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Hery Rajaonarimampianina se prend pour Erdogan et a jeté de l’huile sur le feu

Décidément, loin d’apaiser une atmosphère de fin de règne très tendue -pour ne pas dire plus-, voilà qu’au lieu de faire montre d’humilité et proposer des solutions, le filoha élu démocratiquement (il tient vraiment à cette phrase), se prend pour Recep Tayyip Erdogan, jette de l’huile sur le feu et menace tout le monde, particulièrement les journalistes. Hou là là, on tremble.

Rappel. Depuis le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 en Turquie, la répression menée par Recep Tayyip Erdogan n’épargne personne. « Elle masque pourtant mal la faiblesse réelle de son pouvoir », selon le journal « Le Monde ». Ainsi, 140.000 fonctionnaires ont déjà été limogés et 44.000 jetés en prison. Le 24 décembre 2017, Erdogan publie un nouveau décret annonçant la mise à pied de 2 756 fonctionnaires supplémentaires, dont 637 militaires et 105 universitaires. Pire encore : le gouvernement s’apprêtait à faire adopter un projet de loi assurant l’immunité aux civils engagés contre les putschistes. En fait, cette purge a visé et vise encore Fethullah Gülen, Imam septuagénaire réfugié en Pennsylvanie, aux États-Unis, fondateur de la puissante confrérie islamiste du même nom. (in « Le Monde » du 26 décembre 2017). En janvier, 2018, Erdogan déclare que « les purges engagées à la suite du coup d’État avorté de juillet 2016 en Turquie n'étaient pas finies, et que la Turquie allait condamner autant de personnes qu'il sera nécessaire de condamner ».

Fethullah Gülen a toujours été considéré comme un « mouvement terroriste » par Erdogan qui, comme par hasard, avait fait une visite-éclair à Madagascar, les 24 et 25 janvier 2017. En réalité, est considéré comme terroriste celui qui s’oppose à lui, qui qu’il soit. Et, contre de beaux billets de 100 dollars américains destinés -c’est clair comme l’eau de roche- aux tenants du pouvoir actuel à Madagascar, Erdogan a réussi à y faire fermer certaines écoles considérées alors par l’ambassadeur Volkan Türk Vural comme affiliées à Fethullah Gülen. Et boum, champion du monde du copié-collé toutes catégories, voilà que le Hery vaovao parle, à son tour de « coup d’état » (« fanongam-panjakana ») : « (…) A Madagascar, nous respectons et vivons la démocratie, toutefois, la tournure des événements de ce samedi (Ndlr : 21 avril 2018) est tout à fait caractéristique d’un coup d’état ». Voilà donc, pour lui, en ce dimanche 22 avril 2018, les mots magiques pour justifier une répression aveugle et sans bornes espérée et appliquée par certains membres de ses forces du désordre. Or, il y a de cela plusieurs mois, qui semble être devenue une éternité, voici ce que ce Hery non Dogan avait déclaré :

« Nous devrons tenter l’impossible, chaque semaine, chaque jour, chaque minute. Je sais que vous n’accepterez aucune hypocrisie, aucune lâcheté, aucun calcul dans l’exercice du pouvoir que vous m’avez confié. Vous attendez de moi le respect de mes engagements. Je sais l’importance symbolique de la parole présidentielle ».

Ce n’est pas moi, journaliste depuis 1984, qui ai prononcé tout çà. Et, à présent, vous avez le toupet de me menacer « particulièrement », moi et aussi mes consœurs et confrères !? Purée de pommes de terre ! Mais qui ne respecte pas la parole donnée ? Vous faites des va-et-vient sans cesse à l’extérieur sans rendre compte au peuple qui vous a élu et vous osez menacer tout le monde ? Qui paie vos 10 millions ariary de salaire brut ? Même pas de quoi acheter les ¾ d’une Mercedes blindée dans laquelle vous vous pavanez. D’où vient le fric de vos lubies alors ? L’opinion a le droit de savoir cela et le journaliste a le devoir de faire des enquêtes pour le savoir et le faire savoir au monde.


Antananarivo, matin de ce 23 avril 2018. Quand le patriotisme n'a pas d'âge. Voilà donc une "ennemie", une "mpanongam-panjaka" du président Hery Rajaonarimampianina? Qu'il faut éliminer à tout prix?

