Heureusement que la Culture -en l'occurrence les archives de l'Histoire- est tout ce qui reste quand on feint de tout oublié, hein?
En tentant de vouloir effacer à tout prix l’Histoire de Madagascar, Hery Rajaonarimampianina, élu premier président de la IVème république de Madagascar, démontre qu’il n’est, en fait, assis que sur des sables mouvants qui vont l’engloutir de manière atroce…
Le 25 janvier 2014, il a prêté serment sur la Constitution de cette IVème république (qu'il avait juré de respecter comme la prunelle de ses yeux) née à l’issue d’un referendum organisé le 17 septembre 2010 et ayant eu pour résultats:
Nombre d'Ă©lecteurs inscrits :Â 7.151.223
Nombre des votants :Â 3.761.977
Bulletins blancs et nuls :Â 179.423
Suffrages exprimés : 3.582.554
OUI :Â 2.657.962 (74,19%)
NON :Â 924.592 (25,81%)
Taux de participation :Â 52,61%.
Ces résultats, aucune histoire à dormir debout ne les effaceront jamais de l’Histoire politique de Madagascar. C’est le 11 décembre 2010 que la naissance de la IVème république a officiellement été déclarée. Il ne restait plus que la mise en place des Institutions pour un retour complet à constitutionnalité. Pour les mous du cerveau, il convient de faire quelques rappels.
BREVE HISTOIRE DES QUATRE REPUBLIQUES ICI
*1er octobre 1958. Après l'adoption de la Constitution française de 1958, Madagascar devient une République membre de la Communauté. Le Congrès des assemblées provinciales approuve la proclamation de la République malgache par 208 voix pour, zéro contre et 26 abstentions, 6 membres étant absents.
Une première Constitution est adoptée et entre en vigueur le 29 avril 1959. Bien avant le retour de l’Indépendance, le 26 juin 1960.
*30 décembre 1975. Naissance de la seconde république par voie de référendum sur une nouvelle constitution.
*19 août 1992. Naissance de la troisième république par voie de référendum sur une nouvelle constitution.
*11 décembre 2010. Naissance de la quatrième république après le référendum expliqué plus haut.
Ainsi, dans toute l’Histoire politique de Madagascar sur plus d’un demi-siècle, le « Oui » l’a toujours emporté à chaque référendum constitutionnel. Le plus malheureux est que chaque président élu qui se sont succédé, ont effacé de la mémoire collective malgache ces dates qui constituent des jalons permettant de savoir si le pays a progressé ou régressé. Et il a effectivement régressé de 50 ans, à cause de cette carence dans l’aspect culturel même des « choses ». Et c’est ainsi que les mêmes erreurs se répètent, malgré les envolées lyriques et théoriques de chacun.
A gauche, en bas, ce sont des Blancs qui demandent le boycott de l'Apartheid. A droite, le massacre à Sharpville, le 21 mars 1960, qui déclencha la vraie lutte
1948-1994. Il aura fallu 46 ans, et 27 ans de prison à Nelson Mandela, pour venir à bout de l'apartheid et pour faire en sorte que ce régime de ségrégation raciale ne revienne plus jamais. D'où ce musée pour rappeler aux générations futures que, quoi qu'il arrive: JAMAIS PLUS CA!
Si, par exemple, il existe un Musée de l’apartheid, en Afrique du Sud, c’est bien pour rappeler aux Sud-africains les atrocités commises afin qu’elles ne se reproduisent plus jamais. A Madagascar, seul le 29 mars est commémoré hypocritement alors que les archives sur cette triste étape -celles du côté des Français- ne sont toujours pas accessibles au public. Or, la date de prescription est de 50 ans… et aucun régime malgache ne songe à les réclamer. Comme les îles malgaches...
11 décembre 2014, 11 décembre 2015. Jours ordinaires pour Hery Rajaonarimampianina, une fois élu, qui ne s’est donc plus rappelé, par deux fois, sur quoi il a prêté serment, le 25 janvier 2014. Il n’a pas été l’exception confirmant toute règle. Il est donc assis, non pas sur un vide (juridique), mais sur un terrain très accidenté reposant lui-même sur des sables mouvants. Dans ces conditions, il lui sera extrêmement difficile de trouver une stabilité politique et l’adhésion populaire dans toutes ses décisions qui, de toute façon, vont à l’encontre des intérêts du grand nombre. En effet, quel changement, par rapport aux partis Psd, Arema, Undd et Tim, l'actuel parti Hvm apporte-t-il en politisant inconstitutionnellement l'administration territoriale? (ICI)
Hery Rajaonarimampianina n'aura jamais cette capacité de mobilisation, même en arrosant tous les écoliers de Madagascar de mallettes magiques. Son impopularité deviendra légendaire... Il n'a jamais été un meneur, un battant, mais un expert qui a toujours compté l'argent des autres. Ceci explique sûrement CELA
Qu'on le veuille ou non, la IVème république de Madagascar émane d’une révolution populaire -prélude des printemps arabes mais avilie par des Malgaches même- qui a mis à bas un régime qui avait fait du pays une usine ayant privilégié ses intérêts personnels. Il s’agissait de Tikoland.
Nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas oublié: les vrais patriotes. Ils se sont réunis à l’espace Eldorado, le 11 décembre 2015, pour rappeler cette victoire qui, avec Hery Rajaonarimampianina, est devenue une défaite cauchemardesque. Mais rien n’est vain ici-bas…
A mesure que le temps passe, il n’y a pas de semaine où son incompétence à gérer les affaires de l’Etat se révèle au grand jour. Ces derniers temps, son propre pays n’est plus devenu qu’une escale pour lui. Certes, son entourage n’a pas inventé non plus la poudre et font leurs petites affaires, mais après deux ans, il sera seul responsable de sa chute qu’il a lui-même programmé dès le départ, en violant impunément la Constitution de cette IVème république. Tout n’est plus qu’une question de… temps. Et c’est lui-même qui allumera, sans s’en rendre compte, la mèche qui fera tout péter.
Pour l’heure, la population malgache, même paupérisée à outrance, ne pense qu’à leur progéniture pour les fêtes de fin d’année, avec ce qu’elle a. Mais 2016 ne sera pas une année de tout repos pour ce président devenu sourd, aveugle et muet face à la détresse de ce peuple qui lui a prêté le pouvoir pour un temps déterminé. Et même en allant demander leur avis à tous ses prédécesseurs, même eux n’ont pas pu prédire leur chute alors qu’ils étaient tous au summum de leur pouvoir. Seule différence: ils ont trompé leur monde APRES UN MANDAT. Hery Rajaonarimampianina, lui, a commis toutes leurs erreurs après seulement deux ans.
Il ne pourra rien contre la marche inexorable de l'usure du temps de la haute trahison. Lorsqu’il en prendra conscience, ce sera trop tard. Pour lui. D’ici là , Madagascar sera coloré en bleu Hvm avec ces élections sénatoriales complètement tronquées qui, donc, ne serviront strictement à rien. « Andriamanitra tsy andrinao, andrin’ny vahoaka malagasy foana ».
Madagate n’oubliera jamais les grandes dates qui font l’Histoire de l’Humanité même.
Jeannot Ramambazafy – 14 décembre 2015