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Madagascar Hery Vaovao: Jour-J de la campagne du 2è tour de la présidentielle 2013

Le candidat n°03, Hery Rajaonarimampianina

C’est ce 29 novembre 2013 que débute officiellement la campagne pour le second tour de l’élection présidentielle qui sera couplée aux législatives, le 20 décembre 2013. Pour marquer le coup d’envoi, madagate.com a choisi l’interview du candidat n°03, Hery Rajaonarimampianina effectuée par Francis Rasoamaharo et Eric Andriamanantsara pour Madagascar Magazine.

Jeannot Ramambazafy

Hery Rajaonarimampianina s’exprime sur le premier tour : « Si vous parlez de vote sanction, elle concerne alors toute l’équipe de la transition et les signataires de la feuille de route, y compris la mouvance Ravalomanana ».

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle vous a classé en seconde position derrière le candidat Jean Louis Robinson, soutenu par l’ancien président Marc Ravalomanana. Etes-vous satisfait de ces résultats ?


" Je suis tout d’abord reconnaissant envers la population malgache. Elle a montré sa maturité en matière de démocratie. Elle s’est exprimée avec détermination dans le calme et la sérénité sur la nécessité d’accomplir jusqu’à son terme le processus électoral- seul garant de la sortie de crise. En ce qui concerne les résultats, je peux vous affirmer qu’il vaut mieux être au second tour pour espérer continuer à proposer mon projet pour Madagascar. En effet, il y a eu trente trois candidats qui se sont présentés devant la population. Et je tiens à remercier chaleureusement tous ceux et celles qui m’ont accordé leur confiance pour poursuivre notre rencontre et notre débat en vue d’un avenir meilleur ".

Compte tenu des moyens considérables que vous avez déployés, on pouvait s’attendre à ce que vous soyez largement en tête. Il semblerait qu’il y ait quelque part une sorte de «vote sanction» à votre encontre compte tenu du fait que vous ayez appartenu à une équipe qui a dirigé le pays depuis plus de 4 ans. Qu’en pensez-vous ?


" Primo, tous les candidats à cette élection ont utilisé des moyens considérables pour faire campagne. Secundo, je tiens à vous faire remarquer que le pays a été dirigé d’une manière consensuelle et inclusive dans le cadre de la feuille de route. Et si vous parlez de « vote sanction », elle concerne alors toute l’équipe de la transition et les signataires de la feuille de route, y compris la mouvance Ravalomanana qui fait partie intégrante de la transition et qui a sa part de responsabilité dans le bilan de la transition ".

Des requêtes aux fins de disqualification ont été déposées contre vous auprès de la Cour Electorale Spéciale (CES) par le proche d’un candidat concurrent au scrutin du 25 Octobre dernier. La CES les a rejetées le 13 novembre. Que pouvez-vous en dire?


" Une de mes valeurs fondamentales dans la conduite des affaires publiques, c’est le principe de l’indépendance de la justice. Dans les pays démocratiques, le dernier mot appartient toujours à la justice. Je fais entièrement confiance à la justice malgache et je respecte profondément ses décisions. Par conséquent, je me refuse de commenter toute décision de justice ".

Vous vous êtes présenté comme un candidat d’ouverture, de rassemblement et surtout indépendant. Aujourd’hui, pour le second tour, le président de la Transition Andry Rajoelina a déclaré publiquement dans la presse qu’il vous apporte son soutien officiellement. Est-ce pour vous un atout supplémentaire ?

" Par définition, un candidat de rassemblement accueille à bras ouvert tous les soutiens d’où qu’ils viennent. Je suis un candidat indépendant en étant proposé par deux candidats indépendants, en la personne de Dr Jules Etienne et Dr Kolo Roland, après la décision de la CES II. Je suis un candidat d’ouverture parce que notre philosophie malgache dit « taontrano tsy efan’irery ». Aussi, je ne veux et je ne peux me prévaloir d’être la seule personne qui puisse tirer le pays de cette crise profonde. J’ai la profonde conviction que tous les enfants de ce pays peuvent apporter leur contribution dans la relance économique, dans le développement social, dans la stabilité politique et la réconciliation nationale ".

Pensez-vous pouvoir réunir autour de vous tous les candidats originellement issus du camp de la Haute Autorité de la Transition (HAT), compte tenu des animosités et des divisions qui l’ont «miné», et ce indépendamment du fait que personne n’est maître des votes qu’il a obtenus au premier tour ?


