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Madagascar réconciliation. Quelle réconciliation ? De qui et pourquoi ?

Les principaux instigateurs et acteurs de cette « réconciliation nationale » tronquée dont se contre-fout la majorité des Malgaches qui attend son heure… Ils ne se font aucune illusion et ce n’est ni la publicité, ni l’intox, ni la désinformation qui y changeront grand’chose

Pondre un article sur le sujet est tout à fait inutile, en ce qui concerne Madagascar. Mais il faut laisser des archives historique, n’est-ce pas ? Je vais être très concis. Allons-y. Charge à vous de tout vérifier si l’avenir de Madagascar vous tient réellement à cœur.

Ainsi donc, le FFKM (Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes) a fini par trouver le budget de 600 millions d’ariary pour organiser des « Assises pour la réconciliation nationale à Madagascar ». L’origine de cet argent reste, cependant, dans le domaine du mystère du Saint-Esprit… Pourquoi ?


Jean Max Rakotomamonjy, président de l’Assemblée et Jean Eric Rakotoarisoa, président de la HCC. Responsables directs insouciants sinon inconscients de la prochaine révolte populaire. Ils rigolent comme si le fait d’avoir commis un déni de justice était un simple « vilain tour » joué au peuple malgache. Il faut savoir que le déni de justice, également appelé déni de droit, est le refus par une juridiction de juger. Le déni de justice constitue une atteinte à un droit fondamental

Ces « Assises » (tout le monde était effectivement assis sauf les orateurs, comme dans un théâtre à grand spectacle) font suite à un mois des « concertation populaires » dans les 22 régions dont la grande majorité des Malgaches n’a pas beaucoup entendu parler. Des tournées en vase clos quoi. Des ambassadeurs ont assisté à l’ouverture, le 28 avril 2015, au CCI Ivato. But : « Faire la lumière sur les crises qui ont secoué le pays afin d’aller vers une réconciliation nationale pour donner les bases nécessaires au développement de la Grande Ile ». Ah bon, ce n’est donc pas clair comme de l’eau de roche que tout est venu et advenu à cause du comportement indigne des dirigeants « démocratiquement » élus ?

Cependant, jusqu’au 02 mai 2015, trois commissions plancheront sur les thèmes suivants : vérité et réconciliation ; réparation et indemnisation ; refondation de la nation. Marc Ravalomanana, le champion de la valse-hésitation politique avait beaucoup intérêt à être présent, concernant ses biens… Ces travaux achevés, ils seront présentés sous forme de proposition de loi. Et là, franchement, je préfère prendre le parti de rire. Jaune.

Ils veulent la vérité sur la provenance de toutes les crises passées et même à venir ? Je ne le répèterai jamais assez : des dirigeants élus eux-mêmes. J’ai eu la chance (ou la malchance c’est selon) de vivre sous tous les régimes à Madagascar, depuis la 1ère république. A chaque fois (1972, 1991, 2002, 2009), c’était le président élu lui-même qui n’a pas tenu son serment et sa promesse solennelle :

" Eto anatrehan'Andriamanitra Andriananahary sy ny Firenena ary ny Vahoaka, mianiana aho fa hanantanteraka an-tsakany sy an-davany ary amim-pahamarinana ny andraikitra lehibe maha-Filohan'ny Firenena Malagasy ahy.
Mianiana aho fa hampiasa ny fahefana natolotra ahy ary hanokana ny heriko rehetra hiarovana sy hanamafisana ny firaisam-pirenena sy ny zon'olombelona.
Mianiana aho fa hanaja sy hitandrina toy ny anakandriamaso ny Lalàmpanorenana sy ny lalàmpanjakana, hikatsaka hatrany ny soa ho an'ny Vahoaka malagasy tsy ankanavaka ".

Et quand un peuple est en colère, rien ni aucune loi ne l’arrête. Le ras-le-bol ne se décrète pas. Ce qui se passe au Burundi provient du président lui-même. Ce qui s’est passé à Baltimore fera cesser à jamais les interprétations des pillages du 26 janvier 2009 : quand le peuple est en colère, et qu’on laisse trop longtemps affamé, il n‘a besoin de personne pour le téléguider.

