Lalao et Marc Ravalomanana, le 21 janvier 2012, à bord du même vol 8252 vol d'Air Link. A ce rythme, seule la mort les séparera donc ? Finiront-ils leurs vieux jours heureux ? Que de questions, de rebondissements, dans ce feuilleton ravalomananesque qui dure depuis trois ans
Décidément, le nom de Ravalomanana sera toujours lié à de très mauvais souvenirs dans l’histoire de la Grande île de l’océan Indien. Mais comme il l’est écrit dans la Bible des croyants chrétiens : malheur à ceux par qui le scandale arrive. Mais que s’est-il passé ce samedi 4 février 2012, à l’aéroport Oliver Tambo de Johannesburg ?
Dans ce genre d’information, il importe de faire des recoupements et non pas se contenter d’un seul son de cloche émanant de la mouvance de « Dada » Ravalomanana. En tout cas, la vérité vraie, celle qui est plate (« fisaka ny marina »), semble avoir disparue dans cette énième feuilleton ravalomananesque qui dure depuis 3 ans. Même le journal en ligne linfo.re, dans le doute (sans doute), a enlevé son article mis en ligne un peu trop rapidement pour être objectif :
http://www.linfo.re/-Politique,382-/L-epouse-de-Marc-Ravalomanana-empechee-de-rentrer-a-Madagascar
Revenons à cet empêchement très mystérieux de Lalao Ravalomanana alias "Neny".
1. Airlink a menti
Selon l’afp, Karin Murray, porte-parole de la compagnie Air Link Airlines, celle-ci a été informée par le ministère des Affaires étrangères sud-africain et que Lalao Ravalomanana «n’était pas autorisée à voyager ». Averti de cette déclaration, Clayson Monyela, porte-parole de ce ministère sud-africain a été catégorique : « Cela est faux, nous ne savions même pas qu’elle devait rentrer à Madagascar ». Et d’ajouter : « la médiation pour régler la crise malgache est de la compétence de la Sadc et non de l’Afrique du Sud ».
2. Déclaration en anglais du conseiller sud-africain de Marc Ravalomanana
A Ivato, l’un des deux conseillers, face à la presse. L’épouse de Marc Ravalomanana a été interdite de monter dans l’avion au dernier moment, à la suite d’une lettre envoyée à Air Link par le gouvernement malgache (« malagasy government »). Mais il n’a pas montré une copie de la dite-lettre.
3. Mamy Rakotoarivelo : « Notam déguisé »
Pour lui, à chaud, cette lettre n’est rien de moins qu’un « Notam déguisé » et qu’il allait porter plainte contre la HAT (nom qui n’existe plus officiellement, le sait-il ?) à la Communauté internationale. Il a aussi profité de l’occasion pour pleurnicher sur son sort, en malgache : Quand on n’a pas besoin de nous, on nous met à la touche (« atao anjoro-bala ») et quand on a besoin de nous, on nous appelle. Il est sûrement atteint d’amnésie grave. N’est-ce pas lui qui, récemment, s’est « suspendu » de son poste de président du Congrès de la Transition, avant de revenir au perchoir ? A ce stade, démissionner est la meilleure preuve de loyauté et de fidélité à Marc Ravalomanana. Mais çà doit être dur de devoir à nouveau rouler sans sirène ni gardes du corps... Ah, les avantages du pouvoir !
4. Point de presse (vers 20h15) à l’Hôtel Colbert des deux conseillers sud-africains de Ravalomanana, organisé par sa mouvance
Deux points ont été abordés par Mutumwa Mawere et Brylyne Chitsunge. Concernant la tuerie du 7 février 2009, ces deux conseillers –qui n’ont pas vécu les atrocités, se posent la question sur la responsabilité et les preuves contre leur « client » (il n’y a pas d’autres mots, étant donné qu’ils sont chèrement payé). « La justice malgache était-elle vraiment indépendante, lors du verdict par contumace ? ». Puis, ils ont déclaré qu’ils allaient prendre des décisions et aussi leurs responsabilités (???). Ah bon ? C'est sûr, ils sont payés en millions de dollars américains (et non en ariary ou francs mofo gasy) pour, dès leur débarquement, oser remettre en cause l'indépendance de la Justice malgache et insulter la mémoire des morts, à la veille du 7 février. Concernant la non venue de Lalao Ravalomanana, c’est "vers 10h30 (à Johannesburg) que la compagnie Air Link les a avisés qu’elle venait de recevoir une lettre émanant du ministère malgache des Transports", pour ne pas prendre à bord du vol SA 8252 du jour, l’épouse du président démissionnaire.
Ben, on aimerait bien en avoir une photocopie, pour en lire la teneur. Car était-ce une note ? Une lettre de prévention "normale" ou une injonction dure ? Le motif invoqué aurait été le précédent du 21 janvier 2012, qui a occasionné mort d’homme tout de même. En clair, le ministère des Transports malgache a voulu dégager toute la responsabilité de la présidence de la transition au cas où il y aurait eu des dérapages… Rappelons que l’avion d’Air Link, le 21 janvier -avec à son bord le couple Ravalomanana-, avait reçu une note lui indiquant d’atterrir à Morondave et non à Ivato. Le pilote a préféré rebrousser chemin.
5. Côté gouvernement de la transition : Le silence habituel
Ici, c’est le silence radio complet. Et comme d’habitude -c’est déjà fait-, tout va retomber sur le Président Andry Rajoelina. Qui a vraiment pris cette décision in extremis ? Qui a signé la lettre ? A quoi sert un Premier ministre, dès lors ? Au rythme de décisions irrationnelles de ce genre à chaque fin de semaine, Andry Rajoelina perd, au fil de temps, beaucoup de son capitale confiance. Quand va-t-il (enfin) se débarrasser de cette bande d’incapables qui l’étouffent et qui le mèneront à sa perte ? Eh ho ! Le délai de grâce a été largement entamé : il est temps de se réveiller et de garder les pieds sur terre, pour l’intérêt des 21 millions de Malgaches dont on parle beaucoup mais qui font finir par perdre définitivement patience. On peut prévenir les actions d’un ennemi à visage découvert, mais jamais celles de l’ennemi de l’intérieur, que vous côtoyez chaque jour que fait le bon Dieu. Pour ma part, il s'agit tout simplement d'un acte de dénigrement total à l'encontre d'Andry Rajoelina qui semble être hypnotisé par on-ne-sait-plus quoi (ou qui)...
Est-il, oui ou non, "The Boss" ?
En tout cas, le résultat de tout cet imbroglio est que Lalao Ravalomanana, bien enregistrée et dont les bagages sont arrivés à Ivato, n’a pas pu, elle, revenir à Madagascar. On voit déjà les titres des habituels médiaboliques malgaches et d'ailleurs, dès ce lundi 6 février 2012. La veille de la commémoration de tuerie d’il y a trois ans, devant le palais d’Ambohitsorohitra.
Jeannot Ramambazafy – 4 février 2012