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Parjures, hommes d’horreur, désinformateurs et témoignages

 

 

Parjures, hommes d’horreur, désinformateurs et témoignages 20 février 2009, 3h du matin. 8 morts dont une femme, otages. Tel est le triste bilan de l’attaque de forces armées, blindés en tête, qui ont attaqués les réservistes qui avaient gardé les ministères investis la veille, à Anosy. Ravalomanana fait fi de toute parole donnée pour instaurer le chaos à Madagascar mais les journalistes « professionnels » étrangers, l’Afp et Rfi en tête, s’adonnent aussi à l’intox, au nom du scoop…

Agence France Presse

ANTANANARIVO (AFP) — Les forces de sécurité malgaches ont repris vendredi matin sans violence le contrôle de quatre ministères occupés depuis la veille par des partisans du maire destitué d'Antananarivo. Des membres des forces de sécurité étaient en faction autour des bâtiments vendredi matin après être intervenus dans la nuit pour déloger les partisans d'Andry Rajoelina. Selon des témoins, quelques tirs sporadiques de sommation ont été entendus dans le quartier de la capitale où sont situés la quasi-totalité des ministères vers 03H30 (00H30 GMT). Aucune tension n'était perceptible dans le quartier vendredi matin (…).

Rfi

Les forces de l’ordre ont attendu la nuit. Entre 3h00 et 3h30 du matin, elles ont surgi dans le quartier des ministères, où quelques centaines de jeunes gens gardaient des bâtiments investis, hier, par les ministres de Andry Rajoelina. Quelques tirs de sommation, soutenus par la présence dissuasive de petits blindés, ont suffi à faire déguerpir les troupes.

Bravo ! Vous faites encore mieux que les semeurs de rumeurs à 10.000 km. La nuance est que vous êtes sur place… Moralité : L’Afp et Rfi vont aller de paradoxes en paradoxes. Est-ce crédible à la longue, pour des médias « mondiaux », des « références » ? La prochaine fois, ne confondez pas vitesse et précipitation. J’en avais déjà fait allusion à Olivier Péguy en 2002. Et ne parlez pas d’objectivité car vous ne serez que de passage à Madagascar et ici-bas. Soyez Terriens, plutôt que terre à terre. Je ne donne pas de leçon mais à 55 ans je connais tout de même mieux mon pays et ma culture que vous, qui avez tendance à mettre tous les pays sous-développés du monde dans le même panier, en matière de lutte pour les libertés. Est-ce que je joue à « l’envoyé spécial » dans des hôtels de luxe chez vous, lorsque les banlieues s’embrasent ? Bastà, lisez ce qui suit et prenez-en de la graine.

Pour ce qui est de la vérité, la voici à travers la compilation de divers témoignages en langue malgache, recueillis durant cette journée du 20 février 2009. Il s’agit, pour la plupart, de réservistes, c’est-à-dire d’anciens militaires d’active en « stand by ». J’ai les enregistrements, au cas où.

 

 

Un réserviste qui a témoigné en public sur la Place du 13 mai, ce vendredi 20 février 2009

Premier témoin : « Vers 2h30, nous avons tous aperçu des véhicules du côté du lac Anosy qui faisaient des embarquements. Il devait y avoir 6 camions et 4 voitures légères. On pensait qu’il allait vers Iavoloha. En faites, ils tournaient autour de nous pour prendre position et encercler le ministère de l’aménagement du territoire que nous gardions. Il y avait plein de militaires (Ndlr : hommes en tenue). 3 minutes plus tard, nous étions complètement encerclés et ils ont commencé par faire des tirs par harcèlement et par rafales. C'est-à-dire qu’ils croisaient leur tir sur un rayon donné et tous ceux qui y passaient été touchés. Nous avons alors pris une position de camouflage, c’est-à-dire que nous avons rampé, nous nous sommes plaqués au sol. D’où mes blessures aux coudes. Chez les militaires, c’est le premier réflexe à faire au premier coup de feu. Il ne fallait surtout pas courir car ils tiraient au jugé. Je ne sais pas combien de mes compagnons sont morts mais nous verrons biens… ».


Témoin 2 : « Aux environs de 3h, nous étions deux à patrouiller. J’ai alors aperçu un tank BRDM en position de tir. C’était un véhicule blindé amphibie. Brusquement une grenade a été lancée vers nous. Nous nous sommes alors couchés au sol. Grâce au ciel nous n’avons pas été touchés et nous avons pu nous enfuir en longeant le lac Anosy ».


Témoin 3, un handicapé physique (poliomyélite) : « Je pense que nous, handicapés, nous faisons partie intégrante de la population. Nous sommes venus à l’appel du président Andry Rajoelina pour faire partie de ces comités de vigilance citoyenne. Je fais partie d’une association d’handicapés de mon quartier. Voyez mon état : croyez-vous que je pourrai porter une arme, une grenade ? Or, nous avons été attaqués avec des armes de guerre ! Et c’est comme çà (tous ces vêtements été souillés de boue) que j’ai quitté le ministère de l’aménagement du territoire que je gardais. Militaires : hier, vous m’avez personnellement donné espoir dans votre comportement logique de nous protéger. Or ce matin, votre comportement est tout simplement honteux ! ».


