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Madagascar : les derniers avatars d’une dictature établie

Ravalomanana

 En moins d’une semaine, le régime Ravalomanana a démontré qu’il entend asseoir une dictature rapide et durable pour diriger Madagascar, cette Grande île martyre et martyrisée pour la troisième fois par un individu qui a accédé au poste suprême par la force des choses, en 2002, et qui est devenu suffisant et empli de dédain vis-à-vis du peuple sans qui, pourtant, il n’aurait jamais été là. Les derniers avatars d’une dictature établie.

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La rupture entre Marc ravalomanana et Andry Rajoelina

 

En décembre 2007, le parti Tim au pouvoir perd la bataille électorale pour avoir la ville d’Antananarivo dans son giron. Du coup, ce n’est plus la raison et la logique du développement commun qui va l’emporter mais la rage et l’orgueil très mal placés d’un docteur professeur honoris causa qui ne recule jamais devant rien pour parvenir à ses fins. Ainsi, durant toute l’année 2007, malgré les bonnes intentions verbales, ce n’est plus seulement le Maire élu Andry Rajoelina qui subira les impacts dévasteurs de cette politique de la terre brûlée mais toute la population antananarivienne privée, jusqu’à cette veille de Noël 2008, d’électricité pour la majorité de ses quartiers. Premier croche-pied significatif, le déclassement de la Capitale de Madagascar même, au niveau de la gestion administrative et financière. Puis, après la confiscation des avoirs et droits financiers de la mairie, vint la décision à ce qu’elle devrait rembourser toutes les dettes contractées par les prédécesseurs du Maire Andry Rajoelina depuis plus de 15 ans.

Comme ce n’était pas suffisant, arriva la mainmise sur le service de nettoyage de la ville (Samva) puis celle sur la gestion de la gare routière d’Ampasampito par l’Agence des transports terrestres ou Att. Avec la montée au créneau de quelques directeurs généraux vraiment trop zélés pour être honnêtes. Mais lorsque le président Ravalomanana invita le Maire Andry Rajoelina pour un éclaircissement de la situation et calmer ce jeu peu démocratique, tous ces zélateurs, ces forts en gueule se firent tout petits car Marc Ravalomanana donna des ordres dans le bon sens. Mais deux jours après cette entrevue, voilà que la société de distribution pétrolière Galana inventa du vraiment n’importe quoi pour refuser d’approvisionner en carburants les camions bennes de la Commune Urbaine d’Antananarivo. Comme construire sur du sable n’est pas durable, ici encore tout rentra dans l’ordre mais sans excuse.

Je me rappelle l’interview d’une sous-fifre de Galana, à la télévision, qui a vraiment parlé pour ne rien dire. Je la plains, elle et sa descendance, d’avoir voulu se prêter à ce jeu aussi ridicule qu’inutile, bête et méchant. Mais l’histoire s’en souviendra …

Rolland Ratsiraka

Roland Ratsiraka, ancien maire de Toamasina qui s’est rangé naturellement du côté de Andry Rajoelina

Ces personnages oublient un fait de ce troisième millénaire :

nous vivons actuellement à l’ère de l’information en temps réel.

La moindre entorse faite aux principes même de la notion de république et de démocratie est relatée. Si bien qu’il faudrait être un martien pour ignorer et faire fi de l’opinion publique nationale et internationale.

 L’ancien Maire de la ville de  Toamasina, Roland Ratsiraka n’a pas tenu compte du pouvoir de l’information et de la communication. A moins qu’il n’ait pas eu le temps nécessaire. En effet, ayant pris de l’avance à travers une campagne de désinformation et d’intox où même l’actuel président de l’assemblée nationale avait posé devant un bac à ordures archi-plein, le pouvoir a réussi à le mettre en prison pour des motifs sans fondement. Jusqu’à aujourd’hui, il ne s’en n’est pas remis tout à fait. Son domicile et ses bureaux, récemment encore, ont fait l’objet d’une perquisition sur simple délation comme quoi il avait emmagasiné, pour lui, du matériel médical destiné aux hôpitaux publics. A prétexte ridicule, résultats de perquisition se soldant par un échec. Mais le ridicule n’a jamais tué personne dans nos contrées…