Et qu’est-ce que vous avez chanté via une déclaration diffusée sur facebook et non en direct sur les médias publics Rnm et Tvm (un mépris complet pour les « millions de nos compatriotes qui n’aspirent qu’au progrès et à la paix » qui n’ont pas accès Internet) ? « (…) Je voudrais aussi m’adresser aux journalistes en particulier : ayez toujours conscience de votre rôle en matière d’éducation et d’information. Ne vous laissez pas instrumentaliser par les tenants des menées subversives, ou, pire, devenir des incitateurs au non-respect des lois et à la rébellion. Ayez toujours à l’esprit la noble mission d’éducateurs qui est la vôtre. Nous devons tous reconnaître qu’un coup d’état ne sera jamais la solution pour l’avenir de notre pays ».


Mais Môssieur le candidat n°3 qui n’a jamais tenu parole, vous êtes vous-mêmes un « mpanongam-panjakana » étant donné qu’en tant que ministre des Finances de la transition 2009-2014, vous faites partie des 109 personnalités condamnées par l’UA en 2010. Qu’est-ce donc que vous nous chantez là ? En ce mois d’avril 2018 personne, sauf vous et votre maigre fan club, parle de "coup d’État". La majorité veut votre démission, nuance. Seulement, aveuglé par on-ne-sait-plus quelle sirène dictatoriale, voilà aussi que vous accordez un permis de tuer aux forces de l’ordre déjà devenues forces de répression depuis bien avant le Général Florens Rakotomahanina :

« (…) l’État que je dirige s’attèle à poursuivre ce qui a été entamé pour améliorer les conditions de vie de la population. Madagascar est un État de droit. (…) Les forces de l’ordre se dresseront pour défendre la légalité et les institutions démocratiques, ainsi que pour la défense des personnes et de leurs biens ».

Manque de pot pour vous, voilà que le Préfet de police d’Antananarivo, le brave Général de brigade Ravelonarivo Angelo Christian, 14 ans de service à la FIGN (Force d’intervention de la gendarmerie nationale), vient de faire une déclaration, ce 23 avril 2018, allant à l’encontre de vos directives. En résumé, il a dit qu’il n’y aura plus de répression à l’encontre de la population qui viendra sur la place de l’Hôtel de ville et que si jamais cela arrive il démissionnera s’il n’est pas limogé auparavant… Cela veut dire ce que çà veut dire. Je rappelle, pour l’Histoire, qu’avant le samedi 21 avril 2018, ce même Angelot avait osé déclarer en « francgasy » (en français et en malgache) : « Pourquoi 73 députés vont faire un rapport à Analakely ? Pour moi, mon interprétation, c’est qu’il s’agit d’une déstabilisation (« fanakorontanana ») pure et simple. Vous le savez parfaitement : j’ai été au FIGN durant 14 ans. Le mec a fait 14 ans au FI (« 14 ans FI ilay bandy ») et chaque fois qu’il se passe quelque chose ici (Ndlr : à Antananarivo), je suis sur le terrain et je peux vous affirmer que, concernant les manifestants à Analakely, ¾ sont des casseurs ».

Cependant, comme tout individu lâche et pleutre qui se respecte (ou pas), le filoha Hery n’a pas oublié de « rappeler », sachant (ou pas) que les choses tourneront mal tôt ou tard : « En tant que Président de tous les Malagasy, je serai toujours soucieux, au plus haut point, des intérêts supérieurs de la Nation, étant un chef d’État ouvert au dialogue. Notre œuvre commune pour le développement se poursuit ».

Ouvert au dialogue ? Le doute est plus que permis. Ses décisions se font à sens unique et même son entourage commence à se perdre en conjonctures car toutes ces actions ne sont plus programmées à l’avance, malgré le communiqué de la fantômatique « Cellule de Communication politique », pondu par Rolly Mercia (ICI). Et, au port de Toamasina, ce 23 avril 2018, il a remis le couvert en attaquant de plus bel les journalistes. Il a perdu toute notion des réalités. Môssieur le président élu démocratiquement, démissionnez avant qu’il ne soit trop tard pour vous. Nous, nous sommes des journalistes et nous le resterons jusqu’à la fin de notre vie. Un emprisonnement est comme une marque de reconnaissance dans notre métier.

