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Madagascar: financements parallèles “vaovao” en vue. Rappel…

Les Présidents malgaches élus, Zafy Albert et Hery Rajaonarimampianina...

Ce n’est pas demain que sera la veille du développement à Madagascar, au bénéfice du grand nombre. En se référant à l’Histoire politique des trois dernières décennies, le Liechtenstein et le « Prince » nigérian Alexius Benjamin Bassey (société Abasubong qui était sise avenue de l’Indépendance) sont en train de laisser la place à la Chine et aux dirigeants de la Sonangol. Voilà qui va être très mal vu par les bailleurs de fonds traditionnels, dès lors « coiffés au poteau ». Deux informations capitales dans le sens de ces financements parallèles en vue, ont été publiées par le journal « La Gazette de la Grande île » de ce 3 mars 2014.

Première information, la sortie secrète du territoire du Président Hery Rajaonarimampianina, le week-end dernier. Secrète car, même accompagné par son épouse, l’heure n’est pas aux grandes vacances, surtout que la sécurité dans la Grande île laisse plus qu’à désirer. Par ailleurs, le manque total de transparence de la Présidence, en matière de communication ressemble à un piège à nazes car, tous les faits et gestes du nouveau président risquent d’entrer dans la catégorie « vie privée ». Donc, sanctions pour les journalistes trop curieux… Mais quand donc retiendra-t-il le fait qu’il a des comptes à rendre au peuple malgache et non pas le contraire ! C’est aussi agaçant qu’irritant à la fin !

Si la sortie était donc secrète, le retour, lui, est sidérant. Le dimanche 2 mars 2014, Il y a eu une dizaine de minutes entre l’atterrissage du vol privé du couplé présidentiel et l’Airbus amenant une délégation hétéroclite d’investisseurs « hors du sentier battu », la majorité étant des Chinois. Mais il y a l’Irlandais Coleman, la Française Marie Longo, des noms qui ne veulent rien dire aux Malgaches car Coleman est un nom universel dans le monde anglophone et Longo ramène à Jeannie la cycliste… C’est tout. Il est à peu près sûr qu’il s’agit d’interprètes à qui certains donnent de l’importance.

Seconde information, la visite-éclair du vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhang Min, toujours le week-end dernier. Ici, c’est sans tra-la-la : « la Chine mettra à la disposition de Madagascar une aide de 100 millions Yuan, soit 100,4 milliards FMG. Une aide destinée à financer des projets d’urgence pour la relance économique et sociale », lit-on dans la Gazette de la Grande île. Mais qui croit encore au Père Noël, de nos jours, en matière de finances publiques ou privées ? Ce n’est pas un monde de philanthrope et le profit est le mot d’ordre. Car il y a, et y aura toujours une contrepartie « secrète ». Et lorsqu’on lit : « la Chine mettra à la disposition de Madagascar », on se demande, ici, la définition exacte de Madagascar. Ce sont les nouveaux dirigeants qui vont s’enrichir subitement ou le peuple malgache qui est allé de désillusion en désillusion, après trois présidents qu’ils ont chassé à cause de leur appétit qui vient en mangeant ?... En parlant de la Chine, justement, elle n’a pas bonne presse, à l’heure actuelle, à Madagascar. Cela, suite à l’affaire de la jeune fille malgache de 27 ans qui a réussi à échapper de l’enfer du mariage à l’encan… Lisez les journaux locaux de demain 4 mars 2014, vous m’en direz des nouvelles…

Pourquoi avoir titré financements parallèles “vaovao” en vue ? Parce que la démarche semble nouvelle et très alléchante mais les résultats demeureront exactement les mêmes, vus du côté des bailleurs de fonds dits traditionnels. Certes, le rêve de tout nationaliste qui se respecte, c’est de se débarrasser une bonne fois pour toute de l’aide de la Banque mondiale et du FMI. Cependant, non merci, si c’est pour les remplacer par des « investisseurs » qui finiront par accaparer toutes les richesses de la Grande île, sans aucune transparence, et, par synergie, attiser la colère du peuple malgache avec les terribles conséquences de ce genre de situation. Pour rafraîchir la mémoire des uns, et faire connaître l’Histoire à ces conseillers venus d’ailleurs, voici une tranche allant de 1990 à 1996.


