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Ce titre n’est point un jeu de mots mais  Marc Ravalomanana en 7 ans de pouvoir a réellement atteint les sommets. Il ne lui reste plus que saint Pierre en personne vienne lui remettre les clés du paradis…

Diriger le pays à coups de décrets

Eh oui, Marc Ravalomanana, en 7 années de pouvoir, a réussi ce que tous ses prédécesseurs réunis n’auront pas réussi à faire en 40 ans : organiser dans la Grande île, deux années consécutives de rencontres au plus haut niveau : 2009, Sommet de l’Union africaine ; 2010, Sommet de la Francophonie. Mais auparavant, cet entrepreneur de Merikasinina avait déjà su profiter des conjonctures socio-politiques l’ayant fait élire maire de la Capitale (1999), puis littéralement catapulté vers la Présidence de la République de Madagascar (2001-2002). Tout cela dans une ambiance à la fois euphorique et dramatiquement mortelle. En décembre 2006, réélu avec plus de tiédeur qu’en décembre 2001, il trouve un subtile subterfuge pour tourner la Constitution à son avantage (grâce à un référendum intentionnellement mal expliqué, actuellement, il a le pouvoir de diriger le pays à coup de décrets et il est quasiment au-dessus de toutes les lois humaines) et, contrairement à ce qu’il croit, se retrouve dans l’isolement propre des dictateurs qui n’ont plus confiance à quiconque, même pas en son parti Tim. Il est tellement au four et au moulin qu’on se demande à quoi servent les sénateurs et les députés 100% Tim ainsi que l’ensemble du gouvernement.

Docteur professeur honoris causa

Au passage, il reçoit des titres de docteur et professeur honoris causa qui lui permettent de se poser en théoricien spécialiste du développement. Dernier cours en date, celui donné aux 45 maires des communes urbaines : il a parlé d’approche pragmatique, de « success story » (avec comme exemple « à noter » celui de Bill Gates et sa fondation…), de modernisation de la culture et des traditions… A l’orée de 2009, Madagascar en est encore au stade de la formation après, avoir reçu les 125 millions de dollars pour le fonds de développement local destiné aux communes. Dans son émission dominicale du 2 novembre 2008, le Président a exhorté les responsables, à tous les niveaux, à rattraper en deux mois ce qui n’a pas été fait en dix mois pour être dans les temps vis-à-vis du Madagascar action plan. Un proverbe arabe dit : « Les choses faites à la hâte le sont dans le sillon de Satan »…

Rappel :

Le 4 janvier 2008, au Palais d’Etat d’Iavoloha, lors de la traditionnelle présentation de vœux de nouvel an, le Président Marc Ravalomanana a énuméré les trois priorités suivantes devant « s’imposer pour l’année 2008 » :
1- Le premier objectif concerne la croissance économique : Le Président de la République table sur une croissance économique de 8 % pour l’année 2008 contre 6,3 % pour l’année passée. Il s’agit pour le Chef de l’Etat de généraliser la facilitation des investissements, de renforcer le partenariat public-privé, de dynamiser le secteur privé, et pour les jeunes entrepreneurs, la mise en place de la Banque Malgache de Construction et de Développement en partenariat avec des partenaires étrangers ;
2- Le second est lié au développement rural : Le Chef de l’Etat soutient l’autosuffisance alimentaire par la multiplication par deux de la production alimentaire et l’économie de marché ;
3- Et le troisième consiste à la réduction de la pauvreté : Le Président a tenu à rappeler que les défis de changement pour la mondialisation requièrent un changement de mentalité, du civisme, de la responsabilité et une fierté nationale.
(Source : Secrétariat à la communication de la Présidence)
Etant donné que ce pouvoir gouverne sans trop rien prévoir, rien de tout cela n’a donc été fait, de manière globale.

Sincèrement, chapeau, Monsieur le Président ! Mais est-ce que tout le monde n’y a vu que du feu ? Sincèrement encore, est-ce possible que les grandes puissances « amies » soient dupes ? Au final, nous verrons bien qui sera le dindon de cette farce qui, cent mille fois hélas, fait de la population malgache des prisonniers enfermés dans une immense geôle de 590.000 km² sans mur. Socialement cette population, n’a plus que le droit de subir et de survivre en étant gavé d’espoir présidentiel, à défaut d’être providentiel. En attendant le prochain messie, justement. Pour l’heure, Marc Ravalomanana a donc atteint les sommets. La suite ne sera que logique, que je m’en vais vous dévoiler. Avant cela, il faut donner une réponse à la question suivante : à quoi diable servent les journalistes à Madagascar ? Très récemment, le Premier ministre les considèrera comme des terroristes potentiels dès lors qu’ils ne loueront pas les efforts faits par le pouvoir vers le développement. Un mot qui n’a plus aucun sens pour les gens dans nos contrées. Je ne vais pas vous parler de lieux communs mais socialement parlant, la population malgache est une population en voie de sous-développement avancé. Et les futures et incontournables retombées de la crise financière mondiale sur le pays n’iront rien améliorer du tout.