Lorsqu’un président n’écoute que lui-même et sa cour, la crise n’est pas loin. Résumé pour Madagascar.

Philibert Tsiranana

Le 1er avril 1971, dans le Sud, face à leurs conditions plus que déplorables, des Malgaches se sont levés. Une répression s’en est suivie avec des centaines de morts. Ce massacre avait été justifié par ce que les médias français avaient appelé « jacquerie ».

1972. La chute et le début du « cycle » malgache

Le 30 Janvier 1972. Philibert Tsiranana est réélu avec le score improbable de 99,72% sans adversaire.

Mars 1972. Les revendications des étudiants en médecine de Befelatànana sont ignorées et même minimisées par le pouvoir. Début d’une grève qui va s’élargir à tous les établissements scolaires de la Capitale puis de l’île entière.

Mai 1972. Le 12, les FRS (Forces républicaines de sécurité calquées sur les CRS français) ignorent la franchise universitaire et vont arrêter 400 personnes à Ankatso dont des non-étudiants pour les déporter au bagne de Nosy-Lava. Le 13, des milliers d’étudiants, dont votre serviteur, débarquent sur l’avenue de l’Indépendance, devant l’hôtel de ville, pour demander la libération de ces déportés. Réponse : les FRS  tirent dans le tas à balles réelles. Bilan : des dizaines de morts, des centaines de blessés. Mais c'est fini pour le régime Tsiranana. Le 18 mai, les pouvoir sont transmis au Général Gabriel Ramanantsoa. Philibert Tsiranana ne reviendra plus jamais au pouvoir et décèdera le 16 avril 1978. Il avait 67 ans.



Didier Ratsiraka I

1975. Il arrive au pouvoir sans avoir été élu. Il a été ministre des Affaires étrangères du Général Ramanantsoa et, à la suite de l’assassinat du colonel Richard Ratsimandrava, le 11 février 1975, Didier Ratsiraka sera propulsé à la tête du pays par ses pairs du Directoire militaire. Avec sa Charte de la révolution socialiste et son petit livre rouge, il va faire de Madagascar un enfer de privations des droits de l’homme, un véritable état-policier sous couvert d’état-providence. Le phénomène 4’mis (enfants des rues et leur famille) a éclos sous son règne.

1982. Il est enfin élu président de la république face à Monja Jaona, le dirigeant de la lutte populaire du 1er avril 1971. Didier Ratsiraka sera réélu en 1989, mais un vent de liberté venait de souffler de l’Est de l’Europe et, en Afrique, le phénomène général de transition démocratique s’est généralisé. 10 août 1991. Aux environs du Palais d’Iavoloha, lors d’une marche de la Liberté (« Diaben’ny Fahafahana ») dirigée par le Pr Zafy Albert, Ratsiraka fait tirer sur la foule et utilise des Antandroy (peuple de Monja Jaona) pour la lapider. Bilan : des dizaines de morts, des centaines de blessés et de disparus. Mais c’est déjà aussi fini pour lui. Le 31 octobre 1991, une convention est signée à l’hôtel Panorama, Antananarivo, instaurant une Haute Autorité de l’Etat (HAE) dirigée par le Pr Zafy.


Zafy Albert

Lors de l’élection présidentielle anticipée de 1993, le président de la HAE bat Didier Ratsiraka au second tour avec 66% des voix exprimées. L’Amiral s’en ira en France pour un premier exil. Le 5 septembre 1996, après une gestion des affaires de l’Etat faisant du sur-place, le président élu Zafy Albert est destitué par une motion de censure adoptée par l'Assemblée nationale. Le Professeur quittera le pouvoir sans bain de sang. Ce qui est une exception…