Témoin 4 : « Nous sommes arrivés vers 20h. Tout était tranquille, nous chantions en grattant sur une guitare. Vers 1h du matin, une Honda ou une Hyundaï blanche rôdait dans les parages. Elle avait les vitres fumées sauf le pare-brise où il était écrit Patrouille Emmo/nat. Les passagers avaient demandé de franchir nos barrages pour entre dans les bureaux sans nous dire lesquels. Nous leur avons interdit le passage, même s’ils étaient de l’Emmo/nat, en leur disant d’attendre qu’il fasse jour. La voiture a fait marche arrière pour s’en aller. Ensuite, une Mazda s’est pointée à vive allure mais a dérapé devant nos parages et s’est est allé aussi. Puis, venant d’Anosy, un camion s’est approché lentement. Je croyais que c’était l’Emmo/nat mais, j’ai alors compris que nous étions encerclés. Je précise que trois camions et deux blindés venaient du complexe scolaire ; trois camions venaient de l’hôpital HJRA. Puis un camion se pointa au niveau du Carlton et un homme au niveau du Palais de Justice. Enfin, deux camions et deux blindés bouclaient le côté vers Mahamasina. C’était donc l’encerclement total de tous les ministères à Anosy. Les militaires ont alors tiré sur tous ceux qui s’enfuyaient. Les autres, ils les ont capturés pour les emmener à Betongolo chez les gendarmes. Nous, nous étions du côté de l’immeuble Fiaro à Ampefiloha d’où sont sortis deux blindés, quatre camions, quatre 4X4 de couleur blanche dont les passagers de devant portaient des cagoules noirs et des tenues militaires noires aussi. Et ils ont tiré, tiré, les balles qui rebondissaient sur le bitume faisaient des étincelles. Je suis certain qu’ils avaient utilisé les mitrailleuses des blindés. Deux personnes s’étaient enfuies avec nous. Soudain, elles se sont agenouillées et sont tombées raides mortes. Nous avons réussi à atteindre l’escalier menant à Isoraka. Il y avait alors deux blindés : l’un tourné vers l’immeuble de la Cnaps, l’autre vers le quartier d’Amapatsakana. Nous étions couchés sur les marches. Chaque fois que nous voulons nous lever, les balles des mitrailleuses ont sifflé. Nous avons essuyé des tirs trois fois. Puis des hommes sont sortis des blindés. Nous avons préféré nous enfuir plutôt que d’être abattus par ces hommes qui approchaient. L’un de nous a été abattu en plein milieu des marches. Puis soudain, une porte d’une habitation de gens que nous ne connaissions même pas s’est ouverte. Nous y sommes alors entrés. Ces gens avaient entendu les coups de feu nourris. Ensuite, les blindés ont utilisé leurs projecteurs et des tirs ont été effectués sur toutes les fenêtres ouvertes. A mon avis, ces militaires voulaient liquider tous les témoins de cette tuerie sans nom ».

Témoin 5 : « Avec nous, il y avait une femme, blanche assez grande, tuée par balles. Elle s’appelait Lala. Sa famille la cherche mais son corps a été transporté par ces gendarmes et militaires. Je suis un ex-militaire du 1er RG. Ce matin, je dirigeai une équipe de dix gars. Nous ne sommes plus que deux car huit ont été arrêtés devant le portail de l’hôpital HJRA. Ils ont été mis dans un bac à ordures. Deux des militaires les ont surveillé tandis que les autres ont pourchassé tout le monde en tirant sans discernement ».


Témoin 6 : « Je suis un ex-militaire du Capsat. Je dirigeai un groupe de 20 gars, ce matin. Nous ne sommes plus que deux. Lors des tirs nourris, nous nous sommes tous enfuis mais plusieurs d’entre nous ont été capturés s’ils n’ont pas été tués. La poursuite s’est faite jusqu’aux 67ha avec une Mazda blanche. Ceux qui ont levé les bras ont été emmenés avec eux ».


Témoin 7 : « Nous n’avions que nos mains nues. Pourquoi avoir utilisé des lance-roquettes contre nous ? Oui, car un bac à ordures qui a été touché, a fait un bond en l’air de quelques mètres avant de retomber et toutes les ordures se sont éparpillées. Tous les morts ont été jetés dans des camions avec les captifs. J’étais le chef de 25 réservistes, ce matin. Nous ne sommes plus que combien ? Je ne sais pas mais je suis toujours décidé à poursuivre la lutter jusqu’au bout ».

