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Madagascar/Banque mondiale: entre les paroles pompeuses et les actes chiffrés

Washington, 18 mars 2014. Voyage aussi inutile que stérile du Président Hery Rajaonarimampianina au siège de la Banque mondiale où il a été reçu par le Directeur général adjoint, Min Zhu. Il croyait que l'argent allait tout de suite couler à flots parce qu'il avait été élu "démocratiquement". Grave erreur d'appréciation. Il aurait du, d'abord, faire une grande tournée dans les régions malgaches pour remercier ceux qui ont voté ou non pour lui



 

Quelle est la définition première d’une banque ? Une banque est une entreprise particulière qui s'occupe des dépôts d'argent et des moyens de paiement. Du point de vue juridique, une banque est une institution financière qui dépend du Code monétaire et financier. Elle a pour fonction de proposer des services financiers :

  • recevoir des dépôts d'argent,
  • collecter l'épargne,
  • gérer les moyens de paiement,
  • accorder des prêts.

Une banque internationale est, par définition, une banque qui a des succursales à l'échelle internationale ou mondiale.

Le siège de la Banque mondiale à Washington. Photo : Simone D. McCourte

En ce qui concerne la Banque « mondiale », elle a été créée à Bretton Woods, en 1944, par anticipation pour soutenir financièrement le processus de reconstruction et de développement de l’après seconde guerre mondiale (1939-1945). Elle s’appelait d’ailleurs BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement). De nos jours, la Banque mondiale se compose de cinq organismes étroitement liés entre eux :


BIRD. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement prête aux pays à revenu intermédiaire et aux pays pauvres solvables.

IDA. L'Association internationale de développement accorde des prêts ou des crédits sans intérêt et des dons aux pays les plus pauvres de la planète.

IFC. La Société financière internationale finance des prêts, des fonds propres et des services-conseil pour stimuler l'investissement privé dans les pays en développement.

MIGA. L'Agence multilatérale de garantie des investissements offre aux investisseurs des garanties contre les pertes associées aux risques non commerciaux dans les pays en développement.

CIRDI. Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements offre des mécanismes internationaux de conciliation et d'arbitrage des différends liés aux investissements.


Madagascar est membre de la Banque mondiale depuis le 25 septembre 1963. Il faut savoir que pour devenir un membre de cette Banque, en vertu des statuts de la BIRD, un pays doit d'abord adhérer au FMI (Fonds monétaire international). Et les adhésions à l'IDA, l'IFC et à la MIGA sont conditionnelles à l'adhésion à la BIRD.

Avant de parler du Madagascar d’aujourd’hui, celui de Hery Rajaonarimampianina, voici un rappel de ce que Jim Yong Kim avait déclaré, concernant la promotion de la prospérité partagée dans la volonté de la Banque mondiale de réduire les inégalités dans le monde.


Jim Yong Kim

Président du Groupe de la Banque mondiale depuis le 1er juillet 2012

Washington, D.C., États-Unis

01 octobre 2014

EXTRAITS DE SON DISCOURS

Ces deux dernières années, j’ai conduit une initiative de réforme du Groupe de la Banque mondiale afin de réaliser notre double objectif : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et promouvoir une prospérité partagée parmi les 40 % les plus pauvres de la population des pays en développement (…).

Quand un visiteur arrive à notre siège sur Pennsylvania Avenue, l’une des premières choses qu’il voit est cette inscription murale qui dit : « Notre rêve : un monde sans pauvreté ». Certes, réaliser ce rêve par le développement est une entreprise complexe, mais deux éléments sont essentiels pour y arriver. Premièrement, nous devons aider les pays à faible revenu à développer leurs économies. Durant ces seules quatre dernières années, des taux de croissance élevés en Chine et en Inde ont permis à 232 millions de personnes de sortir de la pauvreté. Deuxièmement, les pauvres des pays à faible revenu doivent profiter des fruits de cette croissance. La prospérité partagée fait partie des objectifs prioritaires de la Banque simplement parce qu’elle est nécessaire pour mettre fin à la pauvreté.

(…) La promotion d’une prospérité partagée est également importante dans la quête de justice. Oxfam International, l’organisation de lutte contre la pauvreté, a récemment annoncé que les 85 personnes les plus riches de la planète ont un patrimoine combiné équivalent à celui des 3,6 milliards d’êtres humains les plus pauvres. Pensez-y : un groupe bien moins nombreux que les personnes présentes dans cette salle possède plus de richesses que la moitié de la population mondiale. Alors que tant de personnes vivent dans une pauvreté extrême en Afrique subsaharienne, ainsi qu’en Asie et en Amérique latine, cette situation entache notre conscience collective. Il est extrêmement important de préserver la capacité des individus à tirer un bénéfice financier de leur dur labeur et de leur réussite. Cela crée de la motivation, stimule l’innovation et permet aux gens de s’entraider. Et puis, comment se fait-il qu’une telle proportion de l’immense richesse mondiale soit concentrée dans les mains de si peu de personnes ?

La promotion d’une prospérité partagée est le moyen utilisé par le Groupe de la Banque mondiale pour s’attaquer au problème des inégalités (…). Nous savons par expérience que quatre stratégies sont aussi essentielles pour réaliser cet objectif : renforcer le capital humain ; mettre en place des filets de sécurité sociale bien conçus et efficaces ; offrir des incitations au secteur privé pour créer des emplois de qualité ; et appliquer des politiques financièrement et écologiquement viables pour y parvenir. Des projets présentant de telles caractéristiques auront un accès prioritaire à l’aide financière et à l’assistance technique de la Banque. (…) Martin Luther King a dit, je cite : « Si un homme n’a pas d’emploi ou de revenu, il n’a ni vie ni liberté ni possibilité de quête du bonheur. Il ne fait qu’exister ». (…) Pour promouvoir une prospérité partagée, il faut augmenter les revenus, créer des emplois, assurer l’éducation des enfants et donner à tous un accès à la nourriture, à l’eau, au logement et aux soins de santé. C’est ainsi que nous développerons notre richesse collective et prendrons soin de l’humanité. Pour paraphraser Martin Luther King : nous allons tendre l’arc de l’histoire vers la justice.