 Didier RATSIRAKA
C’est ce grand-père de 72 ans qui ferait peur au régime Ravalomanana. Je vais vous traduire littéralement ce que l’Amiral Ratsiraka a déclaré dans ce Vcd qui a fait commettre un faux pas au pouvoir Tim-Tiko

 Et le régime Ravalomanana, appuyé par un parti Tim encore plus vicieux que le Psd et l’Arema réunis s’est toujours comporté comme un chat guettant une souris. Et une nouvelle occasion survint à travers les déclarations intégrales de l’ancien président Didier Ratsiraka sur Viva Télévision via un Vcd enregistré à son domicile de la région parisienne. Ce samedi 13 décembre 2008, moins de deux heures après la diffusion, une décision ministérielle de fermeture qui attendait bien au chaud dans un tiroir a été signée par le ministre de tutelle (lire article par ailleurs sur ce site même) et montrée aux techniciens de la station qui fut fermée séance tenante. Sans notification ni rien d’autre judiciairement parlant. Certes, en tant qu’élu, le Maire Andry Rajoelina, jusqu’à la fin de son mandat, n’a plus aucun lien avec Viva Tv, quant à sa gestion ou même à son contenu. Mais s’il est monté au créneau, le 17 décembre 2008, c’est d’abord parce que cette station se trouve dans sa ville et ensuite et surtout parce que c’est la liberté d’expression et d’opinion même qui est en danger. D’où les extraits décisifs de ses décisions que nous avons transcrites et traduites ci-après.


Andry Rajoelina : 17 décembre 2008


Suite à la fermeture de la télévision Viva, le Maire Andry Rajoelina est monté au créneau, au restaurant « La Rotonde » de Besarety, pour défendre les droits liés à la liberté de presse et d’opinion outrageusement bafoués par le régime Ravalomanana. Une prise de position d’ordre extrêmement politique voulue, à dire vrai, par le pouvoir lui-même. Extraits de ses déclarations en malgache, transcrites et traduites ici le plus fidèlement possible. Face à de nombreux chefs de parti d’opposition et conjointement avec des représentants de la société civile.

liberté de la presse malgache bafouée

 « Misy tokoa amin’izao fotoana izao, ny fanamparam-pahefana, ny didy jadona manoloana ny fitantanana sy fanakatonana haino aman-jery. Io indrindra no mahatonga ny fanontaniana mipetraka hoe : betsaka ny lalàna tsy vohaja ao anaty fepetra noraisina izay misy alako bika tsy tiako tarehy. Ao anatin’izany ny fitakianay dia tsy ny zon’ilay haino aman-jery nakatona akory no mampalahelo fa indrindra indrindra ny zon’ny mponina malagasy iray manontolo izay tokony hahafantatra ny vaovao sy ny zava-misy eto amin’ny tany sy ny fanjakana. Ka ny fangatahanay dia mba tokony hosokafana daholo ny haino aman-jery nakatona manerana ny Nosy nefa tsy ara-dalàna ny fanakatonana azy. Ka ny fangatahanay sy ireo tompon’andraikitra ao amin’ny Viva TV dia tsy hoe hanokafana ny Viva ihany fa mba omena alàlana ny Viva mba hafahany mandeha ihany koa eran’i Madagasikara. Tsy misy, amin’izao fotoana izao, fahafahana maneho ny hevitra eto amin’ny firenena. Noho izay indrindra dia hapatraka ny Kianjan’ny Demokrasia. Ka izahay dia manana soso-kevitra ny hanisy kianjan’ny Demokrasia eto Antananarivo Renivohitra mba hafahan’ny tsirairay avy maneho ny heviny an-kalalahana. Araky ny fanaovana azy dia hametraka fangatahana miaraka amin’ny fikambanana rehetra sy antoko mpanao politika rehetra. Io fangatahana io dia hoentin-tsika any amin’ny biraom-panjakana na ny Préfet de police mba hafahana mahazo autorisation maharitra. Izany hoe tsy hisy fangatahana atao intsony izany dia voafetra hoe isaky ny asabotsy na isaky ny alahady dia praograma miaraka amin’ny tanànan’Antananarivo fotsiny ihany mikasika ny fandaminana izany. Ka dia ho hitan-tsika eo ny vokany fa tsy maintsy ahitana vokany ».

