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Madagascar. Investisseurs: vous allez-vous casser la gueule!

Selon un support médiabolique (proche du pouvoir), le 2 novembre 2016 au matin, c’est une «moisson d’argent qui a eu lieu à Paris», 6,4 milliards USD de financements! Ce, dans le cadre d’une «Conférence des bailleurs et investisseurs pour Madagascar».

A l'époque, le peuple malgache (+75% de paysans) avait effectivement été représenté et associé à la démarche et la transparence était encore de mise

Un bis repetita de la réunion du «Club des amis de Madagascar», à Paris en juillet 2002, mais qui a mené le pays nulle part. Déjà, le 2 juillet 2002, la Banque Mondiale avait décidé d'octroyer une somme de 2,3 milliards de dollars au gouvernement malgache, remboursable sur 4 ans.


Le 26 juillet 2002, au siège de la Banque mondiale, le Club des bailleurs de fonds internationaux s’est réuni à Paris «pour être au chevet» de la Grande île. A l’issue de cette réunion, sur les 2,3 milliards, 30% ont été octroyés sous forme de don; 60% sous forme de prêts concessionnels à faible taux d’intérêt (1,5%). A ce moment, la dette extérieure de Madagascar était de plus de 6 milliards. Le plan du régime Tim/Ravalomanana pour 2002-2006 comportait trois axes. Le plus important consistait en un plan d’urgence pour assister les plus pauvres, fournir les produits de première nécessité, rétablir les programmes d’éducation et de santé et relancer l’emploi par des travaux d'intérêt public. Le second axe s’articulait autour de l’amélioration et l’application des règles de «bonne gouvernance». Le troisième axe était dirigé vers la relance du secteur privé et le (r)établissement des infrastructures.

Hafez Ghanem qui avait aussi relevé: «Vous dites que le taux de croissance est de 9% alors que, dans les documents, on parle de 6 à 7%. On n'arrive plus à suivre!»

Seulement voilà: le 16 janvier 2003, beaucoup de questions ont été posées comme: où est l'argent promis? Voici ce qu'avait révélé, ce jour, Hafez Ghanem, alors Directeur de la Banque mondiale pour Madagascar, à l'époque, à propos d'une somme de 600 millions destinés à financer 15 projets et approuvé à Paris en juillet 2002: «Le rythme de décaissement dépend du rythme du taux d’exécution du projet bénéficiaire de crédit». En fait, plus les travaux avancent, plus l’argent est décaissé. Je pense personnellement qu’au bout de 3 ans ou 4 ans au maximum, les 600 millions seront effectivement déboursés». Puis, Hafez Ghanem a profité de l’occasion pour révéler les difficultés que les bailleurs de fonds ont rencontrées dans le décaissement de l’argent. La première est que les formalités dans la passation des marchés publics sont compliquées et lourdes. «Il faut des mois et tant de signatures pour approuver un projet. Une autre difficulté se repose sur le système budgétaire de contrôle des dépenses. C’est un processus très long». C’est pour ces deux raisons, pour ne citer que cela, que le déblocage des fonds a connu des retards. Il a tenu à signaler que pour le décaissement des aides budgétaires, les procédures sont simplifiées. Cependant, de juillet à décembre 2002, 65 millions dollars seulement ont été effectivement décaissés.

Signalons que l’octroi des 600 millions dollars avait été décidé à la suite de l’approbation du plan malgache à court et à moyen terme pour la réduction de la pauvreté et le développement rapide présenté à Paris au mois de juillet 2002.

Paris, siège de l'Unesco, 1-2 décembre 2016. Quel sérieux, alors qu'ils savent tous que ce ne sera qu'un grand marché de dupes

Où en sommes-nous 14 ans après, avec un président qui commet exactement les mêmes erreurs que tous ses prédécesseurs élus, mais en un laps de temps very high speed?

J’applaudirai si j’étais certain que tous les 50 projets de l’actuel régime Hvm/Rajaonarimampianina aboutissent. Hélas, mille fois hélas: beaucoup de ces investisseurs vont se mordre les doigts, mordre la poussière et vivront le «nitady tombony dia natombony» bien malgache. Cela est un jeu de mots mais il signifie en bon français: chercher des bénéfices et se retrouver endetté. Mais ici, c'est le peuple qu'il endette et non son couple recomposé.

