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Hery Rajaonarimampianina ne dirige pas Madagascar !

Cette photo illustre sans équivoque le titre: le bras de la dame est devant le sien et le tire. En un mot, elle le précède. Erreur protocolaire ou naturel qui revient au galop en public ?

Il faut se rendre à l’évidence et il n’est pas dans mes habitudes journalistiques d’écrire des assertions sans preuves tangibles et que l’on peut facilement recouper. S’il a été élu au suffrage universel, le 20 décembre 2013, le candidat n°3 démontre, au fil du temps, que son rôle et ses prérogatives de président de la république lui échappe lentement mais inexorablement, au profit d’un entourage qui doit le tenir par les c… et qui lui font faire des bizarreries institutionnelles loin de son véritable rôle.

En effet, alors qu’il y a réel péril en la demeure, Monsieur le président ne trouve mieux que d’aller se promener à Ambohibary pour un sujet qui devrait être traité par les ministres responsables, à savoir celui de l’Education nationale et celui de la Culture. Mais surtout la ministre des Affaires étrangères.


Ainsi, et selon une correspondance de la direction de la communication de la présidence : dans le cadre de la semaine de la Francophonie, le village d’Ambohibary, à 25 km sur la RN 7, sera « le hameau francophone » pour l’occasion. Il accueillera le Président de la République ainsi que des représentants de pays francophones et des jeunes citadins des établissements scolaires français, le lundi 16 mars 2015.

C’est louable mais il devrait avoir d’autres priorités à son niveau de président de et pour tous les Malgaches…

A présent, pourquoi j’affirme que Hery Rajaonarimampianina ne dirige pas Madagascar ? Revenons à cette histoire au Trésor public et au limogeage d’Orlando Robimanana.

Que retenir de cette loi n°2014-014 ? D’abord, l’article 3 stipule que « le Trésor Public, représenté par son Directeur Général, est le représentant es-qualité de l’État actionnaire. À cet effet, il est le seul représentant de l’État actionnaire dès l’Assemblée Générale constitutive jusqu’à la liquidation de la société à participation de l’État ». Ensuite, l’article 6 indique clairement que « les sociétés à participation de l’Etat sont soumises aux tutelles : 1). du Ministère chargé des Finances, tutelle financière. Il est chargé : - d’apporter la participation de l’État dans le capital social de la société ; - de gérer les parts d’actions appartenant à l’État dans la société ; - d’initier tous les recrutements des dirigeants des sociétés à participation unique ou majoritaire de l’État, 2). d’un ou des Ministères assurant la tutelle technique de la société. Ils sont chargés d’élaborer et d’appliquer la politique générale du Gouvernement sur les secteurs d’activité concernés. Ils ne doivent pas s’ingérer dans la gestion de la société ».

Rivo Rakotovao, véritable Tsar de Madagascar : ami rotarien de longue date du président de la république et du premier ministre; nommé ministre d'Etat en charge des projets présidentiels; président du parti présidentiel HVM? Ce que retiendra l'Histoire aussi c'est que, sur une saute d'orgueil mal placé, il a fait emprisonner deux journalistes malgaches pour le simple fait d'avoir publié une lettre de lecteur l'impliquant dans les trafics de bois de rose. Viendra le moment où seront étalées au grand jour les preuves de son implication directe dans des affaires d'importations illicites en douane...

Acte 1. La loi 2014-14 (ci-dessus) a donc été promulguée et signée par le président élu, interdisant le forcing de Rivo Rakotovao qui voulait piquer directement 40 milliards d’ariary parce qu’il est un ministre d’Etat. En fait, il a tenté de débloquer ce pactole du Port de Toamasina (Société du Port Autonome de Toamasina, pour 6 milliards) et du FER (Fonds d'entretien routiers, pour 34 milliards), dans le but de réaliser sa promesse de réfection des rues d’Antananarivo, balayant au passage les prérogatives de la Commune urbaine de la Capitale de Madagascar, à ce sujet.