En tout cas, moi je suis tout à fait d’accord pour la tenue de ces sommets. En effet, ce sera l’occasion pour les journalistes de la presse dite internationale de constater de visu les réalités vraies du pays montré comme modèle dans des rapports chiffrés très douteux. Car, même si on efface tous les signes extérieurs de pauvreté flagrante ; même si on balise les parcours de ces journalistes, il y en aura toujours qui parviendront à sortir de l’ornière. A l’ère de l’information en temps réel, il est quasi impossible de tout verrouiller. Et je vois mal les autorités malgaches malmener des journalistes accrédités, dans l’exercice de leur métier. J’ai donc hâte de les voir débarquer. Et là, comme je ressasse le Président malgache en personne, je les exhorte à être très professionnels. C’est-à-dire à être objectifs. Mais je ne leur apprendrais pas notre métier commun. Tout simplement, je leur demande d’éviter les beaux parleurs qui tirent des plans sur la Comète, ignorant tout de la culture malgache…
Pour en revenir à mes révélations anticipatrices, voilà ce qu’il va se passer. Je ne vais pas vous embarquer dans des lieux-communs ressassés par les « spécialistes », mais vous divulguer ce qui risque réellement de se produire au nom de l’EtaTiko et des 3P style ravalomananien.

Mainmise sur la raffinerie de Toamasina

D’abord à propos des carburants. Certains journaux locaux ont titré le fait que l’Etat allait importer du carburant. Après avoir une mainmise en règle sur la production rizicole du lac Alaotra et sur l’abattoir d’Antananarivo, Marc Ravalomanana fera entrer la raffinerie de Manangarezina (Toamasina, bombardé Capital économique) dans l’empire Tiko. Comment ? Ne vous cassez pas la tête là-dessus : il a tous les pouvoirs de pouvoir le faire. Il le fera un point c’est tout. Et alors, direz-vous ? Il fera importer du pétrole brut, celui de Khadafi par exemple, déjà donc moins coûteux que les produits finis, le fera passer à Manangareza et le vendra à des prix défiants vraiment toute concurrence. Tous les bénéfices iront dans son empire privé grâce à l’argent et aux infrastructures publiques. Un superbe 3P (Partenariat public privé) que d’aucuns traiteront de tout ce qu’ils veulent. J’admire déjà l’audace.

Elections présidentielles anticipées

En ce qui concerne son avenir de président de la république, il fera encore mieux. En fin 2010, début 2011 après les sommets, il organisera des élections présidentielles anticipées. En effet, même manipulée à son avantage, la Constitution ne lui permettra plus qu’un seul mandat. Pourquoi des élections présidentielles anticipées ? D’abord, pour ne pas revivre les évènements de 2002 mais avec lui dans le rôle de l’amiral Ratsiraka. Ensuite pour prendre au dépourvu tout le monde, à commencer ses éventuels adversaires qui n’auront pas le temps de réunir les moyens financiers liés à ce type de scrutin (bulletins de vote, campagne électorale). Argument frappant ? Passer dans la 4è république ! Alors que les 50 ans de sa naissance a été complètement escamotée par le pouvoir ! Le numéro importera peu, l’important est qu’il puisse rempiler encore par la suite. Et c’est cela la force de Marc Ravalomanana : de l’audace insoupçonnable. En tout cas, nous voilà tous prévenus. Dès lors, la question qui s’impose n’est pas : pourra-t-il vraiment le faire mais : pourra-t-on l’empêcher de le faire ? Madagascar étant riche de toutes sortes de pauvretés, à commencer par la pauvreté de l’esprit. Celui qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.

Un empire pour le paradis

Alors gardez précieusement cet article et rendez-vous dans même pas deux ans. Pour l’heure, Marc Ravalomanana a effectivement atteint les (deux) sommets et il est déjà en partance pour l’Indonésie y chercher des exploitants (c’est bien le mot vrai) du sous-sol malgache. Bientôt il sera sur un petit nuage (rose évidemment) et alors : il ne lui restera plus à attendre que saint Pierre en personne vienne lui remettre les clés du paradis… Si vous n’avez pas compris c’est que vous êtes un lecteur… désespérant. Vous ne connaissez pas l’Empereur à vie Bokassa 1er qui n’a pas fait long feu ? En tout cas, il est aussi certain que sa traditionnelle présentation de vœux de nouvel an 2009 sera du même tonneau que la précédente. Mais avec des termes plus élaborés. Comme ceux de Didier Ratsiraka en somme.

Jeannot Ramambazafy - Journaliste