Ben voyons! Le contraire aurait été le miracle du 3è millénaire pour les Malgaches

Je ne suis ni devin ni oiseau de mauvais augure, mais depuis trois décennies que je pratique mon style de journalisme, une constance demeure. C’est à travers la connaissance de faits précédents que l’on peut facilement anticiper ce qui a une très grande chance de réussir de se produire dans l'avenir proche. Par ailleurs, même si c’est regrettable de le dire, ce que je reproche aux journalistes extérieurs, c’est qu’ils ne seront jamais que de passage dans mon pays et, à terme, toute leur littérature ne tiendra pas la route et ils devraient avoir le courage de changer de métier. Car, actuellement, ils se trompent et, du coup, trompent le monde entier. Je ne citerai pas les grands titres de renom. Ils se reconnaîtront, vous les reconnaîtrez d’ici quelques mois. Je vous le garantis. Et je m'en vais tous les guérir de cette amnésie collective qui fait régresser mon pays d'années en années. Trois ans déjà.

Cela dit, et pour vous prouver que je ne délire ni ne veux empêcher le développement de ma patrie, je prends, d’abord, l’exemple des infrastructures prévues pour accueillir le feu XVIème sommet de la Francophonie qui a laisser un goût plus qu’amer à la majorité de la population malgache. Allons-y, mais déjà, je vous prierai de garder soigneusement ce dossier afin de le relire dans quelques mois seulement.


Dakar, XV Sommet de la Francophonie 2014. Sur cette photo, Hery Rajaonarimampianina est le seul à rester bras ballants, mais c'est Madagascar qui a hérité du XVIè sommet de la Francophonie. Un Malgache, haut dirigeant de surcroit, ne saura-t-il jamais dire non aux vazaha? Surtout après une sortie de crise?

Dakar, novembre 2014. Par on-ne-sait quelle magie, alors que Madagascar venait à peine de sortir d’une longue période de transition exempte de toute aide des traditionnels bailleurs de fonds (depuis décembre 2008, en réalité historique), c’est cette Grande île de l’océan Indien, à travers son inénarrable président, qui a été choisi pour accueillir le XVIème sommet de la Francophonie. Cela signifie que le régime actuel avait deux années pleines pour se préparer avec faste. Ce genre de manifestation de très haut niveau (participation de chefs d’État et de gouvernement) nécessite, de manière incontournable, le nerf de la guerre et un savoir-faire du même niveau.

Un ministère qui m'épate vraiment. Pas vous?

Visite sur terrain du tronçon Tsarasaotra-Ivato par le Premier ministre Olivier Mahafaly et le ministre qui m'épate, le 9 octobre 2016. L'important pour CRBC était de relever un défi que la société s'est fait à elle-même. Bien qu'à ce stade, tout ne dépendait pas que d'elle-même... Ce sont les fonds qui manquaient le plus, mais ces Chinois ne le diront jamais en public. Pourtant...


Place Tiananmen, 4 juin 1989. "Le pouvoir absolu corrompt absolument". Ces milliers d'étudiants chinois vont être massacrés par l'armée avec des chars et des armes lourdes (ICI). Mais plus rien ne sera plus tout à fait comme avant, même si c'est toujours le parti communiste qui dirige.

Le 14 août 2014, Wen Gang, Chairman de CRBC est allé visiter le siège sis à Antananarivo. Il était accompagné de l'ambassadeur Yang Min et des ministres Rivo Rakotovao et Jacques Ulrich Andriantiana alors ministre des Transports (limogé depuis)

A l’époque, avant le remaniement du 15 avril 2016, Rivo Rakotovao était le Ministre d’État chargé de l’Equipement, des Projets Présidentiels et de l’Aménagement du Territoire (M2PATE). Il a été remplacé par Narson Rafidimanana, alors Ministre du Commerce et de la Consommation. Rivo Rakotovao, également président du parti présidentiel Hvm, a été affecté à l'Agriculture et l’Élevage. Drôle de revirement, n'est-il pas?