Didier Ratsiraka II

Après une courte période de transition dirigée par Norbert Lala Ratsirahoanana, une élection présidentielle anticipée, mettant en lice Didier Ratsiraka -de retour d’exil-, Zafy Albert -récemment empêché- et M. Ratsirahonana, est organisée, en 1996. L’Amiral est élu de nouveau au second tour. Tant bien que mal, il dirigera sa barque jusqu’en décembre 2002, avec des stratégies plus philosophiques qu’autre chose («République humaniste écologiste»). Mais le peuple demeurera toujours pauvre. A la suite de l’élection du 16 décembre 2001, aux résultats controversés émanant de la HCC (Haute cour Constitutionnelle) par rapport à d’autres résultats confrontés, le candidat Marc Ravalomanana effectue un coup d’état d’un genre nouveau : malgré les accords de Dakar I et II, pour l’organisation d’un second tour, Marc Ravalomanana s’auproclame président le 22 février 2002. Il organise une véritable chasse à l’homme (« Haza lambo ») à travers l’île, forçant Didier Ratsiraka à s’enfuir en France, en mai 2002. Mais il y eu morts d’hommes.


Marc Ravalomanana

Il prête serment une seconde fois le 6 mai 2002. Après une illusion de développement alors qu’il finira par mettre le pays tout entier sous la coupe réglée de sa société Tiko devenue un véritable empire, il toilette la constitution (comme tous ses prédécesseurs d’ailleurs) qui lui permettra de gérer le pays par décrets, et organise une élection anticipée le 16 décembre 2006. Il remporte la victoire, grâce à une panne subite du centre informatique de la Coupole sise au ministère de l’Intérieur qui organisait encore toutes les élections à Madagascar. Les premiers chiffres annoncés se sont subitement inversés. Il fallait tout simplement le croire (« Mino fotsiny ihany »)…

En décembre 2007, Hery Rafalimanana, candidat de Marc Ravalomanana est battu à plate couture par Andry Rajoelina, pour la course à la Mairie d’Antananarivo. Ce, malgré l’utilisation de tout l’appareil étatique et même jusqu’à la voiture présidentielle. Durant toute l’année en cours, le régime Ravalomanana n’aura eu cesse de mettre des bâtons dans les roues de la gestion de la Capitale. Comme pour se venger de sa défaite, le jour de son anniversaire. Entre-temps, les scandales s’accumulent à propos de sa propre gestion des affaires de l’Etat : terres vendues à Daewoo Corporation, terrains comblés à Andohatapenaka. Mais c’est l’achat flou d’un avion appelé Air Force One qui précipitera sa chute.


Andry Rajoelina

Il n’est pas un président élu mais il est impossible d’écrire l’Histoire de Madagascar sans parler de lui. Face à l’attitude de dédain et de mépris de Marc Ravalomanana en regard des revendications populaires, le maire d’Antananarivo lance un ultimatum en décembre 2008. Dès janvier 2009, il amorce un mouvement afin que le président Ravalomanana revienne à la raison. Mais comme ses prédécesseurs, celui-ci fait la sourde oreille. Son erreur fatale aura d’avoir fermé la station Viva TV qui avait diffusé une interview de Didier Ratsiraka depuis sa résidence en banlieue parisienne. Viva appartenant à Andry Rajaoelina. Les évènements qui s’en sont suivis entrent dans le cadre des mêmes causes, mêmes effets. Malgré tout le cinéma de ses fans et la longévité de la transition, due à ce cinéma ayant inclus des ex-présidents élus tout aussi coupables des mêmes manquements envers la population, Marc Ravalomanana s’est enfui du pays, le 17 mars 2009, après le massacre du 07 février 2009 devant le Palais d’Ambohitsorohitra. Rappelons que lors de la période de transition, Didier Ratsiraka a été amnistié. Il avait été condamné par contumace le pouvoir Ravalomanana à 10 ans de travaux forcés et 10 millions d’anciens francs. Il est revenu à Madagascar le 24 novembre 2011.