Monsieur le candidat n°3 par substitution de décembre 2013, avez-vous oublié que vous êtes Malagasy et même issu du village d’Antsofinondry et que votre père est un Pasteur de l’église Fjkm ? Alors imiter aussi Recep Tayyip Erdogan ? C’était le copié-collé de trop commencé par celui sur Nicolas Sarkozy, un certain 24 janvier 2014. Non ! vous Hery d’Antsofinondry, vous ne serez jamais Erdogan de Beyoğlu !

En tout cas, vous avez complètement oublié ceci : « NY HERY TSY MAHALEO NY FANAHY» (La force ne peut vaincre l'esprit). JAMAIS ! Mais aussi : « Ny aina fitahy, ny herimpo fanary ; ny herimpo fanary, ny fanantenana famelona ». En tout cas encore, l’actualité va très vite et les évolutions se précipitent, comme la déclaration du ministre de la défense, le Général de Corps d’armée Rasolofonirina Béni-Xavier qui a ordonné le retrait des troupes sur la place de l’hôtel de ville (à 11h30mn).

Jeannot Ramambazafy, journaliste depuis 1984

Ancien otage des fédéralistes à Diego en 1991

Post scriptum : à l’heure où je publiai cet article, le filoha était encore à Toamasina et sur l’avenue de l’indépendance, des députés et la population ont pu pénétrer sur le parvis sans encombre, avec le cortège funéraire parti d’Ambohimananarina… Plus personne, sauf lui, Hery pas Dogan donc, ne sait où il se rendra après Toamasina où il n’a pas du tout reçu l’accueil qu’il escomptait... Mais il espérait, quoi après son discours dangereux pour lui-même ?!...

POUR LES ARCHIVES DE L’HISTOIRE

Traduction de « l’appel » du dimanche 22 avril 2018


Mes chers compatriotes,

Face aux événements du samedi 21 avril, à Antananarivo, qui ont, une fois encore, tué et blessé des Malagasy, je m’incline respectueusement devant les victimes, et présente mes sincères condoléances à leurs familles. Par ailleurs, je souhaite un prompt rétablissement aux blessés, civils et membres des forces de l’ordre.

J’exhorte tous les Malagasy à garder leur calme.

A Madagascar, nous respectons et vivons la démocratie, toutefois, la tournure des événements de ce samedi est tout à fait caractéristique d’un coup d’état.

De 1972 à 2009, notre pays a souffert des mouvements de rues et de leurs conséquences. Des centaines de nos compatriotes et de nos enfants ont perdu la vie, tandis que d’autres en portent toujours les séquelles. Les pertes ont été énormes pour l’économie et l’emploi, et, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons de cesse de reconstruire. Beaucoup a été fait, et l’État que je dirige s’attèle à poursuivre ce qui a été entamé pour améliorer les conditions de vie de la population.
Madagascar est un État de droit. Aussi, je lance une mise en garde ferme aux fomenteurs de troubles, à tous ceux qui incitent à la haine, qui voudraient faire couler le sang et faire perdre la vie à des innocents, ou à faire porter des séquelles à nos enfants : l’État prendra ses responsabilités.

Les forces de l’ordre se dresseront pour défendre la légalité et les institutions démocratiques, ainsi que pour la défense des personnes et de leurs biens. Il faut cesser de sacrifier le peuple et de se jouer des forces de l’ordre, nous devons avoir à l’esprit les intérêts des millions de nos compatriotes qui n’aspirent qu’au progrès et à la paix.

Je voudrai aussi m’adresser aux journalistes en particulier : ayez toujours conscience de votre rôle en matière d’éducation et d’information. Ne vous laissez pas instrumentaliser par les tenants des menées subversives, ou, pire, devenir des incitateurs au non-respect des lois et à la rébellion. Ayez toujours à l’esprit la noble mission d’éducateurs qui est la vôtre.
Nous devons tous reconnaître qu’un coup d’état ne sera jamais la solution pour l’avenir de notre pays.

Pour ma part, en tant que Président de tous les Malagasy, je serai toujours soucieux, au plus haut point, des intérêts supérieurs de la Nation, étant un chef d’Etat ouvert au dialogue.
Notre œuvre commune pour le développement se poursuit.

La Patrie est sacrée, que Dieu nous bénisse.

Mis à jour ( Mardi, 24 Avril 2018 04:36 )  
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