Fin juillet-début août 2015, CRBC et le ministre Rafidimanana signe un «business contract» pour le projet dénommé «Ivato Airport Expressway Project in Tananarive». Car entre-temps, le volet nerf de la guerre avait aussi été «résolu» à travers l’emprunt du régime Rajaonarimampianina de fonds, avec l’appui et l’aval de la Banque mondiale. Pour rappel, l’entreprise chinoise CRBC (China Road and Brigde Corporation), filiale exclusive de la mondialement renommée CCCC (China Communication Construction Company). Présente en Afrique depuis la fin des années 1970, CRBC fait partie du Bureau d’assistance à l’étranger relevant du ministère des Transports du gouvernement chinois.

Le ministre Narson Rafidimanana est un drôle de coco (c'est aussi son surnom). Interrogé sur le coût, après l'inauguration de la rocade, le 18 novembre 2016, voici sa réponse: «Les détails des financements et des chiffres exacts ne sont pas entre mes mains». Ils étaient entre ses pieds, peut-être? Ce qui suit va lui rafraichir la mémoire:

Eh ben mon coco, s'il porte plainte, on va rigoler de son amnésie

Initialement donc, rien que pour les infrastructures routières liées au sommet de la Francophonie, une somme d’un montant de 89,6 milliards ariary a été mobilisée. Pour cet emprunt extérieur à «taux préférentiel» (dette supportée par le peuple malgache), c’est l’Exim Bank qui s’en est chargé.

Je rédige des archives historiques à partir de documents authentiques. Débrouillez-vous pour la traduction du passage suivant (qui est aussi plus haut): This project is the highest priority project the government of Madagascar launches to welcome the 16th Sommet de la Francophonie which is to be held in November, 2016. The project connects Ivato International Airport and the downtown of Tananarive; along the line, there are the main venues, meeting centers and head villas of this summit. This is the first large infrastructure project for which the government of Madagascar uses G-G bilateral project financed by preferential loan from Exim Bank in the past 8 years, and also the largest single-scale infrastructure project of Madagascar in recent years. The successful signing of this project has a very important significance for CRBC to carry out business and improve the brand in Madagascar.


En quoi consistait cet « Ivato Airport Expressway Project in Tananarive »? Il s’agissait de réhabiliter des tronçons de route déjà existant et d’en construire un nouveau. Pour celui-ci, il portait sur le tronçon Tsarasaotra-Ivato d’une longueur totale de 11 km.


En ce qui concerne la réhabilitation, elle devait être concentrée sur la portion Ambohitrimanjaka-Boulevard de l’Europe, longue de 18, 669 km. En plus, il était prévu aussi de construire 11 parkings portuaires de bus.

Comment se fait-il alors que les travaux ont subi un grand retard, si bien que le 18 novembre 2016, seuls 4,759 km ont donc été pompeusement inaugurés par le président Hery Rajaonarimampianina?

Le savoir-faire de CRBC ne peut être mis en doute, c’est une certitude absolue. Seulement, les Chinois ayant une culture et une philosophie très, disons, « zen », ils ne diront jamais qu’ils ont été payés au lance-pierre. Où est passé l’argent que doivent rembourser les Malgaches sur deux décennies?

La pluie est (enfin) tombé le dimanche 27 novembre 2016, juste après la clôture du XVIème sommet de la Francophonie. Les dégâts du lendemain ne présagent rien de bon pour CRBC

Le comble, étant donné que ces 4,759 km vont être détruits par le prochain cyclone: le régime Rajaonarimampianina va oser dire que c’est la faute de CRBC qui ne sera pas payé. On parie? Et cette portion de route fermée. Un comble pour rendre fluide la circulation à Antananarivo, n'est-ce pas?

Second exemple, l’extension de l’aéroport d’Ivato, toujours dans le cadre de l’accueil du Sommet de la Francophonie.