Hery Rajaonarimampianina

Il n’a jamais pris des leçons du passé malgré ses beaux discours. Il n'a participé à aucune lutte populaire à Madagascar. En fait, ce candidat de substitution, devenu président de la république par procuration n’est pas celui que ses électeurs croyaient. En fait, et les évènements passés depuis janvier 2014 à ce mois d'avril 2015 le confirment, il sera le troisième larron (individu qui profite du conflit d'autres personnes) qui se comporte comme Pierre -avec le chant du coq- et Judas -avec les 30 deniers- réunis. En moins d’un an, il a fait -et continue à faire- exactement les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. Dès le début de son mandat (janvier 2014), il a violé la constitution sur laquelle il a prêté serment, en son article 54. En 15 mois de pouvoir, il s’est mis à dos l’ensemble de la population malgache et n’écoute que le son de sa propre voix ainsi que le chant « Kim Il Sungien » des sirènes de son entourage. Sans compter le nombre de ses voyages à l’extérieur qui n’ont rien apporté au peuple malgache. Sauf un endettement durable. Son parti Hvm créé de toutes pièces fait pire que les partis PSd, Arema et Tim réunis, en matière de politisation de l’administration publique. La différence est que nous ne sommes plus au temps où il n’y avait qu’une seule radio et une seule télévision. Grâce à Internet, même les coins les plus éloignés inaccessibles par voie terrestre sont au courant des nouvelles de ce monde. Ainsi, tout se sait en temps réel, en ce siècle des nouvelles technologies de l’information. Et tout n’est pas élucubration de journalistes.

Qu’espérer alors de cette « réconciliation nationale » ? Rien, sinon des avantages certains pour Marc Ravalomanana dont le retour très opaque est passé dans la trappe d’un marché de dupes infernal.

Hery Rajaonarimampianina veut toiletter la constitution à son avantage ; Ravalomanana veut être indemnisé ; pour Ratsiraka, on ne sait plus ce qu’il veut à son âge. Ainsi quoi qu’on dise, le président élu Zafy Albert et le président de la transition Andry Rajoelina, devant le tribunal de l’Histoire, auront eu raison de ne pas être complices de ce théâtre cautionné par la Communauté internationale -dont les membres actuels ignorent la vérité historique-, mais qui ne servira à rien lorsque le moment viendra. Et il viendra au moment où Hery Rajaonarimampianina s’y attendra le moins (« ho tafita vao rendrika »). A l’heure actuelle, il suffit d’un rien. Un tout petit grain de sable qui stoppera définitivement cette machine Hvm que ceux aux commandes croient parfaitement huilée. Comme l’ont pensé Tsiranana, Ratsiraka, Zafy et Ravalomanana en leur temps respectif, s'étant sentis invulnérables, éternels.


Alors, laissons-les duper le peuple et se duper entre eux ; laissons-les se leurrer et leurrer tout le monde. Mais, je le répète : aucune loi, aucun texte ne pourra empêcher une révolte populaire à un moment inattendu mais précis, tant que les dirigeants ne respecteront pas eux-mêmes et ne feront pas respecter la Constitution et les lois en vigueur. Il suffit d’un rien. Enfin, comment se fait-il que les députés, vrais représentants élus du peuple et par le peuple n'ont pas tous été présents ? Encore du mépris et du dédain que les "médiaboliques" omettent de relever.

Et ils se demandent encore et toujours d’où viennent les « crises cycliques ». Ils refusent la réalité sous couvert de la religion tronquée également… Ah, Madagascar état laïc, hein ? Il n’y aucune sincérité dans cette « réconciliation nationale ». Tous sont là pour des intérêts personnels. Tous se prennent au sérieux alors que peu respecteront la parole donnée. Hery Rajaonarimampianina ose-t-il prétendre le contraire ? Qu’est-il advenu de la Haute Cour de Justice  pour ne citer que cet exemple ? Qui jugera les juges et les hauts commis de l’Etat indélicats. Personne !

A Madagascar, les crimes «  haute voltige » commis -et commis par des personnages archi-connus- ne sont jamais punis. Aujourd’hui, Hery Rajaonarimampianina parle d’amnistie alors qu’il est contre l’impunité ; il joue la fibre du « Fihavanana » alors que lui et son entourage proche, dans la vie de tous les jours, n’ont que dédain et mépris pour les conditions de vie du peuple. Humiliants plus qu’humbles. Ils se sentent au-dessus des lois et du commun des Malgaches. Car le pouvoir absolu corrompt absolument.

