mon père, médecin de son état, a été affecté à Marolambo car il ne voulait pas adhérer à ce parti au pouvoir ; du temps de l’AREMA, je n’ai pas pu bénéficier d’une bourse car je n’étais pas inscrit dans ce parti au pouvoir et je ne m’y suis jamais inscrit. Retour à notre époque : en décembre 2001, j’ai voté Marc Ravalomanana ; je vous ai défendu comme la majorité des Malgaches qui en ont eu assez d’un brillant officier de marine qui, resté trop longtemps au pouvoir, est devenu un dictateur qui a paupérisé le pays. A la longue, justement, il a été dépassé par les évènements jusqu’à manquer complètement de discernement et de réalisme, malgré un revirement en 1989 où il a levé la censure pour la presse. C’est d’ailleurs grâce à cela donc à lui que, paradoxalement, j’ai été libéré lorsque, en 1991, j’ai été pris en otage à Diego Suarez, par les fédéralistes dirigés alors par le capitaine Assolant Coutiti. Le même qui est actuellement en prison à Tsiafahy pour ses exactions faites en 2002. Madagascar Tribune, où je travaillais alors, était en première ligne. Et, malgré les contraintes, nous vous avons défendu, même si on a été obligés de réduire notre journal de huit pages. Car on ne voulait pas cesser la parution, comme certains titres à l’époque, faute de matières premières. Ce sont là d’énormes sacrifices consentis par toute une équipe qui croyait en vos belles paroles. Malheureusement, deux ans ont suffi pour me convaincre que vous ne pouvez pas tout contrôler. Vous êtes entourés de gens plus royalistes que le roi. Pour le moment. Mais toutes leurs bêtises retombent forcément sur vous. Voyez la non-diffusion du congrès des catholiques à Mahamasina alors que vous étiez en Allemagne. Cet état de fait explicite que les « ordres venant d’en haut » émanent directement de vous. Passons.

Le 23 novembre 2003, sortant de l’église, ma famille et moi sommes allés au bureau de vote pour l’élection du maire. Très mauvaise surprise ! Nous n’avons pas pu voter car notre nom ne figurait pas dans la liste électorale. Or, qui ne me connaît pas dans mon quartier et même au-delà ? Personne n’est venu au bureau du fokontany pour y porter la déclaration de mon décès ou un certificat de changement de résidence. Alors ? En cette année 2007, avant même le début des débats d’idée voilà que cela recommence ! En 2006 j’ai encore voté pour vous mais j’ai dit non au référendum qui vous permis tous les pouvoirs actuellement. Tant pis car nous n’avons que les dirigeants que l’on mérite. Mais tout de même, les élections, depuis le mois de décembre 2006, ne reflètent pas du tout l’image de la démocratie et de l’Etat de droit dont vous vous posez en défendeur farouche. A l’extérieur du pays… Ces municipales seront une affaire de Malgaches entre les Malgaches. Comme tous les Malgaches, j’attends que vous donniez des ordres pour que tout le monde puisse vérifier leur nom. Cela, à la télévision nationale. Ainsi, ceux qui s’obstinent à in…timider le peuple n’auront aucune excuse. Car, les déclarations du Premier ministre et ministre de l’Intérieur Charles Rabemananjara ne sont pas convaincantes, déclarant qu’il est difficile de faire des fraudes électorales actuellement. J’ai des doutes car si personne ne peut vérifier ces listes électorales, il sera très facile à n’importe quel informaticien de manipuler électroniquement les chiffres. Et, après il sera trop tard.

Si donc vous voulez sortir par la grande porte de l’Histoire, lorsque viendra le moment où il vous faudra partir, laissez le peuple choisir librement. Car ce peuple qui vous a fait roi sera le même qui vous fera descendre de votre piédestal si vous persistez à vouloir développer tout seul le pays. C’est cette même erreur qui a précipité la chute brutale de vos prédécesseurs. N’oubliez jamais que, si votre système TIM-Etat est à vos ordres, vous, vous êtes aux ordres du peuple. Il est, certes, versatile mais les leçons du passé ne vous ont-elles pas fait comprendre que lorsque le peuple est en colère rien ne peut l‘arrêter ? Aussi, au nom de ce peuple, je vous remercie pour votre rapidité d’agir dans un pur esprit de réalisme. Quant à ceux qui vont remplir les pages des forums en ligne, me traitant de tous les noms d’oiseaux et d’opposant, c’est simple : primo, un journaliste professionnel est toujours à 51% dans l’opposition des idées et idéologies allant à l’encontre du bien de la majorité des gens et non pour s’opposer à des personnes physiques ; secundo : seuls les individus qui ont une vie minable et se croyant à l’abri des vicissitudes de la vie ont le temps de s’adonner à ce sport gratuit et sans danger ; tertio : je m’engage car une de mes filles qui a 10 ans n’a pas connu le refrain du petit livre rouge. Je ne voudrais pas qu’elle connaisse le même refrain à propos du Map. Et fin de la fin de ce dossier : personnellement à mon âge -j’ai eu la chance de vivre sur deux siècles et le malheur de voir que tout ce temps n'a changé en rien la pauvreté de mes compatriotes-, que ce soit X, Y, Z ou qui soit au pouvoir ne changera en rien ma très palpitante vie. Mais j’ai le devoir d’essayer de donner à la prochaine génération des Malgaches un avenir meilleur à travers mes écrits proches de la réalité qui prévaut mais qu'on a tendance à faire semblant de ne pas connaître, par lassitude et ignorance surtout. Là est mon intérêt et non une place pour avoir une auto 4X4. Pour les Malgaches de l'actuelle génération, je dis : voter c’est faire l’économie d’un mouvement de foule avec les répressions qui s’ensuivront. Et je m’engage au nom et en souvenir de mes copains qui, le 13 mai 1972, seront donc morts pour rien ? Je ne verrai peut-être pas le vrai développement du pays mais, au moins, j’aurai agi et réagi au lieu de faire le mouton de Panurge qui ne fait que déclencher une tempête dans un verre d’eau. Oui, j’use et abuse de ma liberté d’expression garantie par la Constitution. Et alors si c’est le seul droit qui me reste encore ? Alors, on attend les ordres d’en haut permettant d’avoir des élections municipales 2007 à prendre en exemple. Il n’en tient plus qu’à vous, président Marc Ravalomanana. Dites aussi à votre entourage d’arrêter de menacer les personnes qui assistent aux meetings des autres candidats. Vous voulez gagner ? Jouez à la loyale et non à tout prix ! Faites aussi protéger les antennes d’Ambohimitsimbina (radios et télévisions confondues) car un sabotage serait en préparation. C’est mon petit doigt qui me l’a dit. Merci d’avance. A toute fin utile, ma prise de position ne concerne pas le journal madagate.com en entier mais j’assume tout seul la responsabilité de mes écrits.

Jeannot Ramambazafy.