 

La rupture entre Marc ravalomanana et Andry Rajoelina

La déchirure entre deux personnalités qui auraient pu mener à bien le développement. Ensemble… Hélas

 Traduction : instauration d’une Place de la Démocratie
« Actuellement les abus de pouvoir et la dictature existent bien réellement dans le domaine de la gestion et la fermeture de chaînes audiovisuelles à Madagascar. Cela nous amène à constater qu’il existe de nombreuses infractions dans les prises de décisions liées à un authentique ostracisme. Nos revendications, aujourd’hui, ne concernent donc pas uniquement le fait de la fermeture d’une chaîne mais le droit fondamental bafoué de la population à accéder aux informations et actualités réelles concernant la vie de la Nation toute entière. Aussi, nous demandons à ce que toutes les chaînes audiovisuelles qui ont été fermées, à Madagascar, pour des motifs qui n’ont rien d’anticonstitutionnels soient rouvertes.

Il ne s’agit plus uniquement, donc, du cas de Viva Tv dont les responsables demandent aussi à ce que la chaîne puisse émettre sur toute l’étendue du territoire. Car, actuellement, la liberté d’opinion et d’expression n’existe pas dans la Grande île. Et c’est pour cette raison que la ville d’Antananarivo va mettre créer une Place de la Démocratie afin que tout un chacun puisse s’y exprimer librement. Dans cette optique, nous allons faire une demande conjointe, avec la société civile et les partis politiques, adressée au Préfet de police. Cette demande d’autorisation devra être pérenne pour chaque réunion qui pourra avoir lieu tous les samedis ou tous les dimanches.C’est  à la Mairie d’Antananarivo seule que reviendra l’organisation de ces meetings. C’est-à-dire qu’il n’y aura plus à demander une autorisation au Préfet de police chaque fois que des entités voudront se réunir publiquement. Nous verrons quels seront les résultats de cette requête mais des résultats il faudra bien qu’il y en ait ». Rien de bien répréhensible pour justifier une arrestation.
Loi sur les partis politiques

Parallèlement, la fameuse loi sur les partis politiques était débattue au Palais d’Etat d’Iavoloha. Ici, peu importe de savoir qui était là et combien ils étaient.  L’important est que vous sachiez jusqu’où va l’outrecuidance d’un dirigeant vis-à-vis de son peuple qu’il juge, après 7 ans de pouvoir, comme des enfants mal élevés. Il s’agit encore des graves séquelles du paternalisme hérité de la colonisation et doublé d’un populisme effréné.

Pour résumer, la stratégie est aussi honteuse qu’ ignominieuse et traduit parfaitement le bas matérialisme qui hante l’esprit de certains membres de l’intelligentsia malgache. 400 millions d’ariary seront mis à disposition de chefs de particules et groupuscules qui ont signé la feuille de présence avec obligation de se regrouper. Tout le monde semble n’y avoir vu que du feu. Tout le monde ? Non, car il existe tout de même des techniciens honnêtes envers eux-mêmes donc envers leurs semblables. Il s’agit des deux Serge : Radert et Zafimahova, appelés en tant que personnes ressources par le Président qui a commis une erreur dans sa conviction que tout le monde est achetable et peut vendre son âme au diable. Le soir même de cette réunion, les deux Serge m’ont fait parvenir un communiqué paru d’ailleurs dans un journal de la place le lendemain. Voici le texte intégral co-signé par les deux Serge :

 La loi sur les partis

 « Le Président de la République nous a demandé d’élaborer un projet de texte sur les partis politiques, en qualité de personnes ressources pour diversifier ses sources. Par pur patriotisme, de par l’importance d’un tel texte pour la stabilité politique et l’alternance démocratique, et par sens des responsabilités car nous avons toujours défendu la clarification de la pratique politique, nous avons accepté. Le projet de texte a été préparé (ils me l’ont aussi envoyé avant la réunion) en totale indépendance, et pour ce faire, nous n’avons compté que sur nos seules ressources. Au cours des différentes discussions en toute franchise de part et d’autre avec le Président de la République, nous connaissons ses appréhensions sur certaines dispositions du texte que nous avons préparé. D’emblée nous avons préparé  un projet d’Ordonnance suivant l’article 100 de la Constitution, pour que la volonté politique du Président soit engagée. Au même titre que le projet de texte de loi du Gouvernement, une partie du plan de notre projet a été distribuée aux participants au moment du retrait des invitations. Nous étions au Palais d’Etat d’Iavoloha ce 17 décembre en tant que personnes ressources. Nous avons distribué notre projet d’ordonnance en 100 articles à tous les participants comme il a été convenu avec la Président de la République. Parmi les participants et les personnes ressources, nous étions les seuls à présenter un texte complet. Nous avons eu l’occasion de présenter nos arguments concernant le texte. Malgré l’absence des opposants à cette rencontre, nous avons défendu nos convictions que nous partageons avec eux.

