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Hery Rajaonarimampianina, vassal d’un vernissage occidental

Sans Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, un autre candidat est devenu premier président de la IVème république de Madagascar. Avec Hery Rajaonarimampianina, la France et les Etats-Unis sont servis et très bien servis même, moyennant, au passage, des milliards en ariary… Car dans leur cafouillage interne stérile, les politiciens malgaches ont perdu de vue le vrai danger planant sur leur pays pour des décennies: la vente par morceau des richesses et des points stratégiques de la Grande île de l’océan Indien. Déjà -les plus visibles et connus- les aéroports d’Ivato et de Nosy Be (Adp-Bouygues) pour l’Hexagone et la Jirama (Symbion Power) pour les « States » sans aucune consultation populaire. Du forcing de très haut niveau, tout simplement parce qu’IL est « le président élu de tous les Malgaches et reconnu par la communauté internationale ».

L’article qui suit prend sa source à partir d’un dossier rédigé en avril 2013 par Arsène Francœur Nganga et Rodrigue Fénelon Massala. Le premier est Congolais et chercheur en Histoire et anthropologie socio-culturelle des Noirs des Amériques ; le second est un journaliste, grand reporter ivoirien.

Un dossier brûlant d’actualité, au moment où le président Hery Rajaonarimampianina s’apprête à discourir pour la seconde fois à l’ONU, dans le cadre de sa 70è AG. Un Hery Rajaonarimampianina qui était ministre des Finances et du Budget de la transition durant 5 ans et qui doit être parfaitement au courant des transactions financières liées à Juan de Nova.


Pour les non initiés, cette question des îles éparses est permanente à chaque AG de l’ONU. Seulement, aucun dirigeant élu malgache, après Didier Ratsiraka, n’a plus eu ni le courage ni volonté (politique) de l’aborder. Il est quasi certain que « l’invitation » du Premier ministre Jean Ravelonarivo à Matignon par son homologue Manuel Valls, avait reposé sur un message destiné au président malgache pour qu’il fasse comme si de rien n’était à New York, au sujet de ces îles, bien malgaches pourtant.

Jeannot Ramambazafy – 15 septembre 2015


Washington contre Paris ou la guerre pour le contrôle du Canal de Mozambique

Le pétrole du Canal du Mozambique et ses îles stratégiques sont la clé de la crise malgache et étant un Canal de transit d’une grande partie des pétroliers exportant le pétrole du Moyen-Orient vers l’Europe et l’Amérique, cet itinéraire d’approvisionnement, fait partie de la sécurité nationale des U.S.A et de la France. Ce Canal va du sud du Kenya au Mozambique, en englobant Madagascar et les Seychelles. Il est large de 415 km et il sépare Madagascar du continent africain. C’est un corridor biologique sous-marin, couloir de déplacement utilisé par un large groupe d’espèces d’oiseaux, de poissons, de mammifères …

Le Canal du Mozambique se présente comme étant l’Eldorado pétrolier des mers du sud. En Avril 2012, l’« US Geological Survey » a publié l’état d’évaluation des réserves de pétrole et de gaz du Canal de Mozambique. Ce rapport englobe géographiquement les côtes mozambicaines, tanzaniennes, la rive gauche et la côte-ouest malgache et les Seychelles (rive droite). En termes de gaz, ces gisements offshores équivaudraient au potentiel de la mer du nord et en matière de pétrole, il serait aussi prometteur que le Golfe de Guinée. Rien que sur la partie malgache, les réserves sont estimées à 17 milliards de barils de pétrole et 167.000 milliards de pieds de m3 de gaz, c’est-à-dire tout simplement, le niveau de l’Angola. Duncan Clarke, un consultant de Global Pacific basé à Johannesburg, asserte que le potentiel pétrolier et gazier du Canal du Mozambique est d’envergure mondiale avec la possibilité qu’on y trouve davantage de pétrole et de gaz. La plus grande découverte du gaz dans le monde en 2011, s’est faite dans le Canal du Mozambique, au large du Mozambique (Province de Cabo Delgado) dans la zone du permis Mamba Sud, estimée à 425 milliards de m3 par ENI et ANADARKO qui prévoient d’investir 5 milliards de dollar pour ce gisement.