Acte 2. Après un moment de silence complice, le ministre de tutelle, Rakotoarimanana Gervais, importé du Québec où règne l’orthodoxie financière, tient un langage qui se contredit. D’un côté, il a déclaré : «Il est inadmissible de débloquer des fonds publics, des fonds de la population, sans suivre la procédure légale ». De l’autre : « Je n’approuve pas la manière de procéder du personnel du Trésor. Je n’accepterai plus que ce genre de manifestation se reproduise à l’avenir… ».

Acte 3. Lors du Conseil des ministres du 11 mars 2015, parmi une longue liste de nominations, il est décidé de limoger purement et simplement Orlando Robimanana, Directeur général du Trésor public.


Georges Tsibouris

Je rappelle que ces péripéties se sont déroulées alors qu’une mission du FMI, dirigée par Georges Tsibouris, était à Antananarivo.

Le premier à réagir à ce limogeage a été l’Ambassadeur de France, François Goldblatt : « le limogeage du Directeur général du Trésor est un mauvais signal pour les bailleurs de fonds quant aux orientations futures de l’exécutif.  Doit-on y voir un refus d’entendre les appels des bailleurs de fonds pour une meilleure gouvernance ? ».


Après avoir osé affirmer que « le limogeage du Directeur général du Trésor fait partie intégrante de la bonne gouvernance », le ministre Rakotoarimanana Gervais Maurice a eu le culot de déclarer que « les pays étrangers ne doivent pas s’immiscer dans les affaires intérieures du pays... ». J’aurai applaudi des mains et des pieds.


François Goldblatt

Mais, François Goldblatt n’est-il pas le représentant de cette France faisant partie des partenaires techniques et financiers (PTF) sur lesquels compte le régime Rajaonarimampianina pour mettre en œuvre un Plan national de développement (PND) et un Programme d’urgences présidentielles (PUP) ? Appréciation par le même François Goldblatt : Cela m’a beaucoup frappé notamment lors de l’élaboration des deux documents, le PND d’une part, et le PUP de l’autre. Je trouve que la plus grande difficulté dans les deux documents, qui sont des documents en soi de bonne qualité, intéressants à lire, à parcourir, qui font un bon diagnostic de la situation, c’est que, au fond, quand on a terminé de les lire, on n’est pas plus avancé sur ce qui doit être fait demain matin, la semaine prochaine, cet été, cet automne, sur où serons-nous à la fin de l’année.


Tous ces inconscients ont omis l’important aux yeux de la Communauté internationale, du FMI en particulier : qui est exactement Orlando Robimanana ?


En août 2014, le président Hery Rajaonarimampianina signe une lettre de présentation de la candidature du Directeur général du Trésor, en tant que membre du Comité du Budget et des Finances de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.


Le 8 décembre 2014, Orlando Robimanana a été élu par acclamation des 122 Etats membres. Ainsi, il figure parmi les six nouveaux membres du Comité du Budget et des Finances de la CPI. Ce technicien, juriste de formation et Inspecteur du Trésor, est le premier Malgache élu dans cette Institution qui a pour principal objectif de mettre fin à l’impunité des crimes internationaux. Orlando Robimanana est prévu entrer en fonction officiellement en cette année 2015, avec un rythme de deux ou trois réunions annuelles à La Haye. Et le pire, pour ces nommés qui forment la cour du président élu, est que ce même Orlando Robimanana est le Président de l’association internationale des services du Trésor qui regroupe 33 pays mais -et surtout- membre du panel des experts du Fonds monétaire international (FMI).