Aussi : amnistiez-vous les uns les autres, il en restera toujours quelque chose lors de la prochaine « crise » devenue incontournable par la force des choses. Si elle n’est déjà là car la majorité des Malgaches vit dans la gadoue, la gadoue, la gadoue. Et je remets, ci-après, l’article édifiant de mon confrère, Marcus Boni Teiga, plus que valable pour Madagascar.

Dossier de Jeannot Ramambazafy – 29 avril 2015

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Pourquoi l’Afrique ne se développe pas

Le continent n'exploite pas ses nombreuses richesses et n'a pas su tirer les leçons des modèles sociopolitiques expérimentés à travers le monde.

C’est une lapalissade de dire que l’Afrique est un continent riche, tant elle regorge de ressources naturelles. Même si celles-ci ne sont pas inépuisables, l’Afrique est encore riche de ses terres en grande partie cultivables et de ses ressources humaines. Et pourtant, elle peine à se développer —c’est le moins que l’on puisse dire.

Au lieu de tirer leçon des succès et des échecs des modèles de développement qui ont été expérimentés de par le monde, elle continue à s’engluer dans ses politiques stériles. Plusieurs facteurs essentiels sont la cause de cette situation.

La faillite des politiques

Depuis la fin de la colonisation, presque tous les pays africains ont été dirigés par une élite sans vision politique à moyen ou long terme. Cette élite, qui s’est substituée aux anciens colonisateurs, a été incapable d’ambition et s’est davantage préoccupée d’elle-même que des peuples dont elle prétend défendre les intérêts. Résultat: le système colonial a été purement et simplement perpétué sous une autre forme dans les domaines politique, économique et culturel au fil des années. A cela, il faut ajouter l’insécurité de l’environnement économique qui ne favorise pas les investissements, et le règne de l’informel.

L’indépendance est donc devenue une véritable dépendance vis-à-vis des puissances étrangères, en particulier des anciennes puissances coloniales. Faute de réflexions endogènes ou prospectives et de volonté politique en vue d’amorcer un changement par une synergie d’actions, les politiques actuelles sont une navigation à vue. Les Etats sont gérés à la petite semaine par les dirigeants, juste le temps d’accomplir les hautes charges qui sont les leurs.

Le marché de consommateurs

Il n’y a pas meilleur marché de consommation que l’Afrique. C’est ce que nous appelons, avec un certain humour, dans nombre de pays africains les «receveurs universels». Comment peut-on se développer quand on consomme tout ce qui vient de l’extérieur sans distinction et qu’on ne produit rien, ou pas grand-chose?

Le comble, c’est que beaucoup d’Africains ont le complexe suranné de la préférence étrangère. Même quand ce qui est produit localement est de bien meilleure qualité que ce qui est importé. L’extraversion est non seulement un phénomène économique, mais aussi culturel. Et cette tendance doit être inversée par la création et la recherche de qualité, afin que les produits africains puissent être concurrentiels à l’échelle internationale.

L’Afrique ne doit pas être uniquement un marché de consommateurs —bien au contraire, elle a tout intérêt à se lancer dans la production tous azimuts. En effet, les Africains doivent encore prouver, comme qui dirait, qu’ils ne savent pas jouer que du banjo.

La négligence de l’agriculture

L’agriculture a toujours été reléguée au dernier rang des activités humaines en Afrique. Le paysan est considéré comme un citoyen de seconde zone. C’est le moins que rien. La plupart des Africains veulent être des commis de l’Etat. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tous les pays africains font de l’agriculture la base de leur développement. Mais ils ne font rien pourtant pour développer cette agriculture. Et ce n’est qu’un euphémisme.

Il faut bien le dire, depuis l’époque de la pierre, l’Afrique n’a remplacé l’outil agricole que par le fer. Rien de plus. Ce n’est pas avec la houe et la daba que l’Afrique peut se rendre autosuffisante alimentairement avant de parler de développer son agriculture à des fins de commercialisation ou de transformation. Comme les résultats d’investissements dans ce secteur ne s’obtiennent qu’à moyen ou long terme, cela intéresse peu les investisseurs étrangers et les Etats eux-mêmes.