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Ravalomanana prete serment en 2002

Aussi pour favoriser le développement, nous avons défendu le principe de l’amnistie générale des protagonistes non liés par un crime de sang et l’indemnisation des victimes pour apaiser la situation politique. Il est étonnant que deux proches collaborateurs passés de l’ancien Président de la République exilé aient fait obstruction à toute idée d’insérer l’amnistie dans le projet de loi sur les partis. Par ailleurs, nous avons évoqué notre attachement à la liberté d’expression et au libre débat et nous avons évoqué, en particulier, notre ferme condamnation à toute forme de censure et à toute fermeture de médias audiovisuels et de presse écrite, en particulier au niveau de l’actualité, nous avons jugé inopportun la fermeture de la télévision VIVA. Au cours de nos interventions, nous avons pu défendre l’essentiel du projet d’Ordonnance que nous avons préparé sans avoir l’illusion de croire que notre projet aurait une chance d’être retenu. Le plus important était de montrer l’esprit de dialogue sans vendre son âme et ses convictions. Si la réunion s’est passée assez convenablement malgré le monolithisme des discours des intervenants élogieux vis-à-vis de l’hôte, la forme et le fond dans la manière de conclure la réunion marquent une dérive que nous ne pouvons cautionner.

Comme conclusion à la rencontre sur les partis politiques, le Président de la république a demandé que les chefs de parti exclusivement passent au vote quatre points :

1. Acceptez-vous d’élaborer un projet de loi sur les partis politiques ?
2. Acceptez-vous de faire la fusion des partis politiques ?
3. Acceptez-vous l’élaboration rapide du projet de loi ?
4. Acceptez-vous que soient accordés aux partis politiques des moyens financiers pour vous aider à fusionner ?

 

lois sur les partis politiques malgaches

Caricature parue dans le quotidien La Vérité, du 18 décembre 2008. « Ah, on va passer un bon Noël les gars ! ». « Prenez, ah ah ah ! »

 A la fin de ces quatre questions qui ont été acceptées par la majorité des chefs de parti présents, le Président de la République a annoncé la nécessité d’un amendement en prenant comme prétexte le projet de loi sur les partis. Une telle annonce est étonnante car aucun participant de la rencontre avec les chefs de parti présents ce mercredi 17 décembre 2008 n’a évoqué ce point. Au cours de la réunion de la société civile, le mercredi 10 décembre 2008, initiée par le Médiateur et le Grand Chancelier, seule une personne avait évoqué cette possibilité. Après la réunion avec la cinquantaine de chefs de parti présents, le Président de la République a annoncé le déblocage de 400 millions ariary pour les chefs de parti sur la base de la feuille de présence de réunion. Officiellement pour aider les chefs de parti à fusionner leurs partis politiques. Cette idée d’amendement constitutionnel, probablement par voie parlementaire, ouvre la boîte à Pandore d’autres amendements vers un régime dictatorial. Ayant répondu favorablement à la demande du Président de la République de contribuer à l’élaboration d’un  projet de texte sur les partis politiques que nous avons toujours demandé, nous concluons que notre mission est terminée et que nous ne sommes engagés en rien de ce qui va sortir.

