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Home Vie politique Chronique Madagascar 1947 : La verité si je mens!

Madagascar 1947 : La verité si je mens!

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A un demi-siècle plus dix ans, la notion de prescription est superbement ignorée à Andafy comme à Gasikara. Alors tant pis, on ne va attendre la Saint Glinglin pour espérer voir sortir des archives françaises et/ou malgaches complètement expurgées de l’essence même ayant conduit au drame

Ce vendredi 30 mars 2007, M. Georges Rakotondrasoava, président du Club des Journalistes Doyens (CJD) a réuni les membres de la presse pour transmettre une partie de ses propres archives. Il n’a pas choisi cette date par hasard… Toutes ses archives sont en malgache, sauf une lettre signée Marcel de Coppet rédigée en français. Il y a aussi des noms que nous vous dévoilons ici. Aussi : pas de panique et la vérité si je mens!

Alors qu’ici et là on verse encore et toujours dans la tergiversation ; qu’on se contente de saynètes virant sur des sujets graves ; qu’on suit une démarche un peu trop académique à mon goût ; qu’on ne commémore plus mais qu’on « fête », le temps passe et les hommes trépassent. Que restera-t-il de cet évènement tragique de l’histoire de Madagascar à ce rythme-là ? Une légende de bons et de méchants ? Puisque prescription il y a, je vais reconstituer les faits avec du solide. Quelque chose que j’attendais depuis que j’en ai eu marre que toutes les références historiques soient l’œuvre de vazaha. Attention, je m’intoxique très difficilement car j’ai mes propres archives et je n’ai jamais été xénophobe. Ces préjugés sont bons pour les gens qui retourneront au néant en laissant un trou vide très noir à leurs descendants. Alors restez bien fixés sur cet écran, vous allez lire tout ce que vous vouliez savoir sans que personne n’ait encore osé vous le dire.

Pourquoi cette démarche ? A lire les Fremigacci (maître de conférence à l'université Paris-I Sorbonne) et compagnie, c’est comme si le temps s’était arrêté à compter les morts, qu’il fallait à tout prix se rejeter les torts. Tout çà en oubliant que la vie continue, que la France socialiste ou plus exactement sa politique coloniale est toujours vivace de nos jours. Si l’on veut un réel changement de mentalité à Madagascar, il faut commencer par remonter ce temps suspendu à une phraséologie pseudo-historique qui enveloppe cette affaire de 1947 d’une aura de Ligue de gentlemen pas extraordinaires du tout. Pourquoi la conduite du pays est-elle sujette à la France ? Pourquoi tous les dirigeants passés et même présents gardent un comportement de colonisé puis de « décolonisé » (ce qui est pire) ? Réponses ici et maintenant, sans passer par les détails archi-connus et souvent gonflés.

1947 MADAGASCAR photo madagascar-Mox Razafindramiandra-Georges Rakotondrasoava-Remi Rahajarizafy

Georges Rakotondrasoava avait six ans en 1947. Il a commencé dans le journalisme à l’âge de… 15 ans ! C’est le fondateur du journal «Telonohorefy» entièrement rédigé en malgache. Dans le cadre de cette profession, il aura, au total, passé un bon bout de temps en prison pour délits de presse : diffamation, propagation de fausses nouvelles… 2 mois en 1959, un an en 1960, six mois en 1963 et 1964 pour ne citer que çà. Mais il a eu le temps de peaufiner un journalisme qui ne plaira jamais à tout tenant du et au pouvoir car le propre du journaliste est d’être un opposant à 51%. C’est-à-dire dénoncer au grand jour les dérives (politiques) en tous genres. Mais ses archives sont solides, à l’épreuve des tribunaux. Je me fais donc le devoir de prendre le relais car les jeunes d’aujourd’hui ont tendance à oublier qu’ils viennent de racines précises et qu’ils ne sont pas nés dans un chou. Après cette nécessaire explication pour vous mettre en ambiance, venons-en aux faits.

