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Marc Ravalomanana. Blocage de 14 ans sur les îles malagasy éparpillées

Les Présidents Jacques Chirac et Marc Ravalomanana en 2005

Incroyable! On croyait avoir tout vu avec ce personnage à qui Dieu n'a prêté que 7 ans pour être un président de Madagascar (2002-2009). En fait, il y avait pire encore.

En ce moment même, la question des cinq îles malagasy éparpillées dans le Canal du Mozambique (Archipel des Glorieuses, Bassas de India, Europa et Juan de Nova), se (re)trouve sous les feux de tous les projecteurs de l'actualité, ici comme ailleurs.

Tout récemment, je suis tombé sur un exemplaire de la Revue maritime et je suis aussi tombé des nues à la lecture d'un passage d'un article signé Jean-Marc Chataigner, ancien ambassadeur de France à Madagascar. Plus qu'un article, en fait, il s'agit d'authentiques investigations -avec le concours de Mademoiselle Khadija Bakhti- et il est précisé que “l'auteur s'exprime à titre personnel et ne saurait en aucun cas engager l'administration française”. Titre de cet article de 17 pages ? “Les îles Éparses : enjeux de souveraineté et de cogestion dans l’océan Indien” (in “La Revue maritime” n°504, décembre 2015, p. 70-87, ird-01414230). Voici ce passage:

(...) “Depuis 1896, les îles Éparses étaient rattachées, pour leur administration, à la Colonie française de Madagascar. Par décision du Général De Gaulle, le décret du 1er Avril 1960 place ces îles sous l’autorité directe du Ministre de l’Outre-mer, le préfet de La Réunion étant alors chargé de leur administration (qui sera transférée en 2005 à l’administrateur, devenu depuis, préfet des TAAF). L’affirmation de cette souveraineté française sur les îles Éparses ne fera l’objet d’aucune contestation par Madagascar jusqu’au milieu des années 1970 et l’arrivée au pouvoir de l’amiral Didier Ratsiraka, dans un contexte prononcé de rupture avec l’ancienne puissance coloniale. Sous l’impulsion de celui-ci, Madagascar portera tout d’abord ses nouvelles revendications territoriales en 1978 au niveau de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et du Mouvement des non-alignés (MNA), avant de faire endosser sa position par la résolution 34/91 de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) du 12 décembre 1979 (« Question des îles Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India »). La résolution 34/91 «invite le Gouvernement français à entamer, sans plus tarder, des négociations avec le Gouvernement malgache, en vue de la réintégration des îles précitées, qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar». Il convient de rappeler que les résolutions de l’AGNU n’ont pas de valeur juridique contraignante en droit international public, contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité. Dans le cadre d’un gentleman’s agreement diplomatique (négocié sous les présidences de Marc Ravalomanana et de Jacques Chirac et prévalant jusqu’en 2014), Madagascar et la France avaient d’ailleurs convenu de ne plus faire débattre l’AGNU sur la question des îles Éparses, qui restait cependant inscrite à son ordre du jour et chaque année faisait l’objet d’une décision de report”.

Alors là, c'est vraiment le comble, vous ne trouvez pas? Je ne jetterai pas la première pierre à Jacques Chirac à qui j'ai rendu hommage très récemment dans nos colonnes (cf : “Jacques Chirac. Retour sur un “Africain” méconnu sinon méprisé”, ICI). Il a été le président de la France et cet accord servait très bien -et sert encore- les intérêts de son pays. Mais c'est ce Marc Ravalomanana qui se croyait -et qui se croit toujours- un patriote qui vient d'être découvert dans une énième traîtrise qui dure depuis plus d'une décennie. Oui, c'est de la traîtrise pure et simple car ce “gentleman's agreement” -valeur juridique contraignante ou pas de l'AGNU- a certainement été “négocié” lors du second passage du président Chirac à Madagascar, en juillet 2005. Mais quelle aura été la contrepartie? Il y a eu, à coup sûr, des avantages quelque part... Mais certainement pas pour le bien de tous les Malagasy...

Quelle était la situation, à Madagascar, dans le domaine économico-commercial à l'époque? Déjà, il faut savoir qu'en juillet 2004, lors de la première visite du Président Jacques Chirac, celui-ci avait annoncé l’effacement d’un reliquat de la dette de Madagascar envers la France pour l’année en cours d’un montant de 70 millions d’euros. Ce geste avait permis de dégeler les relations entre les deux pays. En effet, en 2002, Paris avait mis un certain temps pour reconnaître le pouvoir de Marc Ravalomanana vis-à-vis de l’amiral Didier Ratsiraka soutenu alors par la France.