Je vous invite à participer à cette mission. Aidez à faire de VOTRE génération celle qui mettra fin à l’extrême pauvreté et réduira les inégalités partout dans le monde.

Je vous remercie de votre très aimable attention.

 

Parmi les 20 pays les plus pauvres du monde, un seul n’est pas situé sur le continent africain. Ces 20 pays cumulent ensemble un PIB de 243 milliards de dollars soit 20 fois moins environ que le PIB français à lui tout seul, et ce pour une population sept fois supérieure. Madagascar ne parvient pas à s'extirper de la pauvreté. Le PIB par habitant, de 458 dollars, n'a progressé que de 1,52% en 2013. 81,3% des 23 millions d'habitants vivent avec moins de 1,25 dollar par jour (Source: amytop.fr)

Voilà pourquoi Madagascar est un pays « pauvre ». Mais il s’agit d’un non-sens, étant donné que le pays en lui-même possède des richesses incommensurables, certaines uniques au monde (faune, flore, mines) sur lesquelles dort un peuple dont la majorité vit donc avec moins de 2 dollars par jour. Et c’est là le seul et unique critère de cette réputation planétaire de « pays le plus pauvre du monde ».


En un demi-siècle, après le retour de l’Indépendance de leur pays, les Malgaches ont été paupérisés par des dirigeants élus insouciants de l’avenir, malgré toutes leurs promesses, tous leurs beaux programmes de développement. Car, il n’y a jamais eu de continuité de l’Etat. Avec Hery Rajaonarimampianina, Madagascar continue de faire un bond spectaculaire en arrière, avec sa notion insensée de « rupture dans la continuité » qui ne signifie strictement rien du tout dans la pratique. Bien sûr, il faut prouver tout cela.


Je ne suis pas un expert en économie. Aussi, je vous propose des schémas et des données qui se passent de commentaires car visuellement compréhensibles. Des données peu connues de l'opinion publique en général, du peuple malgache en particulier. Le résumé est simple : sur 162 projets avec la Banque mondiale, de 1966 à 2014, 132 ont été achevés, 9 ont été abandonnés, 19 sont en cours et 2 ont été proposés. Le pays demeure profondément endetté et, globalement, les prêts portent sur des domaines qui ne feront jamais avancer le pays : droit, justice et administrations publiques. Bien au contraire...

Ceux qui, actuellement à Madagascar et en ce mois d'avril 2015, ont le pouvoir de décision, au nom du suffrage universel. En médaillon, car absent au moment de la prise de photo, Gervais Rakotoarimanana, doit importé du Québec, ancien fonctionnaire de la Banque mondiale où il était spécialiste en gestion fiduciaire, nommé ministre des Finances et du Budget et donc, représentant d'office de Madagascar à la Banque mondiale

Pourquoi ? Parce que les institutions qui composent le Groupe de la Banque mondiale sont détenues par les gouvernements des pays membres, qui ont l'ultime pouvoir de décision en leur sein sur toutes les questions, y compris celles sur la politique menée, sa gestion financière ou les questions d'accession par d'autres pays. Et le drame malgache se situe bien là. Car le Plan national de développement (PND) proposé par le régime Rajaonarimampianina est aux antipodes des réalités malgaches.


Droit, justice, administrations publiques. Les domaines les plus corrompus à Madagascar sont donc financés par la Banque mondiale, "valeur purement indicative" ou non ! Et pratiquement très peu sur l'agriculture par rapport à l'Europe du Nord, à des pays proches de l'océan Indien (Les Seychelles et l'île Maurice) et au Brésil. Pourquoi?


Il est temps pour la Banque mondiale d’obliger ce régime à achever ce qui doit être achevé, depuis 1989, avant de lui laisser proposer quoi que ce soit. Et à se tourner vers des prêts pour l’agriculture, étant donné que plus de 75% des Malgaches sont des ruraux, des agriculteurs et éleveurs. C’est logique, non? Malheureusement, une banque, tout aussi mondial qu’elle est, demeure une banque (revoir définition plus haut).


Pour rappel, du Président Philibert Tsiranana au Président Hery Rajaonarimampianina, comme programmes de développement, il y a eu : le plan quinquennal; la Charte de la Révolution socialiste et son petit livre rouge; les programmes d’ajustement structurels;les financements parallèles et le Madagascar Action Plan (MAP). Et, enfin donc, cet actuel PND plus littéraire qu’autre chose. « Philosophie », a même constaté le Docteur Jean Louis Robinson, candidat malheureux arrivé second au deuxième tour de l’élection présidentielle du 20 décembre 2013. Et les Malgaches sont devenus de plus en plus pauvres, au fil des décennies… Et; au train où vont les choses et la manière ploutocratique et opaque de gérer les affaires de la nation malgache, ils ne sont pas prêts de voir le fameux « hiver d’utopie et de fiction transformée en un printemps de clarté et de réalité »... Car il y a trop d'injustices sociales à Madagascar en cette année 2015 et sous Hery Rajaonarimampianina.

Un dossier de Jeannot Ramambazafy – 26 avril 2015

Mis à jour ( Dimanche, 26 Avril 2015 06:54 )  
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