Le 9 juillet 2015 a eu lieu la pose de la première pierre des travaux d’extension et de rénovation de l’aéroport international d’Ivato, agrémentée de la signature d’un contrat de concession, pour une période de 28 ans, des aéroports d’Ivato et de Nosy Be Fascène. Pour Hery Rajaonarimampianina, à l’époque, cela «constituait la consécration du Partenariat Public Privé, à travers la réalisation d’un projet de si grande envergure». Les partenaires initiaux: l’État malgache et le consortium Aéroport de Paris Management/Bouygues Bâtiment International/Colas Madagascar, et Meridian Africa. Coût des travaux, composés d’un nouveau terminal, de bâtiments neufs, d’une piste élargie et d’un parking avion: 120 millions d’euros. Dans une réalité concrète, le rôle de l’État malgache était plutôt un rôle de facilitateur et si c’est ce consortium qui a été choisi après un semblant d’appel d’offres (le groupe chinois Affec, maison-mère de Sogecoa était en lice et plus avantageux), il y a eu, indiscutablement, une commission.


Août 2016. «Les travaux de construction sur l’aéroport international d’Ivato seront achevés à temps pour accueillir le Sommet de la Francophonie dès cette année». Il s’agissait des déclarations émanant de Ravinala Airports, entité à connotation malgache trompeuse car regroupant toujours les mêmes Aéroport de Paris Management/Bouygues Bâtiment International/Colas Madagascar et Meridiam Africa.


James Andrianalisoa

Quelques jours après, James Andrianalisoa, Directeur général de l’Acm (Aviation civile de Madagascar) apporte un cinglant démenti. «La première partie de l’extension des aéroports d’Ivato et de Fascène ne sera pas prête avant la réception du sommet de la Francophonie en novembre 2016. Mais les travaux débuteront incessamment». Puis il a eu une révélation étrange: «Les signataires des contrats de concession savaient déjà que les travaux d’extension ne pourront jamais assurer la réception du XVIè sommet de la Francophonie». A vous d’en tirer vos conséquences. En tout cas, l’argent de toute commission n’est pas remboursable… Seulement, à présent, Ravinala Airports tente de faire payer une taxe de 20 et 38 euros par passager à titre de «redevances de développement des infrastructures aéroportuaires». Ce n’est pas gagné pour les passagers mais c’est incroyable, quoi! Les payer  parce que l’État malgache a manqué à sa parole?!


Je tirerai un trait sur le village de la Francophonie car c’est à vomir, malgré la publicité devenue mensongère, dès lors (ICI). Franchement. Et lorsqu’on l’entend déclarer, lors d’une interview de Pierre Boisselet (Jeune Afrique, 29.11.2016) que «les infrastructures, nous ne les avons pas faites pour le sommet […] la Francophonie a simplement été un accélérateur», une seule réaction vient à l’esprit: c’est un fieffé menteur.


A présent, passons à cette conférence des Bailleurs de fonds et Investisseurs qui a eu lieu les 1 et 2 décembre 2016 dans les locaux de l’Unesco à Paris, et qui a réuni 400 participants. Au total, on parle de plus de 10 milliards de dollars. Exactement 6,4 milliards des partenaires techniques et financiers sur la période 2016-2020 et d’un total de 3,8 milliards de la part d’investisseurs locaux et étrangers. Mais promesse n’a jamais signifié acquis.

Qui sont ces investisseurs privés?

Ils œuvrent dans les secteurs de l’agriculture, de l’aménagement urbain, de la  communication, du commerce, de l’énergie, des hydrocarbures, des mines, de la pêche, du tourisme, des transports, des technologies, du textile,

Je citerai, pêle-mêle: Axion, Colas, Jovenna, Filatex, le groupe Socota, le groupe international de BTP Eiffage, le groupe panafricain de production et de distribution d’eau et d’électricité Eranove, le développeur Themis, membre du groupe financier Abraaj, la société de droit malgache HIER (Hydro Ingénierie Études et Réalisations). Mais il se peut qu’il y en ait d’autres, des moindres. Mais il s’agit-là des gros poissons… Leur projet respectif ? A quoi bon les développer ici. Rendez-vous en 2032…


