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Madagascar. Hery Rajaonarimampianina entre film utopique et réalités

C’est très simple: depuis son accession au pouvoir à Madagascar (et même lorsqu’il était encore un candidat de substitution), Hery Rajaonarimampianina a brillé -et brille toujours- par sa manière de dire ce qu’il compte faire sans jamais révéler COMMENT il va faire. Et, surtout, QUAND il va commencer. Car toutes les nouvelles constructions qu'il a inauguré depuis (à part petites écoles et terrains de sport), émanent de la période de transition qui n'a bénéficié d'aucun apport des bailleurs de fonds traditionnels. Et il était l'inamovible ministre des Finances et du Budget à l'époque. Exemple-phare ICI.

Le plus « remarquable » avec lui, c’est qu’il s’adresse non pas au peuple malgache -directement ou non- mais à la communauté internationale via des médias qui, eux, ne risquent pas d’être frappés des dispositions d’un projet de code de la communication qui risque d’assassiner totalement le métier de journaliste à Madagascar (ICI). C’est dire le mépris que King Hery Vaovao a pour ses compatriotes en général, les gens de communication et les « whistlerbowers » (lanceurs d’alerte) en particulier. En tout cas, avec ce qu'il a dit dans les interviews ci-après, l'évidence apparaît de plus en plus claire que l'eau de roche: Hery Rajaonarimampianina se comporte comme le président d’un pays utopiquement paradisiaque, loin des réalités qui prévalent sur le terrain. Ce n’est pas en muselant la presse et en emprisonnant ses adversaires qu’il parviendra à une stabilité politique qu’il recherche depuis deux ans et demi. D’ailleurs, qu’a-t-il fait du pacte de responsabilité demandé par la HCC après sa destitution loupée (ICI) ? Dérobé par les pingouins de Madagascar? Enfin, concernant l'état de droit, allez...droit ICI.

Interviews réalisées, fin mai 2016, par le confrère nigerian Tokunbo Salako pour Africa news (Business Africa) et Euronews (Global conversation), en France. Evidemment. A vous de faire la part des choses…

BUSINESS AFRICA


Monsieur le Président, il y a deux ans, le Forum économique mondial a placé votre pays au rang des pays les plus exposés à l’instabilité politique. Que faire pour inverser cette tendance?


Mon premier objectif, c’est de mettre en place cette stabilité. Il faut une stabilité politique, il faut cette stabilité-là pour attirer les investisseurs. Donc, cette stabilité se manifeste à différents niveaux; çà se manifeste au niveau de la mise en place de l’état de droit, de la lutte contre la corruption, de la bonne gouvernance aussi. Et je pense que pour parler uniquement des investisseurs, nous mettons en place un cadre d’un monde des affaires qui pourrait attirer davantage ces investisseurs.


La dernière fois que vous êtes venu en France, vous avez déclaré que l’économie de votre pays était en phase de développement. Où en est-on aujourd’hui?


Eh ben, le chantier se poursuit. Le développement c’est un grand chantier, hein. Donc, heu, nous menons les grands projets que j’appelle projets structurants. Vous savez, je ne suis pas là pour dénigrer ce qui a été fait avant, mais je crois que la faiblesse c’est la faiblesse de projets structurants qui manquaient dans le pays, pour ne prendre que l’énergie, par exemple. Comment peut-on imaginer qu’aujourd’hui, à Madagascar, alors qu’on a du soleil, on a du vent, on a des cours d’eau, on a des fleuves importants, 70% de notre énergie est produit encore (Ndlr: texto, mais le verbe doit être conjugué au pluriel: sont) par le thermique. Je crois que c’est inadmissible! Aujourd’hui, heu, je suis là pour mettre en place les projets heu d’énergie, énergies renouvelables en plus, pour utiliser toutes ces ressources-là, heu, afin justement de profiter de toutes ces ressources-là pour le développement du pays. C’est çà que j’appelle les projets structurants.


Tout cela est assez paradoxal. Votre pays dispose de nombreuses ressources naturelles, mais le pays reste très pauvre. Alors, face à la baisse du pétrole en Afrique, comment comptez-vous diversifier votre approvisionnement?


Ecoutez, justement, lorsque que vous parlez de paradoxe, hein, on lutte contre çà; on va renverser la vapeur, en utilisant justement ces ressources-là pour l’intérêt du pays. C’est vrai que le domaine minier, dans le cadre, heu, de notre économie, est important, heu, et l’année dernière (Ndlr: 2015), nous avons subi les contrecoups de la baisse des prix des produits. Mais il n’y a pas que les mines à Madagascar. Il y a de grands potentiels dans différents secteurs, pour ne parler que du tourisme, avec l’environnement, heu, j’allais dire, heu pratiquement unique qu’on a à Madagascar. On a des produits endémiques, une faune et une flore endémiques à Madagascar ; heu, donc tout çà, à mon avis, ce sont des produits d’appel pour développer un tourisme différent, un tourisme écologique, heu basé sur le développement aussi de l’environnement.