En 1990, le président Ratsiraka poursuit la remise en ordre de l’économie. Les résultats sont inégaux. La récolte de riz bénéficie des mesures de libéralisation en faveur des planteurs, en vigueur depuis 4 ans.

En 1991, la crise politique contribue aux difficultés économiques. La suppression des subventions accordées aux produits alimentaires, renchérit le prix du riz, dont les Malgaches sont les plus grands consommateurs mondiaux. Les importations en provenance du Vietnam doivent désormais être payées en devises et aux cours mondiaux. Les cours des principales denrées d’exportation (litchis, poivre, girofle) baissent.

En 1992, Madagascar ne parvient pas à conclure d’accord avec les institutions financières internationales, ces dernières préconisant une dévaluation du franc malgache, mesure à laquelle le ministre des Finances est opposé.

En août 1993, Me Francisque Ravony -Premier ministre du Président élu, le Professeur Zafy Albert- présente un programme qui rompt de façon radicale avec l’orientation marxiste du passé (déjà une rupture dans la continuité). Le Plan de développement économique et social s’appuie sur un accroissement de l’initiative privée. L’objectif est de lutter contre le chômage, l’inflation et la corruption. Le marché malgache est ouvert aux nouveaux investisseurs, nationaux ou étrangers. La Banque mondiale estime que le niveau de vie des Malgaches a diminué de 40% entre 1971 et 1991. L’endettement atteint alors 120% du PIB.

En 1994, la situation de l’économie malgache continue de se dégrader alors que les luttes se poursuivent entre le Premier ministre, partisan de l’application de mesures de rigueur en vue de satisfaire aux exigences des organisations multilatérales, et le chef de l’État, soutenu par le président du Parlement, qui préconise le recours à des «financements parallèles» -d’origine douteuse- en vue d’échapper à la tutelle des institutions de Bretton Woods. Le flottement du franc malgache sur le marché des changes est toutefois institué. L’année est également marquée par le déclin des cultures traditionnelles de vanille et de café.

En 1995, le limogeage du gouverneur de la Banque centrale, principal exécutant de la pratique des «financements parallèles», permet à Madagascar de signer une lettre d’intention avec le FMI, mais les exigences de celui-ci tardent à être satisfaites. À la suite du référendum constitutionnel et de la démission du Premier ministre, le président Zafy se dit partisan d’un accord rapide avec le FMI (mais c'est déjà trop tard pour le Professeur). Celui-ci conditionne l’apport de capitaux étrangers qui, seul, doit permettre à la Grande Île de renouer avec la croissance.

En 1996, la nomination d’un Premier ministre apprécié par le FMI et l’empêchement d’Albert Zafy à la tête de l’État apparaissent comme des éléments favorables en vue de l’obtention, auprès de l’organisation financière internationale et des donateurs, des crédits nécessaires à la consolidation de la politique d’assainissement financier et de libéralisation de l’économie engagée par un certain Norbert Lala Ratsirahonana... (Source : afripluriel)

Transition 2009-2014: Le ministre des finances Rajaonarimampianina et son Président qui l'avait repêché lors du second remaniement ministériel

Nous voilà donc tous prévenus. La rupture dans la continuité -ambition du Président Rajaonarimampianiana dans sa gestion des affaires nationales- ne mène nulle part, sauf à un éternel retour à la case départ et une perte de temps qui ne se rattrape guère (dixit la chanteuse Barbara)… Aura-t-il les reins assez solides pour faire face à tout çà durant son mandat de cinq ans ? Le doute est permis. En tout cas, en tant que ministre des Finances et du Budget sous la Transition présidée par Andry Rajoelina, un léger pan de voile se lève sur sa manière d’avoir géré le pays sans les bailleurs de fonds traditionnels… Cependant, retour à l’ordre constitutionnel implique respect de la Constitution et des accords internationaux établis. Tous les accords de quelque nature quelle soit. A moins de vouloir isoler le pays purement et simplement. Car, jusqu’à preuve du contraire, les Malgaches n’ont toujours pas leur propre destin entre leurs mains.

Dossier préparé par Jeannot Ramambazafy – 3 mars 2014

Mis à jour ( Mardi, 04 Mars 2014 06:00 )  
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