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Général Désiré Philippe Ramakavelo. Samedi 7 février 2009 : un assassinat prémédité

Ancien ministre de la Défense, le Général en retraite Désiré Philippe Ramakavelo, apporte des éclaircissements quant aux étapes dans la défense d’une zone rouge. Car il est insupportable d’entendre et de lire des pseudo-analyses de gens qui n’étaient même pas présents à Antaninarenina, ce samedi 7 février 2009, et qui s’entêtent à parler de sommation et autres avertissements préalables.

 

 

« On a l’impression que l’Histoire ne cesse de se répéter, parce qu’il y a eu des moments où j’avais pris la parole, ici (Ndlr : Place du 13 mai), plusieurs fois. Il n’y a pas longtemps, lors d’une intervention radiodiffusée (radio Antsiva) et d’une intervention télévisée (Tv Plus), j’avais déjà abordé ce qui s’était réellement passé à Antaninarenina. Avant toute chose, il est utile de rappeler à tous ce qu’est une zone rouge. Elle existe de par le monde et délimite des lieux considérés comme stratégiques dans la vie même de la société. Dans cette délimitation, lorsque des manifestations populaires ont lieu, comme celle que nous vivons en ce moment même, il existe des règles clairs et un processus reconnu et suivi dans le monde entier et régis par la loi, pour la protection d’une zone rouge.
En défendant ces zones rouges qui protègent ceux qui ont de hautes responsabilités ou à qui a été donné de hautes responsabilités, voici les procédures légales d’usage. Premièrement, lorsque les manifestants se trouvent à proximité d’une zone rouge, les forces qui la protègent doivent lancer un avertissement avec un matériel d’amplification de sons comme un mégaphone, par exemple. Trois avertissements doivent être lancés et entendus aussi loin que possible. Premier avertissement : reculez, sinon nous allons utiliser la force ; second avertissement, si les manifestants avancent toujours : reculez, sinon nous allons utiliser la force ; troisième avertissement si les manifestations ne s’arrêtent toujours pas : reculez car nous allons utiliser la force.
Lorsque ce troisième avertissement ne fait aucun effet sur les manifestants, c’est là que les forces qui protègent la zone rouge peuvent lancer des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Si ces derniers, malgré cela, restent groupés devant la zone rouge, il est alors fait usage de lances à haute pression d’eau, comme celles utilisées par les sapeurs pompiers. De l’eau donc et non des balles réelles. A ce moment, si les manifestants persistent et ne peuvent être dispersés, des tirs de sommation en l’air sont fait et non pas des tirs directs visant intentionnellement les gens. Si tout cela est, néanmoins, vain et n’a aucun effet sur les manifestants, et si ceux-ci ont réussi à pénétrer la zone rouge, en l’occurrence les grilles du palais d’Ambohitsorohitra, ce samedi 7 février 2009, -mais aucun manifestant n’a pu le faire ce samedi là- ce n’est qu’à partir de cet instant, et seulement après toutes les étapes citées auparavant que les forces qui défendent la zone rouge peuvent utiliser les armes en leur possession. Cela dans le cadre de la légitime défense, vu le nombre important des manifestants.
Or, ce samedi 7 février, non seulement ces étapes n’ont pas été respectées et effectuées mais en plus, ce sont des armes de guerre qui ont été utilisées. Le même genre de mitrailleuses utilisées par les forces colonisatrices lors des évènements de 1947 pour massacrer les Malgaches. Cela, nous devons tous le savoir parce que, non seulement, ces armes de mort ont été utilisées mais les tirs venaient de partout : d’en face, à partir du palais mais aussi des côtés latéraux, à partir du ministère des Finances et du Budget, à partir du Trésor public, à partir de la Banque centrale, à partir de l’hôtel du Louvre. Cela signifie qu’il y a eu assassinat avec préméditation pour détruire atrocement et massivement la lutte pour les libertés. C’est pour cette raison que la majorité des pays de ce monde, à commencer par les Nations Unies, ont condamné ce qui s’est réellement passé ce samedi-là et ce sont eux qui ont demandé fermement à ce que les responsables de cet assassinat massif soit retrouvés et traduits en justice. Si nos tribunaux ne le font pas, ce sera le tribunal pénal international qui pourra poursuivre ces responsables. Cela pourra prendre le temps qu’il faudra, comme cela a été vu et vécu dans d’autres pays mais ils seront toujours poursuivis et devront, tôt ou tard, être traduits en justice.
Voilà ce que j’ai voulu vous expliquer, ici, car trop de rumeurs circulent à propos de responsabilité partagés. Non, Mesdames et Messieurs : les responsabilités, lors de ce samedi 7 février 2009, ne sont pas les mêmes ! Parce que l’Histoire est juge et elle ne s’oublie ni n’oublie jamais. Le 8 mars 2002, lors de la marche vers la Primature à Mahazoarivo, il y a eu des négociations et les manifestants dirigés par Me Jacques Sylla à l’époque, ont pu pénétrer dans la Primature sans aucun coup de feu. Alors, après les négociations faites ce samedi là, pourquoi les avoir refusé et avoir tiré sans sommation ? Cela me fait réfléchir profondément… C’est pour cela que je répète que l’histoire ne doit pas s’oublier et, en tant que citoyens malgaches, nous devons connaître l’histoire de notre pays. Nous devons aussi unir nos forces et nous dresser dans ce combat pour les libertés que nous faisons actuellement. Si nos grands-parents et parents ont versé leur sang pour que Madagascar recouvre sa indépendance, il ne faut pas que ce soit des Malgaches qui se conduisent comme les colonisateurs pour tuer des Malgaches comme eux. Je vous remercie de votre attention ».

PHOTOS INEXPLICABLES

Pourquoi des soldats sont-ils obligés de s’enfuir au milieu des photographes et de la foule ? Pourquoi des soldats tirent sur d’autres soldats ? Qui sont ces assassins qui ont reçu l’ordre de tirer juste dans la rue menant au palais d’Ambohitsorohitra ? Ces photos extraites d’une vidéo sont explicites : si avertissements et sommations il y avait, que faisaient là ces soldats ? Cela signifiqe que : comme toute la foule, ils ne s’attendaient pas à ces tirs nourris de mitrailleuses qui ont fait une cinquantaine de morts, ce samedi 7 février 2009.


Dossier préparé par Jeannot Ramambazafy - Journaliste

 

 
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