GLOBAL CONVERSATION


Monsieur le président, vous avez traversé deux années difficiles. Comment vous sentez-vous ?


Je me sens engagé, engagé davantage, heu pour le bien de la population malgache, pour le bien de ce pays. Aujourd’hui, le plus important pour moi c’est la détermination, aller de l’avant, heu de sortir ce pays et sa population de, heu, de la pauvreté, d’amener un développement, d’exploiter les ressources qu’il y a dans ce pays pour le bien de sa population.


Aviez-vous toujours l’ambition de devenir président ?


Non, j’avais jamais pensé à être président. Moi, je pensais tout simplement que j’avais une responsabilité lorsque j’étais ministre des Finances et du Budget. C’était une grande responsabilité et, heu, je crois que c’était déjà l’occasion pour servir le pays. Et, heu, par la suite, je suis devenu président, donc çà me donne encore l’occasion de servir encore plus. Cela veut dire: je suis jeune, je réfléchis à ce pays au bien de ce pays, la formation que j’ai eue, la profession que j’ai exercée, mais tout çà, à mon avis, ce sont des, heu, ce que j’appellerai des socles qui ont forgé un homme!


Revenons à ce qui s’est passé l’année dernière, avec la tentative de destitution. On a vu des membres de votre propre parti e retourner contre vous. Cela vous a-t-il fait penser au coup d’état ?


On ne peut pas comparer ces deux évènements. C’est vrai que l’année dernière, heu, heu, y avait eu ces, ces évènements, heu, heu, mais je pense que les politiciens ont parlé mais le peuple a aussi réagi. Heu, le peuple a manifesté son intérêt suprême qui est la stabilité et le développement.


Votre pays va accueillir le sommet du Comesa et le sommet de la Francophonie. Quel est le message que vous voulez faire passer ?


Ce sont des évènements qui consacrent, d’abord le retour de Madagascar sur la scène internationale; et qui consacrent aussi ce support de la communauté internationale de, heu, de se tourner vers Madagascar et d’appuyer ce pays dans le cadre de, heu, son redressement. Je pense que c’est un signal fort qui a été donné, et nous, on devrait aussi mériter cela, on fera, heu, on mettra tous efforts nécessaires pour que ces sommets, heu, seront, heu, une réussite.


Juste une dernière question de la part de mes enfants, monsieur le président: est-ce que le succès du film d’animation "Madagascar" a eu un impact sur le tourisme ?


Ne serait-ce que, heu, le nom Madagascar, c’est déjà important que les enfants se l’approprient. Les grands connaissent, heu, le nom Madagascar. Heu, maintenant, heu, il s’agit de faire encore plus. Moi, je sens, je sens qu’il y a, heu, un intérêt, heu, aujourd’hui, vers ce pays. Je sens qu’on commence, petit à petit, à connaître ce pays, à travers pas seulement ce film, mais ce film a donné cette opportunité aux uns et aux autres de connaître davantage Madagascar: sa faune, sa flore. Heu, on parle de lémuriens et des animaux qui sont endémiques à Madagascar, des espèces rares à Madagascar, des tortues et tout çà… donc, heu, moi je crois que çà fait tout de même son petit bonhomme de chemin.


Monsieur le président Hery Rajaonarimampianina ne sait-il pas que le film "Madagascar" est sorti en 2005 et qu'il en sera à son quatrième épisode en 2018, "Madly Madagascar" mis à part ? Que pour de nombreux enfants et parents de par le monde, ce n’est qu’un pays utopique. Par ailleurs, voici donc, les fameux « animaux endémiques », les « espèces rares ». En tout cas, il n’y est pas question de tortues. Il doit confondre avec les « tortues ninja »…


Les héros du film Madagascar sont Alex le lion, Marty le zèbre, Melman la girafe et Gloria l’hippopotame. Mais il y a aussi les "Pingouins de Madagascar" pays où ils n'ont jamais existé. Seul lien avec Madagascar, le vrai pays: les lémuriens King Julia, Maurice et Morty, ainsi que cette histoire de « fossas » (« fosa ») qui existent vraiment. C’est tout.


A présent, faisons un petit retour en arrière, toujours en France mais en mars 2014. Ecoutez la vidéo ci-dessus. Vous m'en direz des nouvelles... Car sa "vision plus structurée" est devenue un cauchemar pour la majorité des Malgaches, deux ans et demi plus tard

Dossier de Jeannot Ramambazafy – 14 juin 2016

Mis à jour ( Mercredi, 15 Juin 2016 05:36 )  
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