ENI a également fait des découvertes, dans le bassin du Fleuve Rovuma et dans le delta du Zambèze (240 milliard de m3 de gaz naturel exploitable). Au bord du Canal de Mozambique, au sud-ouest de l’île de Madagascar, il y a le bassin pétrolier de Morondava, où se trouve le gisement de pétrole lourd, «sables bitumineux » de Bemolanga (2 milliard de réserves) et dont le permis appartient à Total et le gisement de Tsimiroro (1 milliard de réserves) exploré par Madagascar Oil. Laurie Hunter, PDG de cette compagnie, affirme que si les résultats du projet pilote sont positifs, Tsimiroro sera exploité sur 50 ans pour une production de 150.000 barils/jour et ce seul gisement positionnera Madagascar parmi les 10 premiers en Afrique (le bloc Manambolo, Morondava, Manandaza, sur le bassin de Morondava, n’ont pas encore été explorés).


Le problème le plus épineux au sein du Canal de Mozambique, sont les îles Eparses: Juan De Nova, Europa et Bassas Da India qui ont un potentiel pétrolier et gazier extrêmement gigantesque. Juan De Nova, situé au milieu du Canal, est de ce fait extrêmement stratégique.

La république autonome de Madagascar a été créée le 14 Avril 1958 et a acquis son indépendance en 1960. Le 1er avril 1960, un décret français a détaché le récif de Tromelin, l’archipel des Glorieuses et des îlots Juan De Nova, Europa et Bassas Da India, de Madagascar. Mais en 1973, après les évènements de mai 1972, Madagascar a contesté le détachement sous prétexte qu’il viole l’intégrité territoriale d’un pays colonial redevenu indépendant. Mais la France a considéré que cette scission s’est effectuée avec l’accord du président Philibert Tsiranana. En 1974, la France a installé un détachement militaire pour répondre aux revendications, et l’île est interdite d’accès. Seuls des scientifiques sont autorisés à y accoster.

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En 1979, l’ONU avait recommandé à la France d’engager les négociations en vue de la restitution de l’île à Madagascar (Résolution 34/91 du 12 décembre 1979). Cette année, des résolutions adoptées respectivement par l’OUA et le groupe des non-alignés, puis par l’organe plénier de l’ONU demandaient sous forme de recommandations à la France, mise à l’index par la Communauté Internationale, de restituer à Madagascar ces îles séparées arbitrairement, ou tout au moins d’engager des négociations en vue de leur réintégration. On ne reparlera de cette question de l’avenir des Îles éparses qu’en 1999 lors du sommet de la Commission de l’Océan indien qui décidait d’envisager la cogestion des îles de Tromelin et des Éparses par la France, Madagascar et Maurice. Cette proposition se conclut par un premier accord entre Maurice et la France en 2010. Concernant Madagascar, c’est Jaques Chirac qui avait parlé de cogestion, soudainement reprise par Hery Rajaonarimampianina qui, pourtant, durant sa seconde campagne électorale de 2013, avait juré les grands dieux qu’il fera tout son possible pour la restitution de ces îles à Madagascar. Une fois élu, il s’est complètement écrasé, reniant sa promesse.

En 1976, la France avait départementalisé l’île de Mayotte en la détachant arbitrairement de l’archipel des Comores, pour rendre définitivement la souveraineté française sur cette île qui se trouve au nord du Canal de Mozambique. La loi ordinaire du 21 Février 2007 a rattaché les îles Glorieuses, Juan De Nova, Europa et Bassas Da India aux terres australes et antarctiques françaises. Or, en 1982, Madagascar avait créé sa ZEE (zone économique exclusive de 200 miles marins) et à 150 km des côtes malgaches, Juan De Nova devait naturellement intégrer la ZEE des 200 miles marins de Madagascar. (Ndlr : selon la convention de Montego Bay sur le principe de ZEE). Cependant, le décret N°78-146 du 03 février 1978 portant création d’une ZEE par la France au large des côtes de Juan De Nova, se superpose à la ZEE de Madagascar et en l’absence d’un accord de cogestion, personne n’est propriétaire de rien.

On peut dès lors s’interroger sur la légalité et la légitimité des concessions et permis que la France a accordé aux opérateurs pétroliers opérant sur cette zone litige. En effet un arrêté français du 23 mai 2005 autorise des prospections préalables d’hydrocarbures liquides ou gazeux portant sur les sous-sols marins (offshore). L’autorisation, dite «APP de Juan De Nova Maritime» qui porte sur une superficie de 62 000 km² environ au large de l’île, accorde un permis de recherche à Osceola Hydrocarbon Ltd, Juan De Nova Ltd, Marex Inc, Roc Oil Company Ltd, pour Juan De Nova Maritime Profond (Ouest), et le rapport publié par Juan De Nova Ltd, Osceola Hydrocarbon Ltd, est très prometteur : il fait état de forages effectués à de très grandes profondeurs et donc une exploitation très coûteuses dans le futur. Un autre permis exclusif d’exploitation offshore et de production sur deux blocs a été accordé par la France: Juan De Nova Est (JDNE) et Juan De Nova Maritime Profond (JDNMP), hors un permis d’exploitation sur un bloc «Belo Profond» qui jouxte très exactement le bloc JDNMP est accordé par le gouvernement malgache, via l’OMNIS, aux opérateurs pétroliers de JDNMP. En mars 2012, TOTAL a offert près de 113 millions de dollars pour le rachat de Wessex Exploration PLC qui détient 70% des droits d’exploration offshore et d’exploitation d’un des deux permis sur deux blocs au large de l’île de Juan De Nova.