Signé Serge Radert et Serge Zafimahova, Antananarivo, le 17 décembre 2008

 

ivato areroport international

Enfin dernier avatar de ce régime qui ne va pas devenir mais qui est déjà dictatorial, la fusion des deux communes rurales d’Ivato : celle du village et celle de l’aéroport pour la fusionner en une commune urbaine. Cela n’aurait rien de répréhensible pour donner une belle image du pays, en vue du Sommet de l’Union africaine en 2009. Mais cela foule encore aux pieds les droits fondamentaux des électeurs de ces deux communes. En effet, à quoi alors aura servi le vote au suffrage universel de décembre 2007 qui a permis d’élire deux maires distincts, Goddefrein Rasoamiaramanana (Aéroport) et Yves Rasoloarisata (Village) ? Dans celle nouvelle loi votée le 18 décembre 2008 par 29 sénateurs sur 33, il est stipulé « la création de la Commune urbaine d’Ivato comme Capitale du Sommet de l’UA de 2009. Jusqu’au renouvellement général des maires et des membres des conseils, la commune urbaine d’Ivato sera dirigée par une délégation spéciale. Celle-ci sera composée de trois membres désignés par arrêté du ministre de l’Intérieur, sur proposition du représentant de l’Etat territorialement compétent. La délégation comprendra un président et deux vice-présidents chargés respectivement des affaires économiques et sociales et des affaires générales et territoriales ».

En clair, exit la commune urbaine d’Antananarivo, Capitale de Madagascar depuis plus de trois siècles. En passant, un an après les élections communale et rurale de décembre 2007, les villes de Nosy Be, Fort dauphin et Sainte Marie sont toujours dirigées par des présidents de délégation spéciale… L’ancien ministre des Travaux publics, ancien président de l’assemblée nationale et second aux élections présidentielles de décembre 2006, président du Parti socialiste et démocratique pour l’union de Madagascar (Psdum) n’a pas mâché ses mots : «Ce n’est pas uniquement le maire Andry Rajoelina mais tous les habitants d’Antananarivo qui sont déconsidérés dans cette décision du pouvoir actuel qui cherche tous les moyens pour priver la commune urbaine d’Antananarivo du moindre pouvoir. Il compte réaliser toutes les procédures protocolaires, dont la remise des clés de la ville, aux invités de marque à l’aéroport par simple inimitié… ». Voilà bien les images même d’une très mauvaise gouvernance anti-démocratique où tous les élus seront remplacés lentement mais sûrement par des parachutés. Cela, grâce à la magie des décrets permise par la Constitution toilettée en avril 2007.

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 Alain-andre-ramaroson

 Face à cette stratégie d’établissement d’une dictature rapide et durable, et d’une authentique tragédie que vit l’ensemble de la population de Madagascar (lire par ailleurs, l’article sur les 20 déclarations du Conecs), les « choses » se sont précipitées depuis le 19 décembre. En effet, une cellule de crise a été mise en place au sein d’une entité dénommée « Force de  Changement pour la Démocratie » (FCD) créée par Alain Ramaroson, ancien ministre et créateur de la première radio privée, Rfv (« radio feon’ny vahoaka » ou radio vox populi) lors des évènements de 1991. Une réunion a d’ailleurs eu lieu au domicile de ce dernier, à Andoaharanofotsy, le vendredi 19 décembre, où toutes les composantes de la société malgache ont été représentées : partis politiques, société civile, opérateurs économiques et surtout l’église catholique romaine, à travers Mgr Jean Paul Randriamanana, évêque auxiliaire de Mgr Odon Razanakolona, archevêque d’Antananarivo, qui sera le président du Ffkm (Conseil œucuménique des églises chrétiennes à Madagascar) en janvier 2009. Pour Alain Ramaroson : « seule une étroite collaboration entre l’église et les forces politiques peut résoudre les problèmes de démocratie que le pays tout entier traverse en ce moment ». A propos de la position de l’église catholique, justement, le Pape Benoît XVI a été clair, lors de la présentation des lettres de créances de l’ambassadeur malgache auprès du Vatican, le 17 décembre : « L’église catholique à Madagascar ne fait pas de politique mais œuvre pour que la population malgache vive dans un environnement social basé sur l’équité, la justice et la paix. Elle œuvrera pour que cette population vive dans une société meilleure ». Donc, par synergie, l’église catholique à Madagascar se rangera toujours aux côtés de toutes les entités qui visent cet objectif. Pour l’instant, c’est la défense du Maire Andry Rajoelina qui est au cœur de leur lutte commune, en relation avec la population. En effet, la radio Viva n’a pas (encore) été fermée et il y existe actuelleement une émission intitulée « Anao ny fitenenana » (à vous la parole) où les gens disent vraiment ce qu’ils pensent. Ce n’est pas joli joli pour le pouvoir actuel à qui le peuple jette ses 4 vérités.

