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Légalement inscrits à l’Ordre des Journalistes de Madagascar (OJM), 1.0001 journalistes possèdent la carte de presse professionnels valable jusqu’en 2010 et signée par le ministre de tutelle, le président de la commission de délivrance de cette carte et le président de l’OJM. Mais, dans la pratique, moins de la moitié sont des professionnels, dans le sens de vivre de ce seul métier. Certains, grâce au parti Tim au pouvoir, ont même reçu des cartes de complaisance. Par contre, les collègues de la Rnm et de la Tvm sont tous des professionnels de l’information. Malheureusement, depuis que le centre de diffusion a été transféré au palais d’Iavoloha, la censure est revenue dans sa forme la plus vile. Notons que le 26 janvier 2009, la maison de la radio et de la télévision à Anosy a été incendiée.

Je connais la majorité des journalistes de ma génération. Sous couvert de garder secret leur nom, j’ai eu une conversation avec quelques-uns d’entre eux, qui m’ont narré leur actuelle manière de traiter les informations. En fait, ils ne sont plus les auteurs de leurs reportages. Tout est blanchi comme par les censeurs du parti Tim. Peu de temps après ce grave incendie, la Rnm et la Tvm ont pu diffuser des émissions à partir du palais d’Iavoloha et grâce au matériel d’une « station locakle ». Emploi du temps.

Tous les matins, ces journalistes fonctionnaires se rendent dans les locaux d’Anosy réaménagés tant faire se peut pour organiser les reportages à effectuer dans la journée. Toutefois, ils n’ont pas le choix des thèmes à traiter. En effet, ils ne peuvent parler que des sujets d’ordre culturel, économique et culturel qui devront passer devant un comité de censure avant toute diffusion. En parlant de télévision, le montage des sons et des images est réalisé quelque part en ville. Une fois visionnés et « épurés », ces reportages à la gloire du Map sont envoyés au palais d’Iavoloha. C’est là-bas que sont insérés des « reportages » d’ordre politique. En fait, depuis quelques jours, il s’agit de séquences d’archives sur la visite de tel ou tel étranger officiel qui datent parfois de l’année dernière. Et c’est cela qui aggrave le cas de ce régime Ravalomanana qui foule complètement au pied, le droit fondamental à l’information des citoyens et trompe le peuple malgache des régions par des « nouvelles » tronquées. En plus, il s’agit là, tout simplement d’une malhonnêteté intellectuelle qui retombe sur le dos de mes pauvres confrères.

Lors de son discours sur la place du 13 mai, ce lundi 2 mars 2009, Andry Rajoelina, chef de file de l’opposition à Madagascar, en a touché mot en dévoilant le système de brouillage et sa solution :

Ils font tout ce qu’ils ont en leur pouvoir pour faire taire tout le monde. Non seulement sont les seuls a avoir le droit à la parole à la Tvm mais, en plus, ils sabotent les autres radios et télévisions pour empêcher que le peuple malgache n’ait plus le choix ni le droit à des informations complètes. Mais je vous promets que cela changera d’ici peu car j’ai fait venir un technicien de haut niveau qui fera en sorte que notre station audiovisuelle couvrira l’ensemble du territoire.

J’ai connaissance des extrêmes difficultés que vivent les opérateurs économiques et le monopole qui prévaut dans le pays. J’ai eu écho de vos plaintes à propos de la mise à l’écart des opérateurs locaux et dans tout Madagascar. Ainsi, l’un des principales raisons de ce combat est d’établir de nouvelles règles de jeu transparentes à tous et pour tous. C’est dans ce sens que je lance un appel à tous les opérateurs économiques pour observer une grève générale à partir d’aujourd’hui et jusqu’à ce que cesse ce verrouillage qui empêche tout épanouissement de vos sociétés. Nous nous organiserons comme suit : à partir de mercredi prochain et tous les matins, à partir de 10h vous, ou vos représentants viendront sur cette place du 13 avec vos banderoles où seront inscrites vos revendications. L’après-midi tout le monde pourra vaquer à ses occupations.

Reste à présent à savoir si ces opérateurs économiques vont se complaire à vivre une situation totalement pourrie où le tissu économique est lui-même à la merci et d’un monopole sur les produits vitaux et d’une invasion sauvage d’importations qui, si cela continue, ne sera pas facilement contrôlable ni maîtrisable ; ou s’ils vont se reprendre et oser changer eux-mêmes leur destin. Comme l’a dit Marc Ravalomanana, dans son émission dominicale « paroles du président » : il faut oser, tout est question de mentalité. En passant, cela fait deux fois qu’il ne fait plus de références bibliques…

Ces jeunes venus très tôt devront apprendre à être patients

Mais il faut que tout le monde tombe d’accord qu’une lutte pour changer les choses n’est pas un cadeau, elle se gagne à travers de grands sacrifices. Et n’allez pas croire que Marc Ravalomanana, encore une fois et comme ses prédécesseurs du monde entier, va faire un tour et puis s’en ira. Etant actuellement le Malgache qui va tout perdre (argent, pouvoir et surtout tous les honneurs liés à sa fonction), il s’aggrippera lui aussi jusqu’au bout et avec tous les moyens les plus viles. Ne s’est-il pas déjà renié sans vergogne ? Je suis en train de rechercher l’enregistrement où il a parlé des forces armées en 2002. Le monde entier a le droit de savoir qu’avec tout ce qu’il va encore accomplir de bassesses pour rester « président constitutionnel de Madagascar », Marc Ravalomanana est déjà fin prêt pour donner son âme au diable.

Et je me demande ce qu’en pense Lalao Ravalomanana, son épouse, qui n’est plus apparue en public depuis le début de cette crise. Mais a-t-elle encore le droit à la parole ou serait-elle aussi… censurée ? A moins que… Madame : votre mari en a trop a fait. Pour vos descendants, demandez-lui de limiter les dégâts en réécoutant tous ses beaux discours en 2002, lorsque le pouvoir ne l’a pas encore corrompu. Il n’est pas encore trop tard.