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Madagascar dans le néant selon Raymond Ranjeva

Le Juge Raymond Ranjeva, le maître des pétitions et des théories fumeuses sur l'Histoire de Madagascar

Ce 13 janvier 2013, Raymond Ranjeva, un énième professeur malgache qui fut juge à la Cour Internationale de Justice de La Haye, ne sachant plus quoi faire de sa retraite, est intervenu sur les ondes de Radio France internationale. Pour lui, Madagascar n’est même pas encore dans une transition. Donc, dans le néant. Extraits.

Question d’Anna Sylvestre :

Vous parlez de la transition. Quel rôle voulez-vous jouer dans les quelques mois qui restent, théoriquement, de la transition ?

« Ah ! J’ai offert mes services parce que nous ne sommes pas encore en transition. Nous sommes encore en train de gérer, de manière très mal, un coup d’état, et les conséquences d’un coup d’état, mais nous ne sommes pas du tout engagés sur la voie de la transition pour faire face à l’avenir de ce pays et à la mise en place de [statuts ? mot inaudible]. Et c’est là que se résume toute l’ambigüité parce que la lassitude vis-à-vis de la transition (Ndlr: ha bon, elle existe quand même alors ?) résulte d’une escroquerie mentale et d’une escroquerie intellectuelle et médiatique : parler de transition alors qu’on n’arrive pas à gérer les conséquences d’un coup d’état ».

Juriste de renommée internationale, Raymond Ranjeva quitte la cour de La Haye en février 2009. Question : pourquoi n’a-t-il pas réagi à la suite de la démission de Marc Ravalomanana, le 17 mars 2009. Pour lui rafraîchir la mémoire -le poids des ans rendant amnésique-, rappelons-lui la définition de « coup d’état » qu’il est censé connaître sur le bout des manches de sa prestigieuse toge :

Un coup d'Etat est la prise du pouvoir dans un Etat par une minorité grâce à des moyens non constitutionnels, imposée par surprise et utilisant la force. Les auteurs d’un coup d’État, ou putschistes, s’appuient en général sur tout ou partie de l'armée et bénéficient du soutien d’au moins une partie de la classe politique et de la société civile. Le coup d'Etat, qui est réalisé par un petit groupe, se distingue de la révolution qui a un caractère populaire et massif.

Autre définition similaire : Un coup d'État est un renversement du pouvoir par une personne investie d'une autorité, de façon illégale et souvent brutale. On le distingue d'une révolution en ce que celle-ci est populaire. Le putsch est un coup d'État réalisé par la force des armes.

En suivant donc la logique bizarre de cet illustre juriste, les présidents Tsiranana, Ratsiraka et Zafy ont tous été balayés par un coup d’état, à partir du moment où il jure devant Dieu et les hommes que la révolution orange de 2009 était un coup d’état.

Mais que s’est-il donc passé le 17 mars 2009 ? Il y a eu le matin et il y a eu le début de soirée.

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Le matin. Réfugié dans le Palais d’état d’Iavoloha, Marc Ravalomanana, a fait des déclarations entendues à la RNM et vues à la TVM. En résumé, il a dissous son gouvernement et a transmis ses pouvoirs à un directoire militaire. Quelles que soient les interprétations, cela s’appelle démission. En transférant ses pouvoirs, il les a sciemment abandonné. Il l’a fait de son plein gré. C’est bel et bien une démission. Si ce n’était que cela, on pourrait toujours avancer la thèse de « coup d’état » jusqu’à la prochaine fin du monde.

Malheureusement, le passage de la Constitution de la IIIè république est claire, en matière de vacance du Président de la république :

Article 52 - En cas de vacance de la Présidence de la République par suite de démission, de décès, d’empêchement définitif dans les conditions prévues à l’article 51 alinéa 2 ou de déchéance prononcée en application de l’article 126, il est procédé à l’élection d’un nouveau Président conformément aux dispositions des articles 46 et 47.