 Ravalomanana le prophète

 

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Certes, les Malagasy ont les dirigeants qu’ils méritent. Mais ces derniers doivent comprendre une bonne fois pour toutes qu’aucun pouvoir n’est éternel. Actuellement, l’affaire de la fermeture de Viva Tv a dépassé le domaine de l’entrave à la liberté d’opinion et de pensée. C’est la démocratie même qui est mise à mal ainsi que les notions de Vérité et Sacralité (« Fahamarinana sy Fahamasinana »), mots que Marc Ravalomanana n’ose même plus prononcer tellement il a la frousse de la colère divine car ne respectant pas la parole dite et donnée).  Une démocratie de pacotille dans laquelle le paternalisme et l’infantilisation du peuple se sont réinstallés après avoir été jetés aux orties en 2002. Et c’est cela qui est gravissime. A l’époque, la majorité des Malagasy ont propulsé un illustre inconnu du monde politique vers les plus hautes sphères du pouvoir, sans penser un seul instant qu’il ferait pire que toutes les actions négatives de ses prédécesseurs réunis. C’’est cela le problème d’un peuple connu pour trop raisonner avec le cœur.

Pensée unique, clivage social en tous genres, accaparement et vente à l’encan des richesses du pays… Que restera-t-il aux générations futures malagasy ? Dans une interview pour l’Hebdo de Madagascar (n°0210 du 19 au 23 décembre 2008, page 4), le PDG de QMM, Gary O’Brien,  déclare superbement : « Nous avons investi un milliard de dollars à Madagascar (…). C’est un montant énorme et véritablement un projet à long terme et, dans un pays en voie de développement, cela représente un grand risque ».

Je lui répliquerai : et alors, on vous y a obligé peut-être ? Car ce milliard fabuleux court depuis 1995. Cela vous donne-t-il tous les droits parce que vous vous êtes accroché et traversé trois régimes présidentiels (Zafy, Ratsiraka II, Ravalomanana)? Vous ne parlez que de vos dépenses à vous, sans parler des bénéfices réels de la population par rapport aux vôtres. Ici, c’est le silence radio complet. Et qu’allez-vous laisser ? Une projection annonce qu’en 2025, il y aura 30 millions de Malagasy mais plus aucune trace d’ilménite car ce n’est pas un produit renouvelable. Sans compter les impacts sur l’environnement style forêt amazonienne…  Car la cerise sur la gâteau est : « Nous avons investi avec un horizon de décennies et non quelques mois et je suis sûr que malgré les défis économiques à court terme, la nouvelle mine de QMM va démontrer sa valeur à long terme ». Cela signifie surtout que Marc Ravalomanana, 59 ans, ne sera pas toujours là… Attendez que je devienne président de la république et vous verrez ce qu’est la réelle notion mise en pratique de souveraineté nationale ! C’est la terre que nous ont légué nos ancêtres mais tout a une fin. Les capitalistes eux-mêmes n’auraient jamais cru qu’il y aurait une crise financière aussi grave qu’en 1929. Ce n’est pas la faute aux Malagasy, tout de même !...

 Gary-obrien

 Combien touchent les dirigeants actuels de ce pactole de l’ilménite (et tous les autres matériaux précieux qui seront exportés avec) ? Là n’est pas le problème mais ils seront probablement morts avant d’avoir tout dépensé de cet argent sale. Nous serons alors enfin tous égaux car un homme mort riche et un homme mort pauvre, c’est du pareil au même. En cette fin d’année 2008, le régime Ravalomanana est au tournant même de son existence. Il doit cesser de se mentir à lui-même car le temps joue désormais contre lui. Il règne actuellement au pays, une atmosphère lourde des années 1972, 1991 et 2001-202 réunies. Des forces vives réunies et bien organisées n’ont vraiment à perdre face à une dictature qui amoncelle bêtises sur bêtises en très peu de temps. Et, avant même ce fameux Sommet de l’UA, les yeux du monde entier sont déjà braqués sur Madagascar. Marc Ravalomanana ne peut pas emprisonner tout le monde comme il lui semblera insurmontable de faire des concessions, signe de faiblesse pour lui.  Alors ? A la différence des années citées plus haut, la cellule de crise du FCD  précise « qu’il ne s’agira pas de renverser ce pouvoir puisque c’est lui qui tombera de lui-même avec toutes les décisions iniques qu’il prendra ». Bref, la guerre des nerfs est annoncée. Mais ce ne sera jamais le régime qui vaincra, il faut qu’il se fasse une raison. Il va lui pêtre extrêmement difficile de mobiliser la majorité des gens malgré toute cette réclame sur le Map, ersatz du livre rouge des années révolutionnaires. Tout n’est plus qu’une question de temps, quoi qu’il fasse. Ses heures sont comptées par sa propre suffisance et sa croyance que tout lui est permis.