La France, future membre de l’OPEP ?

Les potentialités en énergie fossile de Juan De Nova peuvent faire de la France un futur membre de l’OPEP, on comprendra alors les propos d’Alain Juppé (après Charles de Gaulle avec le décret n° 60-555 du 1er avril 1960) dans sa présentation du projet de loi de ratification du 25 janvier 2012 : «Il ne saurait être question que la France renonce à la souveraineté sur Tromelin ... parce que cela, pourrait avoir un impact sur les autres différends relatifs à des possessions françaises d’Outre-mer, en particulier celui avec Madagascar à propos des Eparses...». L’acharnement et la constance de la France dans la crise malgache, s’explique donc par son intérêt vital, d’apprivoisement en énergie, un problème géopolitique stratégique. La France veut écarter tout risque de retour de Marc Ravalomanana au pouvoir, voire dans le pays jusqu'à ce que le nouveau président élu en 2013 soit installé. Quant aux Etats-Unis, ils ne veulent pas d’Andry Rajoelina au pouvoir, ce type «émotif et inflexible», selon les câbles diplomatiques américains publiés par Wikileaks.

Carlton, 23 octobre 2013, candidat n°3 : « Non, je ne suis pas le candidat des Français... Ce que je peux promettre c’est que je vais lutter. Cela fait des décennies que nous luttons pour leur restitution et il y a une raison ; il y existe des richesses diverses, surtout du pétrole qui y est enfermé. Ce que je peux promettre c’est que je vais lutter, je vais lutter fort pour qu’elles nous soient restituées. Quand le pouvoir est fort, quand il est avec le peuple, je crois qu’on pourra changer des choses ».

Invité du zoma sur Tv plus, 9 mai 2014, élu président de la république : « Si leur restitution était facile, cela fait longtemps qu’elles nous seraient revenues. Cela fait 40 ans qu’on a demandé leur restitution. A l’époque, nous avons vraiment fait du bruit mais il n’y a pas eu d’impacts positifs. Est-ce que c’est en faisant du bruit qu’elles nous seront restituées ? Les Français disent qu’elles leur appartiennent, or le président Jacques Chirac avait parlé de cogestion. Si ces îles leur appartenaient vraiment, il n’en aurait pas fait la moindre allusion de cogestion ».


Position géostratégique et géopolitique de Madagascar dans cette région de l'océan Indien

Sans les candidatures de Ravalomanana et Rajoelina, l’élection présidentielle de 2013 (cumulée avec les législatives), comme « condition de sortie de crise », selon la feuille de route de la SADC, du 17 septembre 2011, ne sera qu’un vernissage occidental pour imposer un vassal. La véritable démocratie malgache a été brûlée par le pétrole et le néocolonialisme.

Madagascar est au cœur d’un enjeu géostratégique et géopolitique. Ensuite ce sera une bataille souterraine entre les intérêts français et Américains où l’Afrique du Sud, puissance régionale, ne ménage aucun effort pour s’inviter à cette bataille en cherchant de son côté aussi à tirer son épingle du jeu. Car la diplomatie sud-africaine avec le soutien de Washington, qui agit via son allié dans la région, a fait feu de tout bois pour contraindre Rajoelina à renoncer, comme Ravalomanana, à se présenter à l’élection présidentielle de 2013. Ce n’est qu’une partie d’échec dans laquelle le peuple magache sera toujours le perdant. Il faut vraiment attendre et espérer un miracle...

Jeannot Ramambazafy. Source principale : dossier réalisé par Arsène Francœur Nganga et Rodrigue Fénelon Massala – 17 avril 2013

INFO DERNIERE DE CE 15 SEPTEMBRE 2015

Le Président Hery Rajaonarimampianina sera à la Galerie SMART Tanjombato, ce soir à 19h, pour l'inauguration du Centre culturel "American center". (Source: direction de la communication de la présidence de Madagascar)

Mis à jour ( Mardi, 15 Septembre 2015 12:52 )  
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