"Ouvrez les vannes ! De nombreuses personnes sont mortes !"
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Le régime Rajaonarimampianina, ce 25 février 2015, vient d’avoir un avant-goût de la colère d’un peuple. Excédés par la « nonchalance » de ces tenants du pouvoir qui parlent plus qu’ils n’agissent, tous les habitants des quartiers environnant le pont d’Ampasika, menant vers Itaosy, se sont rués hors de chez eux pour bloquer la route.
Cette manifestation spontanée d’un ras-le-bol général, de la part de ces "communs des mortels, de cette minorité agissante" (dixit le président Hery Rajaonarimampianina, un jour), a surpris les forces armées dépêchées sur place, devenues ridicules face au nombre sans cesse croissant des riverains. Car çà c’est autre chose que d’aller faire peur à une poignée de manifestants. Ainsi, aucun gaz lacrymogène n’a été lancé, aucun tir d’armes à feu n’a été entendu. Cette fois-ci, le général Florens Rakotomahanina n’était pas au rendez-vous.
Comme d’habitude dans nos contrées, on ne va pas tarder à mettre cette manifestation spontanée de colère populaire sur le dos des politiques. De certains politiques et, pourquoi pas, d’Andry Rajoelina lui-même ? En effet, certains habitants des quartiers étaient vêtus du T-shirt du MAPAR. Oui, mais d’autres avaient sur eux des T-shirt du candidat Edgard Razafindravahy et même du Hery vaovao ! Pour certains esprits encore mal embouchés, le signe "V" est international, planétaire mais n'appartient pas à une personne ou un groupe de personnes.
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Alors que l’ensemble des bas quartiers d’Antananarivo patauge dans l’eau et la boue, l'homme fort d’Air Madagascar et de la présidence, Me Henry Rabary-Njaka, et son compère Eric Koller, parlent de « pont aérien » et d’achat d’avions pour que les touristes étrangers viennent nombreux, assister au festival des baleines, loin de ce tumulte « téléguidé ». Quelle prévoyance ! Voilà donc la priorité pour ces "Malgaches" au pouvoir. Mais que demandent, que veulent ces pauvres (c’est le cas de le dire) gens ? Que les vannes des barrages soient ouvertes pour faire circuler le trop-plein d’eau du à une pluie abondante comme il n’y en avait jamais eu depuis des décennies.
Ces inondations sont dues aux constructions immenses et modernes qui dévient le trajet naturel de l’eau de pluie. Certes, on mettra toujours cela sur le dos des constructions « illicites ». Mais le gros des dégâts proviennent bien de ces nombreuses habitations de luxe dont les fondations dérangent l’environnement naturel. Habitués à toujours ignorer les petites gens et à ne pas écouter les cris de détresse du peuple, la cour des palais et le président élu lui-même vont-ils enfin se rendre compte qu’un suffrage universel et des forces de l’ordre à leur service ne sont pas une garantie de pérennité ?
Depuis le début de la saison des pluies, aucun ministre responsable n’a daigné descendre dans ces quartiers « maudits ». Le pouvoir se contentait -et se contente toujours- de traiter ces compatriotes comme des immigrés issus du Sahel qu’il fallait aligner afin qu’ils puissent avoir leur ration de Ppn éphémères. Pour « nourrir leurs rêves » (thème de l’actuel Premier ministre, Jean Ravelonarivo, lorsqu’il était président du Club Rotary Ainga en 2008-2009). Mais ils n’ont même pas le temps de rêver à quoi que ce soit, leur quotidien étant devenu un cauchemar vécu.
Combien d'Antananariviens ont-ils accès à Internet ?
Et ce n’est pas fini. C’est par Sms que le BNGRC (Bureau national de gestion des risques et des catastrophes) a lancé, dans la nuit du 25 février 2015, le message suivant : ALERTE JAUNE ! LOZA MANAMBANA ! Quittez les endroits bas et ne circulez pas à côté des cours d'eau et digues. PRUDENCE. Effectivement, gouverner c’est prévoir. Et je ne cesserai de répéter que la saison des pluies et des cyclones ne s’achève –TOUS LES ANS- que vers la fin du mois d’avril ! Victime de sa propre incompétence, le régime Rajaonarimampianina doit bien se faire du souci. Alors ? Retour au respect de la constitution et gestion réelle du volet social ou dédain, mépris et répression ? Tic tac, tic tac, qui, désormais, compte ses heures et ne dort plus la nuit ?
Et pendant ce temps, à Vavatenina, région Analanjirofo, loin de ces nouveaux dirigeants égoentriques, les écoliers ("hangana ny ho avy" - piliers de l'avenir) et les sportifs défilent dans la rue principale parce qu'"on" a vendu à un particulier leur terrain de football. Cela aussi c'est "normal" à Madagascar. Et les béni-oui-oui vont encore dire qu'il y a des dessous politiques derrière cette revendication
Entre Ambondrona et Faravohitra à Antananarivo
Sur la RN9, reliant Toliara à Morondava. Un état de catastrophe... surnaturel
Car ce sont les habitants de l’ensemble de l’île qui en ont marre de ces dirigeants qui ne font que des promesses d’ivrogne depuis plus d’un an, quant à une quelconque amélioration de leur quotidien misérable. Madagascar grenier à riz, hein ? Ce serait super formidable si le pays était le grenier à riz de… Madagascar. Voir les photos ci-dessous.
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Le niveau de l'eau du côté d'Ampitatafika. Et il risque de monter encore
Sur la route d'Anosipatrana. Antananarivo ville poubelle
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Miracle mon ami ! Ils ont enfin compris. Mais aucun texte en malgache
Reportage de Jeannot Ramambazafy et Harilala Randrianarison – 25 février 2015