Le vendredi 30 mars 2007, au Centre de ressources des médias, à Ambatonakanga, M. Rakotondrasoava avait à ses côtés Mox Razafindramiandra, président d’honneur du CJD et Rémi Rahajarizafy, historien comme on en fait plus. Il a à son actif un ouvrage en malgache sur les évènements de mai 1972. Personne n’en a fait sur 1990-1991 et heureusement que j’ai déjà rédigé ceux consacrés à 2002. Je peux déjà mourir tranquille. Alors ? On y vient. Tout d’abord, il ne faut pas croire que les évènements de 1947, ce n’est que le 29 mars. Non ! Ils se sont poursuivis jusqu’en août 1948, à l’approche de la parodie du procès des parlementaires à Andafiavaratra. En fait, le mécanisme était simple sinon simpliste et a eu ses racines en 1945 au… Vietnam, ancienne Indochine. Le 16 août de cette année, Ho Chi Minh préside un gouvernement provisoire constitué à la suite d’une manifestation indépendantiste, à Hanoï, sous la bannière du Viet Minh (abréviation de Viet Nam Doc Lap Dong Minh, qui signifie Ligue pour l’indépendance du Viet Nam et qui rassemble plusieurs partis nationalistes dont le Parti communiste). Or, le même jour, à l’annonce de la capitulation du Japon, le général de Gaulle, chef du gouvernement français provisoire constitué en septembre 1944, nomme l’amiral Thierry d'Argenlieu haut commissaire en Indochine, avec mission de «rétablir l’autorité française dans les territoires de l’Union indochinoise». Ce sera le point de départ de la première guerre du futur Vietnam de 1945 à 1954. Année de ma naissance et qui marqua la déroute des Français à Dien Bien Phu. Car Ho Chi Minh proclame l’indépendance de son pays le 2 septembre 1945.
photo madagascar-Ho Chi Minh

Avec ça sur les bras, et bientôt la guerre d’Algérie, les velléités indépendantistes malgaches sont de trop. Alors la consigne est de laisser pourrir les choses pour mieux réprimer. Donc, la France coloniale n’attendait que l’occasion pour casser du Malgache. Mais pas directement. Avec un machiavélisme basé sur la politique de Gallieni qui est de diviser pour mieux régner. Pourtant 15.000 malgaches ont combattu sous le drapeau français en 1939-1945. Il existe un Mouvement démocratique pour la rénovation de Madagascar (Mdrm) ? Qu’à cela ne tienne, les colonialistes utiliseront l’exploit de Judas Iscariote de la Bible, mais dans une formule «inédite». Les colons ayant concentré à Antananarivo toutes les infrastructures qu’il faut pour faire un bon «civilisé», laisseront un bon nombre de déshérités dans les provinces côtières. Il faut savoir qu’en 1947 la population à Madagascar était de 4 millions dont 35.000 Européens. La société malgache était composé du gouvernorat français intouchable et sa diaspora d’inspecteurs des travaux finis ; d’autres étrangers «neutres» donc tolérés ; d’assimilés citoyens français, d’indigènes et les autres : les gens de la côte –dénommés «côtiers»-, les esclaves («andevo») ou noirs («mainty») des hautes terres, sans terre ni ressources réelles. Ceux-là même qui ont créé cette situation vont avoir le culot -ou le génie maléfique, c'est selon- de leur suggérer un parti séant à leur statut de damnés de la terre. Ce sera le Parti des déshérités de Madagascar ou Padesm. Ce, pour contrebalancer le poids grandissant du Mdrm. Là déjà, il faut rétablir une vérité. Tous les membres de ce Padesm ne sont pas tous côtiers comme ceux du Mdrm ne sont pas tous merina. A ce sujet, je suis sûr que Monja Roindefo, fils du grand nationaliste Monja Jaona, possède des archives qui démentent cet antagonisme Côtiers vs Merina, créé par le colonisateur, et qui prévaudra, par la suite, à l’approche de chaque élection à Madagascar. Avec la menace de tout mettre à feu et à sang ("rà mandriaka") "comme en 47". La vérité si je mens ! Si le Mdrm a été officialisé le 18 juin 1946, le Padesm a été crée le 6 août de la même année.

Quel est le poison insidieusement injecté dans les esprits de ces «laissés-pour-compte»? : « Si Madagascar retourne à son indépendance via le Mdrm, ce sera le retour de la monarchie merina qui a réduit en esclavage les côtiers et les « mainty » ». La semaine dernière, en ce mois de mars 2007, n’a–t-on pas lu dans les journaux le Pr Zafy Albert, ancien président par accident de Madagascar, tenir le même discours ? En 1946, le Mdrm avait convaincu une large majorité de Malgaches de toutes les régions, quant à l’utilité de se libérer du joug du colonisateur. Mais sans passer par une lutte armée bien que -et c’est universel- l’indépendance ne se quémande ni ne doit être reçu comme un cadeau mais elle s’arrache par la force. C’est aussi simple que çà. Le réflexe de tout prisonnier, surtout injustement condamné sera toujours de vouloir s’évader. Alors quand je lis «insurrection malgache» je m’insurge ! Sous prétexte d’avoir les équipements militaires les performants, ils arrivent, font des déclarations et prennent possession de vos biens ?