En écoutant les discours très sauteurs et tressautant du Président Hery, il est certain que le livre ci-dessus est son livre de chevet: c'est la faute aux cyclones; c'est la faute à 50 ans de pauvreté; c'est la faute à la transition (alors qu'il y était le Grand Argentier longue durée; c'est la faute aux politiciens; c'est la faute à... bref, ce n'est jamais sa faute à lui. Les poules auront donc des dents lorsqu'il fera son mea culpa

En tout cas, qui est déjà le grand gagnant dans cette histoire de gros sous promis dont les Malgaches actuels ne verront jamais la couleur mais que leurs enfants devront rembourser? Hery Rajaonarimampianina. En ne prenant que 10% de commissions du total, il est déjà multi-milliardaire. Seulement, la question qui se pose est: tous les beaux projets seront-ils réalisés à temps et à terme? Les exemples autour du XVIè sommet de la Francophonie permettent d’émettre des doutes.


Enfin, qu’il ne croit pas, une seule seconde, qu’il s’en sortira impunément. On ne cache pas des centaines de milliards, même en ariary, dans un placard. A partir du moment où il quittera le pouvoir, et il le quittera tôt ou tard, il sera traqué. Car en tant qu’expert-comptable, il y a toujours des comptes à rendre aux hommes puis au Créateur. Pour l’heure, sous couvert d’être un président élu, il amasse sans remords ce qu’il peut amasser. En malgache on dit: «ny tànana zatra mitsotra, tsy afaka mivonkona intsony» (qu’on peut traduire par chassez le naturel, il revient au galop et, par extension: l’habitude est une seconde nature). Aucune honte de crier urbi et orbi que Madagascar a «bénéficié» d’emprunts. Un non-sens. Quel ménage, de par le monde, crierait avec fierté, et sur les toits, qu’il a emprunté de l’argent? Aucun car c’est… honteux. Cela ne se fait pas. Par ailleurs, il y a toujours une contrepartie. Ici, Hery Rajaonarimampianina a, une fois de plus, hypothéqué son pays tout entier.

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SECRETS DES ALLÉES DU POUVOIR

Depuis plus de 30 ans que je suis journaliste, j’en ai fréquenté des politiciens et des opérateurs économiques. Et je connais par cœur ce qui n’est pas révélé à l’opinion publique. Mais elle doit connaître, sans doute, les jetons de présence, les per diem, les prises en charge, etc. Dès qu’un individu accède à un quelconque pouvoir, son ennemi n°1 c’est la tentation (du diable). Pour qu’un pays puisse avancer, il est primordial que les dirigeants ne soient pas gourmands. Ce que je vous rapporte est aussi authentique que véridique. Elle émane d’une conversation que j’ai eue avec Claude Pagès, dans son bureau du temps où il était Maire de la ville de Mahajanga, vers la fin des années 1990. Un bon premier magistrat de la Ville-des-Fleurs, aimé de ses administrés.

Ma question: Monsieur le Maire, quel est le secret de votre réussite, de votre bonne gouvernance?

Claude Pagès

Réponse: «Tout est question de partage équitable et d’achever jusqu’au bout un projet annoncé. Nous recevons un budget de l’Etat et aussi d’autres ressources propres. Ce ne sera jamais suffisant alors il faut composer pour faire avancer les choses. Mais avant tout chose, il importe d’être équitable et de satisfaire ceux qui travaillent. Surtout les EMO, les ECD et les ELD. Disons, pour donner un exemple concret, que sur une subvention de 120 millions fmg, tu retires 15 millions. Tu ne dois pas dépasser ce seuil et, dans ce retrait, tu en distribues aux travailleurs que j’ai cités, en plus de leur salaire. Avec le reste, tu arrives à boucler un projet. Si tu es trop gourmand, les travailleurs ne seront pas contents et aucun projet n’arrivera à terme ».

