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Quoi qu’il arrive, Marc Ravalomanana is an has been. Cerné de toutes parts comme il l’est, isolé dans le palais d’Iavoloha, son « départ » n’est plus qu’une question de temps. Déjà, à travers le monde, il s’est totalement discrédité par ses propres paradoxes. Cet article repose donc sur des réflexions qui aideront les futurs dirigeants malgaches à… réfléchir. Avant d’agir.

Madagascar est un pays aussi grand que la France, la Belgique, la Hollande et le Luxembourg réunis. 592.000 km² où gisent des richesses naturelles et souterraines que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Voilà un résumé de ce que j’ai appris à l’école secondaire d’avant 1972. Alors pourquoi cette Grande île de l’océan Indien est-elle classée comme l’un des pays les plus pauvres du monde ? Le présent article se base sur un document m’étant parvenu, qui se démarque de tous les mails qui me classent comme un mort-vivant. Autant vous en faire profiter alors. Etant donné que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir… Mais avec des illustrations de la journée du 17 février 2009 à Antananarivo.

 

 

Avenue de l’indépendance, à Antananarivo, le mardi 17 février 2009

Primo, il faut savoir que la différence entre pays riches et pays pauvres ne dépend nullement de leur âge respectif. Ainsi, par exemple, les civilisations égyptiennes et indiennes existent depuis bien avant Jésus-Christ. Or, actuellement, ces pays sont classés aussi dans la catégorie « pauvre ». Pourtant, des pays comme le Canada et l’Australie, qui n’ont été « découverts » qu’il y a à peine un siècle et demi, sont connus pour être, de nos jours, des pays développés et riches.

L’imagination made in Madagascar

Secundo, la différence entre pays riches et pays pauvres ne dépend nullement de leur superficie respective, pas plus que de leurs ressources naturelles. Prenons le Japon pour exemple : 80% de son territoire ne sont que des montagnes inadaptées à l’élevage et à l’agriculture. Pourtant, cet Empire du Soleil levant est la deuxième puissance économique mondiale. Car il a compris que le système le plus sûr pour « s’en sortir » et d’avoir son destin en mains, c’est d’utiliser ses propres ressources humaines. Ainsi, important des matières premières du monde entier, le génie nippon en fabrique des produits manufacturés qu’il exporte sur les cinq continents. Je n’ai pas l’intention de faire de la publicité gratuite mais qui ne connaît pas la marque Toyota dans tous les secteurs de la vie ? A Madagascar, que fait-on ? Exactement le contraire : on exporte nos matières premières et on importe des produits finis fabriqués avec nos propres ressources et payés plus chers… Voyez le célèbre chocolat suisse. La Confédération helvétique ne possède pas suffisamment de plantations de cacao pour faire de l’autoproduction à 100%. C’est le cacao de Madagascar (oui !), entre autres, qui lui a donné sa renommée planétaire en matière de chocolat. En plus, la superficie de la Suisse équivaut à peine à l’ancienne province de Fianarantsoa.

Journalistes étrangers au repos

Tertio, en matière de savoir-faire, je prends telle quelle une phrase du document cité plus haut : « La communication entre cadres des pays riches et leurs homologues des pays pauvres montre bien qu’il n’y a pas de différence intellectuelle significative entre eux ».

Hôtel Carlton à Anosy

Quarto, la couleur de la peau et la différence raciale n’ont pas, non plus, d’impact en matière de développement. Révélation véridique : « les immigrants taxé de paresseux dans leur pays d’origine sont la force productrice dans les pays riches européens ». Alors ? Tout est question de comportement. Celui-ci a été modelé en fonction de l’éducation reçue et de la culture assimilée. Partant, les peuples des pays colonisés n’ont toujours pas réussi à se dépêtrer d’un moule de crainte, d’appréhension et d’a priori. Madagascar est le royaume des rumeurs, du laxisme et de l’attentisme généralisé. Car, depuis des décennies, le peuple malgache a tellement été infantilisé qu’il ne peut plus rien faire ni penser par lui-même.