Maintenant, il faut savoir, qu'en 2005, la France n'était pas du tout pour l'adhésion de Madagascar à la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe) dont le poids lourd reste l'Afrique du Sud considérée comme “le bras armé de la diplomatie anglo-américaine” de la région. Il faut également se souvenir qu'en 2005, toujours, le groupe français Bolloré a perdu la concession du port de Toamasina. Or, à l'époque, la France était le premier partenaire économique de Madagascar avec près de 600 entreprises françaises implantées sur l’île, qui employaient près de 100.000 personnes. Et, au titre de l’initiative des Pays pauvres très endettés (IPPTE) Madagascar avait bénéficié d’une remise de 2,5 milliards USD de sa dette publique, dont 500 millions au compte de la France.

Tous ces gestes de la France de Jacques Chirac a permis à Marc Ravalomanana de créer l'illusion et de faire croire qu'il était un président de la république exceptionnel. Tu parles ! Au fil du temps, la plupart des entreprises françaises sur place ont bénéficié du pseudo libéralisme économique qu'il avait initié. Nous savons tous pourquoi, à présent. Et les iles malagasy éparpillées dans le Canal du Mozambique, jusqu'au mois de mai 2019 à Paris, n'ont fait l'objet d'aucune attention de la part des dirigeants d'après la chute de Ravalomanana. Concernant Andry Rajoelina, il ne pouvait pas faire grand'chose étant donné qu'il était le président d'un régime de transition, de 2009 à 2014.

Hery Rajaonarimampianina lui, n'aura fait que suivre les traces de la traîtrise de Marc Ravalomanana. Pourtant, en octobre 2013 dans le cadre de ses propagandes (le mot est juste ici), avant d'avoir été élu président de la république, il avait martelé : «Je vais me battre, me battre dur et fort, avec le peuple derrière moi, pour que les Iles Eparses nous soient restituées». Entre un traître et un menteur, il n'y a eu aucune différence sur le sort des quatre îles. Une fois au pouvoir, l'ami Hery s'est mis à baragouiner, mais cela a permis de savoir à quel point cétait un président de la république menteur doublé d'un lâche : «Ce n’est pas facile de demander leur restitution, depuis 40 ans. Nous avons fait beaucoup de bruit sans résultat. Est-ce que faire du bruit nous les rendra ? Si les Français disent qu’elles leur appartiennent, pourquoi le Président Chirac a proposé une cogestion? Si elles étaient la vraie propriété de la France, est-ce que, même une seconde, il aurait fait allusion à une cogestion? ».

Hery Rajaonarimampianina, le président qui a compté pour du beurre

Hery Rajaonarimampianina n'est pas le sujet de ce dossier mais il s'avérait incontournable de rappeler des manquements à la parole donnée. Le 23 octobre 2019, sur la Grande Glorieuse, qui fait partie de l'archipel malagasy des Glorieuses, le président Emmanuel Macron a cru bon de déclarer que là-bas c'est la France. Tant mieux pour lui et cela lui semble normal de poursuivre le colonialisme du Général de Gaulle. Andry Rajoelina, de son côté, en tant qu'actuel président de la république de Madagascar, s'en tient à ce qui a été convenu à l'Elysée en mai 2019. Ainsi, par Twitter interposé, il a annoncé que “ le 18 novembre 2019, une commission mixte au sujet de ces îles sera mise en place. Madagascar est le sanctuaire de la biodiversité mondiale. Le respect de l’intégrité territoriale et la défense de nos intérêts passent par le dialogue. Ayez confiance en notre détermination et notre patriotisme !”.

Plus de dix ans de perdus à cause d'un Marc Ravalomanana qui, au seuil de ses 70 printemps, n'a pas encore compris que le temps de la retraite et du retrait politique a sonné pour lui. Quant à moi, personnellement, je me rassure en me rappelant que l'esclavage, la colonisation et l'apartheid ont duré le temps qu'ils ont duré mais qu'ils n'existent pratiquement plus grâce à des patriotes qui ont donné leur vie pour que le “plus jamais çà !” soit une réalité vécue de nos jours. Aussi, concernant la restitution par la France des îles malagasy éparpillées dans le Canal de Mozambique, c'est aussi une question de temps. Quant à leur mode de gestion, j'ai une petite idée dont je vous parlerai en temps voulu. Vous voyez? Tout est question de temps, même si avec le temps va, tout s'en va comme le chante Léo Ferré.

Jeannot Ramambazafy - Dossier également publié dans "La Gazette de la Grande île" du samedi 02 novembre 2019

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Mis à jour ( Samedi, 02 Novembre 2019 13:50 )  
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