Madagascar-29-mars-1947-photo madagascar-carte administrative-1947

Si c’est çà la civilisation, mieux vaut rester sauvage. Il faut savoir qu’au lendemain du second conflit mondial, le drapeau français flottait sur 12 millions de km2, plus de vingt fois la superficie de la métropole. Près de 70 millions de femmes et d’hommes connaissaient ou «subissaient» la loi française. Vous ne connaissez pas le Smotig (Service de la Main d’Œuvre pour les Travaux d’Intérêt Général) et l’effort de guerre? Travailler pour des… prunes, les coups de bâton et/ou fouet en prime. Passons.

Tiens, après avoir tout pollué, tout razzié, voilà-t-il pas qu’ils pensent à la protection de l’environnement ? Re-passons. Le Mdrm est sur la liste rouge du ministre socialiste des colonies, Marius Moutet. Surtout que ce parti dirigé par des merina -d’où l’amalgame parfaitement entretenu- vient d’obtenir trois sièges de députés à l'Assemblée Nationale à Paris, au détrîment des candidats du Padesm. Il s’agit des docteurs Joseph Ravoahangy Andrianavalona, Joseph Raseta et du poète de la négritude Jacques Rabemananjara élus avec 80% des voix exprimées. Je souligne qu’il existait aussi deux autres partis ni Padesm ni Mdrm mais qui luttaient pour l’indépendance avec une vision plus directe… Le Panama (Parti nationaliste de Madagascar) et le Jiny ou Jina, du nom d’un oiseau migrateur. Mais ils ne constituaient pas un danger réel aux yeux de la France socialiste très éprouvée par leurs autres colonies d’Indochine et d’Algérie.

Lorsque la rumeur d’une tentative de déstabilisation parvint aux oreilles de Marcel de Coppet alors haut commissaire, de la bouche même des dirigeants du Mdrm, il n’y a eu aucune réaction défensive, sauf un télégramme de vigilance adressé à ses compatriotes : «Bruits ont été répandus dans certaines régions qu'une action serait entreprise contre Européens le 29 mars - Stop- S'agit rumeurs sans fondements réels [...] et dont invraisemblance n'exclut toutefois pas vigilance». La suite nous amène dans un mauvais film du genre «yankees se vengeant des peaux-rouges». Quelques colons prêts à défendre leurs biens mal acquis d’un côté, des indigènes qui tentent de s’armer en voulant voler des armes, de l’autre. Au milieu, des descendants de Judas malgaches qui colportent à tout-va pour Mère France bien-aimée («Lafrantsa Reny Malala») les moindres faits et gestes, pour l'équivalent de 30 deniers de l'époque et boum, voilà l’affaire de Madagascar 1947 en branle. L’autre Marcel, Baron de son nom, chef de la sûreté, n’attendait que çà, étant déjà au courant. Ses sbires Rakotovao Ravahatra et les frères Jules et Paul Rakotomahanina avaient déjà été bien «motivés». Ils vont se rattraper des malheurs face aux viets de Ho Chi Minh.

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Dans la nuit du samedi 29 mars 1947, à 22h, des Malgaches (c’est sur leurs véritables origines et leur identité exacte que doivent se concentrer les recherches) attaquent le camp militaire de Moramanga. Des officiers français sont tués mais le raid n’aboutira pas sauf aux massacres qui s’en suivront plus d’une année après. Cette nuit-là, les tirailleurs sénégalais, mieux armés, résistent et repoussent l'attaque. Les assaillants ne parviennent pas à s'emparer de l'armement qui leur manque et se replient au matin, en entraînant la population avec eux. Le lendemain, 30 mars, les Sénégalais tiraillent (ils ne s’appellent pas tirailleurs pour rien) littéralement sur tout ce qui bouge, en allumant des feux (pas de joie mais exterminateurs). Je n’insisterai pas sur le nombre des victimes, ce n’est pas l’intérêt de cet écrit. Laissons cette haute tâche aux grands diplômés. Cette date du 30 mars 1947 est donc le vrai point de départ de cette tragédie humaine. M. Rakotondrasoava l'a choisi en ce sens. Tous les dirigeants du Mdrm de la Grande île vont être arrêtés, le prétexte ne prêtant à aucune confusion aux yeux des autorités françaises, déjà au courant, soulignons-le bien. Comme manœuvre de décapitation d’une lutte indépendantiste, ce fut un modèle du genre : en toute connaissance de cause, semer le doute, enrôler des bras armés locaux, laisser pourrir les choses et intervenir en sauveurs. Tournez votre regard sur les anciennes colonies françaises du continent africain, jusqu’au jour d’aujourd’hui. Tout est question de vocabulaire… La terreur est bien un mot français, pratiquée vers la fin de la royauté en France. Elle est à la une des actualités. La « culture » française a toujours de bons élèves. Mais je m’éloigne du sujet.
photo madagascar-Rajaonah