Comment a fini la carrière de l’efficace Maire Pagès? Le lundi 02 juin 2002, il a été «arrêté», alors qu'il se trouvait dans son bureau de l’hôtel de ville. Auparavant, il avait assisté à une réunion du conseil municipal. Après cette séance de travail, Claude Pagès a rejoint son bureau. Des miliciens ont alors fait irruption et l’ont forcé à rédiger une lettre de démission. Ayant refusé, il a été roué de coups puis ligoté. Mais il a du signer car on ne vit qu’une fois… Cela rappelle certaines actions de l’Emmoreg du valeureux Général Florens Rakotomahanina. Non? Ben oui, pas plus tard que le 2 novembre 2016, des individus en cagoule sont revenus, pour la seconde fois, au domicile du Sénateur Lylison. C’est de la persécution, du terrorisme d’État pour le « crime » d’appel à ville morte. Ahahah (rire lugubre).

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Hery Rajaonarimampianina, interviewé par « Les échos », le 17 septembre 2016.

Question : Quels sont les besoins d'investissement de Madagascar?
Réponse : Nous avons fait des simulations et évalué nos besoins entre 10 et 20 milliards de dollars dans les années qui viennent. Cela se ferait par étapes, bien entendu, mais ces montants permettraient d'avoir des programmes d'investissement dans tous les secteurs. Nous aurons une conférence avec nos investisseurs et bailleurs de fonds en décembre.

Revenons à nos moutons. Au vu de tous les projets inachevés, voire avortés depuis l’accession de Rajaonarimampianina à la magistrature suprême, il est clair qu’il «retire» plus qu’il ne faut. Sinon il prend tout carrément. Alors avec une promesse de plus de 10 milliards de dollars, c’est déjà quelque chose comme, au minimum, quelques dizaines de millions in his pocket. Sinon plus. Oserait-il mettre en pratique, dans ces transactions, le fameux «the winner take it all»? Who know... Ni vu ni connu du public -c’est une expert en écriture comptable pas en bonne gouvernance-, mais çà se répercutera toujours sur l’avancée des travaux. Un de ces quatre matins, beaucoup de fournisseurs de matériels techniques et mobiliers du (second) village de la Francophonie vont délier leur langue… Le comble c’est que son entourage fait pire en son nom et à travers ses pouvoirs de président de la république élu, de chef suprême des armées, de président du conseil de la magistrature). Ici, ce sont les « donateurs » que je pointe du doigt.


Aussi, je répète, encore une fois, que personne sur la planète Terre, n’est contre le développement. Ce genre d’initiative est même louable et les projets sont excellents. A condition que le dirigeant ne soit pas mauvais, médiocre, menteur, voleur. Pourquoi des pays meurtris comme le Rwanda réussissent-ils?

A Madagascar, un proverbe assure qu’il vaut mieux croiser une sorcière qu’un menteur («Aleho mifanena amina mpamosavy toy izao mifanehitra amina mpandainga»). Pas besoin de vous faire un dessin autre que celui ci-dessus. C’est méprisable. Aussi, et très sincèrement, investisseurs à Madagascar: vous allez-vous casser la gueule!

Vivement 2018! Mais comment le pouvoir Hvm/Rajaonarimampianina a-t-il donc réussi à vendre sa salade?

Hery Rajaonarimampianina, le 02 novembre 2016, à l’Unesco Paris:

« Je n’ai qu’une ambition pour mon pays: réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie de mes compatriotes. Cette ambition, je l’ai fondée sur notre adhésion totale au défi de l’atteinte des Objectifs de Développement Durable que nous nous sommes fixés ensemble, mais aussi sur la vision claire de l’avenir que nous voulions donner à notre pays: celle d’un Madagascar moderne et prospère. Cette vision a été traduite dans le Plan National de Développement ».

Trois ans se sont écoulés. Le peuple malgache, lui, n’a qu’un désir: que le président Hery Rajaonarimampianina concrétise ses promesses électorales de 2013 et lui rende compte avant de décider de quoi que ce soit. Point barre.