Pourtant, cela concerne la presque totalité de la population du continent. Avec une démographie galopante et un dérèglement climatique qui s’accentue d’année en année, les moyens agricoles traditionnels ne peuvent plus nourrir les nombreuses bouches du continent tant qu’ils n’évolueront pas. Et un homme qui a faim est un homme qui ne pense pas, et par conséquent ne se donne pas les moyens de son développement.

L’inadéquation du système éducatif

Plus de cinquante après les indépendances de la plupart des pays d’Afrique, le système éducatif ne s’est toujours pas adapté aux réalités du monde actuel et à l’évolution des sociétés africaines. L’enseignement élémentaire reste encore un luxe pour la majorité. Et l’enseignement supérieur ne forme en grande partie que des diplômés sans emploi, incapables d’entreprendre ou de s’insérer dans la vie active dès qu’ils quittent leur formation.

Malheureusement, dans un tel contexte, l’enseignement technique et professionnel qui devrait être privilégié demeure le parent pauvre du système éducatif africain. C’est une des questions essentielles du développement de l’Afrique à laquelle il convient absolument d’apporter une solution adéquate.

L’instabilité sociopolitique

On peut compter sur les doigts d’une seule main les pays africains qui peuvent se targuer d’avoir connu une longue stabilité sociopolitique. Or celle-ci est une condition sine qua non du développement. L’Afrique souffre de la faiblesse de son organisation sociale et politique. Tant et si bien que la conjugaison des conflits internes et des appétits voraces externes que suscitent ses richesses ne sont pas pour la prémunir de crises plus ou moins graves.

L’une des raisons à cette instabilité chronique et récurrente est la difficulté à s’approprier les principes de la démocratie. Qu’ils accèdent au pouvoir, au pire par un coup d’Etat, succession dynastique ou au mieux par des élections passablement démocratiques, les chefs d’Etat africains finissent la plupart du temps par succomber à la tentation de la dictature. Grâce à l’absence d’armées républicaines, à la corruption, à l’analphabétisme d’une grande partie des peuples, au clientélisme, au culte de la personnalité et tutti quanti. Toutes choses qui engendrent des conflits sociopolitiques. De manière inconsciente ou non, les peuples africains sont eux-mêmes des usines à dictateurs.

La corruption

La corruption est un véritable fléau en Afrique, qui touche particulièrement les élites. En l’absence d’initiatives individuelles ou collectives de production de richesses, l’Etat reste la seule vache à lait. La politique est ainsi le plus grand pourvoyeur d’emplois et le seul moyen de s’enrichir de façon licite ou illicite sans travailler. Cet état de fait inhibe toute initiative et transforme certains agents de l’Etat, mais surtout ceux qui sont au pouvoir ou proches, en de véritables sangsues. Les économies en sont du coup gangrénées.

Si l’argent qui part en fumée au moyen de la corruption était effectivement investi en faveur des populations, l’Afrique aurait fait un grand bond en avant sur la voie du développement. Mais qui refuse de gagner de l’argent sans travailler? Ils ne sont pas légion, ces agents de l’Etat ou hommes politiques en Afrique. De nos jours, ils sont malheureusement comme des espèces humaines en voie de disparition.

La bonne gouvernance n’est pas le fort des dirigeants africains. Bien au contraire, c’est ce qui leur permet de rester au pouvoir en organisant des élections truquées d’avance par l’achat de conscience non seulement des électeurs en majorité analphabètes, mais aussi de ceux qui organisent les élections. Quand ils ne sont pas purement et simplement des dignes représentants de groupements économiques et politiques étrangers qui font feu de tout bois à cet effet.

Marcus Boni Teiga

Ancien directeur de l'hebdomadaire "Le Bénin Aujourd'hui", Marcus Boni Teiga a été grand reporter à "La Gazette du Golfe" à Cotonou et travaille actuellement en freelance. Il a publié de nombreux ouvrages. Il est co-auteur du blog "Echos du Bénin" sur Slate Afrique

Mis à jour ( Jeudi, 30 Avril 2015 07:03 )  
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