 

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Bien que les « responsables » aient été arrêtés, surtout parce qu’ils sont membres du Mdrm et quasiment au lendemain de l’attaque, l’écrasement des « cafards » malgaches se poursuivit. Je me demande sincèrement si ces dirigeants là sont bêtes comme mes pieds. A leur place, préparant ce genre de rébellion, j’aurai évacué les lieux avec ma famille depuis longtemps. Selon le témoignage de Rajaonah, 6 ans à l’époque, présent au Crm, son papa membre du Mdrm a été tiré de son sommeil sous ses yeux… Bizarre. Le ministre Moutet, de la métropole, enverra illico des troupes armées jusqu’aux dents. Ce sera le pot de terre contre le pot de fer. On parlera d’ «insurrection malgache» (merci Jacques Tronchon) qui n’apparaît dans aucun livre d’histoire. Comme seul exemple pour vous, ô visieurs attentifs, ce qui suit : « Le 30 mars 1947, le chef de district d'Ambatondrazaka, Le Chevanton, fait procéder à des arrestations massives de militants Mdrm. Le 5 mai, 166 otages sont transférés à la gare et enfermés dans trois wagons plombés, affectés d'ordinaire au transport des bestiaux. Le convoi s'ébranle et arrive au début de l'après-midi en gare de Moramanga. Vers minuit, sous prétexte que des insurgés s'apprêtent à délivrer les otages, les militaires de garde reçoivent l'ordre de faire feu sur le train. Il reste 71 survivants de cette tuerie, qui sont mis en prison, soumis à la question et laissés sans nourriture. Le jeudi 8 mai, ils sont conduits au peloton d'exécution devant des fosses creusées au préalable. Ils sont tous abattus. L'ordre d'exécution est signé du général Casseville. L'un des otages Rakotoniaima, laissé pour mort, s'échappera et racontera le massacre ». Cela n’arrive pas que dans les films. Il faut bien une justice divine, non ?

photo madagascar-combattant malgache

Quand donc comprendront les «beaucoup paroles» que les Malgaches n’ont fait que se défendre, défendre leur patrie, leur honneur car ils espéraient un grand geste de la France, suite au dénouement heureux de la seconde guerre mondiale face au nazisme. Hélas... Leurs réactions émanaient d'un instinct de conservation normal, logique. Mais quoi et qui les ont poussé à agir, sans aucune stratégie, à la va-vite ? De nos jours, des rescapés parlent d’une aide américaine qui n’est jamais venue. Quel est l’imbécile qui leur a fait croire à cette impossibilité ? Etant donné que ce sont ces mêmes Américains qui ont libéré Paris. Et, à cette époque, Madagascar dépendait de Paris. Personne n’a orienté ses recherches à ce sujet mais je doute fort que ces anciens combattants à l’âge canonique puissent mentir. Surtout ceux de Manakara que l’on a entendu, sur la télévision nationale, la semaine d’avant le 29 mars 2007 et qui nt confirmé cette hypothétique aide américaine. Rappelons-nous aussi : après la raclée des Français à Dien Bien Phu, les Américains ont pris le relais dans une sale guerre qu’ils ont perdu et qu’ils poursuivent en Irak actuellement, en gendarmes du monde qu’ils veulent être... C'est çà le "vazaha mody miady" (Blancs qui semblent être des ennemis mortels alors qu'ils s'entendent comme des larrons en foire.