RESUME DU PND 2016-2020 DE 109 PAGES

(Il a donc changé en trois ans et sous trois Premiers ministres: 2014-2018, 2015-2019, 2016-2020)


Trop belle littérature pour être réaliste et réalisée, en rejetant les fautes sur le peuple malgache lui-même qui n’a jamais été consulté

L’orientation d’une nouvelle trajectoire de développement, à caractère inclusif et durable qui s’inscrit dans la ligne des perspectives offertes par les Objectifs du Développement Durable (ODD), voulue par les actuels dirigeants de Madagascar, à la sortie d’une longue crise politique et de gouvernance, n’est pas purement technique. Elle demande un effort d’intelligence et de courage et surtout une stratégie bien réfléchie de la part du peuple malgache dans son ensemble. En effet, bien que la croissance du PIB par habitant demeure un indice significatif de développement, une voie incontournable vers l’atteinte des objectifs de la société, elle ne saurait suffire. Le caractère multidimensionnel du développement impose une stratégie qui va au-delà d’une préoccupation axée uniquement sur le revenu. Les responsables, de leur côté, ne devraient pas se laisser découragés par la multiplicité et la complexité des difficultés qui jalonnent le processus du développement. Au contraire. Ils ont à méditer l’exhortation pleine de sagesse et de lucidité.

Les crises politiques et sociales qui se sont succédées ont fait resurgir en quelque sorte «les bas instincts d’égoïsme, de jalousie, de cupidité, d’arrogance» chez les gens. Elles ont relégué à l’arrière plan toute recherche de conditions propices à la réalisation du «fihavanana» avec ce que celui-ci entraîne de «fiarahamonina sy fiarahamivelona tsy misy rahoraho». Cette valeur qui reste ancrée profondément dans l’âme du peuple malagasy met la solidarité et le respect mutuel entre Malgaches au-dessus de toute autre considération et/ou autres types de richesse.

La plus longue crise socio-économique à Madagascar, débutant à la fin de 2008, a marqué une empreinte nettement plus forte que les précédentes sur l’économie et la société malgache. Les séquelles qu’elle a laissées appellent tout un effort de réconciliation nationale, la mise en oeuvre d’un ensemble de réformes structurantes et en profondeur ainsi que la réalisation immédiate d’actions et mesures urgentes et à impact rapide. Ces dernières devront se traduire par des résultats concrets et tangibles, perceptibles à court terme et ce, sous forme d’amélioration notable du vécu quotidien de la population et notamment des couches les plus vulnérables.

Ces différentes considérations ont présidé à la conception et à l’approche retenues lors de l’élaboration du présent Plan National de Développement (PND). Une telle conception et une telle approche qui se veulent être originales adoptent comme principal leitmotiv «le Malgache en harmonie avec son milieu», ceci, afin d’assurer cohérence et durabilité des actions. Les défis à relever sont certes importants et complexes mais l’État est décidé à faire preuve de volonté et d’engagement pour asseoir et raffermir son autorité ce, à travers des réformes, des référentiels et d’outils de prise de décision efficaces définis au préalable.

Le PND fait sien l’idée théologique selon laquelle «développer ou se développer» signifie essentiellement «construire et/ou bâtir une maison». Lorsqu’on construit une maison selon les règles de l’art, l’on doit au préalable imaginer et concevoir un plan de construction. En effet, toute construction ne peut se faire en un jour. La construction d’un édifice est une œuvre ambitieuse. Celle-ci doit être menée, arrangée et combinée avec art. Elle se fait de façon graduelle en commençant d’abord par le renforcement des fondations, ensuite par la consolidation des piliers et enfin par la mise en place de la superstructure.

Pour ce qui est du présent PND, les fondations avec leurs différentes couches de matériaux superposés traduisent et le processus de la croissance inclusive et le résultat de celle-ci. Elles doivent ainsi mettre en exergue, en cohérence et en phasage urgences et réformes à long terme. Les piliers seront les garants de la solidité du développement durable : il s’agit des richesses et des patrimoines que nous devons créer et léguer à nos générations futures. La superstructure traduit la vision Madagascar, «une Nation moderne et prospère» et formulée comme suit par Son Excellence, Monsieur le Président de la République:
«Bâtir un nouveau Madagascar, un Madagascar fort et ainsi léguer aux générations futures un pays apaisé, uni et prospère, qui aura réussi à devenir un leader mondial de la valorisation et de la préservation de son immense capital naturel en se basant sur une croissance forte et inclusive au service du développement équitable et durable de tous les territoires».