 Robert MUGABE

 Pour ma part, je m’adresse à tous ces braves « donateurs » qui n’entreront jamais dans la mêlée puisqu’il s’agit d’une affaire « malgacho-malgache ». Arrêtez de nous donner (prêter c’est kif kif bourricot) de l’argent jusqu’à endetter ma propre descendance. Laissez-nous mourir pauvrement mais dignement. Occupez-vous de vos crises alimentaire et financière, de vos pauvres et de vos chômeurs. Ces situations existent depuis un demi-siècle chez nous. Aucu dirigeant n’a vraiment fait quelque chose de spectaculaire. Je me rappelle lorsque Latimer Rangers était ministre de l’information. Il m’a emmené à la rivière Ifaho, à 80 km d’Ambovombe (Sud de la Grande Île) après Ampanihy vers Fort Dauphin. « Comme tu vois, ce n’est pas l’eau qui manque ici mais c’est sa gestion, sa maîtrise qu’il faut étudier. Dans ce cas, il faut drainer des pipelines et toute cette partie sera irriguée » m’a déclaré Latimer ce jour là.. C’était en…1993. 

 Enfant de madagascar

 Actuellement, on approvisionne encore mes pauvres compatriotes du Sud avec des camions citernes dévoreurs de carburant. Normal si l’eau coûte atrocement cher ici.  C’est le royaume du « Kere », la famine éternelle qui fait que ces gens mangent du cactus infect qui ballonne le ventre des enfants. Où est passé le projet japonais qui date du temps de Zafy Albert ? Donc, effectivement, ces crises de l’hémisphère Nord ne sauraient nous atteindre puisque c’est notre lot quotidien. Et le pouvoir, face à cela, passe son temps à distribuer du riz à moindre coup et à annoncer « qu’il faut trouver des débouchés pour exporter ». Vraiment du parler pour ne rien dire aux antipodes des réalités vraies et vécues. Commencez d’abord à créer des usines de transformation et importez des matières premières, au lieu de laisser déferler toute une armada de produits finis de très bas de gamme ! « Nous ne sommes pas responsables des dictateurs actuels » avait déclaré le président Sarkozy à Dakar. Si, vous l’êtes tant que vous aidez les dirigeants malgaches à paupériser son propre peuple. Vous prétendez donner à un Etat mais le peuple s’appauvrit à vue d’œil et s’endette jusqu’à la sixième génération. Cessez de vous faire complices de personnages et des sbires qui ne font que passer dans l’Histoire même de l’Humanité et qui ne laisseront que de très mauvais souvenirs vite effacés par la marche du temps. Enfin ultime cadeau de Noël effectivement tape-à-l’œil, dont l’arrivée a été filmé sur la télévision publique : 1500 motos Honda XLS125 pour les maires. En fait donc, dans sa volonté de mettre sous sa coupe tous les sous-fifres, le régime Ravalomanana ne fait rien au hasard. Comment ai-je pu voter pour lui deux fois, vraiment ? Je ne sais plus à qui souhaiter un Joyeux Noêl mais sûrement pas à mes compatriotes au pays. Pour l’heure tout le monde est sur le qui-vive car tout pourrait basculer d’un moment à un autre. Au moment où ce dossier est mis en ligne, une déclaration du Maire Andry Rajoelina est attendue.


Jeannot Ramambazafy - Journaliste - www.madagate.com

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Mis à jour ( Lundi, 22 Décembre 2008 16:34 )  
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Madagate Affiche

 

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Andry Rajoelina élu Leader politique africain de l'année 2024

 

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