Heureusement pour la France et malheureusement pour Madagascar, les Malgaches n’ont pas l’âme ni la mentalité des Viets ni des Fellagas. Personne ne leur a appris à se battre dans le maquis. Enfin, bon. Avec une croyance que certains gris-gris transformeraient les balles en gouttes d’eau, il y a eu des tas de morts au final, comptabilisés officiellement. Mais sachez que toute version officielle émane toujours des vainqueurs. On ne tient pas compte des victimes collatérales (mot non usité d’ailleurs à l’époque). A partir de Mantasoa, vers le nord d’Antananarivo, les gens parlent de fosses communes. Quid des gens morts de faim dans la forêt poursuivis par ces vazaha et sénégalais sans pitié et bien armés ? Ce n’est pas dans les archives de l’armée française à Vincennes qu’on trouvera des réponses à cela mais bien ici, à Madagascar. Lors du cinquantenaire, en 1997, année de la prescription, donc de levée de toute poursuite, devinez qui a empêché l’ouverture des dossiers et archives ? Le président de Madagascar Didier Ignace Ratsiraka qui avait déclaré, après deux décennies de marxisme : «Si les Américains et les Japonais, puis les Français et les Allemands oeuvraient ensemble, il faut aussi intensifier notre partenariat avec la France». Plus amnésique que lui, vous mourrez. Lui qui est le Père de la sortie de la zone «Franc», le champion de la révision des accords de coopération franco-malgaches ayant amené à une malgachisation mal ficelée aux retombées effroyables pour deux générations d’élèves et étudiants. Mais en fait, s’il a été au pouvoir aussi longtemps, çà n'a jamais été pas par hasard. Il a été formé pour en France pour commander mais non pas pour être un homme d'Etat. L'assassinat du colonel Richard Ratsimandrava, le 11 février 1975, l'a désigné transitoirement mais non seulement il a fait un pied-de-nez à la France mais en plus il a pris goût aux avantages du pouvoir. La fin de son règne a démontré le degré de sa dignité et de sa parole d'officier de marine... En passant, je signale que son père Albert Ratsiraka était un «Ragôva» tristement célèbre à Moramanga, à l’époque. Les «Ragôva» étaient des hauts fonctionnaires à la solde du colonisateur. Aussi, voilà le passage que vous attendiez depuis le début.

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Avant tout, je vous transcris texto noir sur blanc, la lettre, en date du 17 avril 1947, écrite par Marcel de Coppet, haut commissaire général à Madagascar, adressée au secrétaire général du Padesm :

« J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 02 avril 1947. Les sentiments qu’elle exprime au nom du Parti que vous avez courageusement créé et maintenu contre tous ses adversaires, m’ont profondément touché. Le PADESM vient de payer son sang, son attachement si hautement affirmé à la France. Beaucoup des siens sont morts pour lui avoir gardé leur confiance et leur affection. La France saura s’en souvenir et j’aimerais que vous en donniez à l’assurance à toutes vos sections. Je ne manquerais pas d’informer le Gouvernement de la part que vous prenez au deuil de notre parti commun. Avec mes remerciements, veuillez agréer, Monsieur le SECRETAIRE GENERAL, l’assurance la plus distinguée ».

Signé DE COPPET, Haut Commissaire Général à Madagascar.

Et comment que la France ne va pas s’en souvenir ! Procurez-vous mon ouvrage «Madagascar Chronostory 2002» pour en avoir une idée. Bon, qui ont été les membres et têtes pensantes de ce Padesm et dont le nom revient toujours au-devant de la scène politique malgache ? Ceux qui entendaient rester dans le giron de Marianne pour des intérêts purement matériels et personnels. Dans l’ordre des documents de M. Rakotondrasoava : Totolehibe, Ralaimihoatra Edouard, Velonjara Pascal (le père de Céline Ratsiraka), Totolehibe Félix, Razavamahaleo, Abdallah, Igantsy, Raveloson Mahasampo, Rakotovao Edouard, Ravelo Samuel, Mosesy Salomon, Gago, Levao et Maro Marcellin, Andriamanatsika, Zafimahova Antoine, Ramanjato Louis, Marson Robert, Raondry Philibert, Pasteur Ratsimbazafy, Ralibera Albert, Ratsitohara Gilbert, Jérémi Martin Revoky, Martin Robert, Rajakoba Stéphanoël, Pasteur Randrianarison d’Ambositra, Ralamboarison Félix, Dr Radabason, Ramambason Daniel (non, il ne fait pas partie de ma famille, j’ai vérifié mais cela ne vous empêche pas de faire des recherches. Et même par extraordinaire, cela ne m’aurait pas empêché d’écrire ce legs), Tsiranana Philbert, Ralaivoavy Paul, Totovana, Ramanankavana, Rajakoba Raphaël, Ralevason, Zafimahova Norbert, Rasoarahona, Jérémi Ernest.

Côté Mrdm, les chefs de file les plus connus étaient : Joseph Ravoahangy Andrianavalona, Joseph Raseta, Jacques Rabemananjara, Gisèle Rabesahala, Ratsifehera Arsène, Rakotovao Martin, Andrianaly Georges, Rakotonirainy Georges, Rajaonah, Tata Max, Rakotoarison Augustin, Joël Sylvain, Bezara Justin, Ranaivo Jules, Raherivelo.