 

 

Ainsi, au moment de mettre cet article en ligne, le nombre de morts connu est de 8 dont Lala, la femme, et une trentaine de captifs qui auraient été emmenés au camp militaire de Betongolo. Vers 5h du matin, le ministre de la Sécurité publique, Désiré Rasolomanana (photo ci-dessus), est venu avec des militaires du palais d’Ambohitsorohitra et des journalistes de la Tvm et Rnm. Pour s’assurer de quoi ? Que toutes traces avaient disparues ?

 

 

Lequel des sept des est un parjure ou bien le sont-ils tous ? Que vaut alors la parole d’un officier supérieur de carrière en regard d’un chef suprême civil qui ignore jusqu’aux évènements de mars 1947 ?

Le 16 février 2009 à 11h, Marc Ravalomanana a reçu au Palais d’Etat d’Iavoloha, une délégation de cinq officiers généraux des Forces Armées : les Généraux Rakotovao, Ramananarivo Claude, Rabarisoa Ranto, Razafindralambo Rivo, Raharijaona Lucien, et le Vice-Amiral Ramaroson Hyppolite. La rencontre s’est déroulée à huis clos, mais il avait été convenu et transmis par message flash à tous les corps des armées qu’il ne fallait plus tirer sur la foule.

 

 

Hier, 19 février, dans son communiqué de presse, la SADC avait aussi stipulé, entre autres : 9. La SADC s'oppose à l'usage de la violence et lance un appel à toutes les parties concernées à s'abstenir de toutes les formes de violence afin d'éviter de nouvelles pertes de vies innocentes et la destruction des biens.

 

 

Le nouveau ministre de l’Intérieur nommé le 19 février dernier par Ravalomanana, a intérêt à se porter « malade » comme son prédécesseur

Infamie, non respect de la parole donnée, second assassinat. Voilà qui est grave pour le chef suprême des armées malgaches, Marc Ravalomanana et son nouveau ministre de l’Intérieur, qui va aussi porter le chapeau de cette tuerie. En tout cas, Ra8 (comme on l’appelle désormais) est devenu doublement un assassin pour la majorité des Malgaches. Jamais deux sans trois ? Cela est à craindre en ayant entendu les déclarations du Président de la Haute Autorité de la Transition, ce vendredi 20 février 2009, sur une place du 13 mai plus bondée que les jours précédents.

 

 

« Hier, nous avons démontré au monde entier, que notre lutte populaire est une lutte pacifique. Lors de notre entrée dans les quatre ministères, il n’y a eut aucun usage de grenades ou d’armes à feu, pas le moindre bout de papier incendié et ces ministères avaient été déserté par les ministres du régime Ravalomanana. Il faut remercier, ici, les forces mixtes d’intervention de l’Emmo/nat qui nous ont permis d’investir ces ministères sans faire parler la poudre. Un grand remerciement également aux épouses de militaires, de gendarmes et de policiers qui ont porté les galons de leur mari pour être au côté du peuple. Et aux premiers rangs. Cette stratégie a permis que les éléments armés n’ont pas tiré sur la foule, de peur de blesser, voire tuer leur épouse. En matière de stratégies, j’ose affirmer que nous en avons à profusion. Si notre objectif commun est d’instaurer une période et un gouvernement de transition, nous l’atteindrons tant que je serai là pour le mener à bien. A présent, je lance à nouveau un appel aux cinq officiers supérieurs qui ont rencontré Ra8. Qu’ils écoutent la voix du peuple ! Je les prie de venir me voir chez moi, ce soir, à 18h. Nous discuterons, lors de cette réunion de travail, de leur prise exacte de responsabilités. Mais attention, après je leur donne jusqu’à minuit pour qu’ils se décident sinon, je me lave les mains de ce qui pourra arriver ultérieurement. Car s’ils ne prennent pas leurs responsabilités, dès demain (samedi 21 février 2009), nous allons faire une grande marche vers une destination précise. Marche que je conduirai moi-même, au péril de ma vie s’il le faut ».

 

 

Mais que cherche donc Ravalomanana ? A faire comme Attila, le fléau de Dieu, ou bien à fabriquer un martyr comme il fabrique des meetings aussi rapidement que des yaourts ? Sincèrement, je me demande ce qu’il y a de Malagasy dans cet homme pour qui j’ai porté mon choix par deux fois, en 2002 et 2006. Mais pour moi, c’est certain : deux fois mais plus jamais une troisième ! Mais il a déjà son avenir derrière lui. En ce qui concerne la suite, la balle est vraiment dans le camp des officiers supérieurs. Car, dites tout ce que vous voulez, mais l’armée est totalement divisée en pro-Ravalomanana (un civil qui ne perd rien pour attendre la punition de ces actes inhumains), les Pro-Tgv (dont le père est un colonel et qui a toute la vie devant lui), les miliciens.

 

Dossier : Jeannot Ramambazafy – Journaliste

Antananarivo, le 20 février 2009

 

Mis à jour ( Vendredi, 06 Mars 2009 04:02 )  
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