Donnez-nous des sous, mais ne vous immiscez pas, quant à ce que nous ferons de leur utilisation, alors ? C’est un peu l’histoire du gars qui vient vous emprunter de l’argent sans songer aucunement à vous le rendre et qui vous accusera, ensuite, de voleur…

Le « Chum » Rakotoarimanana Gervais vient tout simplement de cracher dans la soupe des financements de « ces pays étrangers qui ne doivent pas s’immiscer dans les affaires intérieures du pays... ». A quoi çà lui a servi d’avoir vécu de longues années au Québec si c’est pour raisonner comme le dernier des politocards malgaches sur place ?...C'est de leur argent qu'il s'agit, Môssieur, même s'il s'agit de prêts.

Ainsi, le pire pour la population de Madagascar n’est pas à venir : il est là ! Unique planche de salut, tant qu’il est encore temps pour le président haï par son peuple : limoger Rivo Rakotovao, le nommer ambassadeur quelque part, et réintégrer Orlando Robimanana reconnu mondialement pour son respect de la loi. Mais dirige-t-il vraiment la Grande île de l’océan Indien ? Assurément non, avec une Haute cour de justice dont plus personne ne parle, et une énième session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour créer la zizanie dans la ville d’Antananarivo (Décret n°2015-369 du 13 mars 2015, portant convocation du Parlement en session extraordinaire, signé le... 11 mars 2015 par le président Rajaonarimampianina).

"L’Afrique noire est mal partie", 320 pages, fit scandale au moment de sa parution, en 1962. René Dumont, ingénieur agronome, dresse un constat peu encourageant de l’Afrique subsaharienne qu’il parcourt et observe. Dans un contexte de décolonisation optimiste, sa voix de théoricien mais aussi d'homme de terrain s’élève à contre-courant des discours et des pratiques des élites issues des indépendances, pour sommer les Africains de reprendre en main leur agriculture en parvenant notamment à établir une culture vivrière locale - et à éradiquer ainsi la faim.

René Dumont, au début des années 1960, avait déjà prévu que l’Afrique noire est mal partie, mais avec son entourage d’élus, Hery Rajaonarimampiania, lui, est vraiment mal barré. Car, pour diriger la Nation malgache, il procède plus par des décisions émotionnelles que rationnelles. Ce qui est extrêmement gravissime.

Un dernier exemple "Rivorakotovaoïen" pour la route ? Lors du Conseil des ministres du 11 mars 2015, la première discussion de l'ordre du jour avait trait à un projet de construction d'un immeuble de 32 étages dénommé "Le Tour". Emanant du ministère dirigé, bien évidemment, par Rivo Rakotovao. Cette mégalomanie ne figure ni dans les blabla des campagnes électorales ni dans aucune loi des Finances, pas plus que dans le PND et le PUP. Décidément, ces nommés veulent à tout prix prendre leurs rêves pour des réalités, dans une ambiance de pauvreté monétaire insupportable.


Info dernière


Me Henry Rabary-Njaka

Dans le courant de cette journée du 14 mars 2015, au ministère des Affaires étrangères à Anosy -en marge du lancement la semaine de la Francophonie-, Me Henry Rabary-Njaka, directeur de Cabinet de la présidence, Secrétaire général du parti Hvm et président du Conseil d'administration d'Air Madagascar (ouf!), ne s'est pas empêché d'ajouter son grain de sel. Ce, après un très long silence à propos des actualités politiques. "Chacun peut dire ce qu'il veut, mais nous, nous continuerons à travailler" (en tirant des plans sur la comète?). Allusion aux propos de l'ambassadeur de France, François Goldblatt, pays d'adoption de cet avocat du diable inscrit au barreau de Paris. Encore une occasion de se taire de perdue pour ce co-Tsar de Madagascar... Pourquoi co-Tsar ? Parce que lui et Rivo Rakotovao cumulent des postes "stratégiques". Ils dirigent le pays, à leur drôle de manière, sans avoir eu besoin d'être des élus.

Un dossier de Jeannot Ramambazafy 14 mars 2015

Mis Ă  jour ( Lundi, 16 Mars 2015 03:29 )  
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