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Ce listing n’est pas exhaustif mais il s’agit de noms qui, globalement, sont toujours au-devant de la scène à chaque évènement chaud malgache. Les chefs du Padesm ont été Psd (Parti social démocrate), puis Arema (parti révolutionnaire malgache). Ils ont occupé de très hautes fonctions à la direction de l’Etat... Qui sait si leur descendants ne sont pas Tim (Parti de Marc Ravalomanana) de nos jours ? Attention, il y a prescription. Mon article n’est pas un appel à une chasse aux sorcières. Il s’agit de savoir à quoi s’en tenir, quant à la mentalité qui prévaut, de la part de certains dirigeants qui prétendent être plus blanc que la dernière lessive qui lave plus blanc. En fait, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Car si les personnes changent, le mécanisme de la politique coloniale française demeure. Celle du « diviser pour mieux régner » de Joseph Simon Gallieni. En décembre 2006, ils étaient 13 candidats contre l’homme à abattre. A force de raisonner comme Gallieni et de dénigrer bêtement et à outrance, les résultats étaient connus d’avance. Ils n’ont plus qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes. Voyez la campagne pour le non au prochain referendum. Ce sont les luttes intestines de l’Arema qui font la Une des journaux locaux. Ne vous demandez plus d’où vient cette mentalité !

Le fédéralisme, dont j’ai été une victime à Diego Suarez ne date pas de 1991. Ni l’autonomie des provinces. C’est une idée qui a été mise en pratique en Afrique occidentale française et expliquée au micro de l’Afp par Pierre de Chevigné, successeur de De Coppet qui a reconnu que la centralisation a été "trop poussée à Madagascar" : «(…) Ce projet {de fédération} n’est pas un projet révolutionnaire. Il vise, au fond, à faire de Madagascar, non plus un territoire forcément centralisé mais une fédération de gouvernements ou de territoires autonomes comparables –en tenant compte naturellement des contingences locales- à ce qui existe déjà en Afrique occidentale française. Il y a là, vous le savez, plusieurs territoires jouissant d’une assez grande autonomie pour tout ce qui concerne les questions qui leur sont propres et groupés sous l’autorité d’un haut commissaire de la République Française à Dakar, qui assume les responsabilités suprêmes, gère les affaires communes et donne des directives générales aux différents Gouverneurs, Chefs de territoires. Il n’y a pas de raisons valables pour que les diverses régions de Madagascar ne jouissent pas de la même autonomie que la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Soudan (…)». A l'entendre, la France et sa politique colonialiste dirigera Madagascar jusqu'à la fin des temps ! Par ailleurs, il est clair que les 22 régions actuelles émanent aussi d’une idée bien… française ! Après l’épisode de territoires indépendants déclarés par cinq gouverneurs en 2002 dont on connaît la suite. Sacrée histoire ! La vérité si je mens !

Dans un autre document, rédigé en malgache, frappé de prescription aussi, on va de révélations en étonnements, juste après les massacres. Tout ce qui suit est consigné dans le journal VAOVAO FRANTSAY MALAGASY (V.F.M), journal officiel français local de l’époque.

V.F.M n° 2624 du 6 juin 1947

Sûreté générale : sont élevés en grade pour des "raisons particulières", M. Rakotoavao Ravahatra, matricule 680, M. Ralaidovy, matricule 1406.

V.F.M n° 2625 du 13 juin 1947

Bénéficient de 3.000 francs, le garde indigène Remaka, matricule G 658 ; de 2.000 francs le garde indigène Raphaël, matricule B 459.

V.F.M n° 2628 du 13 juin et n° 2634 du 08 août 1947

Bénéficie de 3.000 francs, le caporal Ikoay, matricule G 658.

Est élevé au grade de 16 honneurs, M. Raveloson Mahasampo, gouverneur à Tuléar ; au grade d’écrivain interprète de 2ème classe, Zafimahova Norbert de Fianarantsoa.

V.F.M n° 2634 du 08 août 1947

Est élevé au grade de médecin principal de 2ème classe, M. Ravony Jules de Vohipeno.

V.F.M n° 2636 du 29 août 1947

Est élevé au grade de chef comptable de 2ème classe, M. Ranaivo Jonah d’Antananarivo

V.F.M n° n°2650 du 05 octobre 1947

Reçoit la Croix du mérite indigène M. Rahatoka Salomon, écrivain interprète.