 

 

Dans les pays riches et développés, la majorité des peuples suivent, sans attendre des ordres, les principes même qui régissent leur vie. Alors qu’en ce moment de période vers le changement, la dictature de Ravalomanana -ainsi que tous les prétendus légalistes et constitutionnalistes de la planète parle de respect de la légalité et de la constitutionnalité, justement-, voici les 10 commandements des peuples riches qui contribuent au développement réel et authentique de leur pays respectif. Par ordre de priorité :

 

 

1. L’éthique, comme principe de base

2. L’intégrité

3. La responsabilité

4. Le respect des lois et des règles

5. Le respect des droits des autres citoyens

6. L’amour du travail

7. S’efforcer à apprendre et à investir

8. La volonté de bien faire

9. La ponctualité

10. L’amour de son pays et la volonté d’y vivre en paix.

Ainsi, dans les pays pauvres, seule une infime minorité s’efforce de suivre ces principes de base, dans leur vie au quotidien. Mais, hélas, les dirigeants malgaches passés et présents, ne font pas partie de cette minorité. Quels sont les principaux commandements de la dictature Ravalomanana en 7 ans de pouvoir ?

 

 

1. « Mino fotsiny ihany » ou Croyez tout simplement (tiré de l’évangile selon Saint Marc)

2. Je prône le « Fahamarinana » (Vérité) et « Fahamasinana » (Sacralité) pour diriger le pays. Vers la fin de son premier mandat, ces deux mots ne sont plus jamais sortis de la bouche de Marc Ravalomanana

3. Je ferai en sorte que les pauvres s’enrichissent (« hampanan-karena ny tsy manana »). Sept ans plus tard, les pauvres sont devenus plus pauvres et certains riches ont été littéralement dépouillés de leurs biens via les contrôles fiscaux

4. Je n’ai pas à faire une déclaration de mes biens meubles et immeubles, ce n’est pas une priorité et je l’ai déjà fait en 2002 (Déclarations faites après avoir été réélu en décembre 2006. Or, le Bianco ou Bureau indépendant anti-corruption s’évertue à faire de la publicité pour que tous les élus ou nommés fassent cette déclaration). Ravalomanana se trouvait au-dessus des lois qu’il était censé respecter

5. Je vais organiser un référendum constitutionnel (avril 2007) pour pouvoir diriger le pays à coups d’ordonnances et élargir mon empire Tiko

6. Travaillez dur, travaillez bien, travaillez ensemble (avec vos doigts vides si vous ne faites pas partie du parti Tim)

7. Pour la fierté malgache, je dois avoir un Boeing à 60 millions de dollars qui me permettra d’aller mendier dans les pays « amis » et auprès des bailleurs de fonds qui n’auront rien à redire pour cause de souveraineté nationale

8. 2009 sera l’année de la démonstration

9. Je mettrai des Pds (Présidents de délégations spéciales) Tim dans tout Madagascar si l’on veut entraver ma façon de développer mon « success story »

10. Je suis le président de la république, selon l’article 44 de la constitution ; je ne quitterai pas le pouvoir (« Tsy hiala aho »). Les mêmes termes que Didier Ratsiraka en 1991. Celui-ci avait fait tirer sur la foule le 10 août 1991. Ravalomanana a fait tirer sur la foule le 7 février 2009. Si, car il était le Chef suprême des armées dont dépendait la garde présidentielle, corps d’assassins patentés après les Frs (Forces républicaines de sécurité de Tsiranana) et le Resep (Régiment de la sécurité présidentielle de Ratsiraka).

 

 

Malgaches, mes compatriotes : nous ne sommes pas pauvres parce que nous manquons de ressources naturelles ou parce que la nature ne nous épargne pas. Nous sommes pauvres à cause de notre propre comportement mais surtout à cause du comportement des dirigeants passés et présents qui n’ont pensé et ne pensent qu’à leur « développement personnel ».

 

 

Mais je félicite, ici, Mme Cécile Marie Ange Manorohanta Dominique (photo ci-dessus), ancien ministre de la Défense qui a eu le courage et la volonté de démissionner juste après la tuerie du 7 février 2009. Fait assez rare dans nos contrées…

 

 

Puisse les futurs dirigeants de l’après Ravalomanana avoir la ferme volonté de respecter, d’enseigner et d’appliquer eux-mêmes ces principes de fonctionnement qu’adoptent et mettent en pratique les pays riches et développés.

Jeannot Ramambazafy - Journaliste