La vacance est constatée par la Haute Cour Constitutionnelle. Dès la constatation de la vacance de la Présidence de la République, les fonctions de Chef de l’Etat sont provisoirement exercées, jusqu’à l’entrée en fonction du Président élu ou jusqu’à la levée de l’empêchement temporaire, par le Président du Sénat ou, en cas de vacance de poste ou d’incapacité du Président du Sénat constatée par la Haute Cour Constitutionnelle, par le Gouvernement collégialement.

Pendant la période allant de la constatation de la vacance à l’investiture du nouveau Président ou à la levée de l’empêchement temporaire, il ne peut être fait application des articles 94, 97, 98 et 152 à 154 de la Constitution.

La transmission de pouvoir à un directoire militaire n’a jamais été inscrite dans cette constitution. Voilà bien un acte unilatéral anticonstitutionnel dans toute sa splendeur. Par ailleurs, s’étant mis en vacance de lui-même, il aurait dû être remplacé soit par le Président du Sénat, soit collégialement par son gouvernement. Qu’il a dissous !

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Début de soirée. C’est à l’Episcopat d’Antanimena que tous les acteurs et témoins de ce transfert de pouvoir anticonstitutionnel s’étaient donné rendez-vous. Il y eu un cafouillage, des ambassadeurs, particulièrement celui des U.S.A. ont été priés « vigoureusement » de quitter les lieux. Or, le matin, ils étaient tous au Palais d’Iavoloha et n’ignoraient donc pas que Ravalomanana avait démissionné, à partir du moment où il avait transféré ses pouvoirs à une entité créée de toute pièce. Après âpres discussions entre militaires, ceux censés former ce directoire militaire ont remis, à leur tour, les pouvoirs à Andry Rajoelina, leader de la révolution orange.

Voilà, Monsieur le Juge Raymond Ranjeva, la vérité que retiendra l’Histoire politique de Madagascar. Le reste n’est qu’affabulations issues des mensonges de Marc Ravalomanana devant les membres de la Sadc, au Swaziland, où il a atterri, une semaine après sa fuite. « On m'a mis une arme sur la nuque, j'ai été obligé de fuir dans la forêt avec ma famille ». Mais où étiez-vous durant tout ce temps-là ? Enfin, dire que nous ne sommes pas encore en transition, c’est prendre la feuille de route, signée à l’hôtel « Le Paon d’Or », Ivato, dans la nuit du 16 septembre 2010, pour du papier hygiénique et les signataires -sauf la « mouvance Ratsiraka » dont vous émanez assurément- pour des connards ! (le mot est encore faible). Et le maestro Raymond Ranjeva ne sait-il toujours pas que les absents, dans ce cas de figure, ont et auront toujours tort ? Pffff !!!!

A mon avis, dans l’intérêt de votre propre famille, j’essaierai plutôt de retrouver votre cher frère, Louis, celui qui, en 2009 (tiens ?) a piqué 12.000.000 Ariary à la Banque centrale de Manakara -et qui a sali jusqu’au nom de l’Alliance française-, puis qui a disparu dans la nature. Cela est un « fait divers » authentique. Certes, vous n’êtes pas responsable de votre frère, comme Caïn vis-à-vis d’Abel. Louis, lui, ne vous a pas tué, vous, mais a salement amoché la réputation des Ranjeva où il existe aussi un autre frère, Général prestigieux de l’armée malagasy : Marcel Ranjeva.

Alors, Monsieur l’éminent juriste ? A vous de prouver au monde entier que Jeannot Ramambazafy, 27 ans de journalisme derrière lui, raconte des sornettes. Mais la vie continue inexorablement et le temps n’effacera jamais les crimes commis. Pour l’instant, tout le monde a hâte d’écouter vos prochaines interventions médiatiques et intellectuelles, selon vos propres termes. Mais lorsqu’on parle de néant, on aboutit toujours dans le néant, la nullité, le bide complet pour un juriste censé connaître les textes en vigueur et la loi fondamentale de Madagascar.

Jeannot RAMAMBAZAFY – 13 janvier 2013

Mis à jour ( Lundi, 14 Janvier 2013 02:51 )  
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