A la page 545 du 15 août 1947 sont inscrites les décisions suivantes :

Nommés cadres locaux avec baccalauréat première partie : Ramangasoavina Alfred, sous-gouverneur de 6eme classe à Antananarivo ; Sylla dit Vador Albert, médecin de 2ème classe à Sainte Marie ; Raphaël Jacob, professeur assistant de 3ème classe à Antsirabe ; Ralijaona Laingo, professeur assistant de 2ème classe à Antananarivo ; Tsiranana Philibert, professeur assistant de 1ère classe ACTUELLEMENT EN FRANCE. Il sera le premier président de la République malgache, bardé du titre de « Père de l’Indépendance ». C’est tout à l’honneur de ce bon « Dadabe » Tsiranana mais, historiquement parlant, c’est archifaux. L’indépendance, on l’avait déjà avant 1896. Madagascar était reconnu des grandes puissances comme un état souverain, à cette époque. Alors, le « nahazo fahaleovantena » (littéralement avoir gagné l’indépendance) c’est le vocabulaire des ignares. Tout comme le "teny baiko" (mot d'ordre) quand ils parlent de la langue française. Il faut dire le retour de l’indépendance («ny fiverenan’ny Fahaleovantena»). Comme l‘anniversaire de l’armée malgache fêtée aussi le 26 juin, alors qu’il existait déjà une armée («Tafika»), des militaires («miaramila») dont les grades se différenciaient au nombre d’honneurs («Voninahitra »). La vérité si je mens !

V.F.M. n°2632 du 1er août 1947

Tribunal militaire : est condamné à mort le Lieutenant Randriamaromanana Albert ; sont condamnés à 15 ans de travaux forcés et dégradation : Joël Sylvain et Randevo Pierre (avec 20 ans de banissement) ; à 10 ans de travaux forcés et dégradation plus banissement de 15 à 10 ans : Rakotondraibe, Razafinantoanina, Ramalaza, Rasamoelina. Lavé de tout soupçon : Lieutenant Rakoto Philippe.

V.F.M. n°2620 du 09 mai 1947

Les journaux sanctionnés par le tribunal correctionnel d’Antananarivo : LA NATIONMALGACHE. Rakotoarisoa dit Georges est condamné à une amende de 3.000 francs pour diffamation envers un gendarme ; Rabialahy Stanislas, avocat à la cour d’appel de Paris est condamné à 4 mois de prison avec sursis pour complicité de diffamation envers un gendarme ; est condamné à 6 mois de prison avec sursis, le docteur Rasamoely Lala pour avoir fait publier, dans le journal FAHALEOVANTENA, un article « qui inciterait la population à haïr le gouvernement français ».

 