" La révolution orange de 2009 a été le fruit de la soif de la population malgache pour une véritable démocratie. Et cette démocratie s’est exprimée lors du vote du 25 Octobre 2013. Si l’on se réfère à l’histoire politique et l’histoire des élections à Madagascar depuis l’indépendance, les résultats du premier tour marquent la victoire du peuple malgache qui a tant lutté pour la démocratie. En effet, c’est la première élection présidentielle qui a vu la participation record de candidats de différents horizons, organisée par une structure indépendante et scrupuleusement financée et surveillée par la communauté internationale. Et je dirais même que, selon les résultats officiels proclamés par la CES, sur les dix premiers candidats à cette élection présidentielle, nombreux sont issus du vent du changement, et beaucoup ont émergé durant la transition. Cette démocratie fait partie de l’acquis de la transition, et je doute fort que la population veuille un retour en arrière ".

Contrairement à votre concurrent, vous n’avez pas changé votre directeur de campagne. Y aurait-il cependant un changement de stratégie pour le second tour ?


" Une campagne présidentielle dans une élection à suffrage universelle directe comme la nôtre, c’est la rencontre d’une personne avec le peuple. C’est une vision à partager, un projet sur lequel débattre et des solutions à concrétiser. C’est une équipe ouverte qui sait rassembler toutes les sensibilités, toutes les tendances et qui sait mobiliser toutes les forces vives du pays pour le bâtir ensemble. Je laisse à d’autres le soin de faire des ajustements cosmétiques dans un but purement électoraliste ".

Quel projet de société comptez-vous proposer concrètement au peuple malgache ? Et quelles sont les principales mesures que vous allez mettre en chantier rapidement ?


" Mon projet de société est un Madagascar apaisé et stable pour un développement inclusif. Madagascar subit depuis quatre décennies les soubresauts de quatre crises politiques. Cette élection va permettre de rompre avec le cercle vicieux de la crise cyclique et commencer à bâtir un Etat fort érigé par le peuple et qui travaillera pour le peuple. L’histoire nous a enseigné qu’aucun développement ne peut être envisagé dans une situation de crise et dans un environnement anxiogène. Ma priorité c’est de rétablir l’Etat de Droit, rendre effective la bonne gouvernance et instaurer la redevabilité des dirigeants. Pour ce faire, je prône l’indépendance de la justice et l’exemplarité des dirigeants. Je m’engage aussi devant le peuple pour un développement inclusif qui verra la participation de tous dans l’effort de construction et le partage équitable des fruits de la croissance. Ainsi, il nous faudra travailler de concert avec les partenaires techniques et financiers, que je remercie en passant pour leur disponibilité et leur engagement à nos côtés. Madagascar sera l’un des plus grands chantiers de l’Afrique. A part les grands travaux, notre croissance sera basée sur le tourisme et l’agriculture avec comme cheville ouvrière le secteur privé. Mais le pays a aussi besoin de stratégies innovantes, inspirées de celles qui ont marché dans les pays émergeants pour atteindre une croissance à deux chiffres et combattre la paupérisation chronique de la population. L’éducation sera au centre de notre projet de société car pour préparer le futur il nous faut éduquer nos enfants d’aujourd’hui. Enfin les investissements directs étrangers seront encouragés et l’Etat jouera le rôle de facilitateur et assurera la sécurité des biens et des personnes mais surtout celle des investissements ".

Pour finir, quel message d’espoir pouvez-vous dire aujourd’hui à la Nation ?


" Nous sommes à la croisée des chemins. Il nous appartient de choisir entre revenir aux crises cycliques de cette dernière décennie ou nous projeter en avant pour nous enfants et nos petits-enfants. Notre projet de société accordera une place prééminente à la jeunesse et aux femmes malgaches et dans notre approche et dans la prise de décision nous devrons nous soucier de l’héritage que nous laisserons à nos descendants. Aussi le respect de l’environnement sera au centre de notre préoccupation. Je peux vous assurer qu’ensemble, le meilleur est devant nous ".


Propos recueillis par Francis Rasoamaharo et Eric Andriamanantsara, Madagascar Magazine

Mise en page pour madagate.com: Jeannot Ramambazafy - 29 novembre 2013

Mis à jour ( Vendredi, 29 Novembre 2013 04:11 )  
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