A PROPOS DE CE PLAN NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT 3

C’est un cadre de référence de développement présentant le mode choisi ayant comme critère «la croissance inclusive» selon de discours présidentiel «Tout participe et Tout bénéficie vers Madagascar une Nation Moderne et Prospère».

Pour y arriver cinq axes stratégiques parmi tant d’autre (pris dans le sens de voie routière) dans la ligne de la vision ont été optés:

Voie 1: «Gouvernance, Etat de Droit, Sécurité, Décentralisation, Démocratie, Solidarité nationale»;

Voie 2: «Préservation de la stabilité macroéconomique et appui au développement»;

Voie 3: «Croissance inclusive et ancrage territorial du développement»;

Voie 4: «Capital humain adéquat au processus de développement»;

Voie 5: «Valorisation du Capital naturel et renforcement de la résilience aux risques de catastrophes».

A l’intérieur de chaque voie des couloirs (programmes) ont été définis pour facilité la mise en œuvre des actions des acteurs, et ce avec des objectifs et des sous objectifs bien définis.

Une stratégie de mise en œuvre a été arrêtée pour atteindre la croissance inclusive :

· Croissance + 7% de croissance et un taux d’investissement de plus 30% par an;

· Un phasage des actions, qui pour les premiers 24 mois se focaliseront sur les grandes reformes et des grands travaux d’infrastructure sur des secteurs porteurs et des secteurs relais sélectionnés;

· Choix de types de financement (PPP et/ou classique)

Pourquoi ce mode de développement?

L’économie et la société sont fragiles et vulnérables et la pauvreté a atteint un niveau flagrant d’où croissance faible avec une redistribution des fruits de croissance non équitable et un début d’épuisement de différentes formes de capital dont le capital naturel.

La situation pose ainsi une problématique de Gouvernance, de Capital et de Résilience en termes de développement.

Pour sa réalisation le PND réclame le PMO (plan de mise en œuvre). Ce dernier clarifie en détail le rythme, les acteurs et les résultats sous-jacents des institutions et des ministères.


De ces faits vécus cette seule année 2016, les journalistes occidents, français surtout, en font une impasse. Dans la Grande île de l’océan Indien, c’est la «stabilité politique», la «sortie du purgatoire?», «Lentement mais sûrement, le président « Hery » prend de la hauteur en esquivant les coups». C’est l’homme qui est mauvais, les gars! Et il n'y a rien à faire car vous mettez de l'eau dans le moulin de ses bêtises.

Mais venez un peu résider un mois à Madagascar, vous m'en direz des... nouvelles. Et rendez compte après, au lieu de croire que la Grande île de l’océan Indien n’est pas devenue une république bananière pure et dure, cachée par des situations ubuesques. Ou alors, lisez mon livre (ICI). Il n’y a qu’une vérité et elle est unique.

Ultime exemple pour la... route. Lorsqu’il était président, Didier Ratsiraka avait demandé des sous pour construire la «route de la Concorde» prévue relier Antsiranana à Toliara. La Banque mondiale a «donné». Deux fois il était au pouvoir (1975-1991 et 1996-2002). Mais aucune route n’a émergé. Une fois au pouvoir, Marc Ravalomanana a aussi demandé des sous à la Banque mondiale pour le même projet. Cette fois-ci, elle avait déclaré: «nous avons déjà donné». Où est passé l’argent sous l'Amiral Ratsiraka? Mais une banque restant une banque, elle a encore donné mais avec des conditionnalités. Et c’est à partir de là qu’ont commencé les revues trimestrielles de l’utilisation des fonds «alloués»... Actuellement, Roland Ratsiraka, neveu de l'Amiral, ministre des Transports du régime Rajaonarimampianina, veut remettre la route de la concorde de son oncle au goût du jour. Non? Si, c'est ICI.

Enfin, chaque phrase de chacun des bandeaux suivants est le résumé de faits vrais et facilement vérifiables:

Dossier de Jeannot Ramambazafy – 3 décembre 2016

Mis Ă  jour ( Jeudi, 07 Septembre 2017 08:42 )  
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