Tout cela n’est que la partie cachée d’un iceberg insondable de mystification que d'aucuns nomment mystères. Tsy misy misitery io ry zajahy â ! Le reste, tous les écrits parus depuis, relèvent du sentimentalisme, de la compassion, sans aborder la question de savoir pourquoi toutes les anciennes colonies françaises ont été sujettes à des guerres tribales ? Vous avez, ici, un début de réponse. De nos jours, qui hurle à la « mérinisation » et au retour de la royauté ? Ne savent-ils pas que la notion de laïcité est inscrite dans la constitution française qu’on a copié bêtement lors du retour de l’indépendance. Nous avions nos propres lois (code des 105 et code des 305 articles par exemple). Ces messieurs-dames hautement diplômés connaissent-ils le «In God we trust» et «God save the Queen» ? Où se situent, économiquement parlant, ces anciennes colonies anglophones, par rapport aux anciennes colonies françaises ? Géographiquement parlant, qu'est-ce que la minuscule île Maurice, ancienne colonie anglaise, par rapport à Madagascar, 4ème grande île du monde ? Pourtant l’écart de développement est énorme. Dès lors, pourquoi le président Marc Ravalomanana est-il taxé francophobe ? Pas seulement parce que c’est le premier président malgache à ne pas faire de Paris un passage obligé et obligatoire mais parce qu’il applique des méthodes anglo-saxonnes auxquelles les valets de la France, qui sont omniprésents, ne se sont jamais habitués et ont l'intime conviction que c'est la fin des haricots pour leurs petites affaires. En plus, ce qui est grave à leurs yeux, "Marco Ravalo" n’a fait aucune étude en France comme tous les dirigeants passés. Au fait, qui entoure le président Ravalomanana, le grand Satan de ces décolonisés ? En passant, moi j’ai voté pour lui le 16 décembre 2001 et le 3 décembre 2006, mais je voterai non le 4 avril 2007. Pourquoi ? Pour jouer au jeu du Padesm ? Non ! Je pars du principe très simpliste que je n’achèterai jamais quelque chose dont je n’ai pas vu la couleur et que je ne peux comparer à rien. Et encore, en tant que journaliste, je la connais beaucoup cette « Lalàm-panorenana » sans cesse toilettée toujours à l’avantage des tenants du pouvoir. Mais je me considère comme faisant partie de ces plus de 70% de Malgaches totalement ignorant de la chose mais qu’on appelle à voter. Les Malgaches ont le ventre vide depuis plus de 20 ans. Amender la Constitution n’était vraiment pas une priorité absolue, un facteur de blocage du développement. Il s’agit plutôt dune contrainte liée à la notion d’état de droit tant clamé. Voilà messieurs les «opposants», vous qui perdez votre temps à vous opposer, comment il faut procéder. Critiquer les faits et non les personnes. Et surtout expliquer et non pas comparer avec l’incomparable. Cette année 2007 verra encore d’autres élections. Enlever vite de votre esprit cette démarche galliénienne sinon vous mourrez dans une pauvreté qu'hériteront vos descendants; Le temps des cachotteries, de l'hypocrisie et des fanfaronnades est révolu. Le peuple malgache, en pleine mutation, ne se laissera plus jamais dupé longtemps. Quant à "Marco Ravalo", il devrait vraiment écouter au lieu de n'entendre que sa propre voix. Sinon, il finira comme Philibert Tsiranana. Elu à plus de 90% en janvier 1972, brutalement précipité hors de son trône en mai 1972, n'ayant pas voulu écouter les cris de famine des Malgaches du Sud en avril 1971. Cette autre "rébellion" dirigée par Monja Jaona avait été taxée de "Jacquerie" par la presse francophone via LE COURRIER DE MADAGASCAR qui a fini incendié. La vérité si je mens !

En 1975, je n’ai pas pu faire un choix sur la catastrophique Charte de la révolution socialiste basée sur le livre rouge -travail hybride calqué sur le livre rouge de Mao, le livre vert de Khaddafi et le Doutché de Kim Il Sung- pour la simple raison que je faisais des études à l’étranger. En lisant le Map (Madagascar action plan), je trouve un peu de plan quinquennal de la 1ère république, un peu de livre rouge de la révolution «oyé oyé», un peu du Fokonolona de Ratsimandrava en plus européanisé et beaucoup d’utopie avec un zest de démagogie. Les tenants du pouvoir malgaches, malgré leurs déclarations de bonnes intentions -et l'enfer en est toujours pavée-, se heurteront toujours à cette mentalité de décolonisé, tant que les problèmes passés ne seront pas réglés sans fausse pudeur ni hypocrisie. Ici, à Madagascar, c’est le provisoire durable, le laboratoire de toutes les expériences de gestion humaine possible et imaginable, sans tenir compte vraiment des richesses qui n’attendent qu’à être mises en valeur par et pour les Malgaches. La vraie pauvreté qui sévit, entraînant toutes les autres formes de pauvreté, c’est la pauvreté de l’esprit. Le fait de croire être vraiment indépendant, d’avoir le complexe du décolonisé dans la peau parce qu’on conduit une 4X4 dernier cri. Alors qu’économiquement parlant, ce sont 10% de la population qui détiennent les vraies richesses. Et la montée en puissance des multinationales comme Rio Tinto ne dit rien qui vaille. Aussi, qu’on le veuille ou non, Tikoland n’en est qu’à ses débuts… Ben quoi, tout est permis quand on est au pouvoir à Madagascar, avec comme slogan, pauvreté et développement. Tiens, l’adjectif rapide n’est plus d’actualité. La vérité si je mens !

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La France, en claironnant haut et fort qu’elle est le premier bailleur à Madagascar, démontre qu’elle n’acceptera jamais de reconnaître ses torts et de demander pardon au peuple malgache. Mais çà viendra un jour ou l’autre, tel le déplacement ultra-rapide de Dominique Galouzeau de Villepin en 2002. Le successeur de Chirac aura-il le même esprit humanitaire que le pape Jean-Paul II ? Voire. Nicolas Sarkozy est aussi un grand méchant loup pour les anciennes colonies françaises...

Jeannot RAMAMBAZAFY - 30 mars 2007

Mis à jour ( Mardi, 18 Juin 2013 15:23 )  
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